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Citations de James Meek (43)


- Tu n'arrêteras donc jamais de manipuler les gens?
- Je ne peux pas m'en empêcher, avoua Harry. Le besoin d'être fort, de poursuivre son intérêt, de chercher la gloire, ce sont des instincts naturels. Tout le monde naît avec. Ils font de nous des hommes. C'est comme ça que les hommes savent qu'ils appartiennent au monde.
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La guerre, c'est tous les combats ensemble, et tout ce qui advient dans le temps qui s'écoule entre deux combats, c'est-à-dire le plus gros de la vie de soudard, a dit Douceur. L'homme qui se languit de la guerre fait un piètre soudard.
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Il est fascinant de constater combien nos spéculations sur la destruction de l’humanité se trouvent métamorphosées quand le spécimen le plus familier à être détruit est soi-même. La mort est universelle, et pourtant elle arrive à chaque individu, même en ces temps d’atroce mortalité, comme une espèce de miracle. Comment tout ce qu’il y a dans cet esprit et cette mémoire pourrait-il cesser ? Au lieu d’imaginer un univers sans humains, j’imagine un univers sans moi, et il pourrait aussi bien être silence et vide si je ne suis plus présent. Périssons tous simultanément, ou pas du tout ! En lieu et place d’une fervente préparation spirituelle au jugement divin et à l’éternité, s’impose une terreur exactement proportionnelle à ma présence corporelle – i.e., suffisamment petite pour mettre en évidence la mienne insignifiance dans le dessein universel, et suffisamment vaste pour m’anéantir.
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Le prêtre s’est penché en avant pour tousser. Un petit crachat sombre a coulé de sa bouche et il s’est essuyé les lèvres du dos de la main, avant de reprendre. « Ed Sutton et les autres fouleurs, quand ils ont entendu que la mort était venue pour de bon, ils ont su qu’ils n’avaient plus longtemps à boire. Tous les soirs, ils sont restés debout jusqu’à ce que la bière qu’ils engloutissaient s’arrête à peine dans leurs tripes avant de se changer en pisse. Il y a deux jours, nous sommes allés chercher l’un d’eux dans sa maison, Gibby, mort comme un clou de porte. Je lui ai administré l’onction, on l’a couvert d’un drap et enterré. Il a été le premier à rejoindre la fosse. On avait à peine fait dix pas qu’on l’a entendu crier, disant qu’il était soit en enfer, soit à Heytesbury, et que s’il se trouvait à Heytesbury, ce bourg comptait un prêtre de trop. En le voyant debout dans la fosse, sa tête dépassant du linceul, en train de nous maudire, un grand rire nous est venu, Buisse et moi. On n’a pas su le contenir. Gibby avait tant bu que son épouse le pensait mort. »
Il a secoué la tête et s’est essuyé les mains sur son aube. « Figurez-vous qu’hier il est mort de nouveau, pour de bon cette fois, et ce n’était pas aussi gai. »
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« Tu mènes ton bœuf dans le mauvais sillon, procureur. Y a nulle pestilence en Angleterre, et je vais te conter le pourquoi. » De ses index dressés de part et d’autre de sa caboche, il figurait des cornes. « Les Juifs, il a dit. La France, l’Italie – toutes les terres qui ont la peste en sont grouillantes, et ces gens-là aspirent depuis toujours à crever les chrétiens. Mais le vieil Édouard, l’aïeul du présent roi, les a jetés dehors il y a de ça soixante hivers. Y a pas eu un seul Juif en Angleterre depuis, et tant qu’on les laissera dehors, ils pourront pas besogner leur peste sur nous.
– Vous opinez sincèrement que toute la culpabilité de ce fléau incombe aux Juifs ? a questionné Thomas.
– Tous ceux qui ont un brin de jugeote le savent.
– Mais cela est sans fondement. Le pape lui-même qualifia de péché le fait de les en accuser. »
Jour-Saint a écarquillé les yeux et poignardé du doigt la poitrine de Thomas. « Voilà le témoignage que le pape n’est rien qu’un outil aux mains du peuple cornu. Peut-être même plus qu’un outil. » Il a miré alentour de lui et baissé son timbre. « Pourquoi porte-t-il un si long chapeau, si c’est pas pour cacher ses cornes ?
– Selon vous, le pape est un Juif ? »
Jour-Saint a retroussé sa lèvre et il a acquiescé. « S’il veut faire la preuve du contraire, qu’il périsse lui-même du fléau. Alors, je l’estimerai comme un bon chrétien. »
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Ils mouraient de nous tuer et de remporter la bataille, mais c’était pour eux comme un jour saint, quand on part à la chasse. Ils savaient point vraiment ce qui comptait le plus à la fin d’une chasse, estoquer le cerf ou être vu des autres en train de l’estoquer, le miroitement du soleil sur leur équipage, le geste bien tourné du bras portant l’épée, tout cela que le barde, après-coup, allait mettre en chanson ? Même un roi qui gagne ses batailles a besoin qu’on les chante, et pas seulement qu’on chante sa victoire mais la manière surtout dont il l’a remportée, de sorte que les gens, à tout jamais, s’en ressouviennent. Que trois fiers destriers sous lui furent massacrés, qu’il ferrailla à coups de hache tel un vilain, ou bien qu’il combattit sans heaume pour que tous voient de loin sa chevelure d’or.
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« Bien que la meilleure arme contre la peste consiste en une vie vertueuse, je puis aussi, avec la bénédiction du Seigneur, aider tout homme qui a la volonté de s’aider lui-même. Ayant examiné en profondeur la santé de chacun de vous, et sachant quand et où vous êtes venus au monde, je suis en mesure de vous offrir ce qu’à Paris on nomme un colloque complet de traitement médical et personnel, c’est-à-dire, dans votre anglais, une leçon sur l’art des sangsues qui convient à chacun, fondé sur la connaissance de la disposition des planètes et des luminaires à l’heure de sa naissance, de la nature de ses humeurs, de la teinte et de l’humidité de sa langue et la clarté de sa pisse. Le colloque est agrémenté d’un sachet de simples séchées, savamment amalgamées afin de repousser la peste moyennant une cuillère chaque jour ; un pot de plâtres d’Emmanuel afin d’atténuer l’enflure ; et un pot de Bethzaer. Et ce n’est d’ailleurs pas tout : le colloque s’accompagne en outre d’une lame d’acier, tout spécialement conçue pour épancher le sang pestilentiel. Et si le mal devait être si puissant que ni les herbes, ni les saignées, ni le Bethzaer ne puissent vous guérir, j’ajoute une bouchée d’une mélasse destinée aux seuls rois et aux cardinaux, qui contient des violettes, des roses, du bois de santal, des perles, des oranges, des feuilles d’or, de la poudre d’argent, d’émeraude et d’os extrait du cœur d’un cerf. Toutes ces choses réunies, à Londres ou Paris, ne pourraient s’obtenir pour moins de vingt livres ; mais je suis prêt à offrir le colloque intégral à chacun de vos archers, adapté à ses besoins propres, les simples, les plâtres, le Bethzaer, la lancette à saigner, la mélasse des rois et tout le reste pour deux vingtaines de pennys d’argent. »
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« Alors éclairez-moi, dit-elle. Votre père souhaite vous marier à son ami. Pourtant votre Laurence est, à croire le portrait que vous dressez de lui, un excellent jeune homme de bonne famille, avec des perspectives d’avancement. S’il vous aime, pourquoi ne pas vous demander à votre père ?
– Il fit sa requête, et icelle fut rejetée. Laurence ne possède point de fille à marier, au contraire de Sire Faisanderie. Et mon veuf de père estime avoir besoin, comme son ami, d’une nouvelle épouse.
– Berna !
– Il me répugne d’en parler, tant la chose est indigne. Leur intention est telle : Sire Faisanderie arrive ici, nous nous marions ce samedi puis partons avec mon père pour le Somerset, où, après la moisson, un second mariage sera célébré, unissant mon père à la fille de mon récent époux. »
Pogge découvrit ses dents.
« Infâme, gronda-t-elle.
– N’est-ce pas, que c’est abject ? Moi et cette autre damoiselle, la malheureuse, sommes nos propres dots.
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La mort est universelle et pourtant elle arrive à chaque individu comme une espèce de miracle. Comment tout ce qu'il y a dans cet esprit et cette mémoire pourrait il cesser ? 405
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Un homme ne trouvera jamais Dieu ou le diable à l'extérieur de son propre crâne, où qu'il pose son regard, reprit-il. Mais partout, il trouvera l'injustice des autres hommes.
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Dès qu'on attise ses flammes, la conscience produit une chaleur constante, dont se dégage infailliblement la culpabilité.
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Je ne veux pas être des « gens comme nous ». Je veux décider par moi-même de ce qui est bien ou mal.
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Si quelqu'un d'autre était témoin du courage avec lequel il affrontait la mort, seul, cela voulait dire qu'il n'était pas seul et relativisait son courage. Car c'était bien là, songea t-il, le seul véritable courage: affronter seul la mort, sans crier, sans gémir, sans flancher, affirmer son humanité en acceptant que d'un instant à l'autre on passerait de quelque chose à rien.
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La nature d'un être humain n'apparait que dans le mouvement, ce qui fait de l'immobilité propre aux photographies une sorte de mensonge. La mémoire fait preuve d'une plus grande souplesse. Cet écart qu'on a entre le souvenir d'un ami et ce qu'il est devenu lorsqu'on le revoit, la mémoire est capable de le resserrer er l'atténuer. Tant qu'on ne met pas d e photographie en travers de son chemin.
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En tant qu'écrivain on peut soit se contenter d'être la bonne récolte d'une année, fruit de la terre, soit être la terre elle-même.
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La mort offrait à la vie la beauté de la finitude, la beauté d’une bordure clairement tracée.
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Mon impression, c'est qu'à cette occasion, Dieu décida d'accroître la quantité de Noé appelés à survivre pour repeupler le monde. Ce qui n'est pas sans conséquence. Il divisa ainsi, à tout jamais, l'humanité en deux espèces: les coupables et les fiers. Les premiers seront tourmentés par l'idée que eux, les survivants, sont moins méritants que ceux qui périrent. "Ils ont été punis pour mes péchés.
J'aurais dû mourir à leur place." Les seconds interpréteront leur survie comme la confirmation qu'ils sont bien les favoris de Dieu. Les doutes qu'ils auront pu avoir sur leur propre conduite, quels qu'ils soient, s'envole-ront; tous leurs actes seront validés. La vertu se définira désormais comme leur propre satisfaction. Être, c'est être bon. »
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Queue plumée mais ne chante rien
Haut je vole mais d'ailes n'ai point
Je suis rien qu'un gaillard de bois
Un bec en fer au bout de moi
Mon vol est celui du faucon
De mon maître l'obstination
A ignorer la retombée
Dans les airs libre d'errer
De filer au loin nuit et jour
Aveugle à la cible je cours.
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Je suis une feuille de papier italien en cours d'inscription, que seul l'infime pouvoir refroidissant de l'encre empêche de prendre feu.
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Et si être civilisé, ce n'était pas se forcer à aimer les gens quelle que soit leur apparence, mais cesser enfin de se demander si leur apparence change quelque chose à votre amour pour eux?
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