Payot - Marque Page - Janne Teller - Guerre
"Et pourtant, tu penses sans cesse au jour où tu pourras rentrer chez toi.
Chez toi ? Chez toi où ?"
La vie est dure. Rien n'est comme avant. Il n'y a pas de travail, et surtout pas quand on est étranger et qu'on ne parle pas la langue. Souvent, des gens s'énervent après toi dans la rue. Au marché, on te vend les moins beaux légumes; au café, tu attends plus longtemps que les autres. Tu as les cheveux bruns et la peau mate, mais tu ne peux pas dissimuler tes yeux bleus.
Et si, aujourd'hui, il y avait la guerre en France ... Où irais-tu ?
Si les bombes avaient détruit la plus grande partie du pays, la plus grande partie de la ville ? Si les murs de l'appartement que tu habites avec ta famille étaient percés de trous, les vitres brisées, le balcon arraché ?
Déroutant et bouleversant !
J'avais très envie de lire ce livre et je l'ai refermé en me demandant si j'avais eu raison. La réponse peut tout aussi bien être oui que non.
C'est l'histoire d'une classe de collégiens qui s'interroge sur le sens de la vie et qui, pour se prouver qu'il y a bien un sens, vont être obligés de sacrifier quelque chose qui leur ai cher.
Les sacrifices, d'abord matériel, vont prendre un accent de plus en plus symbolique, mais surtout, ils vont gagner en violence - physique et psychologique.
Je pense que l'aspect terrifiant de ce livre, outre les actes révoltants, est que la fin n'apporte pas de réponse aux questions fondamentales qui sont soulevées. C'est l'aspect à la fois intéressant et insupportable du livre. Quel sens a ma vie ?
Outre le sens de la vie, on aborde d'autres questions :
Qu'est-ce que l'art ?
Tout a-t-il un prix ?
Quelles limites mettre face à la pression du groupe ?
Dès 15-16 ans
Si vous vivez jusqu’à 80 ans, vous en aurez passé 30 ans dormir, vous serez allés à l’école et vous aurez fait vos devoirs pendant 9 bonnes années, et travaillé presque 14. Comme vous avez déjà passé 6 ans à être de petits enfants et à jouer, et qu’il vous faudra au moins 12 ans plus tard pour faire le ménage, manger et garder vos enfants, il vous reste tout au plus 9 ans à vivre. [...] Et vous avez envie de passer ces neuf ans à faire semblant d’avoir du succès dans une comédie qui ne veut rien dire, quand on peut profiter de ces neuf ans tout de suite ?
Toi, tu as pris ton journal. Il te rappellera la vie d'avant la guerre : quand les français formaient un peuple qui avait le droit d'avoir des opinions différentes sur tout.
Tu as un enfant toi aussi, avec Carine. Et tu devrais être heureux. Ce n’est pas le cas. Ta vie n’est pas du tout ce qu’elle aurait dû être. Elle t’a été volée pour une autre, une autre vie qui n’est vraie ni ici ni là-bas. Vous n’avez jamais eu assez d’argent pour que tu rattrapes tes années d’études perdues. Tu n’en as d’ailleurs plus envie, gêné par la conscience de ton infériorité par rapport aux étudiants de ton âge.
Toi, tu es toujours entier, mais tu as sans cesse la peur au ventre. Matin, midi, soir, et la nuit aussi. Tu sursautes chaque fois qu'au loin tu entends des tirs de roquettes partir en sifflant, chaque fois que tu aperçois un éclair à l'horizon. Et si le projectile allait t'atteindre ? Chaque explosion te terrifie. Combien de tes camarades ont encore été touchés ?
C’était la vie et rien d’autre. On commençait à comprendre ce que Pierre Anton avait voulu dire. Et on commençait à comprendre pourquoi les adultes étaient comme ils étaient. Et même si on s’était juré de ne jamais en arriver à leur ressembler, c’était précisément ce qui était en train de se passer. Et on n’avait même pas 15 ans
« Rien n'a de sens. Je le sais depuis longtemps. Il n y a donc rien à faire. Je viens de le découvrir.»