Jay Crownover

Cette fille semblait toujours être le meilleur et le pire de tout.

[…]

Elle était juste là, devant moi, et elle ne prévoyait pas de s’éloigner. En tout cas pas dans l’immédiat. Elle réagissait à ce que je lui faisais. Comme chaque fois. Je n’en aurais jamais assez. De ça. D’elle.

C’était le plus beau baiser que j’avais jamais connu.

[…]

J’étais en train de capturer un fantasme, de créer un souvenir auquel je pourrais me raccrocher plus tard. Me raccrocher à quelque chose qui ne devrait pas être réel, qui ne devrait rien avoir à faire entre mes mains.

M’abandonner à quelqu’un qui se fichait éperdument de savoir d’où je venais et où j’allais ne suffirait pas. Grâce à Affton, j’avais compris qu’il fallait plus que ça. Je commençais à saisir que j’étais censé compter plus que ça.

Affton était plus qu’une ancre pour moi. C’était mon centre de gravité. Elle me maintenait en place. Difficile de vivre dans le passé quand on vous maintenait si fermement dans le présent.

— Il va falloir que tu apprennes à gérer ces émotions, parce que tu vas devoir faire avec pour le reste de ta vie, Cable. Tu peux te concentrer sur l’avenir, sur le fait d’améliorer ton existence, celui que tu es, ou tu peux rester emprisonné dans ce qui a été fait. Non, ça ne changera jamais, c’est vrai. Mais toi, tu peux changer. C’est à toi de faire ce choix.

— Je n’ai jamais été capable de faire le bon choix, même quand je l’avais sous les yeux.

— Essaie, ai-je soufflé. C’est tout ce que tu as à faire : essayer.

— Ne te soucie pas de moi comme ça, Reed. Je n’en vaux pas la peine, je t’assure.

— Si seulement c’était vrai, cet été serait beaucoup plus simple à vivre…

Je m’attendais à ce que toute trace de compassion disparaisse soudain du visage d’Affton, mais non. Les lèvres pincées, elle s’est relevée et m’a tendu une main, que j’ai agrippée égoïstement pour me relever à mon tour. Depuis que cette fille avait envahi mon espace vital quelques semaines auparavant, je semblais de plus en plus m’appuyer sur elle, comme si elle pouvait partager avec moi le poids que je ne pouvais pas porter seul. Grâce à elle, je me sentais plus léger que jamais.

— Certaines personnes ne sont pas faites pour être sauvées. On peut les mettre sur le droit chemin, elles finiront toujours par bifurquer. C’est tout ce qu’elles savent faire. Peu importe la douleur qu’elles infligent aux autres, elles ne seront jamais capables de se contrôler. La douleur qu’elles causent aux autres ne sera jamais comparable à celle qu’elles s’infligent à elles-mêmes.

Puis il a plaqué sa paume sur son cœur, cherchant de toute évidence à panser les plaies béantes de cette zone si sensible.

— Un des ces jours, tu vas rencontrer quelqu’un qui va tout chambouler, Affton. Il ignorera toutes les barrières et tous les fils barbelés dont tu t’es entourée, et tu l’auras tellement dans la peau que tu seras incapable de t’en défaire. Tu seras complètement paumée. Et tu ne pourras plus jamais revenir en arrière, crois-moi.

J’avais l’impression de faire du surplace. Et plus je me droguais, plus je sombrais. Chaque jour qui passait, le rivage me paraissait toujours plus lointain. J’étais pris dans un courant, sans aucune possibilité de regagner la terre ferme. Alors je me laissais engloutir sans même lutter… sans me plaindre.

J’aimais l’eau.
J’aimais la façon dont elle pouvait être calme et sereine un instant, pour se déchaîner celui d’après, dès que quelque chose venait crever sa surface, avec une violence terrifiante.
Vous ne pouvez jamais savoir ce qui se cache sous la surface. Impossible de deviner la profondeur sans y entrer. Une minute, vos pieds sont ancrés dans le sable ; l’autre, vous coulez à pic, sans aucun moyen de défense.
C’était plus ou moins ce que je ressentais chaque jour de ma vie. Certains jours, je touchais le fond, mais la plupart du temps, je me débattais pour remonter à la surface et remplir à nouveau mes poumons.

Les toxicomanes ne s’en sortent que s’ils en ont vraiment envie. Tout l’amour, tout le soin ou toute la pression du monde sont bien incapables de rendre qui que ce soit sobre si la volonté n’y est pas. Elle se lançait dans une cause perdue, peu importait le nombre de soldats qu’elle se mettait en tête d’envoyer au front.

« Il fallait que je me voie, que je regarde ma vie à travers mon propre objectif et celui de personne d’autre et tout ce que je voyais derrière cet objectif, c’était lui et la personne qu’il voyait quand il me regardait avec ses yeux incroyables. »

L’amour n’était pas une question de contrôle. C’était être là dans les bons moments comme les mauvais. Dans la victoire comme dans la défaite. Dans la lumière ou les ténèbres. C’était trouver l’équilibre et chérir toutes les facettes d’une personne, même quand cela semblait impossible.

Il y a le genre de blessures que tout le monde peut voir. Le genre qui laisse un tel bazar que personne n’a envie de faire le ménage derrière. Et même en cherchant à tout faire disparaître, il restera toujours un petit morceau bien tranchant quelque part. Puis il y a celles que personne ne peut voir. Celles dont la surface entière est composée de fractures infimes et de fissures étroites. Qui tiennent en un seul morceau par je ne sais quel miracle et une volonté de fer. Il suffirait d’un simple coup, d’un faux mouvement, et c’est terminé. Impossible de nettoyer derrière ça.
Il y a trop de morceaux, partout.

C’était mon centre de gravité. Elle me maintenait en place.

Se mettre en couple, choisir de donner de son temps et son énergie à une personne, de lui faire une place dans sa vie, c’est aussi espérer qu’elle nous rende meilleurs, qu’elle nous apporte quelque chose que l’on n’a pas déjà.

-La seule chose qui ne soit pas un grand point d'interrogation dans ma vie, à ce stade, c'est le fait que je ressente quelque chose pour toi. Depuis le début. Quoi qu'il arrive, ça n'a jamais changé.

- Je crois que je viens de me rendre compte qu'on croise parfois des personnes incomparables, et que quand on essaye de retrouver la même chose chez une autre, c'est voué à l'échec.Quelqu'un finit toujours blesse.

Elle me faisait oublier où j'étais, qui j'étais, qui je croyais être.