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Citations de Jean-Christophe Boccou (16)


Tout le monde ici m’appelle Lucius. Ne me demandez pas pourquoi, je serais bien en peine de m’en souvenir.
Pourtant, je me souviens de beaucoup de choses. Des choses importantes, comme ce jour où j’ai assisté à la naissance du garçon. Je m’étais caché derrière un sac de blé au fond de la grange. Aujourd’hui encore, il me suffit de fermer les paupières pour revoir leurs visages tannés par ce soleil impossible qui gondole l’horizon au-dessus de la mer des Caraïbes.
C’est ici que je suis né, moi aussi.
Dans ce pays écrasé de colères et noyé dans les ténèbres d’un siècle de sang versé.
Haïti.
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La pluie se mit à tomber dans le soleil du soir. Il pensa vaguement à Markus. Le souvenir du jeune garçon en robe à fleurs l’effleura une seconde et disparut pour de bon dans le cliquetis des gouttes qui tombaient des arbres sur le pavé luisant.
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Les innocents paient pour les coupables.
Repose-toi mon 'Tit Ange Caramel.
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Jean-Christophe Boccou
J’écris depuis que j’ai quatorze ans, sous différentes formes, mais surtout des textes de chansons. Il y a deux ans, je me suis remis au roman, poursuit-il avec ferveur. Pour la première fois, j’ai décidé d’envoyer mon manuscrit. Et ça a fonctionné
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Le Glock à la main, Markus regardait au-dehors par la fenêtre ouverte.
Premier étage. C’était jouable.
Il pivota vers Skander qui déchirait un drap entre ses dents pour s’en faire un garrot de fortune et la dévisagea quelques secondes d’un air songeur. Jamais encore il n’avait croisé la route d’un ange exterminateur de la trempe de cette Burnesha. Un ange furibard qui défouraillait sa colère au milieu du brasier. Il repensa à Sali Rugova. L’Enfer n’a de fureur égale à celle d’une femme bafouée, avait-il dit.
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Markus Orbàn pouvait passer des après-midi entiers dans le métro, les écouteurs vissés sur les oreilles. Debout au fond de n’importe quelle rame, sur n’importe quelle ligne. Il observait. Discrètement, avidement. Tous ces visages fermés, creusés de fatigue et dont les regards évitaient soigneusement de se croiser de peur de déclencher la moindre réaction en chaîne. Ces âmes en pause qui regardaient leurs pieds, leurs écrans ou faisaient tout simplement mine d’être absorbées par la lecture d’un bouquin alors que tous leurs sens étaient en alerte.
Markus adorait ça.
Les sons industriels qui lui martelaient les tympans ajoutaient à ces banales scènes de vie un supplément d’irréel.
Des instantanés d’éternité pour le prix d’un ticket de métro.
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Il repensa à Sali Rugova.
L'enfer n'a de fureur égale à celle d'une femme bafouée, avait-il dit...
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Les chiffres officiels parlent de 1 000 à 1 500 cas recensés, mais d’après mes informations ils seraient dix fois plus nombreux. Ce sont pour la plupart des victimes de sociétés secrètes qui les punissent pour leurs mauvaises actions, ou qui acceptent de les transformer pour de l’argent afin d’assouvir une vengeance, familiale ou autre. Le rite qu’ils subissent avant leur transformation obéit à des règles strictes et se déroule en plusieurs étapes. La victime se voit tout d’abord administrer cette fameuse tétrodotoxine, qui la plonge dans un état de catalepsie avancée. Cette drogue se présente sous la forme d’un liquide ou d’une poudre urticante qui pénètre dans les pores de la peau. Le métabolisme se ralentit, les muscles se paralysent, mais la victime reste consciente. Elle est ensuite enterrée vivante avant d’être libérée quelques heures plus tard sous peine de mourir d’anoxie, ou d’asphyxie, pour parler plus simplement. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’on lui administre le datura, sous forme de pâte ou de liquide. L’herbe contient des molécules d’atropine et de scopolamine, qui ont pour effet de provoquer chez le patient un état de grande agitation lié à de puissantes hallucinations, mais elle a aussi pour conséquence d’annihiler toute volonté chez la victime.
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— Ces gangs sont des pourritures qui plongent notre pays dans les ténèbres un peu plus chaque jour. Ce sont les créatures maléfiques d’un prêtre défroqué qui nous a gouvernés pendant trop longtemps.
— Tu parles de Jean-Bertrand Aristide ?
— Exactement. C’est lui qui a créé les Chimères et les a encouragés à répandre le mal à son profit. Nous étions fiers, autrefois. Fiers et heureux que notre pays devienne la première république noire des temps modernes. Et aujourd’hui, qui sommes-nous ? Cette terre n’est plus qu’un champ de ruines et de désolation. Quand les gangs ne tuent pas nos familles et nos amis, c’est notre terre elle-même qui se retourne contre nous. Toutes ces tempêtes, tous ces tremblements de terre, c’est la colère de nos ancêtres qui nous dégringole sur le coin de la figure.
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La peur des Lougawous était viscérale en Haïti, et tous craignaient ces êtres possédés par un esprit maléfique qui leur conférait le pouvoir de se transformer en chien, en poulet ou encore en serpent. Des créatures monstrueuses qui tuaient des bébés en les vidant de leur sang.
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Ses longs cheveux bouclés flottaient autour de lui et lui caressaient les épaules comme les tentacules d’une anémone de mer. Il ne put réprimer un sourire. L’investissement était de taille, mais les profits s’annonçaient colossaux. Il avait déjà commandé une dizaine de caissons, qui viendraient bientôt détendre les corps fatigués des clients de la chaîne de salons de massage dont il était responsable sur les trois départements de la petite couronne. Encore un an ou deux et il pourrait enfin se ranger. Fini le trafic de dope, les putes et le blanchiment pour ses compatriotes de la mafia russe. Il pourrait prendre une retraite bien méritée et trinquer à la santé des flics français à l’autre bout du monde.
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C’était la nuit.
Une nuit qui défilait encore intacte derrière ses rétines mortes.
Et puis ce visage tout contre le sien.
Ce visage noir qui lui souriait de toutes ses dents.
Et puis ces dents qui arrachaient d’un coup sec la goupille d’une grenade à main.
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Le vent s’était levé avec le soir. Un vent lourd et furieux aux relents de diesel et de pourriture dont les rafales brûlantes épluchaient les visages. Hugo s’attacha les cheveux et noua un foulard autour de sa bouche.
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Nous étions fiers, autrefois. Fiers et heureux que notre pays devienne la première république noire des temps modernes. Et aujourd’hui, qui sommes-nous ? Cette terre n’est plus qu’un champ de ruines et de désolation. Quand les gangs ne tuent pas nos familles et nos amis, c’est notre terre elle-même qui se retourne contre nous.
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Les deux hommes la fixaient avec insistance depuis déjà quelques minutes. Leur torse sombre recouvert de charbon écrasé et de sucre de canne luisait sous le soleil de la fin d’après-midi. Nylah observa les cordes de chanvre noires qu’ils brandissaient au-dessus de leur tête en hommage aux entraves que portaient leurs ancêtres esclaves. Un sourire de défi plissait leur visage en partie dissimulé derrière un masque de taureau fait de corne et de carton.
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Hugo salua le brigadier qui se tenait en appui sur le manche de sa pelle, les yeux rivés au fond du trou qu’il venait de creuser dans le terrain vague. Le type s’épongeait le front en soufflant comme un cachalot échoué sur le rivage. Pétrie s’accroupit sans un mot au bord du cercueil artisanal que les flics venaient de sortir de terre. Il détailla le capitonnage du couvercle lardé de lacérations et de traînées de sang.
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