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Citations de Jean-Félix de La Ville Baugé (25)


C’était tendu en allant à l’école. Il pouvait m’arriver quelque chose si un ou deux Interahamwe avaient envie de violer une Tutsie et de la laisser au bord de la route, personne ne serait allé les poursuivre. Mon père n’aurait peut-être même pas osé se plaindre. C’était tendu dans la cour. Les garçons tutsis prenaient des coups qu’ils ne devaient surtout pas rendre s’ils ne voulaient pas avoir des problèmes à la sortie.
C’était tendu au début des cours de physique. Le professeur hutu ne faisait l’appel que des élèves hutus, comme si nous n’étions déjà plus là.
C’était tendu en sortant de l’école quand les jeunes Interahamwe nous lançaient gaiement : « Ah ! Ce sera bien quand vous ne serez plus là ! Bientôt ! Bientôt ! » Mais au moins eux nous parlaient , nous existions encore pour eux, nous n’étions pas déjà morts.
C’était tendu sur le chemin du retour quand on avait maths tard, la nuit commençait à tomber, un ou deux Hutus pouvaient sortir du cabaret.
C’était tendu la nuit parce qu’il y avait encore moins de sanctions que le jour.
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Je découvrais que, quand tu étais là, les souvenirs s’éloignaient. C’est pour ça qu’encore aujourd’hui, je déteste quand tu pars en mission, j’ai toujours l’impression que les souvenirs vont en profiter pour revenir m’écraser.
(page 111)
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Henri, le chirurgien du CICR (Comité international de la Croix-Rouge), était venu me voir à l’hôpital du camp. Une ONG norvégienne avait financé un journal visant à « favoriser la communication entre les rescapés pour leur permettre d’effacer les blessures du passé et de reprendre une vie normale... » Fallait-il être dans un bureau à Oslo pour imaginer une chose pareille !
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Aujourd’hui, Alphonse, Iréné, Justin vivent tranquillement à Massongo. Et le curé a disparu… Quand il a été poursuivi par le Tribunal pénal international pour avoir incité ses paroissiens tutsis à se réfugier dans l’église et participé en personne à leur massacre, il a déclaré qu’il l’avait fait « sur ordre de l’évêque ». Le Vatican ne voulait pas qu’un prélat se retrouve devant un tribunal des Nations Unies. Il a procuré au curé une fausse identité et une paroisse en France. Il y vit bien au chaud aujourd’hui.
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Je comprends, tu sais, que ton père ait été furieux de notre mariage. Tu te rends compte, vous êtes pasteurs ou banquiers depuis des siècles et toi, son seul enfant, tu lui ramènes une noire.
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Je me remis à courir, à hurler, je hurlais je ne sais quoi, je courais, je courais, j’ai dû courir des kilomètres, je courais pour ne plus voir de tas, il y avait partout des tas, des mâchoires, des pieds posés à côté de corps de femmes, je courais, je courais, je hurlais, je courais…
(page 61)
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C’est ce calme qui m’a fait réaliser combien notre pays était tendu. C’était tendu en allant à l’école. Il pouvait m’arriver quelque chose si un ou deux Interahamwe avait envie de violer une Tutsie et de la laisser sur le bord de la route, personne ne serait allé les poursuivre. Mon père n’aurait même pas osé se plaindre.
(page 105)
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Nous ignorions que certains, dans les partis politiques, les universités les ministères, au palais présidentiel, doutant d’une victoire sur le FPR, avaient trouvé le moyen de régler le problème une fois pour toutes : supprimer tous les Tutsis.
(page 16)
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Entre avril et mai 1994, nous fûmes massacrés tous les jours par l’armée rwandaise – c’est un camion militaire qui a amené les Interhamwe devant l’église de Massongo, ce sont des soldats qui bloquaient les fenêtres pendant qu’on nous coupait, c’est un colonel de gendarmerie qui donnait les ordres aux Interhamwe devant l’autel. Les Français savaient heure par heure ce qui nous arrivait grâce à leurs soldats sur place, mais ils n’ont rien fait pour l’empêcher.
(page 135)
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J’avais noté lors des concours de Miss Massongo que les corps des concurrentes se valaient, c’étaient toutes des Tutsies : longues jambes, longs bras, long cou, longues mains. Mais j’avais fait une découverte qui pouvait m’assurer un titre de Dauphine et pourquoi pas de Miss : aucune fille ne faisait attention à ses ongles.
(pages 29-30)
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Nous aurions du hurler : «  Les descendants de la caste royale et de la caste dirigeante tutsies représentent aujourd’hui environ dix mille personnes. Les Tutsis sont un million au Rwanda. Ils n’ont rien à voir de près ou de loin ni avec la monarchie ni avec les classes dirigeantes tutsies, ce sont des pauvres éleveurs qui meurent tout autant de faim que les cultivateurs hutus. »
Nous aurions dû aller voir tous les Hutus, mon père aurait dû aller les voir pour leur crier : « Nous sommes comme vous, exactement comme vous, nous mourrons de faim comme vous, il n’y a aucune différence entre nous si ce n’est notre taille... »
Nous aurions même pu aller un peu plus loin : « Ces gens à Kigali prétendent défendre les hutus contre les Tutsis, mais la seule chose qu’ils défendent, c’est leur argent. Si le pays va si mal, c’est que le pouvoir hutu accapare les richesses. Unissons-nous, Tutsis et Hutus, pour nous débarrasser de cette clique. »
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Je poussai la porte (de l'église). Ce n'est pas l'odeur qui me saisit, c'est le bruit. On avait l'impression d'entrer dans une ruche. C'était les mouches. Personne n'avait touché aux corps depuis le massacre. On aurait dit que les os avaient aspiré la peau. Je ne pus dépasser l'autel.
(page 58)
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Parce que s'excuser- je le découvre en t'écrivant- c'est retourner vers son acte.
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Ma mère n’avait pas l’air de réaliser. Elle s’était découvert une nouvelle passion : le tricot. Elle tricotait des pulls, des jupes, des napperons, dont nous n’avions nul besoin. Quand la laine se mit à manquer, elle continua à tricoter. Elle restait le plus souvent à la maison, entrechoquant ses aiguilles sans fil.
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Je redoublai de prudence. En commençant à marcher, j'eus l'impression d'être portée par une force, je m'imaginais être la dernière de mon peuple, je devais vivre pour éviter la disparition des Tutsis.
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Ils avaient dit qu’il ne devait plus rester un seul Tutsi, ils allaient revenir nettoyer le marais. Mes pieds s’enfonçaient dans la boue. Je nous imaginais alors comme des plantes nauséabondes qu’il fallait enfoncer dans le sol pour que leur odeur n’indispose plus les Hutus. C’est ainsi que j’eus l’idée de m’enterrer.
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- Faites dit-il, mais il y avait quelque chose qui clochait dans son "Faites" . Il faut être très puissant pour dire "Faites", Nicolas avec son quart de Terre pouvait dire "Faites" mais Nicolas le plus souvent ne disait rien.
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Quand leur troisième fille, Apollonia, se blottissait contre elle en lui disant : "tu sais, maman, je t'aime" , Magnifique avait l'impression d'être au bord d'un marais qui allait l'aspirer.
Elle tentait de sourire. Elle enfouissait sa tête dans les cheveux d'Apollonia. Elle parvenait à pleurer sans que sa fille s'en rende compte.
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Je peux faire illusion parce que je suis très silencieux. Mais très vite, on s'aperçoit que ce n'est que du silence.
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Tu doutes de tout, ton père ne doute de rien. Tu es d’une sensibilité presque maladive, to père en est dénué, tu es obsédé par ce qui est juste, ton père l’est par ce qui est correct, ton père est petit, tu es grand, ton père est gros, tu es mince.
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