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EAN : 9782753304703
240 pages
Editions SW Télémaque (07/09/2023)
4.2/5   110 notes
Résumé :
Magnifique est un roman choc sur la possibilité ou non, de construire une histoire d’amour après avoir survécu à l’abomination.
Trente ans après les faits, son héroïne, Magnifique Umuciowari, sur le point de subir une intervention chirurgicale, n’en est toujours pas certaine. Elle décide d’écrire, pour son mari, le récit halluciné et bouleversant qui l’a mené des collines du Rwanda aux rives du lac Léman.
Une voix d’une puissance et d’une délicatesse e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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Rentrée littéraire 2023.

Magnifique est, sans conteste, un des romans les plus forts de cette rentrée littéraire 2023 et pourtant, on en parle très peu. Peut-être parce que le quatrième roman de Jean-Félix de la Ville Baugé dérange vraiment en soulignant une fois de plus le rôle de la France dans le génocide rwandais en 1994.
L'auteur qui était au Rwanda cette année-là pour une association venant en aide aux réfugiés du génocide, donne la parole à Magnifique Umociowari, jeune fille du village de Massongo. Avec ce personnage imaginaire mais tellement réel, il m'a plongé dans les souvenirs de cette femme qui vit maintenant en Suisse. Alors qu'elle doit être opérée, incapable de raconter à son mari ce qu'elle a vécu, elle décide d'écrire cela. Commence alors un récit à la fois simple et très fort, à la fois direct et d'une immense sensibilité.
Comme je l'ai entendu récemment sur France Inter, à propos du génocide arménien, ce genre d'horreur inimaginable ne se produit pas subitement, sur un coup de colère. Non. Tout cela est préparé, le peuple conditionné grâce à une montée de la tension palpable mais volontairement ignorée par ceux qui pourraient tirer le signal d'alarme.
Au Rwanda, depuis 1990, le Front Patriotique Rwandais (Tutsis) et l'armée rwandaise (Hutus) se font la guerre, l'hostilité des Hutus envers les Tutsis est manifeste à l'école où l'attitude des enseignants est scandaleuse, Radio Mille Collines (Hutue) diffuse des messages de haine et Kangura, journal hutu, fait de même.
Ainsi, en quelques pages, Jean-Félix de la Ville Baugé, au travers du témoignage de Magnifique, rappelle ce qui a précédé un génocide déclenché juste après la mort du Président rwandais dans un accident d'avion. Tout le pays retenait son souffle et voilà que tous les Tutsis de Massongo sont envoyés dans l'église ! Ils y vont en silence au lieu de se révolter. L'évêque, Hutu, ne bouge pas alors que le massacre commence…
Magnifique utilise ce verbe anodin, couper, verbe qui devient d'une horreur absolue : « Les Hutus ont commencé à couper. Ils étaient concentrés, ils avançaient comme sur la parcelle de bananiers, sûrs, calmes, ils levaient leur machette, coupaient – au lieu d'herbes, de branches – des têtes, des bras, des jambes. »
Si Magnifique échappe par miracle au massacre, elle fait preuve d'une volonté et d'un courage exceptionnels. Tout cela est raconté très simplement, sans oublier ceux qui auraient pu arrêter cette ignominie - notre pays en fait partie - et qui n'ont rien fait !
Ces pages sont terribles mais ce qui suit est aussi instructif comme l'hostilité du père de celui qui a sauvé Magnifique et veut l'épouser. J'ai aussi vécu un moment difficile, au cours de ma lecture, avec cette émission intitulée « Vingt-cinq après le génocide, quelle réconciliation ? » Magnifique hésite beaucoup pour accepter l'invitation mais y va quand même pour rappeler la mémoire de celles et de ceux qui sont morts. Là, elle se retrouve face à un chercheur au Centre de défense de la culture hutue à Bruxelles. Devant tant d'outrecuidance, de mensonge maquillé derrière quelques faits historiques manipulés, j'ai beaucoup souffert car Magnifique ne trouvait pas la force de se défendre…
Certes, il y a eu d'autres livres consacrés au génocide des Tutsis au Rwanda mais celui-ci, dans sa simplicité, est d'une force incroyable. Il faut le lire pour ne pas oublier et aussi pour savoir dans quelles circonstances, Jérôme, le mari de Magnifique, a pu la sauver.

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Alors que 2024 marquera les 30 ans du génocide du Rwanda, Jean-Félix de la Ville Baugé publie un roman, Magnifique, un titre porté à merveille tant il correspond au ressenti que j'ai pu avoir lors de sa lecture !
Ce cinquième roman de l'auteur, relatif au Rwanda, pose la question de savoir s'il est possible de construire une histoire d'amour après avoir assisté aux pires atrocités et survécu à l'abomination.
Trente ans après le génocide rwandais auquel elle a survécu, Magnifique Umuciowari, sur le point de subir une intervention chirurgicale, décide de coucher sur le papier, ce qu'elle n'a jamais pu dire à son mari : écrire le récit halluciné et bouleversant qui l'a menée, juste avant leur rencontre à l'hôpital du camp, des collines du Rwanda aux rives du lac Léman, à Genève où ils demeurent.
Dès les premières pages, j'ai été happée par le récit de Magnifique, cette adolescente tutsie qui pensait avoir toutes ses chances pour remporter le titre de Miss Massongo.
Mais les mois qui précédent le génocide, la tension est partout, en allant à l'école, en sortant de l'école, pendant les cours, la nuit, et son père a toujours peur pour elle. Quant à sa mère, elle tricote, elle tricote sans arrêt, même quand elle n'a plus de laine...
Quand le 6 avril 1994, son père entend à la radio que l'avion du Président est tombé, il lève les yeux sur sa fille et lui dit : « Tout peut arriver maintenant… le meilleur comme le pire... »
Elle décrit alors les horreurs qui ont suivi, comment elle a pu échapper à la mort, comment elle a été retrouvée puis sauvée par le regard et l'attention d'un homme qui deviendra son mari. Mais les souvenirs et les traumatismes même en essayant de les tenir à l'écart, sont toujours là et ressurgissent à l'occasion d'un mot, d'une conversation, l'empêchant de vivre un vrai amour.
C'est tout cela, ses peurs, ses réminiscences, ce qu'elle n'a jamais pu dire à Jérôme son mari, qu'elle écrit pour lui faire enfin partager son ressenti…
Jean-Félix de la Ville Baugé réalise un véritable tour de force à explorer ce génocide du Rwanda, encore présent dans tous les esprits, avec une extrême et exceptionnelle délicatesse.
Il fallait beaucoup de talent pour faire ressentir au lecteur les sentiments de cette femme tutsie rescapée de l'horreur avec une telle finesse, une telle pudeur et une telle subtilité sans occulter pour autant les scènes atroces inoubliables dont elle a été témoin.
J'ai été émue et bouleversée aux larmes par son impossibilité à parler à son mari ou à ses enfants des traumatismes dont elle a été victime.
Magnifique est un puissant et superbe roman sur la reconstruction.
Jean-Félix de la Ville Baugé n'hésite pas à évoquer la part de responsabilité de toutes les parties prenantes lors de ce génocide et pose également la grande question du pardon.
La photo de couverture dont on ne voit que la partie supérieure a été prise en juillet 1994, au Rwanda par Patrick Robert, grand reporter à l'agence Sygma. Elle fait écho de manière horrible et inoubliable à un passage du livre.
Elle est visible dans son intégralité sur le site des éditions Télémaque que je remercie infiniment ainsi que Babelio pour la découverte de ce roman absolument MAGNIFIQUE.
Une fin comme je les aime, toute en poésie, finesse et élégance, avec un brin d'humour, clôt ce roman qui restera pour moi inoubliable.

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"J'ai coupé à la machette des hommes, des femmes, des enfants qui vivaient à côté de moi.
J'ai fait ce qu'aucun animal ne fait.
Je l'ai fait tous les jours de huit heures du matin à quatre heures de l'après-midi. Pendant cent jours.
Je rentrais ensuite dîner chez moi avec ma femme et mes enfants.
Parfois, je leur rapportais de la viande, parfois des jouets ou des vêtements volés dans les maisons de ceux que je tuais.
Je me racontais et me raconte encore aujourd'hui que nous pensions ainsi résoudre tous nos problèmes, que nous n'avions pas le choix, que nous pouvions être punis de mort si nous ne le faisions pas, que tout le monde au village le faisait.
Je prends conscience de ce que j'ai fait et, vous, survivants, je vous demande pardon pour vous et pour tous vos proches que j'ai tués de mes mains, pour vos maris, vos femmes, vos enfants, vos parents, qui ne m'avaient rien fait et que j'ai coupés à la machette."

Ce qui a scandé ma lecture du roman de Jean-Félix de la Ville Baugé, c'est l'étrange, insistante, cruelle mais sans pathos "litanie" du verbe "couper".
Il est omniprésent, tout-puissant et pourtant si "banal" dans sa simplicité lexicale.
C'est ça "la banalité du mal" dont parlait Hannah Arendt, couper pendant cent jours tel un fonctionnaire, de huit heures du matin à quatre heures de l'après-midi, plus de 800 000 chairs, 800 000 vies, rentrer le soir pour retrouver son train-train quotidien, faire sonner le réveil le matin pour repartir à la tâche et effectuer cette dernière machinalement, répétitivement...
Comme le disait Primo Levi : "ceux qui sont dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires, prêts à croire et à obéir sans discuter."

Cette "banalité du mal", l'auteur a su la faire passer à travers un style épuré, d'une simplicité telle, que les 236 pages de son roman se lisent d'une traite avec aisance.
Mais l'épure et le banal ont cette qualité presque inattendue, surprenante, insoupçonnée, qu'ils sont à "double tranchant"; ces mots simples portent en leur sein tout le poids du tragique, toute l'horreur du crime, toute l'injustice de la faute inexpiée... parce que inexpiable ?

J'ai pas mal de lectures à mon actif sur le génocide rwandais de 1994. Les dernières étant – Notre-Dame du Nil – de Scholastique Mukasonga et – Petit Pays - de Gaël Faye.
J'avoue qu'il faut un très bon bouquin pour ne pas me donner l'impression du "déjà lu"...
- Magnifique – a réussi par son apparente simplicité, sa force contenue, ses cris rentrés à m'offrir ce type de lecture revisitée, renouvelée...

Magnifique est une jeune fille tutsie d'une grande beauté, une petite villageoise de dix-sept ans, qui vit dans un petit village rwandais où cohabitent, sous tension(s), Hutus et Tutsis.
Magnifique est la fille d'un couple dont le père est un agriculteur modeste ; la mère tricote.
"Elle tricotait des pulls, des jupes, des napperons, dont nous n'avions nul besoin. Quand la laine se mit à manquer, elle continua à tricoter. Elle restait le plus souvent dans la maison, entrechoquant ses aiguilles sans fil."
Leur vie est rythmée par le travail du père, l'école où se rend Magnifique, les brimades que les Hutus réservent aux "cancrelats" que sont pour eux les Tutsis et l'écoute de la Radio Mille Collines.
Le 6 avril 1994, après le crash de l'avion du Président rwandais, le massacre commence.
Magnifique va être l'unique rescapée tutsie de son village.
Recueillie par une organisation humanitaire, elle va s'éprendre de Jérôme, un jeune homme suisse qui est tombé sous le charme de Magnifique et qui la veille jour et nuit durant ses longues semaines d'hospitalisation.
Jérôme est Suisse.
Follement amoureux de Magnifique, il va l'épouser.
Ils vivront à Genève dans une belle maison, auront des enfants... mais la jeune fille tutsie portera toujours en elle l'indicible...
Au cours d'une visite médicale, elle apprend qu'elle est atteinte d'une tumeur et doit être opérée.
Sentant sa fin possible, Magnifique décide de coucher sur le papier tout ce qu'elle a vécu et dont elle n'a jamais parlé.
Le cahier devra être remis à Jérôme si l'intervention se passe mal...

À travers le drame intime de Magnifique, l'auteur réussit le tour de force de faire revivre celui du génocide et, ce passage m'a bluffé, au prétexte d'une émission télé à laquelle Magnifique est invitée en qualité de témoin face à un contradicteur érudit, le génocide en question est abordé, "analysé" sous différents angles qui sont rarement ou peu évoqués dans des romans de ce genre. Beaucoup de questions sont alors posées dont L Histoire donnera un jour peut-être les bonnes réponses... Un passage très "déstabilisant" mais subtilement insidieux de l'ouvrage.

Je ne veux pas en dire davantage.
Lisez ce livre, dont la lecture est à la fois plaisante, touchante, interpellante et offre matière à réflexion.

Je tiens à adresser un grand merci à Babelio et aux éditions Télémaque pour cette excellente découverte.
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Comment des mots peuvent-ils faire aussi mal ? Comment nous, Français et notre gouvernement en place à l'époque, en cette année 1994 avons-nous pu fermer les yeux, faire semblant de ne rien voir alors que le génocide rwandais se déroulait, outre-atlantique alors que suite à la Seconde Guerre mondiale et au génocide des peuples juifs et tzigane entre autre, nous nous étions dit Plus Jamais Ça ? Ce sont tous ces mots-là, ces non-dits et cs horreurs que Jean-Félix de la Ville Baugé nous expose ici sous forme de roman : le massacre des Tutsis par les Hutus, deux ethnies qui cohabitaient pourtant sur le même territoire rwandais. Je ne m'en rappelle pas, j'avais dix ans à l'époque et pourtant, en lisant cet ouvrage, j'ai pleuré...pleuré devant l'histoire de Magifique, une jeune et belle femme de couleur noir qui a vu ses parents se faire massacrer dans une église. Elle n'y était pas mais elle a vu les Tustis se faire « couper » les uns après les autres, hommes, femmes et enfants. Des pieds et des membres coupés, des corps entassés et elle s'est enterrée vivante avec juste un roseau pour respirer pour tenter d'échapper à ce massacre qui se déroulait sous ses yeux ! Emmenée plus tard dans un camp puis dans un hôpital, elle fera la connaissance de Jérôme, un bel homme suisse appartenant à une association humanitaire. Il la veillera, elle. Pourquoi pas sa voisine d'à coté ou celle d'en face ? Parce que cela devait être ainsi. Plus tard, dénigrée de par sa couleur de peau par ceux qui allaient devenir ses futurs beaux-parents, elle encaissera sans réagir. de son traumatisme vécu au Rwanda pendant cette année 1994, elle ne dira jamais mot à Jérôme, dorénavant son mari, ni à ses enfants mais ses crises de folie la poursuivront. Vingt-cinq ans après, une réconciliation est-elle possible entre les Tutsis et les Hutus ? Magnifique attend des mots d'excuse, de demande de pardon qui ne viendront jamais ! D'ailleurs, entre opprimés et opprimants, qui dit s'excuser puisque les rôles ont été inversés ds décennies plus tôt ?
Un roman poignant, extrêmement bien écrit (trop peut-être) et où il n'y a pas besoin de descriptions inutiles : seuls les mots frappent et frappent fort et juste !
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« La journaliste m'avait interpellé un après-midi : « Nous avons eu connaissance de votre histoire et l'avons trouvé fascinante. Nous voudrions vous inviter à notre prochain débat qui sera consacré au vingt-cinquième anniversaire du génocide rwandais. »

Magnifique est son prénom. Horrifique est son histoire.

Lorsque je raconte cette lecture à des amis, les mots affluent comme un torrent, la colère se déverse en vrac contre tous ces manipulateurs et tous ces pantins manipulés armés de machettes. Contre toute cette haine. le dégout me fait débiter des idioties dont je ne suis même pas capable.
Pourtant, devant ma feuille blanche, rien ne s'évacue, un peu comme Magnifique dont les mots restent bloqués dans la gorge, refusant d'expulser l'horreur. Garder les images de la traîtrise et de la lâcheté derrière ses paupières fermées mais tremblotantes c'est comme protéger ses proches.

« Ta mère s'est penchée sur moi. Elle m'a caressé la joue avec son doigt. Elle a dit : « le voyage a dû être long...» Elle savait surement que le voyage avait commencé avant l'avion...»

Magnifique est retrouvée inconsciente sous les corps de ses parents morts. Coupés.
L'amour de Jérôme, médecin Suisse, patiemment, passionnément, courageusement, l'arrachera à son destin de Tutsie.

« Je découvrais que, quand tu étais là, les souvenirs s'éloignaient. C'est pour ça qu'encore aujourd'hui, je déteste quand tu pars en mission, j'ai toujours l'impression que les souvenirs vont en profiter pour revenir m'écraser.

Ce roman est passionnant autant que bouleversant. Pudeur, tendresse, émotion et monstruosité sont dans la même civière.

Grâce à son parcours professionnel, l'auteur maitrise parfaitement ce sujet. J'ai eu parfois l'impression que ce roman pourrait être qualifié de récit tant son analyse des causes profondes de ce génocide est clairement formulée.

Et puis, « Ce qui est drôle, c'est que tu sois un des hommes les plus informés au monde sur les massacres et que tu croies encore qu'il y a des bons et des méchants. Il n'y a que des méchants dans cette affaire. »

Heureusement, qu'il n'y a que des gentils chez Babelio de m'avoir choisi en MPC et d'autres gentils aux éditions Télémaque de l'avoir mis sous pli. Je les remercie.

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critiques presse (1)
Bibliobs
31 octobre 2023
Trente ans après ce qu’elle a enduré au Rwanda, et à la veille de subir en Suisse une lourde intervention chirurgicale, une femme décide d’écrire enfin ce qu’elle n’a jamais voulu raconter. Un roman poignant de Jean-Félix de La Ville Baugé, avocat qui a consacré sa vie à l’humanitaire.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
C’était tendu en allant à l’école. Il pouvait m’arriver quelque chose si un ou deux Interahamwe avaient envie de violer une Tutsie et de la laisser au bord de la route, personne ne serait allé les poursuivre. Mon père n’aurait peut-être même pas osé se plaindre. C’était tendu dans la cour. Les garçons tutsis prenaient des coups qu’ils ne devaient surtout pas rendre s’ils ne voulaient pas avoir des problèmes à la sortie.
C’était tendu au début des cours de physique. Le professeur hutu ne faisait l’appel que des élèves hutus, comme si nous n’étions déjà plus là.
C’était tendu en sortant de l’école quand les jeunes Interahamwe nous lançaient gaiement : « Ah ! Ce sera bien quand vous ne serez plus là ! Bientôt ! Bientôt ! » Mais au moins eux nous parlaient , nous existions encore pour eux, nous n’étions pas déjà morts.
C’était tendu sur le chemin du retour quand on avait maths tard, la nuit commençait à tomber, un ou deux Hutus pouvaient sortir du cabaret.
C’était tendu la nuit parce qu’il y avait encore moins de sanctions que le jour.
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Nous aurions du hurler : «  Les descendants de la caste royale et de la caste dirigeante tutsies représentent aujourd’hui environ dix mille personnes. Les Tutsis sont un million au Rwanda. Ils n’ont rien à voir de près ou de loin ni avec la monarchie ni avec les classes dirigeantes tutsies, ce sont des pauvres éleveurs qui meurent tout autant de faim que les cultivateurs hutus. »
Nous aurions dû aller voir tous les Hutus, mon père aurait dû aller les voir pour leur crier : « Nous sommes comme vous, exactement comme vous, nous mourrons de faim comme vous, il n’y a aucune différence entre nous si ce n’est notre taille... »
Nous aurions même pu aller un peu plus loin : « Ces gens à Kigali prétendent défendre les hutus contre les Tutsis, mais la seule chose qu’ils défendent, c’est leur argent. Si le pays va si mal, c’est que le pouvoir hutu accapare les richesses. Unissons-nous, Tutsis et Hutus, pour nous débarrasser de cette clique. »
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Aujourd’hui, Alphonse, Iréné, Justin vivent tranquillement à Massongo. Et le curé a disparu… Quand il a été poursuivi par le Tribunal pénal international pour avoir incité ses paroissiens tutsis à se réfugier dans l’église et participé en personne à leur massacre, il a déclaré qu’il l’avait fait « sur ordre de l’évêque ». Le Vatican ne voulait pas qu’un prélat se retrouve devant un tribunal des Nations Unies. Il a procuré au curé une fausse identité et une paroisse en France. Il y vit bien au chaud aujourd’hui.
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Henri, le chirurgien du CICR (Comité international de la Croix-Rouge), était venu me voir à l’hôpital du camp. Une ONG norvégienne avait financé un journal visant à « favoriser la communication entre les rescapés pour leur permettre d’effacer les blessures du passé et de reprendre une vie normale... » Fallait-il être dans un bureau à Oslo pour imaginer une chose pareille !
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Entre avril et mai 1994, nous fûmes massacrés tous les jours par l’armée rwandaise – c’est un camion militaire qui a amené les Interhamwe devant l’église de Massongo, ce sont des soldats qui bloquaient les fenêtres pendant qu’on nous coupait, c’est un colonel de gendarmerie qui donnait les ordres aux Interhamwe devant l’autel. Les Français savaient heure par heure ce qui nous arrivait grâce à leurs soldats sur place, mais ils n’ont rien fait pour l’empêcher.
(page 135)
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