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Citations de Jean-François Parot (626)


Détaché de toute chose, il considérait l'agitation des rues. Tous ces passants anonymes disparaîtraient un jour, tous ceux qui se mouvaient sans un regard pour leur voiture et dont lui même observait les mouvements sans distinguer les visages. L'avenir n'était que l'approche progressive d'une fin énigmatique qui viendrait à son heure. Qu'importait alors le jeu d'une existence consacrée à regretter le passé et à redouter la suite sans fin des chagrins et des deuils ?
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Puis Bourdeau mystérieux, les quitta pour aller préparer un apozème (décoction ou infusion d'un ou plusieurs substances végétales) de son cru, qui constituerait un excellent remontant et qui remettrait Nicolas de toutes ses fatigues. Il cassa, tout d'abord, du sucre qu'il mélangea avec du poivre, de la cannelle, des clous de girofle, du miel et deux bouteilles de vin rouge, fit chauffer le tout dans un coquemar, en versa le contenu bouillant dans un grand bol où il versa encore une demi-bouteille d'eau-de-vie. Il enflamma le tout et le rapporta triomphant à la table de ses deux compères.
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Le soleil avait disparu. Il s'était épanoui le matin dans la transfiguration du levant, il avait resplendi dans la gloire du milieu du jour, il déclinait maintenant.
Tout homme, pensait Nicolas, devait ainsi parcourir le cycle de sa vie.
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Nicolas fut témoin d'un curieux spectacle lorsqu'il pénétra dans le bureau du lieutenant général de police. Assis dans un fauteuil, l'homme le plus grave de France paraissait plongé dans une méditation qui crispait son front. Il croisait et décroisait sans cesse les jambes et hochait vigoureusement la tête au grand désespoir d'un garçon coiffeur qui tentait de disposer ses cheveux en boucles ordonnées. Deux valets ouvraient des boîtes oblongues et en sortaient, avec précaution, différents types de perruques qu'ils essayaient, l'une après l'autre, sur un mannequin, revêtu d'une robe de chambre écarlate. Nul n'ignorait, dans Paris, que M. de Sartine avait une marotte : il collectionnait avec passion les perruques.

p. 60
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Après avoir longé la Grande Boucherie, dont les bâtiments étaient situés à l'arrière du Châtelet, ils s'engagèrent dans la petite rue du Pied-de-Boeuf. Nicolas avait fini par s'accoutumer aux habitudes et même aux odeurs du quartier. Les bouchers abattaient le bétail dans leurs boutiques et le sang ruisselait au milieu des ruelles, où il caillait sous les pieds des passants. Mais cela n'était rien à côté des exhalaisons qui sortaient des fonderies de suif animal ... Nicolas, qui rentrait tout juste de sa Bretagne et avait encore sur sa peau le souffle des tempêtes, mit son mouchoir sur son visage ....

p. 72
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La tenancière ... lui conseilla, à mots couverts, d'essayer une autre de ses spécialités, la fricassée de pieds de porc. Elle en usait avec discrétion, car elle n'avait pas le droit de servir la chair de cet animal dont la vente était expressément réservée aux charcutiers. Les pieds étaient cuits dans le bouillon du pot afin, disait-elle, de les rendre plus douillets. Après, les os se détachaient d'eux-mêmes. Il convenait alors d'assaisonner d'épices et d'oignons hachés et de faire frire le tout dans le lard et le beurre fondu, presque roux. Il fallait ensuite fricasser, d'une main ferme et rapide, en agitant une vingtaine de fois. Une louche du bouillon devait mouiller l'ensemble réduit l'espace de deux ou trois Pater. Avant de servir, il était essentiel de délayer un peu de moutarde dans du verjus et du vinaigre pour faire liaison avant de servir le tout chaudement. Ce qui fut dit fut fait et Nicolas céda si bien au conseil qu'il en reprit trois fois. Il se sentait rasséréné, réchauffé et prêt à affronter un notaire.

p. 232
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Ils parvinrent bientôt en vue de la Bastille ...
Ils pénétrèrent dans le monstre de pierre. ... Partout, dans les angles, les recoins et les culs-de-sac de cet immense labyrinthe, d'étranges mousses humides recouvraient comme une lèpre le corps de la prison. Des volutes de champignons, flottant pareilles à de lourdes toiles d'araignées, absorbaient le peu d'air de cette atmosphère confinée. ... Le pied glissait dans des passages obscurs où le sol pourri et spongieux, semblable à celui d'une grotte marine tapissée d'algues, se résorbait en boue. Sur tout cela flottait une odeur froide et pénétrante, presque palpable, opaque à force d'oppression ...

p. 295
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Dans la nuit du vendredi 2 février 1761, un équipage avançait péniblement sur la voie qui conduit de la Courtille à la Villette. La journée avait été sombre et, à la tombée du jour, de lourds nuages avaient éclaté en pluie et en tourmente. Quiconque aurait eu l'idée improbable de surveiller cette route eût remarqué ce chariot tiré par un cheval étique. Sur le banc, deux hommes, enveloppés de capes dont les pans noirs étaient à demi éclairés par la lueur d'un méchant falot, fixaient l'obscurité. Le cheval dérapait sur le sol détrempé et s'arrêtait toutes les dix toises. Déséquilibrés par les secousses des ornières, deux tonneaux s'entrechoquaient sourdement.
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Il s'agissait, je le répéterai jusqu'à ma mort, de donner à bail l'approvisionnement en grains pour douze ans renouvelables à quatre millionnaires. A eux d'établir méthodiquement les disettes, la cherté continuelle et, dans les années de médiocre récolte, les famines générales de toutes les provinces du royaume, par l'exercice de l'accaparement dans un exclusif monopole des blés et des farines.
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La raison, pour lui, se devait de repousser les préjugés, obstacles au progrès.
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La France est une vieille machine qui va encore de l'ancien branle qu'on lui a donné, et qui achèvera de se briser au premier choc!
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Combien de fois avait il dû, de retour au logis, secouer ses habits au-dessus d'une bassine pour se débarrasser de l'engonce sautante et piquante...
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Vous connaissez la nature du lieu où la victime a été découverte. Les cent mille bœufs qui entrent pour l’approvisionnement de Paris abandonnent, après leur sacrifice, quatre cent mille pieds sans compter les cornes et les intestins. Tout cela se ramasse, se voiture et va tomber dans les vastes chaudières toujours fumantes sur cette île d’enfer. Cela procure l’huile pour les lampes, quinquets et veilleuses, et même pour la friture commune, enfin pour graisser les rouages des machines mécaniques. C’est cela, l’île des Cygnes !
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Si, pour le simple tiré, les tenues de fantaisie étaient tolérées par le feu roi, il en allait tout autrement pour le chevreuil, le Cerf ou la bête noire. Le nouveau souverain (Louis XVI) était réputé plus sourcilleux que son grand-père à cet égard. L’habit de chasse habituel de gros bleu galonné d’or était de rigueur et la disposition du galon indiquait le genre d’animal qu’on allait chasser.
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Mon père me contait souvent les derniers jours du cardinal de Mazarin. Celui-ci trouva la force d’aller faire ses adieux à ses collections. Hélas, mes livres, mon cabinet, qui portera sur vous, le regard, le désir auxquels je vous ai accoutumés ?
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Son ami disait ”qu’on ne refuse pas la porte des salons dorés à ceux qui ont l’esprit plein d’ordures, mais qu’on les chasserait s’ils en avaient à leurs souliers”.
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- Connaissez-vous la victime ?
Le duc eut un haut le cœur.
- Une femme de chambre ? Une des dernières entrées dans ma maison. Comment voulez-vous ? J’ignore même son nom.
Nicolas remarqua à part lui que les domestiques étaient souvent regardés comme des meubles. On les débaptisait la plupart du temps, et le maître ignorait leur nom réel, ne considérant que l’usage particulier pour lequel des gages étaient versés.
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Lorsque vous aurez à traduire, souvenez vous d’être simple, clair et correct, afin de rendre exactement la pensée d’un auteur, sans rien omettre de la délicatesse et de l’élégance de son style. Tout se tient, en effet. Comme, dans la vie, à trop s’attacher à la lettre des principes on devient dur et sans cœur, dans la traduction, le ton se révèle sec et aride quand il advient qu’on impose ses idées à la place de celles de l’auteur.
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Tout le reste du chemin, Nicolas ne parvint pas à maîtriser le flot de sentiments mêlés qui l'agitait.
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Les livres paraissaient toujours monter une garde silencieuse autour de lui. Enfant, il avait passé bien des heures en leur compagnie, dans le grenier de la maison de Guérande, et plus tard dans la bibliothèque du marquis à Ranreuil. Rien ne pouvait advenir de mauvais, lorsqu'on était protégé par des alignements de reliures fraternelles. Il suffisait d'ouvrir un volume pour que s'élève une petite musique toujours émouvante et jamais semblable.
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