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Citations de Jean Frémon (32)


Le miroir magique

Ainsi se voit-il [Rembrandt ] successivement jeune homme étonné; mendiant en loques; bourgeois bien sous tous rapports; double de Rubens; prototype du maître à qui tout réussit...C'est une comédie, c'est un théâtre, il joue tous les rôles, il les incarne. Songez à la carrière d'un grand comédien...Gabin en cheminot, en voyou, en banquier, en Jean Valjean, ou en petit retraité... (...) voilà ce que signifie être tous les autres hommes. Tous les sentiments, toutes les vertus, toutes les turpitudes de l'humanité sont là, tour à tour, sur son visage. Mais cela ne lui suffit pas. La vérité, s'il y en a une, est plus multiple et plus complexe. Pour se perdre ou se trouver, on peut aussi se travestir. (p. 119)
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La Folie Quentin

[Maurice Quentin de La Tour ]

S'il savait peindre mieux que quiconque la satisfaction d'une naissance, d'une position ou d'une ascension sociale, et en négocier durement la jouissance, peindre l'esprit, le piquant, l'aristocratie de l'intelligence et du talent lui importait davantage. Quand il peint Voltaire, Rousseau, son ami le peintre Restout ou Manelli, premier bouffon chantant de la troupe italienne (...) on le sent curieux, enjoué, attentif au singulier. On voit bien qu'il préfère les nez fins, les yeux vifs, les cous graciles des philosophes et des comédiens aux doubles mentons des fermiers généraux, l'inquiétude critique au contentement de soi. (p. 93)
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Matisse :"Le caractère d'un visage dessiné ne dépend pas de ses diverses proportions mais d'une lumière spirituelle qu'il reflète". (p. 25)
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L'art du portrait est tributaire de maints caprices. L'humeur de l'artiste, sa patience, son obstination, la fraîcheur de son regard, sa vie intérieure. L'humeur du sujet, sa patience, son impatience, son ennui, sa vie intérieure, sa vacuité intérieure. (p. 8)
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[Rembrandt ]
On le voit, c'est un théâtre intime. Un homme à lui seul y est toute la troupe, remplit tous les emplois. (p. 121)
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[Les portraits du Fayoum ]
Et pourtant, ces portraits n'ont pas été faits pour être vus. (...) Ce sont des portraits pour la mort, mais ce ne sont pas des portraits de mourants. Comme le testament, le portrait est une précaution (...) ils étaient faits pour être enterrés avec le sarcophage et ne jamais revoir le jour. Ils n'étaient pas destinés aux vivants, ils étaient l'identité du mort confiée aux dieux. (p. 59)
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Portrait d'une vache

La vache est peu présente dans l'histoire de la peinture. A part le boeuf compère de l'âne sur les nativités. (...) Jean Dubuffet aimait les vaches. Il en a dessiné et peint beaucoup. (...) il laisse son crayon se relâcher et croque des vaches invraisemblables, cocasses, grotesques. mais d'autant plus vivantes et malicieuses.

Etant un jour dans un musée devant l'un de ces tableaux, une vache complètement ahurie, déglinguée, déjantée, j'entends deux adolescents qui discutent.
- Ouah, elle est trop bien, dit le premier.
-Ah, fait son copain, un peu abruti et dubitatif, attendant une explication.
- Mais oui, elle est trop bien tellement elle est trop pas bien, dit le premier.

Gageons que Dubuffet aurait apprécié le compliment. Il vaut toutes les théories et toutes les analyses des historiens de l'art. (p. 166)
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[A propos de Bram Van Velde ]

L'irrésolution, chez Bram, est le signe d'une perpétuelle insatisfaction. Ces peintures ne sont pas, n'ont jamais voulu être de jolies peintures abstraites bien équilibrées. Elles ne sont que tâtonnements. (...)
Charles Juliet, qui fut son confident le plus proche pendant de longues années, rapporte cette phrase de Bram : "peindre, c'est chercher le visage de ce qui n'a pas de visage". (p. 129)
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Graver pour Beckett-Entretien avec Robert Ryman
(...)
"Je ne peux pas dire que j'ai tout lu,mais j'ai lu un bon nombre de ses livres au fil des années. Pourquoi lui ? Parce que ça sonne juste ! C'est simple et en même temps très complexe.La lecture vous emporte,c'est le rythme,c'est le son. (p32)
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A James Knowlson, il dit en 1989 :j'ai réalisé que Joyce était allé aussi loin que possible pour en savoir toujours plus,pour maîtriser ce qu'il écrivait .Il le complétait sans arrêt ; on s'en rend parfaitement compte quand on regarde ses épreuves. J'ai réalisé que j'allais moi dans le sens de l'appauvrissement, de la perte du savoir et du retranchement, de la soustraction plutôt que de l'addition"
A Israël Spencer, il avait dit en 1956, parlant de Joyce: "En tant qu'artiste,il aspire à l'omniscient, l'omnipotent et Je travaille moi avec l'impuissance,l'ignorance. (p12)
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1793, à Vienne, dix ans après la mort de leur auteur sont montrées pour la première fois les -Têtes de caractère- de François-Xavier Messerschmidt. Après avoir commencé une grande carrière de portraitiste officiel de la famille impériale, le sculpteur se voit bientôt sans commande. Ecarté de l'Académie, souffrant de troubles psychiques, il s'attache à représenter les humeurs qui le tourmentent. (p. 257)
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Le miroir magique

Ce que Borges disait de Shakespeare vaut pour Rembrandt : il est tous les autres hommes. (...) Combien de fois s'est-il portraituré, de l'adolescence à la vieillesse, à l'encre, à l'huile, sur papier ou sur toile, au burin sur plaque de cuivre ? Il ne cesse de revenir à cet inépuisable sujet: lui-même. Inépuisable, en effet, puisqu'en se peignant, c'est toujours un autre qu'il peint, et que ces autres, il ambitionne de les peindre tous. Nul moins que lui n'est suspect de narcissisme, les autoportraits de Rembrandt sont la sincérité même, la candeur mise à nu, la vérité en peinture. (...) Il se montre mais il se cache. Il se dévoile mais il se protège. Il joue avec l'ombre. (p. 115)
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Vigée-Lebrun, qui était jeune et avenante, était accoutumée aux regards langoureux que posaient sur elle les commanditaires de portraits. Lorsqu'elle les trouvait gênants pour sa pudeur, elle exigeait de peindre à regard perdu, ce qui s'oppose à ce qu'on regarde le peintre. Ici, rien de tel; elle souhaita au contraire que les prunelles de l'ambassadeur, un regard fier dans des yeux de gazelle, ne la quitassent pas. Mais celui-ci n'en démordit point et à aucun moment ne détourna son regard de la fenêtre. L'alliance avec le démon a ses limites. (p. 45)
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Orgueil et préjugés

L'histoire du portrait commence par une notion de défiance, un procès en légitimité. Plotin: "N'est-ce pas assez de porter cette image dont la nature nous a revêtus ? Faut-il encore permettre de laisser derrière nous une image de cette image, plus durable encore que la première comme s'il s'agissait d'une chose digne d'être vue ? "

Et Henri Michaux, Plotin moderne : " Comme on détesterait moins les hommes s'ils ne portaient pas tous figure." (p. 7)
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Enfin, dans ce troisième dialogue avec Georges Duthuit, cette fois à propos de Tal-Coat ( mais on est tenté de dire peu importe tant il est patent que Beckett ne parle que pour lui), la phrase emblématique: " L'expression du fait qu'il n'y a rien à exprimer, rien avec quoi exprimer, aucun pouvoir d'exprimer, aucun désir d'exprimer et, tout à la fois, l'obligation d'exprimer". (p. 15)
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Si l'on commence à regarder les peintures de Bram Van Velde pour ce qu'elles sont- le visage de ce qui n'a pas de visage-, c'est un autre monde qui s'ouvre. On les voit enfin comme des tentatives désespérées et pathétiques pour fixer un réel fugace et improbable et pour y infuser hardiment les sentiments du peintre. (p. 129)
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Une biographe raconte que le jeune Samuel Beckett, à la fin des années 1920 à Paris, s’ingéniait à calquer systématiquement ses manières sur celles de son compatriote James Joyce, qu’il visitait assidûment. Il tenait ses cigarettes de la même façon nonchalante, approchait très près de ses lunettes ce qu’il devait lire, pratiquait activement le silence en société. Par un effet pervers de l’admiration, il en était venu à porter le même modèle de chaussures que son maître, et dans la même pointure. Or, Joyce avait le pied petit et il en était fier ; conséquemment, les chaussures que Beckett s’obligeait à porter lui causait moult cors, durillons, ampoules et le ridicule de claudiquer dans la douleur. Il faut souffrir pour être Joyce. ( p.7)
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Jean Frémon
ROMAN MINUSCULE
Pouce dans la main, inquiétude sans emploi.
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Les rides de Sofonisba Anguissola

Très jeune, Sofonisba manifeste son aptitude à saisir la vie du bout de son crayon. Le plus ancien de ses dessins- elle n'avait guère que quatorze ans- montre une petite fille qui rit en jouant avec une vieille servante qui porte lorgnon et tente de lire un livre. Ou ce dessin qu'aima, dit-on, Michel-Ange, qui capte la grimace d'un bambin pincé par une écrevisse sous le regard amusé de sa grande soeur. (p. 176)
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La diplomatie ne consiste-t-elle pas souvent à trouver moyen de ne pas perdre la face tout en avalant son chapeau ? (p. 65)
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