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Critiques de Jean Le Gall (36)
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L'île introuvable

Patience sera le maître- mot pour trouver cette " île introuvable " , titre du dernier roman du remarquable Jean Le Gall . Un titre aussi mystérieux , du reste , que l'intrigue qui constitue la " moelle " de cet ouvrage bien difficile , pour moi en tout cas , de commenter .Les personnages marquants sont au nombre de trois . Il y a tout d'abord Olivier Ravanec qui , après l'écriture d'un ouvrage reconnu, se retrouve en mal de créativité, d'imagination au point que ses neuf romans suivants n'ont suscité que bien peu de ferveur . Un bon " anti - héros ", en quelque sorte , évoluant malgré lui , dans une société en effervescence. Malaise . Ensuite , il y a la magnifique Dominique Bremmer , son éditrice à la forte personnalité , compagne de Vincent Zaid , roi de la nuit , fortuné , dont les soirées sont les plus prisées du Tout - Paris .

Ça , ce sont les belles années 80 , aux dires des personnages dont l'aura et donc la notoriété vont peu à peu s'étioler avec le développement du rôle de l'argent et du " seul " profit....

Fil rouge du roman , la littérature, son déclin qualitatif dans l'abrutissement d'une Civilisation à bout de souffle et en fin de cycle.

Un roman indescriptible qui ne m'a jamais lassé même si j'ai eu l'impression de naviguer un peu " en dehors de ma zone de confort ".C' est un livre sociétal , politique , philosophique , dont on ne peut que saluer la portée tant il donne à réfléchir.

J'ajoute qu'il est très bien écrit, les jeux de mots sont succulents , l'auteur aimant jouer avec la langue française. Il est bien documenté , érudit , donne de bons coups de griffes aux uns et aux autres et l'humour qui marque de nombreux passages est d'une extraordinaire finesse .

Je ne connais pas l'avenir de cet ouvrage mais , pour moi , c'est une belle découverte.
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L'île introuvable

Olivier Ravanec a tout pour devenir un écrivain célèbre. Une enfance morose dans le Sud de la France entre une mère qui affole tous les mâles de la région et un père, triste petit proviseur de collège et diariste méconnu. Puis leur mort tragique et prématurée alors que le jeune Olivier n' à pas quinze ans. Une maladie pulmonaire décelée dès son plus jeune âge tout comme Proust, Camus ou Barthes, faible de la poitrine eux aussi.



Un premier roman salué par la critique alors qu'il fête tout juste ses vingt printemps. Et puis le tourbillon des années quatre-vingt, un ami milliardaire et une maîtresse éditrice chez Gallimard.



Mais alors pourquoi diable Olivier Ravanec n' est il pas devenu un écrivain riche et célèbre?



Dans ce roman germanopratin malin, érudit et surtout à tiroirs, Jean Le Gall embrasse trente cinq années de vie mondaine, politique et culturelle française.



Le Gall nous livre un roman fort sympathique, un peu écrivain chic entre rive droite/rive gauche ( NDLR : Jean Le Gall dirige les excellentes éditions Séguier, est ce que cela aurait par hasard un rapport avec le fait que le dit roman figure sur la liste des finalistes du prix de Flore.?.)

Trente cinq années de littérature parisienne au grand écart surprenant de Jack Thieuloy, écrivain sulfureux et cannibale, à Michel Houellbecq, écrivain dépressif et jamais au mieux de sa forme.



"L' île introuvable" est un roman intelligent, drôle et très écrit, avec un petit côté "j'aaadore la littérature"....mais c' est aussi et surtout une lettre d' amour enflammée à cette maîtresse exigeante qu' est la littérature.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les lois de l'apogée

L’histoire, cynique et d’un humour parfois grinçant, suit le parcours de trois personnages. Jérôme Vatrigan, jeune auteur couronné du prix Goncourt et qui devient éditeur. Il rencontre Greta Violette, journaliste dévorée par l’ambition et femme diabolique, dont il tombe amoureux malgré leurs tempéraments opposés. Le troisième personnage, c’est Antoine, le frère de Jérôme, un chirurgien plastique qui a choisi la voie de la politique.

Tout ce petit monde, avide de pouvoir et manipulateur en diable, baigne dans une ambiance délétère et pernicieuse. La moralité en prend un coup dans cette comédie humaine acide.

Après l’apogée, on assiste à la chute de ces trois personnages.

L’originalité réside dans la façon dont est racontée l’histoire, à travers les cassettes autobiographiques de Jérôme, les lettres subtiles entre lui et son frère ainsi que des articles de presse.

On découvre les coulisses du monde de l’édition et de celui de la politique. Bien sûr, certains épisodes renvoient à des affaires connues, comme quoi la fiction n’est jamais loin de la réalité.

Le lecteur qui apprécie l’ironie cinglante et les jeux de mots trouvera son bonheur dans ce roman foisonnant que, pour ma part, j’ai trouvé quelque peu ennuyeux.



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L'île introuvable

L'île introuvable Jean le Gall Rober Laffont août 2019

#LîleIntrouvable #NetGalleyFrance



"Dites-moi plutôt ce qui distingue ce roman, ce qu'il apporte à la littérature.

-Ah! la littérature.

-Oui?

-La littérature... Mais la littérature, ma chère."

C'est sur ces mots que s'achève ce roman surprenant, inclassable, fascinant, où le lecteur doit chercher son chemin, se perdre, se retrouver pour au final s'extasier!

Un chemin qui le mène des années 80 à nos jours, des années du nouveau roman à celles de l'auto-fiction. Pour le guider trois personnages aussi différents que possible, Vincent Zaid riche à millions, amateur de fêtes et de femmes, Dominique Bremmer la bourgeoise intellectuelle éditrice de métier et de coeur,Olivier Ravalec le journaliste écrivaillon de peu de talent en quête d'inspiration et de quelques francs.....

Je découvre ici le talent de Jean le Gall. Après un début un peu difficile où je me suis sentie perdue, j'ai trouvé mes repères. Un texte brillant, intelligent servi par une très belle écriture ne peut que combler le lecteur exigeant que vous êtes.
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L'île introuvable

Veuillez suivre le fil rouge de cette lecture, que dis-je ? Veuillez plutôt d'abord trouver le fil rouge, avant de pouvoir le suivre...

Mais quel chemin prendre avec cette lecture ? Et où aller? Eh bien regardez donc le titre! N'est-ce pas suffisamment clair?

Mon dieu, quel bouquin atypique, quelle lecture remplie de digressions je n'ai jamais rien lu de tel...

Un écrivain cherchant à écrire le livre parfait, une éditrice bcbg, séductrice hors pair et pour fermer le trio, son amant le richissime, producteur de musique mafieux à souhait nous emmènent sur 35 ans de récapitulatif de la vie de société dans les années 80.

Croyez-moi, dès le départ on ne sait pas où veut bien nous mener l'auteur, mais on y va, et vous ne serez pas déçu...

Enfin, une lecture assez longue mais tout de même originale mais vraiment trop sociétale.
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L'île introuvable

*** Chronique de la rentrée 2019 # 3 ***



« L'île introuvable », une surprise ! Merci à lecteur.com et aux explorateurs de la rentrée... J'en termine la lecture, ferme le livre, le dépose sur la table. Je le regarde et me contemple : trempé, éclaboussé de la tête aux pieds par des évocations, des anecdotes, des critiques à l'égard d'écrivains et de leurs écrits. J'émerge d'un bain de littérature, à tout le moins d'une douche de critiques littéraires. Je ne m'y attendais pas ! Je laisse dégouliner, je respire, reprends souffle et je tâche de me faire une opinion. Qu'ai-je bien pu trouver à cette île introuvable ?



La fragrance qui colle à la peau, le musc qui imprègne mes doigts après avoir tourné chaque page de ce récit romanesque est un subtil mélange des traces laissées par des ‘huiles littéraires' s'étant un jour crues essentielles : Balzac, Cohen, D'Ormesson, Dumas, Houellebecq, Hugo, Sulitzer, pour ne citer qu'eux, de mémoire mais dans l'ordre alphabétique, et par un auteur original, Jean le Gall, atypique dans le traitement de son sujet.



En effet, « L'île introuvable » est avant tout un roman littéraire. Un roman ‘genèse' qui expose les affres et tourments d'un ‘écrivant' rêvant de devenir écrivain et d'être publié, lu, encensé par les lèvres du tout Paris. Ce qui apporte de l'originalité dans le traitement du sujet, somme toute assez commun, c'est la prise pour cibles de toutes ces huiles dans le chef d'Olivier RAVANEC, anti-héros, auteur en quête d'imagination qui voudrait jouer dans la cour des grands et qui sue toute sa rancoeur de ne pas l'être. Il n'a trouvé pour se sentir un peu moins mal que l'idée de prendre plaisir à déprécier tous les capitaines aux longs cours de la littérature qui ont jeté l'encre bien plus loin que lui. Ce roman est donc une histoire de jalousie !



Mais c'est aussi un roman d'amour et de jalousie ! Une histoire teintée de passions confirmant l'adage : ‘l'amour commence à trois !' Car Ravanec ancre sa vie dans un amour décalé pour Dominique Bremmer, cadre des Editions Gallimard, alors que l'amour en date est un autre, celui qu'elle porte à Vincent Zaid. Tandis qu'elle excelle dans l'art de plaire et déplaire, toujours occupée à se montrer trop vraie sans jamais être vraiment de son temps, lui se vit tout à la fois criminel, mafieux, impresario de génie, noceur, amoureux transi, violent et assoiffé de vengeance. Et, bien sûr, ce roman d'amour sera donc aussi un roman de jalousie qui ne sera pas que littéraire, et pourra virer à la vengeance.



Enfin, « L'île introuvable » est peut-être avant tout le roman de la désillusion. Zaid, Bremmer et Ravanec n'ont jamais imaginé devoir s'adapter au temps d'après. le monde leur appartenait, déjà ou en promesse ! Comme du sable, il a fui entre leurs doigts. Les certitudes d'hier sont devenues inadaptées, celle de demain pas encore inventées. Comment se sentir de nouveau appelé à vivre après avoir brûlé une jeunesse pensée éternelle? Vivre une telle métamorphose tiendrait du miracle… Mais, il en est, dit-on, capables de faire renaître des Phénix de leurs cendres… Mais là, silence ! Je ne dirai rien de plus à propos de l'histoire. A chacun de larguer les amarres, cap sur l'île…



Quant à l'écriture, j'ai aimé chez Jean le Gall l'art de bâtir un roman qui se façonne à travers le temps, les époques, les priorités d'alors et les ambitions de toujours. Il utilise beaucoup, mais de manière efficace, la mise sous tension d'idées proches dont la juxtaposition inattendue fixe le cadre, les personnages, leurs idées. Ex : « Dans les campagnes, les coqs se répondent. En ville ce sont les voitures. » ou « Je veux faire un roman romanesque ou le sujet serait la littérature. […] ou tout ce qui est proscrit dans les recettes habituelles serait autorisés : l'humour, la digression, le commentaire du commentaire, le mélange des genres […] et même la politique. Un roman total, totalement emmêlé. »



Incontestablement, il a le sens de la formule et bien qu'il fasse dire à Ravanec : « C'est curieux: mes idées semblent appartenir à tous et mes sentiments ne tenir qu'à moi », le lecteur se prendra plus d'une fois à partager les sentiments des personnages sans nécessairement faire siennes leurs idées. A travers son écriture, Jean le Gall lève le voile sur la vie de tout écrivain en butte avec ses points de vue, d'interrogation ou d'exclamation qui assènent des vérités aussi irréfutables que les contrevérités qui leur donnent corps. le roman touche alors à plus grand, plus large que lui, le roman se fait invitation !



Permettre au lecteur de croire l'histoire, d'accepter le romanesque de cette île qui concentre des personnages pleins de curiosités ! Et tant pis si l'on perd parfois le fil du récit, noyé de digressions telle la représentation du système planétaire des grands noms de la littérature (digressif mais superbe travail, repris aux pages 242-243). L'auteur se connait amateur de ces chemins de traverse, de digressions. Et s'oblige à ponctuer son récit d'une voix off rassurante : ‘On se rappellera que Ravanec…' Surfant sur ces ruptures de rythme, le lecteur pourra méditer sur le fait que toujours, face au temps qui passe, les modes se façonnent, s'estompent et s'effacent. Au-delà ou à cause de cette « île introuvable », le lecteur prendra davantage conscience de ce temps qui passe.



Puisse-t-il avoir envie de reprendre en main le sien et de s'immerger, une fois encore, dans ce que les écrivains ont à nous conter.
Lien : https://www.lecteurs.com/liv..
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Les lois de l'apogée

Intrigue politique, policière, littéraire et conjugale, rien ne manque à ce roman esthétique et ironique dans lequel nous suivons les vies de Jérôme, d'Antoine et de Greta, destins aux allures inoxydables qui se retrouveront pourtant entachés de rouille. Pour moi, le roman de la rentrée.
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L'île introuvable

Il s’agit là probablement d’un des livres de cette rentrée littéraire qui recevra un prix.

Jean Le Gall met en scène ses personnages bien ancrés dans leur époque en compagnie de personnages contemporains célèbres. Ainsi, dans cette fiction nous retrouvons au second plan des personnages politiques connues ainsi que des gens de lettres.

Chaque mot compte et l’auteur prend son temps au fil des 420 pages pour nous révéler toutes les ficelles et l’aboutissement de cette enquête menée par l’agent d’assurance. Quelques indices nous laissent préfigurer la suite sans qu’on ne connaisse ou comprenne le chemin qui nous y mènera.

L’auteur nous livre une réflexion sur le livre, la littérature, le métier d’écrivain, l’édition.

Et même si pour ma part ce fut au commencement une lecture laborieuse, je me suis rapidement prise au jeu de l’intrigue pour finalement trouver ce livre brillant, intelligent, drôle, parfois mélancolique mais avant tout ambitieux.
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L'île introuvable

Un hélicoptère au-dessus d’un château en flamme. Que vient faire Jacques Lousteau dans cet hélicoptère ? C’est une question que je me suis posée tout au long du livre et bien sûr, il faut attendre la fin pour obtenir la réponse.

Quelques décennies auparavant, dans les années 80, Olivier Ravanec, certes, gagne beaucoup d’argent très facilement mais pas grâce à ses livres. Un écrivain et un anti-héros.

Il tombe amoureux de Dominique, une jolie éditrice. Malheureusement, celle-ci n’a d’yeux que pour Zaïd, personnage mystérieux, producteur de musique dont on ne voit jamais le nom sur une pochette de disque ni sur une affiche de spectacle.

Zaïd a des ennuis judiciaires et Olivier en profite pour se rapprocher de Dominique.

J’ai aimé la plongée dans les années 80 et le style de l’auteur qui nous régale de jolies trouvailles mais la présence de commentaires sur la littérature, reflets de la vision des personnages rend la lecture laborieuse.

L’intrigue pourrait être passionnante si l’auteur ne nous promenait pas de personnages en personnages, de lieux en lieux et d’époque en époque. De quoi se perdre un peu.


Lien : https://dequoilire.com/lile-..
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New York sous l'occupation

Pour moi il s’agit presque d’un Objet littéraire non identifié.

Ce roman reprend les codes du théâtre, jusqu’au dénouement, en divisant le texte en acte, avec New York en unité de lieu. Les personnages principaux sont restreints – trois en tout. Chacun aura le droit de faire entendre sa voix, de commenter ce qu’il vit, comme dans un monologue de théâtre. Ils sont liés par l’amitié et par l’amour.

Frederick et Zelda sont mariés, Sacha est leur meilleur ami. Si le premier a un prénom très ordinaire, Sacha a des accents russes, et Zelda ne peut que rappeler la flamboyante fille du Sud, Zelda Fitzgerald. Tous deux semblent appeler un destin romanesque, or ces trentenaires sont aussi des êtres à qui tout sourit sans peine. Sacha est un avocat, Zelda est désœuvrée, une « femme au foyer » sans enfants, pour qui le temps n’est pas tout à fait de l’argent.

Réaliste, New York sous l’occupation est ancré dans son époque (la crise des subprimes), mais se teinte de fantastique : les premières pages ont failli me faire lâcher prise, tant je me questionnais sur la nature du texte que je lisais.

Il faut ensuite parler de son style, si particulier. Il est rempli de formules qui mériteraient d’être citées pour certaines – et largement discutées pour d’autres. Il fait réagir, et j’espère bien que c’était le but de l’auteur. Rien ne serait pire que de prendre certains de ses jugements lapidaires au premier degré.

Cette jeunesse heureuse se voit bouleversée par un événement qui coupe littéralement le roman en deux, faisant entrer peu à peu la violence dans cette intrigue. Elle était feutrée, elle devient insoutenable, offrant ainsi un autre regard sur le monde contemporain.

A découvrir.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Les lois de l'apogée

Cette comédie humaine bien contemporaine n'aurait pas surpris Balzac puisque ses ressorts sont éternels, mais il aurait été sidéré par ses outrances – à moins que le monde littéraire déjà ? Jean le Gall, mêlant personnages réels et fictifs, propose dans un roman dépourvu de "xyloglossie" (du grec xylon, bois et glossos, langue, souriez s'il vous plaît), une satire ciselée et caustique des trois univers de la mondanité parisienne – mondes politique, culturel et des affaires – qui dessinent l'archétype des grands dîners de la capitale.



Trois personnages principaux vont connaître les lois hyperboliques de l'apogée et du périgée. Au centre, Jérôme Vatrigan, écrivain indolent, dandy, un peu misanthrope, obtient le Goncourt très jeune et poursuit sa carrière littéraire comme éditeur marginal et pointu. Lors d'une interview par une journaliste italienne, il en tombe amoureux et de ce jour-là, Greta Violante, froide, diabolique et opportuniste, conquiert une position puissante dans le monde des affaires, alors que la maison d'édition de Jérôme périclite, ayant fait le choix de (re)publier des auteurs délaissés (pensons que Jean le Gall, petit éditeur - Séguier -- de publications très raffinées y a mis un peu de lui). Jusqu'à ce qu'il publie un inédit de Marcel Proust qui s'avérera évidemment être un faux génial. Antoine, le frère de Jérôme, chirurgien esthétique réputé – comme Greta il est la réussite matérielle incarnée et permet par ses lettres sarcastiques un regard en bais et incisif sur la vie du couple Vatrigan-Violante – accède au monde politique et devient ministre de l'Économie. Un scandale financier l'oblige à démissionner, lui qui clamait, citant Sartre sur Albert Camus, "l'existence du fait moral".



Trente ans de la vie de ces gens, depuis la fin des années quatre-vingt, sont racontés avec humour par un le Gall acide, sans longueurs, à travers les cassettes autobiographiques de Jérôme, des lettres savoureuses et fines entre les frères ("Je rêve d'un monde tranquille quoique intelligent. Un monde où les livres seraient de retour. Mais, Antoine, reverrons-nous jamais cela ?"), d'articles de presse fictifs (Jean Daniel, Raphaëlle Bacqué, Vanessa Schneider,...), ... [je confesse que pour un vieux chroniqueur de romans, une telle variété dans la forme concourt à exclure toute lassitude, même au-delà de trois-cents pages].



Une intrigue policière s'accroche inopinément au grand train de ce beau monde : un détective privé allemand, Max kemper, est grassement payé depuis des années par des parents fortunés pour enquêter sur la disparition de leur fils adolescent. On retrouve le cadavre miraculeusement préservé du jeune homme sur une plage des Landes. L'affaire remonte jusqu'à la jeunesse de Greta Violante.



Parmi les personnages fictifs, c'est sans doute pour le seul Jérôme Vatrigan que le lecteur manifestera de l'empathie : un nostalgique des années quatre-vingt, quand "les femmes buvaient du Contrex et du Bordeaux", alors que "les maîtres du monde avaient un visage" et que "les pulls Angora d'Anne Sinclair brillaient d'une douceur rassurante". le Gall l'a voulu de ces "anarchistes de droite dont on a le secret en France dans l'univers des lettres". Ses ambitions sont limitées par sa nature, c'est un flâneur misogyne qui confesse "je m'isole dans la littérature sérieuse comme dans un château à l'est des Carpates". On ne saura jamais si le Goncourt obtenu par Jérôme Vatrigan à vingt-trois ans est une compensation de la République offerte à son brave homme d'éditeur, qui n'avait encore jamais reçu de décoration, ou si tel vieux membre alité de l'académie, consulté sur son choix, le dentier perdu dans le lit, demanda un comprimé de Dafalgan ou prononça le nom Vatrigan. Une célébrité tient à peu.



Cette inconsistance d'un prix reflète le vrai sujet du roman, l'inauthenticité, la falsification, les apparences trompeuses, l'imposture. L'époque méprise l'authentique : "Rien ne résiste à la force falsificatrice. La probité est passée de mode. C'est le triomphe des boîtes à double fond, des guérisseurs, des faux visages, Désormais, TOUTES LES OEUVRES PROMUES SONT MAGISTRALES !".



[...Compte-rendu complet sur le site...].



L'outrance signalée en début de compte-rendu n'est pas le fait du trait fictionnel : l'écrivain, présentant Les lois de l'apogée (librairie Mollat), explique que certains personnages de son roman n'ont guère dû être inventés, la réalité les livre clés en main. L'actualité nous le rappelle quotidiennement. Il serait hypocrite de ne pas regarder en face les exécutions stylées de cette fiction qui semble avoir fait office d'exutoire à son auteur et dont il peut se féliciter.
Lien : https://christianwery.blogsp..
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L'île introuvable

Le roman s’ouvre sur le survol en hélicoptère d’une île en flamme par un enquêteur d’assurance et un paparazzi, lancés sur les traces d’Olivier Ravanec, un écrivain disparu.

Malgré des débuts prometteurs, l’écrivain n’a pas eu le succès qu’il escomptait. Il hante le monde de l’édition et de nuit et c’est là qu’il rencontre Dominique Brenner, éditrice à l’intelligence aiguë et Vincent Zaid, homme d’affaires retord. Le trio est en place.



Plus que l’intrigue, c’est surtout le style et le caractère des trois personnages qui sont intéressants et qui donne la saveur au récit. Pour ma part, j’ai véritablement eu une révélation avec l’écriture de cet auteur que je ne connaissais pas du tout.



Ce roman est une plongée au cœur du monde littéraire parisien qui prend sa source dans les années 80 et nous mène jusqu’à aujourd’hui. Il nous décrit un monde désenchanté et des personnages qui perdent peu à peu leurs illusions à mesure que leur monde change et les laisse à la traîne.



Le récit est habité par un humour grinçant et ne se laisse pas apprivoiser facilement car il regorge de digressions et de références plus ou moins cachées qui nécessitent d’avoir une certaine connaissance des événements ou des personnalités qu’il évoque. J’avoue d’ailleurs ne pas forcément avoir tout saisi mais cela ne nuit pas à la compréhension de l’ensemble.



La formule fait mouche, la construction du récit déstabilise parfois et le tout donne l’impression d’évoluer au cœur d’un véritable exercice de style. Mais un exercice maîtrisé avec brio qui n’égare pas le lecteur et le mène au contraire au travers des trente cinq ans que dure le récit mêlant les histoires personnelles des personnages et l’évolution du monde littéraire.



J’ai éprouvé beaucoup de plaisir à la découverte de ce livre malgré, ou à cause de, son pessimisme caustique.

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L'île introuvable

Olivier Ravanec rêve d’écrire le roman parfait, celui qui le rendra célèbre et qui aura enfin la reconnaissance du public. Dominique Bremmer est éditrice chez Gallimard, Olivier Ravanec en est fou amoureux, mais elle est en couple avec l’improbable Vincent Zaïd, riche amateur de fêtes parisiennes, flirtant avec la marginalité des voyous de grands chemins, est intéressé par la politique et accessoirement de littérature, mais surtout en couple avec Dominique. Après quelque aventures pour le moins ubuesques, Zaïd est emprisonné pour malversation, puis libéré au bout de quelques années. Sa vengeance est implacable.

Impossible d’en dire d’avantage, car dans ce roman, l’important est la façon dont il est composé, à la fois hymne à la littérature, et fourmillant de réflexions philosophiques, littéraires, ou politiques. Le narrateur donne des avis sur les auteurs classiques ou d’autres plus actuels, sur la difficulté d’être un écrivain reconnu, sur le talent et le travail, le monde abscons de l’édition pour les néophytes que nous sommes. C’est dense, ça fourmille de références, d’idées, de personnages plus extravagants les uns que les autres. Un roman indiscutablement singulier et différent de ce que l’on a l’habitude de lire.

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L'île introuvable

Roman pour lequel il ne faut pas se fier à la quatrième de couverture au risque d'être déçu! (je trouve le résumé pas très représentatif du roman: à sa lecture, rien ne laissait présager cette orientation de l'histoire). Le début est laborieux. Avec de la persévérance, j'y suis entrée au bout de 70pages environ. La chronologie est parfois difficile à suivre, de même que le vocabulaire utilisé peut être, par moment, complexe. La psychologie des personnages peut être intéressante mais beaucoup trop de longueur dans les récits de vie. Trop de faits, d'exemples voire de citations (comme les "faux départs") qui n'apportent rien (à part des signes comme les compte parfois ce cher Ravanec pour ses articles). La deuxième partie me semble la plus intéressante, la troisième commence bien mais la fin laisse sur sa faim, avec même un sentiment d'avoir été flouée. Avec de la persévérance au départ, on peut lire ce roman. Ce n'est pas un coup de coeur pour moi.
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L'île introuvable

Inclassable, foisonnant, très original, très ambitieux, ce roman occupe une place à part dans la rentrée littéraire. Lui-même éditeur, Jean Le Gall porte sur la littérature et l’édition actuelles un regard très pessimiste. Certaines de ses réflexions ne manquent pas d’intérêt.

Sur le roman contemporain : « Le roman d’aujourd’hui n’est pas si mauvais en somme, c’est le choix des lecteurs qui est catastrophique ! Ce qu’ils aiment, c’est le roman du peu, du trop peu, pourtant infesté de discours, toujours les mêmes, de confessions individuelles, nourries au réalisme du réfrigérateur, du métro, du divorce, ça manque de verbes, d’aventure, de coup de sabre, ça manque de dons et de liberté, ça manque de déviances, ça manque de tout. »

Sur notre époque digitale : « Cette époque passionnante que vous ne cessez d’applaudir promeut des technologies haineuses sous le masque de l’amitié digitale. La vanité moderne, jamais à court d’appellations, appelle ça des ‘réseaux sociaux’ : la culture de l’écrit y a trouvé sa fosse, l’intelligence humaine, son tombeau. »

Ou encore : « Ne voyez-vous pas, madame, que le véganisme, l’antispécisme, l’écriture inclusive, les combats à coup de hashtags, la victimisation, le principe de précaution, la haine du risque, le bonheurisme et toutes les autres croyances débiles dont nous sommes envahis viennent d’un monde antagoniste au nôtre et à celui des Lumières françaises. »

On pense à Muray, à Houellebecq, à Finkielkraut. L’auteur, lui, se place explicitement dans la filiation d’Alexandre Dumas mais les échos stendhaliens ne manquent pas non plus dans son roman.

Contrairement à ce qui arrive quand on lit Le Comte de Monte Cristo, on met pas mal de temps à entrer dans ce livre au style superbe et à l’humour corrosif, à en comprendre le fonctionnement, et la surabondance de matière n’en rend pas la lecture aisée.

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La leçon d'élégance

Entamons cette année 2022 sous le signe de l'élégance !

Quel que soit le siècle, la décennie, elle prend une forme différente. Polymorphe, l'élégance est un geste, un vêtement, un langage, une parole, une conduite......



Quinze textes d'auteurs qui racontent comment elle se révèle chez des chanteurs, écrivains, réalisateurs.



J'ai apprécié différemment certains textes, ai découvert des hommes dont j'ignorais l'existence, ai été touchée par certains passages du livre et certaines vies.



Je n'avais pas réfléchi une seule seconde à la façon dont se finirait ce livre. Et voilà que j'ai refermé cette parenthèse d'élégances émue par les 5 dernières pages qui m'ont laissée songeuse, immobile de longues minutes.



Très belle lecture.



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L'île introuvable

Je tiens particulièrement à remercier les éditions Robert Laffont et le site Netgalley de m'avoir permis de lire ce livre.



L'histoire se déroule dans une petite île de la Méditerranée quand un hélicoptere survole un château en flammes. A bord un enquêteur d'assurances qui recherche un écrivain Olivier Ravanec. Une coïncidence!! car peu de temps avant sa compagne l'éditrice Dominique Bremmer disparait à son tour. Ravanec contait un jour que pour une histoire d'amour il fallait être trois, et ce fameux Zaid dont Dominique était follement amoureuse ferme ce trio. Ce Zaid est condamné pour meurtre.



Un livre lu d'une traite tellement j'ai accroché à l'histoire si prenante, captivante, addictive, remplie de suspens et de rebondissements avec des personnages très attachants.
Lien : https://myreadbooks.over-blo..
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L'île introuvable

trois personnages singuliers, atypiques si éloignés les uns des autres mais pourtant si proches dans la vie de la littérature : Olivier Ravanec, anti héros, écrivain dépassé, qui se cherche, rêve d'écrire le Roman qui va changer sa vie, il tombe éperdument amoureux de Dominique Bremmer, belle femme, éditrice, il lui voue un amour sincère, fidèle mais si compliqué où l'amour livresque laisse la place à l'amour réaliste : "elle me dirait, un jour :Olivier, tu es l'homme de ma vie".

Le 3ème personnage principal est Vincent Zaid, homme riche, aimant les soirées arrosées parisiennes, aimant la politique, intelligent mais si égoïste, qu'il détruit et tue tout ce qu'il touche, marié à Dominique Bremmer.

Après leurs épopées parisiennes, Zaid personnage ubuesque va jusqu'à les enfermer dans une île introuvable d'Italie, afin d'écrire le Roman de sa vie.



J'ai aimé cette lecture, tellement différente, et atypique.

L'auteur nous amène dans son monde, fait référence à certains romans comme Balzac, ou le Comte de Montecristo, il parle de politique dans les années 80 entre réelle et imagination, parlant des personnages connus publiques, il faut avoir une certaine culture pour déterminer le faux du vrai, réalité et imaginaire.

Un très bon roman, je pense qu'une deuxième lecture est appropriée, car ce qui en fait sa force c'est que ce n'est pas l'intrigue qui le caractérise mais les faits et gestes des personnages, et c'est quand même assez rare dans un roman d'intéresser le lecteur de cette vision là.

Belle lecture en perspective
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L'île introuvable

Je suis très partagée après la lecture de ce roman d’un auteur que je ne connaissais pas ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle mon choix s’est porté sur ce livre dans le cadre d’une Masse Critique. Je remercie d’ailleurs Babélio et les éditions Robert Laffont de m’avoir offert cette opportunité.

En effet, j’ai commencé par ressentir de la déception car la quatrième de couverture, sur laquelle j’avais fondé mon choix, ne correspond pas à ce que l’on découvre au fil des pages.

Puis est venu l’ennui car ce roman est, du moins au début, un essai quasi-philosophique, une réflexion sur la littérature, l’édition, la musique, assez ardu, érudit qui fait appel à de nombreuses références un peu trop absconses par moment et ce n’est pas ce que je recherchais. La description des réceptions mondaines du microcosme littéraire, politique et artistique où on se gargarise de grandes phrases ronflantes et pompeuses a failli me faire décrocher définitivement.

Ce qui m’a retenu c’est la belle écriture, l’ironie et parfois l’humour corrosif qui se dégage du texte ; j’ai bien fait de persévérer car, vers la page 80, la fiction s’installe avec trois personnages principaux : Olivier Ravanec, un écrivain sans grand succès qui a publié 9 romans dont un qu’il n’a pas écrit, Dominique Bremmer éditrice chez Gallimard et Vincent Zaid, aux méthodes louches qui a fait fortune dans la musique et amant de Dominique. Mais à nouveau, dans la troisième partie, les personnages s’effacent au profit de la description de la méthode pour écrire « un roman romanesque sur la littérature » comme le déclare l’auteur en page 382 et des affres de l’écrivain moyen, sans réel talent, qui cherche LE sujet.

Rendue à ce point, j’ai définitivement abandonné ce pur jeu intellectuel de très grande qualité mais qui n’a créé aucune émotion ou vibration en moi. Néanmoins la musique des mots a charmé mon esprit et c’est déjà ça.

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Les lois de l'apogée

Ce livre adulé par certains, dénigrés par d'autres semblent ne pas laisser place à la demi mesure de ses lecteurs.

Et pourtant, j'émets un avis médian: une chronique sur l'ascension puis la chute de trois personnages de semi fiction. Des situations qui rappellent des évènements réels. Des réflexions sur la littérature et les pratiques du milieu.

A lire sans modération, mais sans trop de réflexions.







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