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Critiques de Jean-Luc Nancy (19)
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Un trop humain virus

Un livre de philosophie appliquée. La lecture est tantôt ardue, tantôt limpide, sur ce qui nous arrive, véritable ébranlement de nos certitudes. Jean-Luc Nancy épingle le sentiment fallacieux de la toute puissance, activé par le technocapitalisme et la technoscience. Il désacralise l'énorme illusion de la modernité, qui fait croire que nous aurions surmonté toutes nos dépendances, alors que nous auto-mutilons notre liberté d'agir en détruisant et transformant les conditions de la vie sur la planète. Le "communovirus" nous rappelle notre finitude. Il nous tend un miroir grossissant de nos sociétés inégalitaires.

Le virus est nouveau, c'est la seule nouveauté de cette crise. L'auteur pointe néanmoins un phénomène inédit : la peur d'une contagion sournoise, insaisissable, une peur qui devient peur de nous-mêmes, de tout l'inconnu, de tout l'indéterminé qui nous entoure. Une peur forte de la mort aussi, omniprésente alors que le progrès tente de la nier. Dans notre société quantifiée, calculée, notre finitude est une donnée inattaquable.

Le penseur pose aussi quelques balises sur la route du voyage à reprendre après. Il trucide au passage les partisans de l'immunité collective, variante sanitaire de la régulation néolibérale qui agonit les plus faibles (malades et vieillards). Heureusement, la solidarité, l'entraide ont prévalu. Il faut maintenant savoir ce que nous voulons, résister à l'auto-destruction, en ayant entraperçu dans notre malheur, le bonheur de respirer et de vivre tout simplement. Notre liberté (un long chapitre de philosophie pure) dépend de l'aptitude à sortir de la programmation instaurée par les techno capitalistes à leur seul profit, au prix de l'asservissement du sujet aux objets et aux modes périssables.


Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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Le Regard du portrait

Prise de tête, pour dire en somme qu’on n’échappe pas à la problématique de l’identité dès lors qu’on a affaire à un portrait.



Prévoir une boîte de Doliprane….

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La jouissance

Avant que d'être aujourd'hui un terme tabou, d'être confiné aux seules dimensions sexuelle et narcissique, le terme de jouissance a connu des significations multiples. La jouissance n'étant pas un concept à proprement parlé (c'est un sentiment qui seul s'éprouve dans l'instant), c'est un des rares thèmes que la philosophie n'a pas, dans sa longue histoire, abordé, théorisé.



C'est le pari audacieux et réussi que réalisent les deux philosophes Adèle van Reeth et Jean-Luc Nancy dans ce petit livre (135 pages) passionnant et instructif.

Explorant le terme de jouissance dans son étymologie, dans son acception qui fut avant tout juridique (jouir d'un bien), interrogeant tour à tour la philosophie et ses courants de pensée, la psychanalyse, la littérature, la religion, l'avènement du capitalisme, l'histoire des idées, etc. Les deux auteurs donnent à comprendre, à s'interroger, à s'étonner.



Dans une société contemporaine qui rompt un peu avec elle-même, où jouir n'est plus qu'un verbe performatif (sexualité), une injonction d'une société de consommation (acquisition de biens matériels accrue), il serait intéressant, sinon nécessaire de (re)donner au terme de jouissance, une acception plus libre, moins auto-centrée, une manière de s'approprier, de jouir de notre rapport au temps et au monde. C'est ce à quoi nous invite ce livre passionnant.

Je recommande vivement sa lecture.
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La jouissance

J'apprécie et j'écoute régulièrement les émissions d'Adéle Van Reeth. Le parti pris de ce livre est une retranscriptions fidèle du dialogue de l'émission, en gardant son caractère oral.

Ce parti pris est surement à l'origine de ma (relative) déception; j'y est trouvé quelques points de départ, suggestions, à travers une phrase, un mot, mais le livre manque de construction et de profondeur. Le lecteur prenant le temps "d'entendre" le propos est plus exigeant que l'auditeur!



Mais venons à l'essentiel: la jouissance.

Vous ne trouverez pas de proposition de définition "structurée". Mais une série de mots, de phrases éparpillées dans le livre permettent de la cerner (partiellement!):

intensité extrême, désir constamment renouvelé, expérience kantienne du beau, plaisir du plaisir, une nécessité plus qu'un besoin, extatique et dangereuse, spasme.

Autant de pistes qui éveillent l'intérêt, ... mais qu'il faudra débroussailler hors de ce petit livre.



En guise de conclusion, une citation de Rilke mentionnée par Adèle Van Reeth: " la vie créatrice est si près de la vie sexuelle, de ses souffrances, de ces voluptés, qu'il n'y faut voir que deux formes d'un seul et même besoin, d'une seule et même jouissance".
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Mascarons de Macron

Sacré Jean-Luc Nancy.



Ce livre, l'avant dernier de son vivant, il a écrit avec beaucoup d'humour. De quoi s'agit-il ?  Il dresse en portrait de Emmanuel Macron par des mots. A chacun de ces mots il écrit ses réflexions, la plupart critiques, mais pas toutes. A la fin de chaque réflexion, il imagine un mascaron.



C'est quoi un mascaron ? C'est une figure sculptée en bas-relief ou en ronde-bosse, le plus souvent au sommet de l'arc d'une porte ou d'une fenêtre (on apprend des mots...).



A la première vue, le titre donne l'impression qu'il s'agit d'un écrit à charge, voire pire, mais pas tant que ça. Jean-Luc Nancy est resté lucide jusqu'à la fin.



Les mascarons

*************



* Le jeune - Le mascaron de ce portail reproduit un portrait de jeune homme songeur peint par Lorenzo Lotto

* Self-Fils - Ici le mascaron figure un zymophilus qui est un des organismes procaryotes dont le matériel génétique n'est pas séparé du reste de la cellule, laquelle se reproduit elle-même en se divisant.

* Phronésis - Le mascaron de cette entrée montre Loki - ou Loge - dieu nordique de la malice.

* Futur - Ici le mascaron porte une image de Nostradamus.

* Mission -On voit au mascaron la tête du missionnaire de Tintin au Congo.

* Gilets jaunes -Vous voyez ici, bien sûr, un gilet jaune en guise de mascaron.

* Complot -Le mascaron offre l'allégorie de la mondialisation : une mappemonde sur un bilboquet.

* Banquier - Mascaron : un écu rouge (rot-schild)

* Volonté - On place ici en mascaron la figure de l'Allégorie de la Volonté par Philippe de Champaigne.

* Travail libéré - Mascaron : faucille, marteau et guitare.

* Luis XVI - Un Janus fait ici le mascaron.

* Algorithme - Le mascaron affiche les logos mêlés des langages Java, Python, C++, Javascript et d'autres ad libitum.

* Passion - L'image de tête sur YouTube du film de Omar Dagnon, Le Piège des passions, fera un bon mascaron.

* Anthropocène  - Mascaron : la tête de l'autre homme (celui de Néanderthal).

* Macroion - Le pénultime mascaron présente le schéma "ionic bond in NaCl" (chlorure de sodium).

* Panique - Le dieu Pan - celui dont Plutarque coryait avoir appris la mort - orne le dernier mascaron.

* État - Mascaron : une couronne posée de travers sur une tête endormie que survole un Cupidon.

* Macronvirus - Mascaron : un virus coiffé du bonnet phrygien.

* Délibération - Voyez en mascaron les champs élyséens.

Transformés en chantier pour les maduséens.

* En marche - Le mascaron montre un avion muni de pieds. Ou l'inverse.

* Symptôme - Mascaronez ici la chrysalide

D'un papillon posé sur un royal préside.

* 5GCOVID196 - Et pour cette infigurable figure il n'y a point de mascaron.
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C'est quoi penser par soi-même ?

Jean-Luc Nancy répond à un collégien. C'est étonnamment fluide et naturel. Agréable et élégant.
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Etre singulier pluriel

Nancy sollicite le mouvement situationniste, en particulier sa critique de la société du spectacle, pour montrer le dévoiement de l'être-ensemble, de la co-existence sociale, dans la société mondialisée et hyperconnectée actuelle. On ne peut pas parler d'échange et de relation dans l'absolu, une relation qui serait sans histoires et sans idéologie, avec simplement des règles de bon fonctionnement pour harmoniser les interactions entre individus. La critique situationniste présente la co-existence sociale comme un « spectacle » qui tourne à vide. Nancy précise que

"la misère du « spectacle » nomme la co-existence dont le co- ne renvoie à rien par quoi l'existence puisse symboliser avec elle-même – ce qui revient à dire : rien par quoi l'existence puisse se dire en tant que telle, rien par quoi elle puisse faire sens d'être, au moment même où elle s'avère et où elle s'expose comme toute la propriété de l'être."



Nous nous donnons en spectacle et nous parlons du spectacle que nous donnons. Les médias numériques nous permettent, avec une facilité déconcertante, de nous exposer les uns aux autres, de co-exister de multiples façons. Participer aux réseaux sociaux est devenu un impératif pour se donner une vie sociale, pour co-exister socialement.

Les artefacts numériques nous permettent de créer notre propre « société du spectacle ». Nous en sommes les créateurs, les acteurs et les consommateurs.

Pour Nancy : « l'être-ensemble est défini par l'être-ensemble-au-spectacle ». On observe et envie le succès d'un.e influenceur.se qui se donne en spectacle à une communauté à la fois spectatrice et actrice, constituée par plusieurs centaines de milliers (voire millions) d'amis-spectateurs-acteurs dans le théâtre mondialisé hyperconnecté.

Ce désir d'être-ensemble-au-spectacle « ne renvoie à rien par quoi l'existence puisse symboliser avec elle-même ». La dénonciation situationniste du semblant et du mensonger s'applique clairement à la société des « fake news » dans laquelle nous vivons. On peut ainsi parler d'une nouvelle « misère du spectacle ». Il manque en effet « un horizon de sens auquel rapporter l'être-ensemble comme tel ». La relation sur cette scène théâtrale hyperconnectée ne dit rien, ne propose aucun horizon de sens si ce n'est un horizon marchand.
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Un trop humain virus

Un court livre très partial, qui encense les décisions politiques et attise la peur des virus. Cependant, il semble assez évident que les auteurs de ces textes n'ont aucun bagage scientifique pour analyser et critiquer les décisions et influences scientifiques que l'on a connu pendant cette épidémie. C'est malheureusement la cas de nombreux autres ouvrages. Je ne comprends pas comment des intellectuels sans aucune connaissance scientifique poussée puisse donner un avis sur ce qui se passe actuellement.
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L'intrus

Opuscule très intime et interpellant sur l'identité, la sensation résiduelle d'être soi même, à l'issue d'une greffe de coeur, vécue comme une intrusion permanente. Superbement écrit, très soigné et réellement stimulant.
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L'intrus

Bien que très court de par sa longueur, le contenu reste néanmoins dense de réflexions.



En 44 pages, on assiste à un narrateur (je préfère garder ce terme bien que cette œuvre est indiscutablement autobiographique) qui raconte les sensations ressenties avant, pendant et après avoir subi une greffe cardiaque. On le suit donc dans ses pensées sur la mort et la maladie.

Les mots "intrus", "étranger", "étrangeté", "étrangèreté" planent tout au long de ce récit philosophique pour marquer la scission entre le Moi et le corps étranger qui s'intruse et qui pourtant permet une prolongation de vie.



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La peau fragile du monde

Comment ne pas reconnaitre un juste portrait de ce qui se dessine à l’occasion de tant de sciences et de techniques à chaque fois singulières dans leurs spécificités respectives, de l’entrelacs sans bords qu’elles forment, entrelacs qui nous porte, nous traverse, fait encore « monde », malgré́ tout, pour nous ?
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Le plaisir au dessin

Critique de Maxime Rovere pour le Magazine Littéraire



Depuis Descartes, les philosophes sont nuls en dessin. Depuis Merleau-Ponty, on sait pourquoi : comme celui-ci l'expliquait dans L'Oeil et l'Esprit, « il n'y a pas de vision sans pensée, mais il ne suffit pas de penser pour voir ». Là est donc la question essentielle, profonde et indispensable que pose le dessin. Il y a de l'idée dans nos perceptions, mais où, comment, pourquoi ? Et comment faire parler le dessin, qui exprime à lui seul toutes ces ambiguïtés ? « Ingres disait à ses élèves : "Messieurs, tout a une forme, même la fumée !" » Pour aborder ce mystère, Jean-Luc Nancy part d'un indice sémantique : le dessin est l'oeuvre faite sur papier, mais c'est aussi le geste propre à l'artiste. Or ce geste est celui d'une mise en évidence. De quoi ? Suivons la main qui fait : nous voici lancés en quête d'une forme en formation, que l'artiste découvre en même temps qu'il la crée, et qu'il façonne lui-même autant qu'il croit la suivre. Dessiner, c'est à la fois faire naître et montrer la forme. Tandis que les notes de lecture (où l'on croise Ravaisson, Matisse, Didi-Huberman et d'autres) alternent avec des analyses courtes et précises, Nancy entre en dialogue avec artistes et théoriciens, tout en mettant à nu ses sources. Cette manière originale lui permet de relire, avec une audace pleine de légèreté, les concepts les plus classiques (la forme et la matière, le rythme, le message, le rapport, et surtout le plaisir). À chaque ligne se perçoit un souci de précision, un travail artisanal de la langue, affinée jusqu'à rappeler certaines formations végétales. En hors-texte, le propos trouve utilement à s'appuyer sur des illustrations signées Adami, Alechinsky, Le Gac, etc., qui manifestent à la lettre la vérité d'une réponse ouverte : « En toutes ses formes, en toutes ses allures et façons, graphiques, sonores, dansantes ou autres, le dessin désigne ce dessein sans projet, ni plan, ni intention. Son plaisir ouvre sur cet infini. »
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Allitérations : Conversations sur la danse

J'ai trouvé ce livre par hasard dans un hall d'immeuble, déposé pour don avec d'autres. Étant danseuse depuis mon plus jeune âge je n'ai, bien sûr, pas hésité une seconde à l'emporter.

Je n'ai malheureusement jamais eu l'occasion de voir une pièce de Mathilde Monnier mais une conversation autour de la danse a un caractère général disons.

Pourtant, malgré une quatrième de couverture alléchante j'ai trouvé la conversation entre Mathilde Monnier et Jean-Luc Nancy très difficile d'accès. Par moment ils évoquent des points très intéressants du processus créatif, des nouvelles formes de la danse, de son histoire ou de ses institutions mais je n'ai pas réussit a suivre le fil des échanges. Les lire a été laborieux et si on ne connaît le travail de la chorégraphe ni les films réalisés autour d'elle je crois que s'attaquer a cette lecture n'aura rien de bien enrichissant... et je le regrette.

Quelques très bons passages me feront garder le livre dans la bibliothèque tout de même !

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Sexistence

D'après Nancy, il existe deux manières de sortir de soi : le sexe et le langage.



Un mec qui a besoin d'émettre des commentaires sur ses propres propos en note, au bas de chaque page, ferait bien de revoir un peu sa façon de rédiger...



Insupportable.
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La jouissance

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Dans quels mondes vivons-nous ?

Le monde est-il unique ou multiple ? Univers ou multivers ? Le monde se pense-t-il comme unité ou diversité ? quel sens y a-t-il encore de parler "du" monde ?
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Inventions à deux voix : Entretiens

Ce tour d’horizon des inventions-entretiens publiés ici donne quelques indications sur la matière de cet ouvrage. Elle est moins dispersée qu’on ne le croit, au vu de quelques reprises internes. En revanche, elle est articulée avec suffisamment de vivacité pour permettre au lecteur qui veut s’informer de résonner avec une pensée de son époque ; et elle est assez panoramique pour faciliter à celui qui connaît bien Nancy la réalisation de synthèses de ses pensées philosophiques.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Jamais le mot

Jusqu'à sa mort, en 2008, Hantaï croyait davantage en une peinture se faisant seule qu'en une instance créatrice, un ego d'auteur. Cette réflexion exigeante sur la peinture accompagnera avec grâce la visite estivale de l'exposition consacrée à Simon Hantaï, au Centre Pompidou à Paris.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Scène

Quand elle est à quatre mains, l’écriture philosophique, telle que la pratiquèrent, par exemple, Gilles Deleuze et Félix Guattari, a quelque chose d’émouvant. Parce qu’elle suppose complicité, confiance, amitié, et une pensée qui, loin d’être commune, s’élabore en commun à partir justement des débords, des discordances ...
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