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Citations de Jean Orizet (160)


Pierre de RONSARD (1524-1585)


Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle.

Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serai sous la terre et fantôme sans os :
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dés aujourd’hui les roses de la vie
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En vue soudain
  
  
  
  
Toi qui n'as pas régné sur Bactres
ni le cœur de Roxane,
toi qui n'as pas vu miroiter les enfers
au-delà de l'Amou Daria,
toi qui n'es pas mort d'une piqûre de rose
à l'ombre des jardins de Babylone,
tu ne crains pas d'essuyer sur ton front
une poussière d'épopée
avec dans le sang le désir féroce
de trouer la peau de chagrin de ce monde.

Vois comme tes paroles,
débordantes parfois ironiques toujours,
n'entendent pas désespérer Nichapour
ni les rêves levés au Cabaret de l'éphémère,
elles gardent en elles cette ivresse éternelle,
ce grand remuement d'âmes
dans la danse des atomes et des âges
qui ne promet rien ou peut-être rien
que la migration à nouveau jusqu'à toi
d'un seul et même corps de lumière.

Pour qui a voyagé
couvert du manteau bleu des fées,
pour qui a compté les étoiles
aux ciels de bouches trop joyeuses,
pour qui a reconnu le soleil et l'été
jusqu'en la cendre enclose,
il n'est de passage qu'aux horizons perdus
aux cimes hors d'atteinte
où le souffle s'exténue et renaît
en vue soudain de quoi...

- Allons, est-ce encore
l'absolu ?
- En as-tu encore
la force ?


//André Velter (1945 -)
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Car j'y veux, puisque enfin ma cervelle, vidée
Comme le pot de fard gisant au pied d'un mur,
N'a plus l'art d'attifer la sanglotante idée,
Lugubrement bâiller vers un trépas obscur...

L'Azur, Stéphane Mallarmé, page 126.
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Je comprends tout ce qu'elles disent,
Car le poète est un oiseau ;
Mais, captif, ses élans se brisent
Contre un invisible réseau !

Ce que disent les hirondelles - Chanson d'Automne, Théophile Gautier.
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Je n'écoute plus rien, et pour jamais adieu.
Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?

Racine, Bérénice, IV, 5 (page 45).
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La pauvreté m'est revenue,
toujours m'en est la porte ouverte,
toujours j'y suis
et jamais je ne m'en échappe.

La grièche d'hiver, Rutebeuf.
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Tristan Cabral (1944) - Requiescat in pace - La Messe en mort

Amis,
Si je n’ai pas la chance de tomber contre un mur,
Ou assis au soleil en regardant la mer
Si je ne meurs d’un meurtre
Ou d’un éblouissement
Si ma corde du cœur tarde un peu à casser
Et s’il faut me conduire dans un mouchoir public
Retenez simplement ces derniers mots d’amour :

Quand je commencerai à n’être plus qu’un corps
Ne vous inquiétez pas et laissez-moi partir
J’ai depuis très longtemps tout ce qu’il faut sur moi
Ou quelqu’un m’aimera assez pour me finir
Mais qu’on attende un peu avant de m’enterrer
Je demande seulement qu’on me veille trois jours
Si possible couché dans le fond d’une barque
Ou sur la pierre blanche d’une jeune montagne

A ceux qui m’ont aimé
Je demande seulement
De se tenir
Autour de moi
Les mains…
Qu’on glisse entre mes doigts
Une immortelle d’Aran
Et des œillets de mer
Je demande pour finir qu’on allume des lampes
Comme celles qui se balancent sur les vagues
Et qu’on ne les éteigne qu’au soir du troisième jour
Le temps que mes yeux neufs
S’habituent à la nuit
Le temps
Que doucement j’arrive
A mon premier séjour…
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L'albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire
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Je l’ai d’abord enfermée dans l’armoire mais elle a
déchiré mes draps
Je l’ai collé dans le frigidaire mais elle a dévoré
mon kilo de beurre
Je l’ai transformée en fourneau à gaz mais elle a
cramé mon plat de nouilles
J’en ai fait une cocotte en papier mais elle a caqueté
jusqu’à minuit
Je l’ai flanquée excédé à la porte mais elle est revenue
par la fenêtre
Je l’ai poussée dans le canal Saint-Martin mais elle
nageait comme une anguille
Enfin je me suis tué
Et quand j’ai été mort je l’ai vue fondre en larmes
Devant son café crème place Saint-Michel
Alors j’ai ressuscité. Je lui ai dit
Viens. On rentre. Il faut pas pleurer
Et puis ça a recommencé.

Jean-Marie Le Huche, 1927.
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L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Le Pont Mirabeau, Guillaume Apollinaire

(un des plus beaux exemples de diérèse dans ce quatrième vers)
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(...) Les voleurs à l'instant s'emparent de la ville.
Le bois le plus funeste et le moins fréquenté
Est, aux prix de Paris, un lieu de sûreté.

Les Embarras de Paris, Nicolas Boileau-Despréaux.
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Jean Orizet
Il est des pays terribles
  
  
  
  
Il est des pays terribles
où les gens qui vont au marché
ont sur le visage, imprimée,
une cible.
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L'albatros

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire
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Le Cancre
Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le cœur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur

Jacques Prévert
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La mort ne surprend point le sage ;
Il est toujours prêt à partir,
S'étant su lui-même avertir
Du temps où l'on se doit résoudre à ce passage.
...

Jean de La Fontaine, La mort et le mourant
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Marie

Vous y dansiez petite fille
Y danserez-vous mère-grand
C'est la maclotte qui sautille
Toute les cloches sonneront
Quand donc reviendrez-vous Marie
Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu'elle semble venir des cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux
Les brebis s'en vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d'argent
Des soldats passent et que n'ai-je
Un cœur à moi ce cœur changeant
Changeant et puis encor que sais-je
Sais-je où s'en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s'en iront tes cheveux
Et tes mains feuilles de l'automne
Que jonchent aussi nos aveux
Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s'écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
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Le déserteur , Boris Vian, 1953

Monsieur le Président
Je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C'est pas pour vous fâcher
II faut que je vous dise
Ma décision est prise
Je m'en vais déserter.
Depuis que je suis né
J'ai vu mourir mon père
J'ai vu partir mes frère
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Qu'elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j'étais prisonnier
On m'a volé ma femme
On m'a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J'irai sur les chemins
Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens
Refusez d'obéir
Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre
Refusez de partir
S'il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes
Et qu'ils pourront tirer
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Asseyez-vous, peuples de loups…


Asseyez-vous, peuples de loups, sur les frontières
et négociez la paix des roses, des ruisseaux,
l'aurore partagée.
Que les larmes, les armes
s'égarent dans la rouille et la poussière.
Que la haine crachée soit bue par le soleil.
La terre ouvre sa robe de ténèbres,
sa nudité enchante les oiseaux,
le jour se fend comme fille amoureuse.
Sous un ciel ébloui
viennent alors après tant de saccage
les épousailles de la terre et du feu,
le temps des sources,
des naissances.
Après le sang, la traîtrise et le cri,
ah, tant rêvé !
le règne des moissons
pour le bonheur des granges.
À nous qui hébergeons l'aube de la parole
de rassembler le grain,
les mots de l'espérance.
Un jour d'été, l'enfant plonge dans la rivière,
joue avec le soleil
sous le regard apaisé d'une mère,
le héron danse sur son nid de sable,
le renard ouvre des ailes d'ange
et le serpent, le mal aimé, forçat de la poussière,
sauvé, s'étire entre les seins du jour.

//Jean Joubert (1928 – 2015)
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Il n'est pas de femmes inaccessibles,sauf celles qu'on aime. René Fallet
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Deux femmes,rivalité ; trois femmes,complot ; quatre femmes,bataille rangée.
Mme Nerville d'Aubernon
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