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Citations de Jean d` Amérique (163)


Les oiseaux sont fous, qui traversent ma tête. Leurs ailes, un archipel de feu. Leur chant, une colline chargée de ciels turbulents. Messagers de lumière, certainement, qui font battre encore plus fort en moi le souvenir de ma peau sujet d'un frôlement lors de ma dernière journée de classe. Mais, comme toujours, je n'arrive pas à capter quelque lueur de cette aubaine, fixer sur la page cet éclair qui se répand en un long frisson dans mes artères. Ratures. Je fais royaume de papiers froissés.
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Ses yeux, comme des lucioles, illuminent la pâleur entre mes paupières. Le printemps danse dans ses pupilles et le soleil s'essaie, funambule, le long de ses cils. Son regard, une étendue de sable venue flatter les vagues.
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Aucune envie d'essayer un autre vinyle. Je veux mourir. Il faut mourir après Coltrane et Kendrick. Un vertige s'empare de moi. Je m'imagine sombrer sous une violente fièvre. Mais à l'évidence, rien de tel ne m'arrivera maintenant. J'ai envie de mourir. Mais pause. Quand on tient dans ses mains 'La vie devant soi', la soif de mots peut être mortelle. Je me demande ce qui est caché entre les lignes d'un tel titre. J'ignore ce qu'a à me dire l'esprit planqué dans l'ombre de ces dix lettres : Romain Gary. J'ouvre. Au hasard, je tombe sur un pan de phrase qui me tranche, qui m'apprend que "la famille ça ne veut rien dire et qu'il y en a même qui partent en vacances en abandonnant leurs chiens attachés à des arbres et que chaque année il y a trois mille chiens qui meurent ainsi privés de l'affection des siens". Je ne me sens pas plus qu'un chien.
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Par tes prismes, j’ai connu les courbes du grand rêve et le chemin de la magie humaine. Par-delà nos ratures, j’ai vécu le geste de la seule vérité digne de ce nom : marcher dans l’autre.
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J'ai des roses coincées dans le cœur pour Silence, des papillons au coin des yeux à lui dessiner, je rêve d'avoir la tendresse des fleurs pour m'approcher de sa beauté, j'espère me muer en rosée pour convenir à son aurore. Voilà longtemps que je remue mon être en quête d'un verbe qui puisse lui exprimer mon amour en bonne et due forme, mais ce que je ressens se refuse à mon langage, mon encre demeure muselée par le silence. J'ai le sang chaud pour cette fille et, depuis que je la côtoie sa présence ici-bas, je ne suis plus qu'un corps parsemé de frissons. Elle est ma lune.
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J'habite la Cité de Dieu, et ce n'est ni un film, ni un roman fantastique. Ici l'on voit les averses du dénuement sur les joues, les lignes brisées des regards, le gouffre dressé dans les yeux, les gueules qui se racontent au vide, le si lointain exil du pain, d'instruction ou de nutrition, les gosses sans soleil à horizon qui rampent dans l'ombre de la violence et qui deviendront des voyous pour se buter les uns les autres, bouffeurs de souffle, l'implacable putréfaction de la saison-plaie où l'on cherche un rayon de lumière, l'éternelle spirale infernale, le pays qui écrase les rêves, la jeunesse qui périt, les femmes agressées qui défilent, silencieuses, sur leurs blessures, couvant à jamais leurs mots sous le voile d'une honte générée par une société prétendument moderne.
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Oui, ça va, maman...
Sur la table, une demi-bouteille de rhum 5 étoiles. Son regard dit qu'elle l'aura finie avant l'agonie du soleil.
Fleur d'Orange a connu ses premières plongées à quatorze ans. Une bière, une seule bière, pas plus. Le temps buvait sa route, et ces mots n'avaient pas eu le temps de faire refrain. Un verre de Clairin pouvait suivre. Les gorgées ne sont pas éternelles, alors elle les multipliait. Puis épongeait plusieurs bouteilles de vin en un jour, traversait la nuit dans un flot de whisky. Tout ce qu'il y a de verre avait fini par gagner le cœur de sa main. Il n'y avait plus d'inventaire. Vingt-quatre ans plus tard, aujourd'hui, elle ne sait plus mesurer ces vagues qu'elle envoie régner dans son sang. Comme si le temps ne lui servait qu'à forer des trous au fond d'elle. S'y réfugie son âme au moindre souci. Se noyer, dit-elle, est le meilleur chemin pour tirer son auréole des abysses. Elle se lance dans ses flux d'éméchée pour saisir sa lumière, boit contre le temps et la vie qui trament sa douleur. Son corps devenu une fête pour l'alcool. Ma mère, cette pirogue voguant sur l'ivresse même...
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Le Politicien dont le cul est fabriqué pour toutes les chaises n'épuise jamais son envie de la baiser. Tout son corps dégouline de désir depuis sa rencontre avec Fleur d'Orange. Ce jour-là, il avait descendu les vitres de sa voiture officielle pour mieux apprécier ses seins avant de la solliciter. Tout de suite séduit par les ilots bien plantés dans le corsage, ces cathédrales perchées sur le torse, fières de la puissance de jouissance qui les gonflait, fières d'être source à provoquer crise de soif chez tout fidèle du plaisir. En tout cas, il n'avait pas cherché plus loin, ça ne l'intéressait pas trop de rencontrer la personne derrière le corps. Le Politicien dont le cul est fabriqué pour toutes les chaises est devenu dès lors l'un des trois clients de Fleur d'Orange, désormais comblée. Du feu dans les yeux de son soleil.
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Maman semble en avoir fini avec le linge. Mais je ne sens toujours pas sa chaleur près de moi. Je devrai encore patienter pour savourer ce moment où je me sens en sécurité quand elle se couche à mes côtés. Je l'entends vider du rhum. Elle aime bien boire pour laisser pousser ses fleurs d'insomnie.
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Papa n’est plus, l’Ange du Métal non plus : ce sont mes mains qui enlacent le néant, ces mains qu’ils ont taillées, ces mains à coudre ma vie au fil des balles, dans la mortelle périphérie du sang. Ils ne m’ont point offert de bonheur, ne m’ont rien apporté dans la vie, mais m’ont permis de vivre, et ça c’est grand.
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La nuit pue l'ennui. Comme un cadavre qui n'a pas encore pris son bain, ça sent le rêve raté. Heurtée contre une tranchée de souvenirs, je braque le sommeil sans succès. La nuit partois ne ressent aucune pitié, elle nous habite pour exiler toute paix et coloniser la porte des rêves. Ennui et vide s'octroient résidence dans l'esprit. Ainsi n'est-il plus de songe qui ne soit tissé de terreur.
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Les oiseaux sont fous, qui traversent ma tête. Leurs ailes, un archipel de feu. Leur chant, une colline chargée de ciels turbulents. Messagers de lumière, certainement, qui font battre encore plus fort en moi le souvenir de ma peau sujet d’un frôlement lors de la dernière journée de classe. Mais, comme toujours, je n’arrive pas à capter quelque lueur de cette aubaine, fixer sur la page cet éclair qui se répand en un long frisson dans mes artères. Ratures. Je fais royaume de papiers froissés.
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Il y a le temps qui sèche les envies, il y a la gorge libre des somnambules à l’orée du délire. La table déborde de bouteilles vides, les mots font le plein dans les bouches. La nuit bat son plein sur les têtes humaines, brutale au milieu de l’ivresse. Le Seigneur des Entrecuisses passe à l’action, il commence à remuer ses reins, élabore un déhanchement remarquable, mettant du sel dans le rythme de l’ambiance, chevauche l’instant au point que le silence s’empare de ce qui fut.
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Rhapsodie. Poème-fleuve. Port-au-Prince l'éprouve à coups de pierres, en adviennent lumineux ricochets. Son enfance emprisonne une étoile rue de La Fleur du Chêne, bougainvilliers pour barreaux. Traînée de poudre, la nouvelle explose les cervicales. Que d'astres en ont perdu la tête ! Aujourd'hui encore, sur les berges nocturnes, leurs cadavres invoquent l'enfant, leurs fantômes mandent le poème, d'une voix plus basse qu'un genou plié.
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L’homme est coincé dans un visage de pierre assommé de chocs. Délabré comme un fauteuil qui raconte l’absence. Clin d’œil aux fauchés de la coke, sa tête rappelle une de ces montagnes déboisées de la campagne qui gigotent entre le fouet du soleil et les canons de la pluie. Sa face, une cartographie du vide, digne d’un cadavre mal soigné. C’est un paquet de rien qui bouge. Pourtant, ses gestes révèlent plutôt l’allure d’un être en éveil. Il embrasse la rue en giflant la nonchalance. Ses pas disent combien sa soif peut avaler tout un monde. Il ne semble pourtant pas savoir quoi chercher, n’a besoin de rien peut-être. Ses jambes s’essaient à une valse tumultueuse, il marche avec fougue à soulever des cathédrales. Mais, au fond, rien ne saurait le distinguer d’un arbre à bout de feuillage sous la neige.
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Papa ne joue pas. Du fer- blanc dessous la chair,du ciment dans la paume,de lourdes pierres dans le langage, c'est un homme mal parti dans la bulle humaine. Quand il passe,la tendresse préfère s'écarter.
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Dehors, le ciel ramasse ses dentelles. Les lueurs du jour accrochent silencieusement leur voile au bout d'un vent invisible. C'est la nuit qui vient nous l'apprendre. Flots d'ombres qui épongent le crépuscule.
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maintenant qu'épaissies nos salives, la chanson boite, peine à décoller, nos êtres se retrouvent gisants sur un quai à jamais esseulés, dépouillés de toute locomotive qu'on salirait du nom de vie : pour qui ne songe à tremper son cri au soleil, la nuit sera un certificat de silence
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Tout est aussi vrai que faux dans ce pays, ça dépend de la bouche qui donne, ça dépend de l’oreille qui reçoit.
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Ces douleurs retentissent en moi et me confèrent une rage qui me pousse à vouloir faire tomber la tête des agents de l'immigration,ces apôtres de l'ennui en mission auprès d'oiseaux privés d'ailes par un mauvais passeport.
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