Citations de Jean de La Fontaine (678)
Fi du plaisir que la crainte peut corrompre (Le rat des villes et le rat des champs)
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
(La mort et le bûcheron)
Le jeu, la jupe et l'amour des plaisirs sont les ressorts que Cupidon emploie.
De leur boutique, il sort chez les François,
Plus de cocus que du cheval de Troie,
Qu'il ne sortît de héros autrefois.
(À femme avare, galant escroc)
Et redirai jusques au bout :
Mots dorés en amours font tout.
Ils persuadent la donzelle,
Son petit chien, sa demoiselle,
Son époux quelquefois aussi.
(Pâté d'anguille)
Un villageois, ayant perdu son veau,
L'alla chercher dans la forêt prochaine.
Il se plaça sur l'arbre le plus beau,
Pour mieux entendre, et pour voir dans la plaine.
Vient une Dame avec un jouvenceau.
Le lieu leur plaît, l'eau leur vient à la bouche,
Et le Galant, qui sur l'herbe la couche,
Crie, en voyant je ne sais quels appas.
" Ô Dieux ! que vois-je ! et que ne vois-je pas ! "
Sans dire quoi : car c'étaient lettres closes.
Lors le Manant les arrêtant tout coi :
" Homme de bien, qui voyez tant de choses,
Voyez-vous point mon veau ? dites-le-moi. "
(Le Villageois qui cherche son Veau)
L’Âne
portant des RELIQUES
« Un Baudet , chargé de reliques ,
S’imagina qu’on l’adorait ,
Dans ce penser il se carrait ,
Recevant comme siens l’encens
et les cantiques .
Quelqu’un vit l’erreur et lui dit :
Maître Baudet ,
ôtez- vous de l’esprit
Une vanité si folle .
Ce n’est pas vous , c’est l’Idole
À qui cet honneur se rend ,
Et que la gloire en est due.
D’un magistrat ignorant
C’est la robe qu’on salue . »
«Rien ne sert de courir, il faut partir à point».
On ne suit pas toujours ses aïeux ni son père :
Le peu de soin, le temps, tout fait qu'on dégénère.
Mais, quoi qu'on fasse,
Propos, conseil, enseignement,
Rien ne change un tempérament.
Ne faut-il que délibérer ,
La cour en conseillers foisonne ;
Est-il besoin d'exécuter ,
L'on ne rencontre plus personne.
(Conseil tenu par les rats).
Chacun se dit ami;mais fol qui s'y repose:
Rien n'est plus commun que ce nom,
Rien n'est plus rare que la chose.[Livre 4em]
Il ne faut jamais se moquer des misérables : Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?
Le lièvre et la perdrix
L'enfant et le maître d'école
Dans ce récit je prétends faire voir
D'un certain sot la remontrance vaine.
Un jeune enfant dans l'eau se laissa choir,
En badinant sur les bords de la Seine.
Le ciel permit qu'un saule se trouva
Dont le branchage, après Dieu, le sauva.
S'étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,
Par cet endroit passe un maître d'école ;
L'enfant lui crie : "Au secours, je péris."
Le magister, se tournant à ses cris,
D'un ton fort grave à contre-temps s'avise
De le tancer : "Ah ! le petit babouin !
Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise !
Et puis, prenez de tels fripons le soin.
Que les parents sont malheureux, qu'il faille
Toujours veiller à semblable canaille !
Qu'ils ont de maux ! et que je plains leur sort !"
Ayant tout dit, il mit l'enfant à bord.
Je blâme ici plus de gens qu'on ne pense.
Tout babillard, tout censeur, tout pédant
Se peut connaître au discours que j'avance :
Chacun des trois fait un peuple fort grand :
Le créateur en a béni l'engeance.
En toute affaire ils ne font que songer
Aux moyens d'exercer leur langue.
Eh ! mon ami, tire-moi de danger,
Tu feras après ta harangue.
La cigale et la fourmi
La cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
" Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'août, foi d'animal,
Intérêt et principal. "
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
" Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
– Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
– Vous chantiez ? j'en suis fort aise :
Eh bien ! dansez maintenant. "
LES VOLEURS ET L’ÂNE
« L’un voulait le garder ;
L’autre le voulait vendre .
Tandis que coups de poing
Trottaient ,
Et que nos champions
Songeaient à se défendre,
Arrive un troisième larron
Qui saisit maître Aliboron .
L’âne , c’est quelquefois
Une pauvre province .
Les voleurs sont tel ou tel prince ,
Comme le Transylvain , le Turc,
Et le Hongrois .
Au lieu de deux ,
J’en ai rencontré trois:
Il est assez de cette marchandise .
De nul d’eux n’est souvent
La Province Conquise :
Un quart Voleur survient ,
Qui les accorde net
En se saisissant du Baudet » ….
Le Loup et l'Agneau
La raison du plus fort est toujours la meilleure:
Nous l'allons montrer tout à l'heure
Sur son aile rapide incessamment porté ,
Le temps emporte tout en sa vitesse, extrême;
Et souvent l'âge heureux qui tient lieu de beauté
Fuit plus prompt que la beauté même.
( extrait de " La levrette, le chat et le dogue")
Je chante les héros dont Esope est le père ;
Troupe de qui l'histoire , encore que mensongère ,
Contient des vérités qui servent de leçons
Tout parle en mon ouvrage , et même les poissons :
Ce qu' ils disent s' adresse à tous tant que nous sommes ;
Je me sers d' animaux pour instruire les hommes
Rien ne pèse tant qu'un secret:
Le porter loin est difficile aux dames
Et je sais même sur ce fait
Bon nombre d'hommes qui sont femmes .
Légère et court vétue, elle allait à grands pas
Ayant mis, ce jour là, pour être plus agile
Cotillon simple et souliers plats.
C'est simple, c'est pur, c'est le Français, c'est tout simplement merveilleux.