Citations de Jeanette Winterson (406)
C’est vrai, les histoires sont dangereuses, ma mère avait raison. Un livre est un tapis volant qui vous emporte loin. Un livre est une porte. Vous l’ouvrez. Vous en passez le seuil. En revenez-vous ?
"Il n'est jamais trop tard pour apprendre à aimer. Mais cela s'accompagne d'une grande peur."
Pourquoi l'amour se mesure-t-il à l'étendue de la perte ?
Peu à peu, je me suis aperçue que j'avais de la compagnie. Les écrivains sont souvent des exilés, des marginaux, des fugueurs et des parias. Ces écrivains étaient mes amis. Chaque livre était une bouteille à la mer. Il fallait les ouvrir.
Quand l'amour n'est pas fiable et qu'on est enfant, on suppose que c'est la nature de l'amour-sa qualité-de ne pas être fiable. Les enfants ne trouvent des défauts à leurs parents que beaucoup plus tard. L'amour que l'on reçoit au début est l'amour qui marque. (p. 94)
Elle examine mes papiers [d'adoption] - l'ordonnance du tribunal ainsi que le certificat médical - et remarque que ma mère [biologique] m'a allaitée.
"C'était la seule chose qu'elle pouvait vous donner. Elle vous a donné ce qu'elle pouvait. Elle n'était pas obligée de le faire et il aurait été beaucoup plus simple de ne pas le faire. L'allaitement crée un lien tellement fort. Quand elle s'est séparée de vous, au bout de six semaines, vous faisiez encore partie de son corps."
(p. 216)
Rechercher le bonheur, je l'ai fait et continue de le faire, n'a rien à voir avec le bonheur – un état éphémère d'après moi qui est subordonné aux circonstances et un peu bovin.
L'humanité ne supporte que peu de réalité.
On dit que l'amour est simple parce qu'il naît spontanément.
Plus je lisais, plus je me sentais liée à travers le temps à d'autres vies et éprouvais une empathie plus profonde. Je me sentais moins isolée. Je ne flottais pas sur mon petit radeau perdu dans le présent; il existait des ponts qui menaient à la terre ferme. Oui, le passé est un autre pays, mais un pays que l'on peut visiter et dont on peut rapporter ce dont on a besoin.
la littérature est un terrain d'entente. (p. 167)
Il n'est jamais trop tard pour apprendre à aimer.
Mais cela s'accompagne d'une grande peur.
Ce que je désire existe si j'ose le trouver...
Quand nous sommes seuls, ne restent que les ténèbres.
L'avenir porte toujours en lui quelque chose du passé.
La réalité ne peut supporter trop d'humanité.
Raconter une histoire permet d'exercer un contrôle tout en laissant de l'espace, une ouverture. C'est une version, mais qui n'est jamais définitive. On se prend à espérer que les silences seront entendus par quelqu'un d'autre, pour que l'histoire perdure, soit de nouveau racontée. (points, août 2013, p. 17)
N'avoir pas même dit adieu,
Ni murmuré l'appel le plus doux
Ni exprimé le souhait d'entendre une parole, alors que moi
Je voyais le matin durcir sur la paroi,
Impassible, ignorant
Que ton grand départ
Avait lieu en cet instant, altérant tout.
Il m'a fallu beaucoup de temps pour comprendre qu'il existe deux types d'écriture ; celle que l'on écrit et celle qui nous écrit. Celle qui nous écrit est dangereuse. Nous allons là où nous ne voulons pas aller. Nous regardons là où nous ne voulons pas regarder.
Vivre avec la vie est très difficile. Le plus souvent, nous nous efforçons d'étouffer la vie - nous sommes sages ou capricieux. Apaisés ou enragés. Les extrêmes ont le même effet ; ils nous isolent de l'intensité de la vie.
De plus, les extrêmes - tristesse ou furie - effacent avec succès toute émotion. J'ai constaté que tout ce que nous éprouvons peut être si insupportable que nous inventons toutes sortes de stratagèmes ingénieux - des stratagèmes inconscients - pour tenir ces émotions à distance. C'est de l'échangisme émotionnel, au lieu de se sentir triste ou seul ou effrayé, on éprouve de la colère. Cela fonctionne aussi dans l'autre sens - la colère est parfois bénéfique et appropriées ; parfois, on a besoin de se sentir aimé et accepté plutôt que de contempler le spectacle tragique de la vie.
Vivre ses émotions exige du courage - les vivre plutôt que de les échanger sur le marché de l'émotion ou même de les reporter d'un coup sur une autre personne. Vous savez que dans les couples il y en a toujours un qui pleure et crie tandis que l'autre est calme et raisonnable ?
J’étais une solitaire. Je m’étais inventée. Je ne croyais ni à la biologie ni à la biographie. Je croyais en moi.