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Critiques de Jeanne Cordelier (39)
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Escalier F

Dans la famille de l’escalier F, il y a six enfants malmenés, un cousin adopté, un père et une mère malfaisants. Il y a les coups, les insultes, l’inceste, l’indifférence, l’innommable. Tous les ingrédients du malheur sont là. Dany, la narratrice, déroule la vie de chacun des membres de sa fratrie à mesure que ceux-ci disparaissent. Les petits frères, la grande sœur, la mère. De cancers, de suicide, d’alcoolisme. Vaille que vaille, ils se sont accrochés. Dany est celle qui, malgré tout, a réussi à vivre et pas simplement à survivre. Grâce à cela, elle a pu aussi porter les autres, les anéantis, les « à la dérive ». Je vous rassure, ne renoncez pas à lire ce livre en raison de son sujet. L’auteur maîtrise parfaitement la distance entre le récit et l’émotion, faisant de son texte un hymne à la solidarité dans les épreuves, à la force de ceux qui ont « tremblé mais jamais ployé ». C’est sans doute la force de ceux qui ont cherché l’amour de leurs parents, sans jamais le trouver.



Par Christine Jankowski Librairie Tome 19 (Revel)
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Escalier F

J'ai eu beaucoup de difficultés à entrer dans ce roman, description d'une famille à problèmes : une fratrie importante, un père alcoolique, une mère incapable d'aimer... La vie est dure pour les enfants et alors qu'ils sont devenus adultes, et que l'un d'eux décède, chaque frère et soeur se retrouvent. Ils sont toujours aussi liés les uns aux autres même s'ils se sont parfois perdus de vue. C'est l'occasion pour la narratrice de parler de chacun d'eux, de leur misère, de leurs problèmes familiaux ou de leurs maladies. Ce n'est pas réjouissant, évidemment et il est parfois difficile de s'y retrouver parmi tous les membres de la famille.
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Escalier F

Il y a un temps pour tout... même pour aborder certains livres.



Ce n'était pas le moment pour moi d'ouvrir celui-là.

Sans raison particulière ou, peut-être, le gris du ciel, l'absence du Printemps, la morosité ambiante, que sais-je... j'étais trop perméable, vulnérable même, et ce roman, apparemment autobiographique, m'a plombé le moral plus que de raison.



Récit effroyablement réaliste de vies sordides, bien qu'étrangement banales, où le verbe "exister" s'apparente à "survivre" et où l'on en vient à se demander si tout ce misérable gâchis avait vraiment un sens.



A lire... mais au soleil, quand tout va bien et que rien ne peut ébranler votre bonheur de vivre !
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Escalier F

J'ai reçu Escalier F dans le cadre de ma première masse critique de Babelio, que je remercie pour cette chance et cette occasion de découvrir un livre d'actualité.



Dany, la narratrice, est une représentation de l'auteur elle-même, livrant avec ce court ouvrage un nouveau récit autobiographique. Comme ses écrits précédents, ce n'est qu'une partie, encore une fois, de son histoire qui est dévoilée. La plupart des informations est sous entendue plus qu'avouée, et lorsqu'on avait anticipé les révélations, on se révèle déçu par le peu de confessions données dans le récit...



La fratrie se retrouve lors de l'enterrement du cinquième. Très vite, on comprend que ce ne sont que des vieux fatigués que nous suivons. L'enterrement, et les retrouvailles, provoquent l'occasion de recasser des souvenirs de l'enfance... Pourtant sans cesse répétés entre eux.



Le résumé laisse présager que des révélations, ou des confessions, vont être faites sur cette fratrie malmenée par une mère alcoolique et violente, et un père qui cognait et violait ses enfants. Hors, la narratrice (et l'auteur) aura beau rappeler à elle ses souvenirs douloureux, ce sont plus des répétitions glauques et sans but que des confessions sincères et marquantes. La lecture m'a parue très difficile pour un livre si court, trainant à tourner les pages et découvrir les enterrements, uns à uns, de ses frères et ses soeurs, qui pourraient s'aimer, eux et leurs vie, mais qui sont plus occupés à penser à leur enfance malheureuse, récit de leur difficile entrée dans la vie. Sans doute une écriture d'une époque passée, la narration datant d'il y a quelques années, et les souvenirs de cinquante à soixante dix ans en arrière. L'écriture me semblait déprimante, lente, torturée et presque sans cœur. Aucune description des sentiments d'amour dans la fratrie, qui ne les anime pas, au contraire, ils sont tous bloqués dans leurs relations à cause de leurs ressentiments, leurs mauvais souvenirs et leurs disputes...

La pensée plutôt vulgaire et franc parler de Dany qui utilise des expressions et des surnoms pour désigner toute sa famille ou les lieux hantant ses souvenirs empêche le lecteur de s'y retrouver entre tous les personnages, les lieux et les bribes issues de sa mémoire. Pas de concessions, ni de aucune attention tout court... Entre regrets et rancunes, la mère est le pire élément de ce tableau, elle les déteste tous et, en parfait fardeau, les empêche d'avancer dans leur vie en oubliant le passé douloureux de cette famille toxique.



Loin d'être une leçon de vie pour moi, cette lecture difficile aura été plus proche d'un mauvais voyage dans le sordide et ne restera pas dans ma mémoire comme un livre à conseiller sur l'enfance difficile, l'amour dans une fratrie ou les relations familiales (conflictuelles ou non). Il ne me restera pas non plus comme un hommage, car je n'ai pu aimer les personnages qui ont été décrits, paumés dans cette misère autant affective que sociale. Un récit auquel j'ai été hermétique, mais néanmoins je conseillerai à tout lecteur de se faire sa propre idée, notamment ceux qui ont déjà lu d'autres ouvrages de Jeanne Cordeler, ce dernier-ci faisant échos à d'anciennes parutions dans leurs aspects autobiographiques.
Lien : http://rayon-passion.blogspo..
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Escalier F


La rugosité du propos sert en l’espèce de masque 
à une délicatesse extrême. Car Escalier F donne finalement à voir une humanité. Dans les deux sens du terme.
Lien : http://www.humanite.fr/cultu..
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Escalier F

Marianne Payot, l'Express le 18 septembre 2012



Et maintenant, à qui le tour ?" C'est ainsi que s'achève, ou presque, le formidable roman, diablement autobiographique, de Jeanne Cordelier. Jeanne Cordelier, vous vous souvenez ? L'auteur de La Dérobade, en 1976, ou l'incroyable témoignage d'une jeune fille livrée à 18 ans, par sa mère, à un proxénète, et de Reconstruction, récit d'une résilience marquée par l'écriture. Avec Escalier F, la désormais sexagénaire puise de nouveau, avec sa gouaille de Parigote élevée à la dure, dans le matériau familial et ses fantômes. Christian, Michel, Lulu, Andrée, Patrick... sont tous morts en l'espace de quelques années. Restent Edmond, dit Ed, l'aîné, repris de justice, Bernard, employé municipal, et Dany, la narratrice. A qui le tour ?



Au départ, il y a donc une fratrie de six enfants, "une cordée, celle de la 2e cour, escalier F, 6e étage sans ascenseur", unis dans l'adversité - la violence et les assauts du père, Lucien, et les insultes de la Folcoche de mère, Andrée. Deux pièces pour tout ce petit monde, pour "une enfance de merde". C'est Andrée, "la perversité même", qui focalise l'attention de Dany. "Elle m'a portée neuf mois, mais je l'ai portée toute ma vie", écrit-elle de cette "avaleuse de glands et tueuse d'enfants". Elle ne se rendra pas à l'enterrement de Christian, son fils de 52 ans, le premier parti après quelques années de misère et de souffrance, pas plus qu'à celui de Lulu, fille courage, qui faisait encore des ménages à 66 ans, et c'est de sa tombe qu'elle assistera au suicide de Patrick, le benjamin...



Alcool, tabac, inceste, prostitution, coups... L'univers de Dany, alias Jeanne, n'a rien d'un nirvana. Et pourtant, c'est là que le miracle se produit. Escalier F n'est jamais glauque ni déprimant. Bien au contraire, avec sa vivacité de plume, son humour, son parler populaire et la chaleureuse description des sentiments fraternels, ce récit est une véritable leçon de vie !
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Escalier F

Le désamour, l'alcool, la violence, la maladie...Tout au long de ce roman autobiographique, l'auteure ( qui s'appelle Danielle dans le livre) parle de son enfance, de son adolescence, de sa vie de femme.

Dany sera sauvée par l'écriture: romancière à succès, troisième d'une famille de 6 enfants mal aimés, violentés, frappés, elle parle et les mots vont droit au coeur du lecteur tant l'émotion affleure à chaque page.

Les frères et soeurs se sont aimés, eux, malgré leurs différences. Ils ont formé une famille solide face à la fragilité des parents.

Jeanne Cordelier évoque cette vie de misère avec pudeur et sans pathos...Mais sa plume sensible et humaine sait toucher nos coeurs.
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Escalier F

Habitant Malakoff avec un attachement particulier à la rue Hoche, il m’était impossible de passer à côté de ce livre de Jeanne Cordelier ! Merci donc aux Editions Phébus et à Babelio de m’avoir fait parvenir ce livre grâce à cette nouvelle édition Masse-critique.



Ce court roman (autobiographie ou auto-fiction on ne sait pas exactement) ne vous laissera pas indemne. Dany, la narratrice, troisième d’une fratrie de six, une « cordée » comme elle la définit, le pilier de la famille, nous dresse le portrait de sa famille, des écorchés vifs, abimés par une enfance vécue au contact de la violence, de la pauvreté et du désamour.



Près de cinquante ans plus tard, le décès d’un premier frère permet de vérifier que le lien, quoique distendu par les années, tient toujours. Que malgré la maladie, le chômage, les divorces, l’alcoolisme des uns, les ennuis judiciaires des autres, tout le monde s’accroche tant bien à cette vie et aux minces petits bonheurs qu’elle offre.



C’est violent, intense, souvent révoltant et désespérant Mais grâce au parlé populaire et à l’écriture dynamique de son auteur, le récit ne tombe jamais dans le misérabilisme et ce qu’on en retient, c’est toute la tendresse que Dany, celle qui « s’en est sortie », ressent pour ses marginaux.



C’est aussi un récit qui parle de la mort de ceux qu’on aime. Comment appréhender la disparition programmée de ses frères et sœurs lorsque on a mis tant de force tout au long de sa vie pour garder le lien sinon intact du moins toujours présent ? Que restera-t-il d’eux, de leur histoire, de leurs souvenirs quand tous auront disparus ?



La misère affective et sociale, les souvenirs qu’on enjolive pour mieux les digérer, le lien à la mère qu’on n’arrive pas à couper malgré la violence et les humiliations, j’ai reconnu dans ce livre beaucoup du vécu de ma propre mère et sa lecture m'a beaucoup touchée et éprouvée.



Juste un tout petit bémol … En tant que Malakofiotte, j’aurais aimé lire une description de ce qu’était ma ville dans les années 50-60. Mais finalement de cet environnement on ne saura rien sûrement parce que l’indicible ne se vit qu’à huis clos.
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Escalier F

C'est mon premier livre de Jeanne Cordelier et je découvre son univers. La narratrice Dany, que je suppose être le double de l'auteur, se retrouve à l'enterrement de son frère, Christian, avec ses frères et soeurs. C'est à partir de là que le film se déroule... film ? Film d'horreur alors ! Malheureusement, il ne s'agit pas d'une fiction. Et si le roman est à tendance autobiographique, on ne peut que compatir. Compatir avec l'auteur mais aussi avec tous ceux qui ont vécu ou vivent encore ce genre de choses. Tout y passe. De l'inceste du père au déni de la mère, violence, alcoolisme, maladie... Non, cela n'arrive pas qu'aux autres et même si cela alimente la rubrique des faits divers et la curiosité du lecteur lambda lisant son journal tous les matins, il faut bien se dire que cela détruit des familles.



Pourtant, Jeanne Cordelier, ou plutôt Dany ici, n'a pas décidé de s'apitoyer sur son sort. Elle raconte les choses très simplement, de façon naturelle, avec de l'humour parfois. On ne peut que rester sans voix et admirer cette force de la nature, cet instinct de survie qui fait qu'elle continue à avancer, à faire son bout de chemin au rythme des malheurs touchant la fratrie.



Je referme ce livre avec le coeur gros et il va me falloir un peu de temps pour digérer tout ça. Je vais lire un roman plus léger par la suite, c'est certain. Un grand bravo à cet auteur pour mettre sous sa plume des évènements aussi importants avec une si belle énergie.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Escalier F

"Dany "devenue "Jeanne "par la grâce de l'écriture, née en 1944, autodidacte, troisième d'une fratrie de six enfants, rend hommage à ses frères et sœurs, complices d'enfance et de douleur, dans les années 50, dans ce court récit autobiographique.

Elle revient sur son passé, gravit les marches de l'escalier F une à une, oú vivait une "cordée"unie, soudée à la vie, à la mort, oú chacun faisait face, unis, serrés les uns contre les autres, une nichée, un "bouquet d'arbres écorcés", qui souvent tremblait mais jamais ne ployait.

Nous découvrons le cœur serré, au fil des pages, la violence des assauts du pére,Lucien, l'inceste , l'innommable....les insultes de la mére :Andrée, une Folcoche incapable d' aimer, " On Lui avait coupé les ailes"...

Détruire la faisait vivre: les coups, l'humiliation, l'insulte....dans le mal elle puisait sa substance, détruire jusqu'à l'épuisement .On suit la tyrannie et la perversité d'Andrée faite de plaintes, d'alcool, d'explosions de rage ou d'indifférence...

Les enfants dispersés, tenus par un amour fraternel jamais démenti vivent comme ils peuvent, la vie , ses coups durs, la maladie.....

Dany raconte ainsi ses frères et sœurs et les chemins difficiles qu'ils ont pris...

Un témoignage extrêmement fort, lucide , une écriture réaliste, maîtrisée et sensible, pleine d'amour pour sa fratrie, noire, sombre, désespérante où chaque mot est à sa place, sans faux semblants, misérabilisme ni pathos.

A travers la misère affective et sociale affleure l'humanisme , un récit qui parle aussi, avec pudeur, de la mort de ceux que l'on aime.

La langue directe et fleurie rend un bel hommage et toute leur dignité à ces êtres fragiles, pétris d'humanité , oú la tendresse est pudique, et l'attention bourrue, eux qui ne demandaient qu'un peu de ciel bleu....



Une autobiographie qui bouscule, sincére et réussie, empreinte d'un fort humanisme, de chaleur humaine ,d'une tendresse pour les siens , d'une énergie sans faille qui ne laissera personne indifférent !

Un très bel ouvrage dont on ne sort pas indemne !
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Escalier F

Livres Hebdo, 01/06/12

Frères de sang

Le nouveau roman autobiographique de Jeanne Cordelier rend hommage

à ses frères et sœurs, complices d'enfance et de douleur.

Voici de retour, avec sa langue directe et fleurie, Jeanne Cordelier, réchappée d'un destin à la Zola. Dans la lignée de Reconstruction (Phébus, 2010) qui reconstituait sa sortie vers la lumière, après la violence de l'enfance et celle de la prostitution, l'écrivaine autodidacte, auteure du best-seller La dérobade réédité en 2010, plus de trente ans après sa parution, et qui reparaît dans la collection « Libretto », retourne une nouvelle fois sur son passé et gravit les marches de l'Escalier F, pour offrir un tombeau, avec fleurs de trottoirs et couronnes d'épines, à ses quatre frères et à sa sœur aînée, fratrie soudée à la vie, à la mort, aujourd'hui en partie décimée. C'est donc Danielle dite Dany, devenue Jeanne, la troisième, née en 1944, qui raconte. Celle qui, installée en Suède depuis des années, ayant suivi son mari Val dans tous les recoins de la planète, a fui bien loin du sixième étage de l'immeuble du 14e arrondissement ou elle a vécu avec sa famille, à neuf dans deux pièces. Serrés les uns contre les autres, dans une promiscuité brutale : les six frères et sœurs nés entre 1937 et 1957, la mère Andrée, une Folcoche qui avaient les insultes et la main lestes, le cousin Michel et le père incestueux, déjà dénoncé dans les livres précédents. Le ton du livre fait écho aux liens tissés au sein de cette fratrie maltraitée : la tendresse est pudique, l'attention bourrue. On a l'amour vache mais résistant aux chocs, car fondé sur une forme de loyauté primitive, de solidarité face aux coups « qui pleuvent». Puisqu'il a bien fallu faire front, ensemble, devant le malheur du monde s'acharnant sur cette famille, ses membres très tôt salement cabossés, puis tombant les uns après les autres, vaincus par le chômage, l'alcool, le cancer, rattrapés par la misère qui tue : Christian, le premier, puis Michel, le mari de Lucette, la belle Lulu, la grande sœur qui suivra « son homme » de près.

Avec cette énergie des guerriers de la vie, qui fait penser à celle d'une Christiane Rochefort, Jeanne Cordelier offre une oraison affectueuse et sans fard à ses proches. L'hommage de celle qui est revenue des enfers à ces chers anonymes qui n'ont pu s'en échapper

V .R .

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Escalier F

J'ai dû m'accrocher pour ne pas abandonner la lecture de ce livre et réussir à le lire jusqu'au bout. Sûrement à cause de cette histoire difficile où la violence est omniprésente, lecture oppresante pour ma part
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Escalier F

Un court roman écrit par Dany devenue Jeanne autodidacte qui est autobiographique .Ce dernier raconte ,à travers les décès qui frappent la fratrie , l’histoire de sa famille frères et sœurs maltraités mais solidaires , le manque d’affection , d’éducation mais ou alcool et violence font office de lois …on a beau le savoir …on aimerait tellement que ces récits soient un reflet dépassé de notre société , ce dont hélas je doute …
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Escalier F

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Escalier F

Jeanne Cordelier (alias Dany) est la troisième d’une fratrie de six enfants.

Ils se retrouvent lors de l’enterrement du cinquième.

L’auteur mêle alors ses souvenirs au récit de la vie de ses frères et de sa sœur.

Que c’est noir, que c’est sombre, que c’est désespérant.

Mais que c’est bien écrit.

Dès la première page, le tableau familial est brossé, sans concessions, sans faux-semblants, sans misérabilisme.

Une fratrie solidaire dans un milieu défavorisé. « Notre enfance calamiteuse »

Six enfants meurtris.

Un père qui cogne, qui abuse de ses filles.

Une mère incapable d’aimer parce qu’ « on lui avait coupé les ailes »

Petit à petit, au fil des pages se dessine le portrait et la vie de chacun, les souvenirs refluent ; ça suinte la misère humaine, ça oscille entre sordide et désespérance.

Alcoolisme, drogue, coups, déchéance, sida, pédophilie…. Aucun n’est épargné.

Noirceur des situations et force de l’amour entre frères et sœurs sont omniprésents.

Le temps du récit, qui s’étale sur plusieurs années, la sœur, le beau-frère, un autre frère puis la mère mourront à leur tour. Le cercle se rétrécit.

C’est un récit noir, dur. Il faut en interrompre la lecture régulièrement pour ne pas sombrer dans le cafard

Quel courage a eu Jeanne Cordelier de raconter tout ça. Quelle nécessité aussi pour ne pas tout garder en elle. Parce que trop, c’est trop !

Et ce qui aurait pu être une autobiographie pathétique est un témoignage fort, lucide, plein d’amour où chaque mot frappe juste

C’est comme un hommage qu’elle ferait à ces paumés de la vie que l’on aime avec elle.

Et quel bel hommage !



Ce livre, offert par les éditions phebus, lu dans le cadre de Masse Critique de babelio est une révélation.

Une autobiographie réussie, sincère qui ne peut laisser indifférent.

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Escalier F

Escalier F n'est jamais glauque ni déprimant. Bien au contraire, avec sa vivacité de plume, son humour, son parler populaire et la chaleureuse description des sentiments fraternels, ce récit est une véritable leçon de vie !
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La dérobade

Dans une ville ou a chaque fois que je rentrais chez moi, les bus passait devant, voir même a pied de la gare. Ce livre m'aura longtemps préservé de certaines choses...(d'en abuser en tout cas).
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La dérobade

La Dérobade

Jeanne Cordelier (née en 1944)

« La Dérobade c’est l’histoire pleine de bruit et de fureur d’une longue saison en enfer, car se prostituer c’est comme vivre un éternel hiver… »

Une très belle préface de Benoîte Groult précède ce récit autobiographique bouleversant, l’histoire de Marie, de son nom de trottoir Sophie, qui après une enfance difficile dans une famille modeste a été abandonnée par ses parents dans les bras d’un souteneur qui l’a mise au turf.

Quatre années de prostitution que Jeanne Cordelier raconte sans détour, évoquant les diverses facettes de cette vie avec les nuits de garde à vue, les passes à la chaine dans les pires claques (jusqu’à soixante quinze passes de sept minutes !), l’arrière-goût de ciguë du champagne, les perversions de certains michetons, la violence des julots qui attendent l’oseille, les partouses improbables, la tristesse et le moral flingué, la solitude et la lutte pour s’en sortir. Sans oublier les viragos comme Madame Pierre, la mère maquerelle de la rue de la Grande Truanderie, une vraie trimardeuse, une taulière qui se glorifie d’avoir eu, certaines nuits de février, le gel au bout des seins et qui annonce à ses filles pour bien les mettre au parfum :

« Mesdames, vous êtes du bétail, rien que du bétail, ne l’oubliez pas. » Et les filles de répondre : « Oui Madame Pierre. »

Dans un style dur et âpre très travaillé, parfois violent, au vocabulaire argotique, souvent poétique comme dans sa description des Halles de l’époque, Jeanne Cordelier déroule sans mélodrame et sans haine son existence douloureuse sur les trottoirs à faire le tapin et dans les chambres à la merci des caprices des hommes, entre ceux qui se servent d’elle et ceux qui ont besoin d’elle. Comme dit Sophie, il ne faut pas avoir le cœur trop tendre et il faut éviter de penser quand on fait la pute.

Et Sophie dans les moments de relâche s’interroge :

« Que faire d’une nuit de liberté quand on a perdu l’habitude, quand on n’a personne à appeler, à qui dire simplement : alors, on dîne ensemble ? »

Extrait : Saynète exécutée par Sophie déguisée d’une barboteuse et d’une passoire en guise de couvre-chef, pour le plaisir d’un « ministre » :

« Je m’appelle Slup-slup. Je viens d’un lieu connu de tous et pourtant vous n’en soupçonnez rien, d’un lieu mille fois exploré, fouillé par vous, d’un lieu tiède et douillet, accueillant mais un peu humide, d’un endroit où il fait bon vivre, d’une contrée où l’on ne parle pas de politique mais de plaisir, où les dirigeants sont dirigés, les costauds matés, les incompris compris, les malheureux réjouis, les jouisseurs satisfaits, les obscurs illuminés, les intellectuels abêtis. Mon existence se meut dans les profondeurs féminines… Ohé ministre, je pourrais te raconter des histoires obscènes, faire plein de trucs avec mes doigts et ma bouche,..simuler l’orgasme dévastateur… »

Au petit matin gris d’incertitude, en remontant la rue Fontaine comme chaque jour en silence après une nuit blanche, Sophie épuisée et légèrement ivre ne voit que les taxis qui roulent au pas à la recherche du client égaré dans la faune barbouillée de Pigalle…C’est l’heure où les pauvres ribaudes fatiguées quittent leurs perchoirs, l’heure où le savant maquillage n’est plus qu’un masque grinçant, l’heure du cerne bleuté, triste à dormir, l’heure où les chasseurs font leurs comptes.

« C’est l’heure où, entre chien et loup, mon cœur se déchire, envahit ma poitrine, vagabonde jusqu’à la masse sombre des arbres, s’y écorche en cherchant sa raison de battre. »

Et citant Prévert, Marie de confier à sa copine Maloup en pleine dépression :

« Il y aura toujours un trou dans la muraille de l’hiver pour revoir le plus bel été…Tu comprends Maloup, nous ne faisons que traverser un long hiver, rien d’autre. »

En résumé, un récit parfaitement écrit dans un style riche et exubérant, sans complaisance, absolument bouleversant, relatant une vérité crue et amère.

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La dérobade

J’ai acheté ce livre sur une brocante et j’ai voulu le lire car le sujet est intéressant et mon grand-père l’avait lu. La curiosité l’a donc aussi emporté.



C’est un témoignage enrichissant, il nous fait découvrir la prostitution des années 1960 au temps où les maisons closes étaient encore ouvertes à Paris. Au moment aussi où les lois ont commencé à changer et les bordels qui ont fermé. On apprend la différence entre une prostituée de maison close, de luxe et de la rue. Au final, il n’y en a pratiquement pas, à part la sécurité que procurent les maisons closes.



On découvre Marie, qui aura été malheureuse toute son enfance et la première partie de sa vie d’adulte. Son enfance a été terrible… On la suit dans les méandres de la prostitution, dans ses amitiés, ses inimitiés, ses espoirs, ses tentatives de suicide. On suit, également, à travers son regard le chemin d’autres prostituées, celui des macs ou des matrones. On suit le point de vue des gens et des policiers. Marie a sombré dans la prostitution car elle voulait fuir sa famille destructrice et elle espérait trouver un meilleur avenir. Elle s’est faite entourlouper par son futur mac, qui a vu sa faiblesse et qui a été bien aidé par le père de famille. Malheureusement, ce genre de choses arrivent encore aujourd’hui…



C’est un récit poignant, révoltant. J’ai été bouleversée et choquée. C’est très bien écrit, il y a beaucoup de mots d’argot et de vieux français mais j’ai fini par m’y faire et ça ne gêne pas la compréhension du récit. J’aurais aimé davantage de pages, un peu plus d’informations sur ce qu’elle devient après la prostitution. Mais cela ne m’a pas empêché d’apprécier cette lecture. Je ne regrette pas.
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La dérobade

« La dérobade » de Jeanne Cordelier est rééditée par les éditions Libretto. Cette ouvrage est un témoignage autobiographique, qui raconte sans tabou la vie d’une prostituée dans les années 70, la misère, les hommes. Un récit sans complaisance où la vérité est crue, violente comme l’est le milieu de la prostitution.

Une femme qui malgré tout va rester debout et qui avec ténacité va reconquérir sa liberté, sa dignité et sa vie. Au-delà du témoignage émouvant , une écriture, des mots qui percutent le lecteur dans son cœur, sa chair… On ressort de ce livre avec une vision de la prostitution différente de celle qui est parfois décrite comme volontaire, « métier ». Cette vision qui oublie l’avilissement du corps, l’esclavage et que Jeanne Cordelier courageusement décrit, crie !

Un livre à lire pour se rappeler !

Merci aux éditions Libretto et à Babelio.
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