The Winter People by Jennifer McMahon
Suzy n'avait pas le droit non plus de parler à des inconnus. Elle savait ce qui pouvait arriver. Elle n'avait qu'à se rappeler Ernestine Florucci, une copine de CE1 que l'on ne reverrait peut-être jamais plus. Ils vivaient dans le Vermont, quand même ! Les adultes avaient toujours l'air de croire que ce genre de chose ne pouvait pas arriver ici. Comme si le fait d'habiter le Vermont était un vaccin contre les horreurs.
- Tu peux rêver tant que tu veux, murmura Trudy en projetant son haleine brûlante dans l'oreille de Rhonda. Mais tôt ou tard, il faut bien que quelqu'un rallume cette saloperie de lumière.
Dans mes songes, je me suis tuée, et tuée encore.
Je me réveillais en larmes, navrée de me découvrir vivante, piégée dans ce misérable corps, cette misérable vie. (...)
Je retrouvais alors ma chambre vide, , mon lit vide et le vide de mon coeur.
Ah la folie! Quelle belle excuse quand on veut infliger d'horribles choses à quelqu'un, a dit Tantine avec un sourire mauvais.
C'est dans ces moments-là, disait Pat, qu'une communauté se rassemble. Les habitants de Pike's Crossing ne sont pas du genre à battre en retraite et à se laisser accabler par la tragédie. Non! Les gens de Pike's Crossing vont sortir de chez eux et retrouver cette petite fille. Ecoutez-moi bien, je jure qu'on va retrouver Ernestine Florucci. Nous n'aurons pas de repos tant qu'elle ne sera pas revenue dans les bras de sa mère, saine et sauve.
Des choses terribles arrivaient parfois, et on ne pouvait rien n'y faire.
Mais ce jour-là, ce n'était pas le cas.
Elle allait sauver ces deux filles.
Tout est fini. Le costume du lapin n'est pas déballé de sa boîte ni sorti de sa cachette, un fond de placard où personne ne songerait à aller regarder. Une fausse peau avec sa fourrure. De gigantesques oreilles roses à l'intérieur. Oh ! Que de secrets ces oreilles n'ont-elles pas entendus ! Les excitants secrets des petites filles, murmurés dans un souffle de douceur et de parfums sucrés.
Une dernière fois, mettre le costume du lapin. Qu'une dernière fois Peter Rabbit revive.
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Ils pensent que quelque chose de maléfique rôde dans les bois qui bordent la ville. Il y a ces histoires de gens disparus, de lumières étranges, de pleurs entendus dans la forêt, de silhouette blanche qui erre au milieu des arbres. Un jour, quand j’étais petit, j’ai cru voir un visage qui m’épiait entre deux rochers, mais quand je me suis approché, il n’y avait plus rien.
Autant souhaiter l'impossible.
- On croit toujours agir pour le mieux, j'imagine, murmura-t-elle en se levant, toujours horriblement blême. Parfois on fait de terribles erreurs, et parfois le bon choix. Souvent, on n'a aucun moyen de le savoir.