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Critiques de Jérémy Fel (605)
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Helena

À bord d'une voiture rutilante, Jérémy Fel nous entraîne à la frontière du conte et cauchemar.

Sous le soleil du Kansas, un épi de maïs peut cacher une terreur effrayante...



Norma a élevé seule ses trois enfants. Le plus âgé Graham est sur le point de quitter le domicile familial, au grand dam de sa mère, qui voit son fils aîné lui échapper.

Norma est une mère aimante, mais possessive : Tommy, 17 ans, choyé comme la petite Cindy qui se prépare pour le concours local de mini-miss, sous l'égide et la fierté de sa mère. Des enfants épanouis, une famille heureuse, en apparence du moins...



Sur ses routes insondables, le Kansas offre parfois des rencontres imprévues. Hayley Hives, la vingtaine, jeune et jolie en fera les frais, d'abord pour son plus grand bonheur : sa panne de voiture ne lui laisse pas le choix : la ferme isolée de Norma est son seul refuge, pour le plus grand plaisir de celle-ci, ravie de pouvoir aider et partager de doux moments de convivialité.



C'est sans compter « celui qui se cache dans les champs de maïs » ...

D'une écriture très télévisuelle, Jérémy Fel nous plonge dans son intrigue irrésistible et plante le décor de vos nuits blanches.



Entre "Desperate Housewives" et un "Magicien d'Oz" hitchcockien.



D'emblée, rien ne nous est épargné des névroses pathologiques dont semblent être affecté le jeune Tommy, qui ne trouve d'intérêt à la vie qu'en contemplant la mort, en la frôlant jusqu'à sentir son souffle chaud et glaçant à la fois.

Hayley est une jeune femme pleine de vie, mais aussi très attirante. Sa beauté sera le nouveau terrain de jeu de la perversité du jeune psychopathe.

Devant se rendre à un concours de golf qui pouvait lui ouvrir les portes de la gloire, elle verra son rêve brisé. Entre gloire et décadence, la jeune fille qui, telle une nouvelle Dorothy, cheminait sur le chemin de la richesse et de la félicité, verra son conte de fée s'embraser d'horreur.



Une tornade menace en effet de tout emporter, à moins qu'une haine diabolique détruise tout avant son passage. Car le conte de Lyman Frank Baum, n'est en effet pas la seule référence, on y trouve aussi le tour d'écrou d'Henry James, mais encore Lovecraft. Tout un programme !

C'est sans conteste happé par cette histoire machiavélique, où même le plus petit détail de normalité apparente peut renfermer la terreur et une angoisse irrépressible. Habile, efficace, Jérémy Fel, après Les Loups à leur porte, enfonce le clou de nos traumas. La maternité triomphante et les liens familiaux indestructibles peuvent-ils être dispensés de valeurs morales ? Jusqu'où peut-on aller pour protéger ses enfants ? Jérémy Fel nous pousse dans nos derniers retranchements de moralité et d'humanité.



Mais au fait, qui est Helena ? ;-)

Addictif, ce thriller psychologique risque bien de repousser vos limites de principes, mais celles de votre sommeil aussi.



Lu en octobre 2018.


Lien : https://www.fnac.com/Helena-..
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Malgré toute ma rage

°°° Rentrée littéraire 2023 #2 °°°



Le premier chapitre agit comme un avertissement au lecteur qui peut encore rebrousser chemin s'il sent que ce roman sera trop éprouvant pour lui. On est direct dans la tête de quelqu'un, sans savoir qui. Ce quelqu'un est en train de torturer de façon atroce une jeune fille, elle aussi non identifiée, avant de la tuer tout en savourant les souffrances endurées par sa proie.



Trois pages après, retour en arrière, changement d'ambiance. Quatre lycéennes de milieu très aisé venant d'obtenir leur bac sont en vacances sans leurs parents au Cap, en Afrique du Sud. Elles sont insouciantes, prennent des photos instagrammables, s'amusent, totalement déconnectées de la réalité d'un pays violent. Et c'est là que le massacre inaugural joue sa partition. le lecteur sait que la violence va surgir, mais il est hanté par le suspense habilement mis en place d'emblée : laquelle sera la jeune fille assassinée ? qui est l'auteur de ce crime ?



Des questions qui deviennent des obsessions; elles assaillent, harcèlent, sensation renforcée par la structure narrative : sept narrateurs se succèdent, chacun apportant sa pièce à l'avancée vers la vérité, chacun avec un point de vue qui peut compléter ou contredire ce que le lecteur pensait jusque-là. Ce dernier est décontenancé par la tournure que prend le récit, démarrant comme un thriller classique pour basculer vers un quasi huis-clos mettant en scène une famille puissante, sorte d'Atrides sous acides, dont les secrets explosent à la figure du lecteur. Jamais on ne voit les ficelles, comme si l'auteur, tout en sachant parfaitement où il va, se laisser guider par des personnages qui semblent le surprendre autant qu'ils nous surprennent.



La force narrative de Jérémy Fel est impressionnante, construisant son texte comme une bombe à fragmentation qui décline toutes les variations de la barbarie et de la perversité dont un être humain est capable, jusqu'à la folie. Il y a trois scènes de violence explicite à la limite de l'insoutenable mais elles ne sont jamais gratuites, permettant à chaque fois de propulser le récit vers une autre étape.



Et puis au final, ce ne sont pas ces scènes qui épouvantent le plus. Le vrai sujet n'est pas la violence, mais ce qui amène à la violence, les origines de la haine, la haine qui prend le contrôle d'une vie et créé des pulsions qui dépassent tout au point d'être un moteur de choix extrêmes. Les monstres n'existent pas chez Fel, il n'y a que des personnes qui commettent des actes monstrueux suite à un parcours de vie singulier. Et c'est ça qui est terrifiant.



D'autant que l'auteur force le lecteur à ressentir des choses qu'il ne veut pas ressentir, plongé qu'il est dans les flux de pensée faulknériens des différents narrateurs qui s'y déversent sans filtre, obligé qu'il est de les écouter se confier et ainsi d'entrer dans leur cerveau pour en partager les pires pensées. La littérature n'a pas vocation à être confortable. Et ici, elle est de l'ordre du ventre et de la morsure, laissant des traces physiques, organiques sur le lecteur. L'écriture de Fel magnétise, embrase et tranche, fond et forme en symbiose, aussi visuelle que suggestive.



" Despite all my rage, I am still just a rat in a cage " < The Smashing Pumpkins, Bullet with Butterfly Wings



Un tour de force. Une lecture marquante.



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Helena

Merci à Babelio et aux Éditions Rivages pour cette plongée en enfer complètement addictive. Sept cents pages, remarquables de justesse, qui sondent les tréfonds de l'âme — non de monstres mais d'êtres entraînés dans un spirale infernale et poussés au pire par un traumatisme originel.



Un roman noir et psychologique, dont on sort ébranlé, qui explore formidablement la vengeance et jusqu'où on peut aller pour sauver ceux qu'on aime. De vraies questions où, si les réponses des personnages de Jérémy Fel bousculent souvent nos convictions, nous pouvons qu’être d’accord avec lui quand il dit que l’amour d’une mère change tout.



Je n’en dirai pas plus au risque de gâcher votre plaisir, si une saine curiosité vous poussait à vouloir découvrir Helena.
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Helena

*** Rentrée littéraire 2018 ***



Mais qui est Helena ?

Au fil des pages, le découvrir a été mon obsession … et la révélation ne se fait que dans les toutes dernières pages, inattendue, déroutante, décevante à prime abord, brillante après réflexion.



J'ai dévoré Helena en apnée, estomaquée par un premier chapitre absolument hallucinant ; avec la sensation de danger qui en exsude, tu sais illico que tu ne vas pas dormir sur tes deux oreilles lorsque tu refermeras Helena … Tu sens que l'épée de Damoclès va se fracasser quelque part, et plusieurs fois peut-être.



Ce qui est puissant avec ce livre, c'est comment à partir de personnages archi stéréotypés omniprésents dans la culture américaine, l'auteur déconstruit, triture et explose ces clichés à la TNT.

Les 4 personnages principaux de ce roman choral sont tous d'une grande richesse psychologique, jamais linéaire : le psychopathe effrayant du premier chapitre devient presque touchant en enfant blessé cherchant de la tendresse auprès d'une prostituée; la greluche friquée toute pimpante se révèle implacable; la mère très desperate housewife qui rêve de concours de Miss pour sa fille, surprend dans ses actions de louve; le fils préféré qui sert de détonateur à ce que l'addition de ces personnages caricaturaux conduise à l'innommable.



Tous se retrouvent piégés. Les chapitres alternent leur point de vue et ce qui est très dérangeant, c'est qu'on s'identifie à chacun à un moment donné, même aux plus monstrueux, même lorsqu'ils basculent dans la folie, avec à chaque fois, une question lancinante : qu'aurai-je fait, moi, dans cette situation terrible ? Aucun jugement n'est possible, les frontières entre le bien et le mal sont trop fines pour qu'on puisse se réfugier, se rassurer derrière un manichéisme de bon aloi.



Avec une maestria assez dingue, Jérémy Fel tisse son intrigue comme un puzzle dont les morceaux seraient disséminés dans chaque chapitre. le drame familiale prend des allures de thriller avec des flash-backs ( qui semblent anodins au départ, attention ! ) qui se révèlent indispensables à la compréhension de cet engrenage diabolique. La lecture devient une expérience quasi physique, épuisante parfois, tant l'auteur possède un talent incroyable pour créer de la tension grâce à une écriture très cinématographique, particulièrement bouillonnante lorsqu'elle s'envole dans des embardées fantastiques.



On tient là un extraordinaire roman qui radiographie le mal, ses origines et qui propose en même temps une réflexion forte sur la transmission mère-enfant. Tout sur ma mère. L'amour maternel est au centre de tout dans ce roman noir très noir, qu'il soit défaillant, absent, excessif, ou dans le déni.



F-O-R-M-I-D-A-B-L-E mais âmes sensibles s'abstenir !
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Déguster le noir

Voici déjà le cinquième (et malheureusement dernier) tome de cette collection délicieusement noire, développée autour de nos cinq sens et cette fois dédié à celui du goût. Après « Ecouter le noir », « Regarder le noir », « Toucher le noir » et « Respirer le noir », Yvan Fauth du blog littéraire EmOtionS nous invite donc à « Déguster le noir » en compagnie d’auteurs de renom, le temps de treize nouvelles qui devraient pouvoir réconcilier les plus sceptiques avec le genre.



Les amateurs du genre n’hésiteront pas une seconde à se mettre à table car des chefs de grand renom sont à nouveau au programme, tels que Bernard Minier, Ian Manook ou R.J. Ellory. Mais ce qui fait pour moi la véritable saveur de ces recueils de nouvelles, c’est la possibilité de découvrir la plume d’auteurs que je ne connais pas encore, comme une sorte de mise en bouche qui me donne envie de goûter au reste de leur œuvre. Je pense par exemple à Pierre Bordage, dont j’ai bien aimé la nouvelle, mais je note surtout le nom de Patricia Delahaie, que je ne connaissais pas du tout et qui livre ici un excellent récit.



Bernard Minier – le Goût Des Autres : Une première nouvelle qui nous emmène en Irak à la découverte des goûts étranges d’un peuple affamé. Un récit assez court, teinté de fantastique, que l’on referme avec un petit goût de trop peu, mais qui met en appétit et nous plonge immédiatement dans la thématique du roman.



Anouk Langaney – Ripaille : Cette autrice que je découvre nous invite à passer à table, de l’apéro au pousse café, mais je ressors de table un peu déçu. Le récit qui m’a le moins séduit de tous.



Cédric Sire – Tous Les Régimes du Monde : Après ce repas que j’ai eu du mal à terminer, Cédric Sire a la bonne idée de nous mettre au régime, le temps d’une petite séance de torture qui pointe du doigt notre société axée sur les apparences et le monde du mannequinat en particulier. Un message qui fait mouche et une fin qui fait froid dans le dos !



Pierre Bordage – Amertumes : Un récit d’anticipation en compagnie d’un goûteur d’exception qui risque bien de consommer son dernier repas. J’ai beaucoup aimé l’idée du goûteur et le suspense tout au long du récit.



Christian Blanchard – Joé : Une sorte de revisite de « Des Souris Et Des Hommes » de Steinbeck qui invite à suivre un personnage extrêmement attachant. Une montagne de muscles, mais d’une naïveté bouleversante, qui ne manquera pas de vous transpercer le cœur. Une excellente nouvelle débordante d’émotions !



Nicolas Jaillet – Alfajores : Un récit qui aborde le burn-out en nous propulsant au cœur d’une société pour effectuer un boulot de merde, ingrédient principal d’une vie trop fade, sans goût. Sympa…enfin, on se comprend !



Jérémy Fel – Dans L’Arène : Une nouvelle plus longue qui permet de nous servir un scénario digne de l’excellente série Netflix « Black Mirror » et qui fait également penser au film « The Truman Show ». Une vision du futur, parsemée de drones et dépourvue de chocolat, qui invite à réfléchir sur l’avenir de notre société et sur les émissions de téléréalité. Excellent !



Sonja Delzongle – Jalousies : L’autrice nous invite à regarder à travers un store, pour une histoire d’adultère et de jalousie. Pas mal du tout !



Nicolas Beuglet – La Visite : Ah là, Nicolas Beuglet frappe fort avec cette nouvelle qui vente tous les bienfaits de la nourriture bio. La visite dont il est question est celle de Gilles, qui s’apprête à rencontrer les parents de sa copine mais, attention, car ceux-ci sont très à cheval sur la qualité des produits. Excellent !



Patricia Delahaie – Un Père A La Truffe : J’ai beaucoup aimé le style de cette autrice qui nous invite à suivre les pas d’une petite fille qui fête les retrouvailles avec son père dans un restaurant. Une nouvelle que j’ai beaucoup aimé et dont la fin colle à merveille au cahier des charges de ce recueil de nouvelles.



Ian Manook – Feijoada : Ian Manook propose un récit qui colle également parfaitement au titre de ce recueil. Une nouvelle certes un peu courte et légèrement prévisible, mais que j’ai tout de même bien aimée.



Jacques Expert – le Goûteur : Même si l’auteur nous livre déjà le deuxième goûteur de ce recueil de nouvelles, j’ai bien aimé son récit basé sur un chantage qui donne lieu à un choix pour le moins cornélien…



R.J. Ellory – Scène de Crime : Ah, voici la cerise sur le gâteau, servi par le maître du noir en personne ! L’auteur, grand fidèle de cette collection, nous propulse à San Francisco sur les traces d’un tueur en série, en compagnie d’un inspecteur qui va au fond des choses. Un récit plus long, qui permet à l’auteur de développer ses personnages comme il sait si bien le faire. Excellent !



Bref, il y en a de nouveau pour tous les goûts et « Déguster le noir » propose des nouvelles certes inégales, ce qui est inhérent au genre, mais que je vous invite néanmoins à goûter, surtout celles de Jérémy Fel et de R.J. Ellory, qui sont également les deux plus longues et parviennent donc à développer un peu plus les personnages.



Voilà, les fans de cette collection n’ont plus qu’à broyer du noir car c’était le dernier tome !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Helena

Moite. Malsain. Maudit.



Une longue sueur froide le long de la tempe.



Hitchcock et Stephen King se sont donné rendez-vous entre ces pages pour votre plus grand frisson.



Et pour moi, pendant la première moitié du livre, la couverture inquiétante tient toutes ses promesses.



Des personnages qui évoluent dans un Kensas écrasé sous une chaleur étouffante. Les chapitres alternent les différents points de vue des principaux protagonistes qui semblent courir vers le désastre.



Une ambiance qui dérange. Un récit qui met doucement la pression. Inquiétant. Puis carrément horrible. Glauque. Inimaginable. Atroce.

L'histoire d'une vengeance ? le récit de l'amour maternel ? Un livre sur le destin ? Un thriller implacable et terrifiant ? Tout cela à la fois.



Une montée en puissance dans l'angoisse, des personnages qui, peu à peu livrent leur substance derrière le masque implacable d'une fatalité qui va tous les frapper de plein fouet.



Ce n'est pas une lecture de fillettes. Jérémy Fel ne nous épargne pas.

Pourtant, au fil de la lecture, mon enthousiasme est redescendu.

J'ai terminé le livre. Et il s'avère que ce ne sera pas pour moi le coup de coeur que je pensais avoir en démarrant ma lecture. Je pense que ce livre aurait gagné à être plus court, il fait quand même plus de 700 pages et certaines longueurs sont venues doucher mon plaisir.



Reste une idée forte pour les amateurs de romans qui prennent à la gorge. Je suis un des rares à ne pas être vraiment convaincu lorsque je lis les retours donc n'hésitez pas à vous faire votre propre avis !


Lien : https://labibliothequedejuju..
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Malgré toute ma rage

Un roman d'une extrême noirceur. Nous plongeons dés les premières pages dans un univers d'horreur, là descente aux enfers de la folie humaine.



4 jeunes filles, dont une majeur, décident de partir en voyage en Afrique, une sorte d'émancipation, prouver à leurs parents respectifs qu'elles sont aptes à le faire.



Un voyage de rêves qui virent tout de suite au cauchemar. Une des jeune fille est retrouvée assassinée, dans d'affreuses douleurs, de monstruosités.



Dés lors, l'auteur nous mène dans un monde, de haine, de violences psychiques que physiques, un monde de racisme, de perversité. Il est plus facile de 'accuser une personne africaine qu' 'une personne européenne. Une enquête menée tambour battant, qui va s'avérer extrêmement difficile à dénouer. L'auteur décrit une mem histoire à travers les yeux des personnages .Un fond d'histoire d'une maison de l'édition où la corruption , un mot qui résume cet univers. Des secrets enfouis qui refont surfaces , nous sommes loin d'imaginer ces atrocités, qui ont perduré. Une question une seule qui a pu commettre un tel crime.



Nous trouvons le coupable , dans les derniers chapitres, il nous dévoile, sans état d'âmes son acte, une haine extrême qui la pourchasse depuis des années.



Un auteur que j'apprécie énormément, mais là il a mis la part très haute. Un roman coup de poing, il ne dégage aucune empathie pour les différents protagonistes. Il décortique avec justesse la psychologie des personnages.



Un roman qui peut paraitre dérangeant, traumatisante, les descriptions atroces donnent plus d'intensité à cette histoire.



J'ai commencé ce roman et il m'a été impossible de le lâcher .Une histoire qui nous prend aux tripes, un roman qui m'a scotchée, un roman où l'auteur m'a mis mes nerfs à vif.



La plume de l'auteur est subtile, démoniaque .



La lecture qui donne froide dans le dois , frissons garanties , totalement addictive.



Un récit qui nous tient en haleine du début jusqu'au dénouement final, une fin explosif.



Un véritable coup de cœur.



Je vous recommande à deux cent pour cent.
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Helena

Comme le revendiquaient les encarts publicitaires, ce roman est de ceux que l’on ne lâche pas facilement et peut être responsable de veillées plus tardives que prévues, d’autant que ces heures volées sur le sommeil sont celles où les angoisses ne demandent qu’à ressurgir de leurs planques sous-corticales!

Difficile en effet de s’arrêter à la fin d’un chapitre, lorsqu’on se rend compte que le suivant donne la parole (ou plutôt s’ouvre comme une fenêtre sur les pensées les plus secrètes, voire inavouables, et dans ce cas elles seront en italique), à un personnage que vous aviez précédemment laissé en fâcheuse posture. C’est l’un des secrets de l’addiction à ces pages : alterner les interlocuteurs , et ainsi faire avancer l’histoire en laissant au lecteur le soin de reconstituer le flux narratif.



Après un premier chapitre qui donne le ton : il n’y aura pas de concession, pas de détours pour décrire les actes de Tommy, ce dément sanguinaire, d’autant que ce que l’on apprend de son histoire et de ce qui l’a conduit à ces déviances, est également sordide, les personnages sont présentés, dans leur banalité, leur quotidien ordinaire, qui a enfoui les rêves de jeunesse, et les a projeté sur les générations suivantes, pour le meilleur ou pour le pire.

Norma, la mère de Tommy, experte pour faire l’autruche, profondément convaincue que tout peut toujours s’arranger en laissant faire les choses, créant ainsi une situation hautement explosive.

Hayley, la future championne de golf, orpheline de mère, qui rencontre son destin sur une bête panne de voiture.

Tommy, Norma, Hayley, un trio diabolique, entrainé dans une spirale infernale, et à jamais contraints de refaire l’histoire en imagination.

Les personnages secondaires, , Cindy ou Graham, ne sont pas en reste pour verrouiller le funeste enchaînement des événements.





En prise directe avec la logique intérieure de chacun, on passe par les mêmes phases de réflection, tout en regrattant avec eux l’absurdité des décisions passées. C’est ce qui fait la force de ce thriller (la simple tête de chapitre annonçant Tommy fait frémir).



Très bon roman, dont on ne voit pas défiler les pages, et qui, pas seulement en raison du cadre où se déroule l’histoire, a tout d’un roman américain, un bon polar américain.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Malgré toute ma rage

Allo ?!! Les urgences psychiatriques ? Il faut venir vite, j’ai un patient pour vous …

Il s’appelle Jérémy Fel, il est en pleine crise psychotique.

Oui, ça dure depuis un moment, il a quand même réussi à écrire 507 pages d’affilée dans son trip.

Je ne suis pas sûre qu’il parvienne à se calmer, il est tout rouge, a un couteau dans la main et tient des propos délirants. Vous vous dépêchez hein, il me fait un peu peur là…

J’étais avertie que ça n’allait pas être une petite promenade de santé avec Jérémy, que je devais m’attendre à des moments trashs, gores, et ce dès le début. Ce qui est sûr, c’est que je n’ai aucune envie de m’en faire un pote. J’aurais trop peur qu’il mette une drogue dans mon verre, ou m’attende avec un couteau dans la cage de l’escalier pour me faire la peau.

Je vous préviens que si vous avez une cave chez vous et des trucs à y faire, allez-y avant d’ouvrir le bouquin, sinon ça risque d’être plus difficile d’y descendre ensuite.

Après une scène inaugurale qui vous plonge direct dans un bain d’horreur, vous pouvez prendre aussitôt vos jambes à votre cou, profitez-en d’ailleurs, tant que tous ces membres sont encore bien attachés et fonctionnent à peu près comme il se doit…

Comme je suis un peu maso, j’ai décidé de rester en compagnie de 4 filles parisiennes, Juliette, Manon, Thaïs et Chloé. Si une est tout juste majeure, les 3 autres ont entre 16 et 17 ans. Pour se prouver qu’elles sont grandes, elles décident de partir seules en vacances, à l’autre bout du monde sans leurs parents, en Afrique du Sud.

Mais le voyage retour, l’une d’entre elles le fera entre quatre planches, sauvagement assassinée dans une cave d’un squat sordide d’un township du Cap.

Dans la première moitié du roman, j’ai dévoré les pages ventre à terre, avide de savoir qui était la jeune fille tuée parmi les 4 écervelées bobos, naïves et friquées, mais tellement touchantes. Et là incompréhension, peu après la moitié du roman, je comprends qui est l’auteur du meurtre. Si cela me ravit, dinde que je suis, je m’interroge, que va donc bien pouvoir me raconter ce cher Jérémy dans l’autre moitié de son bouquin ?

Stupeur, le polar bascule alors dans une autre dimension, bien plus psychologique celle-là, en m’immergeant dans la famille immorale et amorale de l’assassin, m’amenant à comprendre ce qui l’a poussé à son terrible passage à l’acte.

C’est machiavélique et haletant. J’ai eu l’impression de lire avec un géant qui me tenait par le col, un revolver sur la tempe, les pieds ballants pédalant faiblement dans le vide…

J’ai cependant nettement préféré la première partie, avec une plongée dans les pensées de différents personnages, qui se succèdent, livrent leur vérité, qui n’est pas forcément celle du narrateur précédent.

Un tour de force, une construction impeccable, les pièces du puzzle s’emboitent, les rebondissements s’enchainement sans temps mort, à l’exception de quelques scènes un peu gratuites.

Un auteur que je viens de découvrir avec cette lecture et que je ne suis pas près d’oublier …

Tiens, je vais me prendre une tisane et un petit Lexomil pour m’endormir ce soir …

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Malgré toute ma rage

Le roman s'ouvre sur un prologue (procédé américain que je n'apprécie guère…) glauquissime et ultra-violent. Quelqu'un est en train de torturer une jeune fille et nous sommes dans sa tête, nous le voyons faire par ses yeux. Au moins, nous sommes prévenus sur ce que nous allons lire. Libre à nous de continuer. ● Quatre très jeunes filles, lycéennes, dont trois mineures ont obtenu de leurs parents la permission de faire un voyage en Afrique du Sud (!) et se retrouvent au Cap, dans une maison luxueuse. Elles sont heureuses de ces vacances, insouciantes, et veulent s'amuser même si pour cela elles sont obligées de rester dans les strictes limites des quartiers opulents et des lieux touristiques, en évitant la violence des townships, dont on sait pourtant, grâce au prologue, qu'elle va s'inviter dans le récit. On se demande alors quelle sera la jeune fille qui va y passer, et comment… ● L'auteur adopte le procédé à la mode des narrateurs multiples, et le récit progresse ainsi, parfois revenant ce qui avait été dit ou suggéré auparavant pour le corriger ou au contraire le confirmer. Jérémy Fel maîtrise à l'évidence ce type de narration et les pages se tournent toutes seules, le récit est très addictif, dès le début. ● le procédé permet aussi d'introduire le doute dans l'esprit du lecteur sur ce qui s'est vraiment passé, et cela, jusqu'au bout, de façon assez convaincante. ● le thriller avec meurtres barbares se double d'un récit familial qui prend de plus en plus de place – mettant en évidence une famille dont c'est un doux euphémisme de dire qu'elle est dysfonctionnelle. Elle serait plutôt composée de personnalités psychopathes, voire sociopathes… ● Mais malheureusement je vois aussi trois défauts à ce roman dont je m'étonne qu'il obtienne de si bonnes notes à la date où j'écris ces lignes (22/08/2023). Tout d'abord, pour un roman de ce genre les chapitres sont beaucoup trop longs : 7 chapitres pour 505 pages. ● de plus, le roman est pétri d'invraisemblances, dès le début : quels parents laisseraient leur fille mineure aller avec d'autres filles du même âge en Afrique du Sud, un des pays les plus violents de la planète ? ● Mais pire encore que cela, l'écriture de Jérémy Fel est remplie de termes impropres et surtout de maladresses voire d'erreurs de syntaxe, à tel point que cela gêne la lecture. J'ai relevé de multiples exemples, je n'en donnerai que deux : « Je dois me refréner pour ne pas appeler Raphaël et de tout lui jeter à la figure. » « [E]lle n'a pas voulu nous partager où elle a été »… L'auteur est aussi très friand de la proposition infinitive, qu'il utilise tout le temps et à toutes les sauces, y compris de manière fautive comme dans « Au loin, je discerne les décorations d'une maison clignoter. »... J'ai rarement lu un livre aussi mal écrit, et mal corrigé et édité, si toutefois il a vraiment été corrigé… Cela entache bien évidemment le livre tout entier et gâche en partie le plaisir de la lecture.

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Helena

Jeremy Fel reprend les codes du thriller psychologique avec un indéniable savoir-faire et un soupçon d’esprit fantasy dans ce roman choral.



Le récit est tortueux à souhait avec un chassé-croisé des protagonistes et un rythme au cordeau, ponctué par des rebondissements très bien placés.

On se croirait dans le jeu Jenga, où lorsqu’on déplace une pièce toute la structure s’effondre.



Il est effrayant d’imaginer comme les choses peuvent basculer d’une minute à l’autre emportant toutes les certitudes et changeant à jamais nos vies. L’auteur fait réfléchir aux actes aux effets boule de neige, qu’une fois lancés prennent des proportions de plus en plus difficiles à maîtriser.



Nous avons tous un côté obscur prêt à se réveiller lorsque la souffrance devient insoutenable, nous poussant à commettre des actes impensables. Les souffrances enfouies, les traumatismes se révèlent souvent prêts à faire surface à un moment donné.



L’auteur allie l’ambition du thriller à la poésie d’un conte, signant un fascinant page-turner.



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Helena

Confrontant le lecteur à l’inceste, la pédophilie, la pornographie et au viol, Héléna est un roman épouvantable (au sens propre du mot), vivement déconseillé aux âmes sensibles.



C’est un roman qui fera date et, après les cent premières pages où il ne se passe pas grand chose, à l’exception d’un chien écrasé et d’une panne dans le circuit de refroidissement d’un moteur … la fuite d’eau déclenche un véritable tsunami et il devient alors impossible de lâcher ce livre épais qui trouble encore mes nuits car l’intrigue est diaboliquement construite et Jérémy FEL nous emmène de rebondissement en rebondissement dans un déchaînement de désastres, de violences et de vengeances vers le dénouement.



C’est aussi addictif qu’une bouteille d’alcool et à la fin on a le même mal de tête.



Jérémy FEL nous peint une galerie de personnages qui n’est pas manichéenne et le lecteur vit les drames des uns, des unes et des autres, et, in fine, se demande :

• Comment réagir en surprenant son conjoint dans les bras d’une autre ?

• Comment réagir en découvrant un pédophile agressant son enfant ?

• Comment réagir face au violeur de sa soeur ?

• Comment réagir en voyant la racaille incendier sa voiture ?



La frontière entre bons et méchants est très perméable et très éphémère dans ce scénario et c’est une clé de sa réussite.

Mais quelle injustice de voir un enfant innocent payer sa vie durant dans sa chair les crimes de sa mère !

« Les parents boivent, les enfants trinquent » enseigne le dicton populaire



Ce n’est pas seulement un roman noir et deux points méritent, à mon avis, d’être soulignés. L’auteur, dans la filiation d’Aristote, nous offre une illustration de la théorie de la causalité en reprenant, par une succession d’exemples très brutaux (club de golf), la classique distinction entre cause matérielle, formelle, efficiente et finale que le jury d’un tribunal ayant à juger les prévenus devra prendre en compte pour estimer les responsabilités.



Par ailleurs les personnages, sont « orphelins », dans leurs quasi totalité, et n’ont pas la chance d’avoir ou d’avoir eu, un père et une mère, et donc n’ont pas connu leurs grands parents, n’ont ni tradition familiale ni généalogie claire.

Déracinés, fruits de mère célibataire, nés dans des familles décomposées puis recomposées, élevés dans des familles victimes d’accidents divers (noyade, chasse, accident), ou victimes de parents indignes, ils ont souffert d’une pénurie affective et d’un manque d’éducation qui semble une des raisons pour laquelle, plongés dans un contexte de désordre, ils n’ont que la violence comme issue de secours.



Qu’y a t il de plus important qu’une mère interroge Jérémy FEL ?

Je prends la liberté de répondre : un père.

Car sans père, pas de repaire, et l’éducation d’un enfant exige la double présence d’un père et d’une mère et nos policiers et les juges pour enfants le constatent hélas chaque jour et pas seulement dans l’Arkansas.



Que nos députés lisent ce magnifique ouvrage avant de se prononcer sur la PMA sans père car vouloir protéger un enfant que l’on a pas su ou pas pu éduquer, c’est hélas trop tard et donc irrémédiable. Respectons la nature.



Jérémy FEL, me semble digne de rejoindre dans nos bibliothèques Hector MALOT, et Héléna trouver sa place aux cotés de « Romain KALBRIS » et « sans famille », avec une nuance malgré tout, c’est qu’il y a un siècle il fallait travailler pour survivre, se nourrir et gagner sa vie, alors que dans ce roman les rares personnes qui travaillent (camionneur, épicier, policier) sont (à l’exception de la péripatéticienne) présentées sous un jour peu flatteur et cet univers où le fric, la came et l’alcool tombent du ciel m’a semblé très virtuel.



Enfin l’écriture alterne le récit narratif et le brouillard onirique, c’est souvent beau, très beau, mais complexe et parfois incompréhensible !



Merci aux Editions Payot et à Babelio de m’avoir offert ce roman ; je suis impatient de rencontrer son auteur dont l’avenir s’annonce prometteur.
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Helena

Helena est le second roman de Jérémy Fel.

J'ai lu d'une traite ce livre, dévorant les pages, comme emporté par une effroyable addiction. Et j'en suis ressorti presque sonné.

Pour autant, la première scène nous prévient, mais elle ne suffit pas à donner l'étoffe du roman : Tommy, presqu'encore un gamin, un des personnages qu'on retrouvera plus tard au cœur du récit, égorge des chats et des chiens dans un vieil abattoir désaffecté...

Le roman se situe en plein Midwest des États-Unis, précisément dans le Kansas. A un moment donné, je me suis demandé à quelle date se situait l'intrigue, tant certains personnages semblaient bien trempés dans leur jus. Non, nous sommes bien dans l'Amérique de Donald Trump, celle qui à cet endroit des États-Unis, a voté massivement pour ce Président.

Les personnages avancent un à un dans la torpeur de l'été. Il y a tout d'abord une forme d'insouciance qui caresse des adolescents qui se cherchent. Ils ont des rêves plein la tête et veulent changer de vie.

La jeune Hayley se prépare pour un tournoi de golf en hommage à sa mère trop tôt disparue. Mais voilà qu'au retour d'un tournoi, sa décapotable rouge tombe en panne dans un village en plein Kansas, pour elle c'est un endroit sordide, une sorte de brousse sauvage, perdue dans l'Amérique civilisée. Quelle galère ! La garagiste indique qu'il faut commander une pièce qu'il n'a pas en stock, cela ne prendra qu'un jour tout au plus. Heureusement, c'est sans compter sur la solidarité du coin, Norma qui habite aux abords du village, connaissance du garagiste, propose à Hayley de l'héberger pour la nuit dans sa grande maison au milieu de nulle part, en pleine campagne...

C'est ainsi que le décor se plante progressivement autour de cette voiture qui tombe en panne, d'une maison adossée à des champs de maïs qui s'étendent à perte de vue, d'une femme généreuse qui propose l'hospitalité... Sauf que Norma a pour fils le fameux Tommy qu'on a rencontré au début du roman...

Avant que tout ne bascule, nous avons juste le temps d'apprécier comme Hayley la quiétude du lieu, le temps qui semble figé dans cette campagne sereine, le vent qui agite au loin les épis de maïs comme les vagues d'un océan. Juste le temps d'apprécier cela avant que tout ne bouscule, irrémédiablement... Voilà, j'en resterai ici sur le récit. Je vous laisse le plaisir de découvrir la suite...

Que dire sur ce livre qui décoiffe totalement. Plusieurs voix viennent dire les uns après les autres les fragments d'une histoire qui les lie les uns aux autres dans un puzzle infernal. On entend leur voix et on est perdu, on ne sait plus s'ils sont victimes ou bourreaux. On est pris à notre tour dans l'histoire comme dans une de ses tornades du Midwest qui savent tout démolir sur leur passage...

Le récit est sans répit, nous tient en haleine jusqu'au bout.

Nous sommes à chaque instant comme sur un fil tendu au-dessus du vide. J'ai ressenti une forme d'addiction qui m'empêchait par moment de lâcher ce livre dense.

J'ai apprécié le récit, le cœur de l'intrigue qui se construit comme une traînée de poudre emportant un à un les personnages vers un destin implacable. Les personnages ont de l'épaisseur. On se surprend à les contempler dans une forme de gêne qui ne nous laisse pas indemne. Dans ce drame familial, car c'en est un, une petite lumière semble à chaque instant retenir son souffle et nous parler à voix basse, au bord de l'abîme, car dans chaque personnage il y a aussi une humanité et c'est cela qui rend beau et tragique ce roman vertigineux.
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Helena

Merci à Babélio et l'éditeur Rivage de m'avoir choisi et transmi le roman HELENA de Jérémy Fel.

Pourquoi lire ce roman ? Pour découvrir la vie des gens au quotidien au Kansas en Amérique. Vous allez découvrir quelles sont les liens qui unissent les différents personnages du livre et l'horreur car dans leur vie leurs destins ce croisent et des secrets sont dévoilés au fur et mesure de la vie de chacun. Un ouvrage de 734 pages qui vous conduit dans le tréfonds de l'âme de chacun. Quelle rapport entre l'horreur l'amour d'une mère l'espérance d'une meilleur vie et l'influence qu'elle peut avoir sur l'action de vie de chacun.

Vous ne le regretterai pas car l'auteur Jérémy Fel vous tiendra en haleine pendant tout le roman. A lire car quelle part je trouve que c'est du Stephen King français. Un auteur à découvrir et à suivre.
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Les loups à leur porte

Les loups à leur porte est le premier roman de Jérémy Fel.

Ici, plusieurs personnages entrent en scène les uns après les autres. Chaque chapitre nous permet de faire connaissance avec l'un d'eux.

On pourrait considérer qu'à chaque personnage correspond le morceau d'un puzzle et nous avons 435 pages pour le reconstituer afin de comprendre l'ensemble qui tient lieu de cette histoire.

Entre le Kansas et Nantes, peu de points communs a priori, un océan sépare ces deux mondes où évoluent quelques-uns des personnages que j'évoquais à l'instant. C'est un thriller à plusieurs voix.

Peu de points communs, sauf peut-être la folie humaine qui ne connaît pas de frontières, pas de limites.

Le premier chapitre donne le ton : une scène où la tension monte peu à peu, devient effroyable et qui va se terminer par une maison qui brûle.

Les personnages avancent un à un, emportés dans une sorte de souffle parfois romanesque vers leurs destinées. Dans ce récit choral, nous découvrons leurs histoires, leurs parcours, leurs failles, leurs blessures pour les uns, leurs monstruosités pour les autres... Chaque chapitre fait tenir une histoire propre, qui pourrait presque ressembler à une nouvelle.

Il y a de la violence, mais aussi de la générosité. Les personnages qu'on aime sont en danger, nous avons peur pour eux, nous n'y pouvons malheureusement rien. Ils sont en fuite, poursuivis par des prédateurs.

C'est un livre qui montre affreusement comment une vie normale, sereine, peut du jour au lendemain basculer dans le fait divers sordide, l'horreur.

Alors on se demande quel est le fil invisible qui va relier brusquement Duane, Mary Beth, Claire et les autres dans la même trajectoire.

Il est possible de se perdre dans ce dédale maudit, alors rien n'empêche de revenir sur ses pas. C'est peut-être nécessaire. Ne serait-ce que pour reprendre sa respiration. Puis revenir dans cette mécanique infernale du mal où de temps en temps la douceur émerge avec étonnement et nous surprend dans sa capacité à pouvoir sauver le monde de sa barbarie.

La construction brillante de ce roman m'a surpris, déstabilisé au début. Elle oblige le lecteur à demeurer à chaque page sur ses gardes, garder son attention sur le récit car parfois tout va vite.

Au final, j'ai aimé sans pouvoir dire qu'il s'agit d'un coup de coeur, malgré l'écriture remarquable et la narration maîtrisée.

En revanche, le second roman de Jérémy Fel, Helena, fut pour moi un véritable coup de cœur.
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Malgré toute ma rage

Amateurs d’effroi frictionnel, ce roman est pour vous !



Quatre étudiantes décident de passer quelques jours en Afrique du Sud, histoire de se dépayser et de passer un peu de bon temps loin de leurs parents. Le séjour touristique tournera rapidement au drame.



J’avais gardé un souvenir net du terrible psychopathe qui sévissait dans Héléna, et qui m’avait terrorisée. C’est donc un peu avec angoisse que j’ai abordé Malgré toute ma rage, le titre augurant d’une certaine violence. Je n’ai pas été déçue : cette fois les psychopathes sont la norme ! A part les quelques personnages jugés « godiches » par ceux qui font du mal leur pain quotidien, c’est un concours de perversité !



Jérémy Fel ne manque pas de dresser un portrait effrayant du monde de l’édition, qui permet aux assoiffés de pouvoir d’utiliser leurs atouts pour assouvir leurs pulsions sexuelles.

La famille n’est pas en reste : panier de crabes où chacun essaie d‘écraser ses proches.

On découvrira peu à peu la genèse du drame.



Le contrat du frisson que ne manque pas de susciter ce genre de lecture est totalement rempli ! On en ressort même un peu traumatisé et paranoïaque : après tout les personnages les plus sulfureux ont non seulement pignon sur rue mais aussi un certain charisme qui agit comme un piège impitoyable.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Helena

Ça y est, l'ouragan Helena m'a frappé en plein coeur.

J'étais pourtant prévenu.

Les nombreux éloges de lecteurs avaient tiré le signal d'alarme.

J'étais préparé,  barricadé,  lesté.

Pourtant tel un fétu de paille, j'ai été emporté. Entornadé (j'aime bien inventer des mots, mais c'est pour exprimer la puissance avec laquelle cette lecture m'a embarqué).

Helena, roman noir de chez sombre.

Histoire de mères.

Présentes. Absentes. Aimantes. Protectrices.

Histoire a travers quatre personnages principaux.

Une mère, Norma. (que l'on ne peut presque pas dissocier de sa petite fille Cindy au rêve de Little miss sunshine américain)

Un fils Graham, qui rêve de New York, de grande école de photographies et d'Amber sa petite amie.

Son frère Tommy, ses fantômes,  ses fantasmes et ses dérives.

Et une jeune fille de passage, Hayley, experte en maniement de club de golf.

Chacun de ces personnages est une histoire à lui seul.

Jeremy Fel en a fait un roman intense, 730 pages qui se dévorent, comme les monstres dévorent les petits enfants...

Helena, c'est l'effet papillon... ou comment un téléphone dans une piscine va engendrer une série de drames.

Helena, c'est une succession de mauvaises décisions prises par chacun des protagonistes.

Helena c'est l'âme noire de l'humanité.

Il est fort Fel.

Il vous broie les tripes et l'instant d'après il vous fait entendre les chants d'oiseaux, ou le ressac de la mer.

Il alterne avec talent les passages violents et les images d'Epinal ( bon, là on est au Kansas,  pas dans les Vosges...). L'hémoglobine et le maquillage...

Il tient le lecteur en éveil.

Il lui fait peur, mais d'une caresse amicale sur la joue il le rassure.

Dans Helena les rêves deviennent cauchemars.

La cause ? La violence, la mort, l'alcool et la drogue.

Maman, comme le monde est méchant.

Maman, comme le monde est beau.

Et à la fin, tout à la fin, la question se pose, être mère, bonheur ou malédiction ?

Ce roman ne laisse pas indifférent.

Je me joins à toutes les louanges déjà exprimées et je vous encourage à découvrir l'un des meilleurs romans de cette rentrée littéraire.









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Déguster le noir

Je voudrais commencer par remercier deux amis babéliotes de longue date, pratiquement les premiers depuis que je me suis aventurée sur ce site si dangereux pour moi, en ce sens que les tentations y sont bien trop nombreuses !

Le premier, c'est Yvan Fauth, alias Gruz ici, pour avoir créé et dirigé cette collection sur les cinq sens dont j'ai savouré chaque opus. Grâce à lui, mes yeux, mon nez, mes oreilles, ma peau et mes papilles se sont affûtés, j'ai découvert de nouveaux auteurs (dont j'ai lu des romans par la suite), et dans ce dernier recueil, j'ai dégusté, dans tous les sens du terme ! Yvan, entend les appels de tes fans, s'il te plaît concocte-nous encore un petit dernier avec le fameux sixième sens...

Le second, c'est Messire Godefroy, autrement dit Antyrya, qui suite à un pari sur le futur titre du présent ouvrage (pari que j'ai gagné) me l'a envoyé le jour même de sa parution. Merci à toi Anty, tu es un homme de parole et tu m'as fourni une de mes meilleurs lectures de vacances.



Bon, c'est très bien tout ça, mais quand est-ce qu'on entre dans le vif du sujet, c'est-à-dire ce que j'ai pensé de ces treize nouvelles centrées sur le goût ? Premier constat : il y en a vraiment pour tous les goûts, et à toutes les sauces dans ces presque 300 pages. Du glauque, du terrifiant, du cynique, et même de l'humoristique, chacun y trouvera à boire et à manger.

Second constat : moi qui ne lisais pratiquement pas de nouvelles, excepté celles de Stephen King qui s'apparentent souvent à de courts romans, et bien j'y ai vraiment pris goût, au fur et à mesure de la parution de ces recueils, je les savoure de plus en plus. Elles concentrent les spécificités de chaque auteur, et sauf exception, ne me frustrent plus à cause de leur brièveté. Bien sûr, toutes ne m'ont pas rassasiée de la même façon, quelques-unes m'ont un peu laissée sur ma faim, mais dans l'ensemble je me suis sentie repue à la fin de mon repas, pardon, je voulais dire "de ma lecture".



Mais cessons là les métaphores gastronomiques, je crains de vous gaver !

J'évoquerai d'abord les nouvelles qui m'ont vraiment mis l'eau à la bouche (pardon !), à commencer par celle de Jérémy Fel : "Dans l'arène", dont j'ai d'ailleurs mis un certain temps à comprendre le titre. Elle se situe dans un futur qui pourrait être bientôt d'actualité, et met en scène une petite communauté familiale vivant dans les bâtiments d'une ancienne ferme. Tout est sec, plus rien ne pousse, le ciel est constamment voilé, on étouffe. Aux infos on voit des migrants se faire arrêter, la pollution atmosphérique bat des records, il n'y a presque plus d'eau, bref les curseurs d'aujourd'hui poussés un peu plus loin. Entre les épouses des deux frères qui vivent là, rien ne va plus. Bastien, le fils de Juliette et Olivier, a disparu, manifestement dénoncé pour avoir hébergé des réfugiés. Et Juliette soupçonne fortement Mathilde et Matthias, qui d'autre ? Il n'y a plus personne à des kilomètres à la ronde...Le repas d'anniversaire de Léa, fille de Mathilde et Matthias va précipiter les évènements.

J'ai adoré cette atmosphère angoissante, cette montée en puissance et la brusque révélation qui va complètement changer la perspective, un régal !



Parmi mes préférées également : "La visite" de Nicolas Beuglet, que j'ai trouvée particulièrement savoureuse de par son humour décalé et ses clins d'oeil aux adeptes du bio, du local et de la nourriture "saine". Aujourd'hui est un grand jour, car Gilles va faire la connaissance des parents de son amoureuse, Claire. Marlène et Pierre les accueillent chaleureusement, chez eux tout est beau, y compris Marlène, la très jeune maman de Claire. Pierre, le papa, manie l'humour au second degré, mais la bonne chère va vite détendre l'atmosphère. Attention à ne pas forcer sur le digestif quand même, c'est du costaud !



Dans un tout autre registre, on passe du rire (jaune) aux larmes salées : "Joé", de Christian Blanchard, qui met en abyme l'histoire de Lenny dans "Des souris et des hommes" de Steinbeck. Joé est un doux géant qui n'a qu'un rêve dans la vie, connaître le goût de la mer. Mais elle est loin la mer, et pour l'atteindre il faudra mener bien des combats... Une histoire très courte mais qui m'a beaucoup touchée, d'un auteur que je ne connaissais pas.



Ian Manook, lui je le connais déjà bien, et il ne m'a pas déçue avec "Feijoada" ! Si, vous savez, ce plat brésilien à base de haricots noirs et de toutes sortes de viande, les restes, les bas-morceaux, ce qu'on trouve quoi ! De l'humour très noir, qui rappelle les films de gansters des années soixante, genre "Les tontons flingueurs", un vocabulaire truculent-succulent, et une chute certes attendue mais vraiment bien dans le ton du thème. Excellent !



Et puis, un peu comme le dessert qui vient en apothéose du repas, il y a cette dernière nouvelle, plus longue, un petit polar à elle toute seule, "Scène de crime" de R. J. Ellory qu'on a toujours autant de plaisir à retrouver dans les recueils d'Yvan. Pas d'humour ici, on est sur les traces d'un tueur de jeunes femmes, l'enquêteur est sur les dents, les cadavres décapités et vidés commencent à s'accumuler dans une atmosphère quasi apocalyptique. Erikson, le policier chargé de l'enquête, va en faire une affaire personnelle... Une intrigue fouillée, dont les ressorts psychologiques vont vous retourner les tripes.



Voilà pour mon quinté de tête, mais parmi les autres récits, certains valent leur pesant de cacahuètes aussi. Prenons par exemple celle qui sert d'apéritif, "Le goût des autres", de Bernard Minier. Un check-point tenu par des américains dans le désert en Irak. Leila, muséologue, et son chauffeur Hassan se font arrêter pour un contrôle qui va se prolonger...Des relents de fantastique pour une nouvelle qui aurait gagné à être un peu plus développée, à mon avis.



A suivre, "Ripaille", d'Anouk Langaney, qui nous a concocté un menu très élaboré des apéritifs aux desserts. Une des convives nous fait part de ses réflexions sur les autres invités et la maîtresse de maison, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle a une drôle de vision des plaisirs, de la table mais pas que... C'est assez tordu, mais plaisant, sans plus.



Comme nous avions beaucoup mangé, la nouvelle suivante est tombée à point nommé : "Tous les régimes du monde" de Cédric Sire nous emmène dans le monde du mannequinat, où l'idéal de beauté consiste à faire une taille 32, obtenue en mangeant trois pommes par jour, et au prix de malaises répétés. L'émulation fait des ravages entre Laura et Giulia, mais leur compétition tournera au désastre pour toutes les deux. Un récit glaçant, car certains détails sonnent hélas très vrai.



Pour ne pas rendre ce billet trop indigeste, je ne détaillerai pas les autres nouvelles, bien qu’elles ne manquent pas d’intérêt non plus. Deux d’entre elles traitent du périlleux métier de goûteur, « Amertumes » de Pierre Bordage et « Le goûteur » de Jacques Expert, deux auteurs dont la réputation n’est plus à faire.

« Jalousies » de Sonia Delzongle joue sur le double sens du mot-titre, et évoque le triste sort d’une femme réduite au rôle de poulinière et de servante de son mari à qui elle concocte sans se rebeller de bons petits plats sans attendre la moindre reconnaissance. J'avoue préférer l'auteur quand elle écrit des romans, même si la nouvelle ne manque pas d'intérêt.



"Alfajores" de Nicolas Jaillet nous parle d'un employé de Huei, où l'on transforme de la camelote asiatique en souvenirs "made in France" à grand renfort d'autocollants censés faire authentique. Un jour Pascal "n'a plus le goût"... L'histoire qui m'a le moins marquée, d'ailleurs je ne m'en souvenais plus (j'ai lu le livre pendant mes vacances, il y a un mois !).



Et enfin il nous reste une petite dernière, pour la dent creuse dirons-nous : "Un père à la truffe", de Patricia Delahaie, auteure que je découvre et qui je trouve a parfaitement saisi le concept de "déguster le noir", j'ai beaucoup aimé cet histoire de père qui ressemble un peu à un ogre et qui va passer une journée singulière avec sa gamine de douze ans, qu'il n'a pas vue depuis longtemps. C'est original, et m'a donné envie de mieux connaître l'auteure.



Pour conclure ce looong billet, plus j'en ingurgite, plus je les aime, les nouvelles ! Et je ne peux que vous inviter à une petite dégustation entre initiés, avec des hôtes de marque qui vont vous recevoir aux petits oignons !











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Helena

Une voiture en panne sur une route isolée au milieu des champs de maïs. Norma, veuve mère de deux adolescents et d’une petite fille recueille Hayley la conductrice. La jeune fille doit participer à un tournoi de Golf Espoir dans quelques semaines.



Une fin d’été étouffante dans un coin perdue du Kansas et la croisée des chemins pour Norma, Hayley, Graham, Tommy et Cindy. Des chemins qui, évidemment, n’auraient jamais dû se croiser.



Une ferme hantée par un Croquemitaine, des champs à perte de vue, un abattoir désaffecté, des ados qui rêvent d’ailleurs dans une petite ville mortellement ennuyeuse, nous avons là tous les bons ingrédients d’un conte gothique, familial et horrifique de bonne tenue.



Entre des forces telluriques toxiques, de terribles secrets de famille (notez le pluriel) et la jolie peinture de l’Amérique profonde et mythologique, force est de constater que Jérémy Fel, déjà auteur de l'excellent " les loups à ma porte" tient bon la barre.



Il emprunte l’écriture serrée et efficace de Stephen King bien sûr, les envolées digressives du grand Richard Ford et les descriptions hyperréalistes et méticuleuses des lieux et des actions des personnages à notre Francis Ponge. Bon évidemment le triumvirat littéraire composé de King, Ford, et Ponge n’engage que le chroniqueur.



Toujours sur le fil du rasoir mais sans complaisance dans les scènes gores, le romancier en véritable démiurge manipule ses personnages avec beaucoup de malice mais c’est toujours empathique qu’il les entraine jusqu’au bout de leur destinée belle ou tragique.



Et si Helena n’avait jamais rencontré Martin ?



Une réussite palpitante, saignante et humaine forcément humaine.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les loups à leur porte

Whaou ! Quelle claque ! Le meilleur roman que j'ai lu en 2016 et depuis longtemps en fait ! Enfin, un roman novateur et qui ne peut laisser indifférent.

C'est un premier roman. Sur la couverture, ne figure pas le mot "thriller" pourtant que de peurs, de stress et d'émotions ressenties à la lecture de cet ouvrage choral sur le thème du mal.

Difficile à résumer tant il y a de personnages et d'histoires qui vont se recouper.

Des passages effrayants, des descriptions limite gore mais du suspense et une belle écriture. A LIRE ABSOLUMENT !
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