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Retour à Whitechapel : La véritable histoire de Jack l'éventreur de Michel Moatti
Nous ne sommes pas anglais, nous ne croyons pas aux fantômes et, pourtant, Jack l’Éventreur nous parle. La sauvagerie de ses crimes, le caractère fulgurant de sa « carrière » – il n’a officiellement sévi que quelques mois, d’août à novembre 1888, laissant derrière lui cinq victimes –, l’énigme intacte de son identité, font de cet être réel, un mythe. Incapable de mettre un nom sur l’ombre qui martyrise des prostituées dans le quartier le plus pauvre de Londres, la presse déchaînée et l’opinion publique convoquèrent à l’époque leurs usual suspects, toujours les mêmes : les symboles des bas-fonds et des hautes sphères de leur temps. En l’espèce, des immigrés juifs miséreux, des marginaux, ainsi que des membres du premier cercle de la reine Victoria, dont le chirurgien de la souveraine et même, un peu plus tard, l’un de ses petits-fils. Lorsqu’à la fin du XXe siècle éclata, en Belgique, l’affaire Dutroux, le réflexe de répulsion fut tel qu’on imagina que le pédophile de province avait, forcément, des liens avec Bruxelles et la famille royale. Rien ne change : on refuse de croire à l’évidence simple qu’un homme seul, à condition d’être mentalement détraqué, est capable de fabriquer de l’horreur brute, donc on invente des fables pour se rassurer et, au bout du compte, on se fait encore plus peur en imaginant que la couronne guide la main du monstre. Que le pouvoir perçoit une nouvelle taxe, une gabelle de chair et de sang. Extrait de la préface Stéphane DURAND-SOUFFLAND, chroniqueur judiciaire au Figaro. + Lire la suite |