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3.59/5 (sur 530 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bouttencourt , le 03/08/1958
Biographie :

Maître de conférences à l’Université de Montpellier, Michel Moatti enseigne le journalisme et la communication.

Journaliste pendant seize ans, en particulier comme correspondant pour l’agence britannique Reuter’s, il a vécu à Londres au début des années 1990.

"Retour à Whitechapel" (2013) est le fruit d’une recherche de près de trois années dans les archives victoriennes et dans différentes bibliothèques historiques.

Suivront "Blackout Baby", "Alice change d’adresse" et, plus récemment ,"Tu n’auras pas peur".

Source : http://mediatheque.montpellier-agglo.com
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Occitanie Livre & Lecture reçoit dans le cadre de la Rentrée littéraire de printemps Éric Cherrière et Michel Moatti pour présenter leur dernières parutions respectives : - "Gamine guerrière et sauvage" (éd. Plon), Éric Cherrière - "Dog island" (éd. Hervé Chopin), Michel Moatti Modération Janine Teisson, autrice Merci à la librairie Sauramps pour son accueil.

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Citations et extraits (167) Voir plus Ajouter une citation
Nous ne sommes pas anglais, nous ne croyons pas aux fantômes et, pourtant, Jack l’Éventreur nous parle. La sauvagerie de ses crimes, le caractère fulgurant de sa « carrière » – il n’a officiellement sévi que quelques mois, d’août à novembre 1888, laissant derrière lui cinq victimes –, l’énigme intacte de son identité, font de cet être réel, un mythe. Incapable de mettre un nom sur l’ombre qui martyrise des prostituées dans le quartier le plus pauvre de Londres, la presse déchaînée et l’opinion publique convoquèrent à l’époque leurs usual suspects, toujours les mêmes : les symboles des bas-fonds et des hautes sphères de leur temps. En l’espèce, des immigrés juifs miséreux, des marginaux, ainsi que des membres du premier cercle de la reine Victoria, dont le chirurgien de la souveraine et même, un peu plus tard, l’un de ses petits-fils. Lorsqu’à la fin du XXe siècle éclata, en Belgique, l’affaire Dutroux, le réflexe de répulsion fut tel qu’on imagina que le pédophile de province avait, forcément, des liens avec Bruxelles et la famille royale. Rien ne change : on refuse de croire à l’évidence simple qu’un homme seul, à condition d’être mentalement détraqué, est capable de fabriquer de l’horreur brute, donc on invente des fables pour se rassurer et, au bout du compte, on se fait encore plus peur en imaginant que la couronne guide la main du monstre. Que le pouvoir perçoit une nouvelle taxe, une gabelle de chair et de sang.

Extrait de la préface Stéphane DURAND-SOUFFLAND, chroniqueur judiciaire au Figaro.
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Ce que les machines de guerre et les engins de mort avaient réussi à faire souvent à très longue distance et de manière plus ou moins anonyme, un homme l’avait anticipé, dans la paix nocturne d’un logis, en face à face avec une femme désarmée et terrorisée.
Il avait usé de la mort et de la souffrance comme d’un art, et utilisé la chair et le corps d’une femme comme la pâte de modelage d’une œuvre diabolique et monstrueuse.
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Le Shoreditch Town Hall exposait toute sa luxuriance baroque de dorures et de pierres dans le crachin glacé de l’automne. Si l’on conçoit que ce bâtiment, fierté de l’Empire et vitrine de sa puissance, tout en piliers, clochetons, ogives et chapiteaux, n’était qu’à quelques centaines de mètres de Dorset Street et de ses misères, on comprend définitivement ce que Londres, en 1888, crachait au visage de tous : le monde est binaire. Aux uns les splendeurs éternelles du marbre et les hauteurs aériennes des symboles, comme ce « Plus de lumière, plus de pouvoir ! » qui servait de devise à l’édifice. Aux autres, la boue des caniveaux, toutes les pestes du malheur, et la mort.
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Amelia Pritlowe buvait un thé dans une minuscule échoppe au coin d’Osborn Street. Tout en soufflant par saccades sur la surface de sa boisson qui produisait des filets de vapeur blanche, elle observait la rue. Le trottoir charriait une foule de marcheurs transis, filant vers l’entrée du métro. Une femme engoncée dans un ample manteau de laine verte surgit du coin de Whitechapel High Street. Une enfant d’une dizaine d’années lui tenait la main. Leur rigidité était impressionnante : la mère et sa fille ressemblaient à deux marionnettes taillées dans un bois dur, maniées par un montreur maladroit. Leurs visages étaient dissimulés derrière de gros masques de protection contre les gaz, qui les transformaient en lémuriens. On eût dit exactement un couple de ces tarsiers des Philippines, à la tête hypertrophiée et aux yeux immenses, accrochés la tête en bas à leurs branches et qui effraient les marcheurs au crépuscule. Elles traversèrent en direction de Church Lane, de cette démarche hésitante, et de la buée les précédait en s’échappant de l’aérateur de leurs masques.
« Voilà ce qu’ils ont fait de nous, pensa Amelia Pritlowe : des lémuriens, des rongeurs, des primates aveuglés et trébuchants… »
Semblant lui donner raison, venant d’Aldgate, un groupe bigarré d’endimanchés en costume sombre, de femmes en chapeau, de jeunes filles du Women’s Volunteer Service avec leurs casques plats posés sur leurs cheveux blonds, passa en direction de l’est. Ils portaient tous les mêmes masques de caoutchouc verdâtre, aux yeux dilatés. Sur leurs poitrines, les enveloppes de toile militaire pendaient telles des bavettes de bébé. Les journaux de la veille avaient relancé la panique en parlant de nouveaux gaz, bien plus terribles que ceux qu’elle avait pu connaître lorsque, jeune infirmière, elle soignait les soldats sur le front de Somme. L’Herald de la veille avait publié un long sujet sur les « usines de la mort du Reich » où se préparaient, disait le reporter, des armes qui pouvaient décider du sort de la guerre.

Amelia Pritlowe baissa les yeux vers son propre étui barré d’une étiquette du ministère de la Sécurité intérieure. Elle savait que plusieurs fois au cours de son service de nuit, en fonction des alertes distillées par la sirène de Whitechapel Station, elle aurait elle aussi à enfiler son masque, à respirer l’odeur de désinfectant bien plus âcre que ceux qu’elle utilisait à longueur de journée, et à lisser les sangles au-dessus de ses oreilles.
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L'indifférence est la caractéristique saillante de tous les tueurs en série, qu'ils agissent en solitaire ou en bande, comme lors des génocides. C'est cette indifférence à l'autre qui doit dois retenir de les admirer.
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Douze visages d'horreur firent face aux hommes de la police et aux mandataires des fabriques. Douze visages mangés par l'acide, décomposés par le cancer, ravagés par la maladie du phosphore.

Les mâchoires de certaines apparaissaient à travers la chair nécrosée des joues, révélant l'émail jauni de dents putréfiées.

D'autres n'avaient plus de lèvres, et des gencives gonflées, boursouflées, rouges comme des sections fraîches de betterave, pointaient vers l'avant, à la manière de monstrueuses figures de proue. L'une d'entre elles, qui tenait le centre du rang, avait un œil exsangue, déplacé vers le milieu du visage, empiétant sur un nez absent et sur l'orbite voisine.

Sa lèvre relevée ne laissait pas, comme d'autres, deviner des dents pourries ou des chairs nécrosées. Elle n'avait plus rien dans la cavité buccale, juste une langue grise, comme celle des animaux que l'on vend aux étals du marché de Spitalfields, qui tournait dans sa bouche morte.

[Ouvrières ayant travaillé dans des fabriques d'allumettes : le phosphore, c'est pas bon !]
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J’aimerais tellement vous dire le fond des choses. Sans rien retenir, sans mentir. Dire comment tout s’est passé il y a onze ans. C’est simple, mais à la fois si compliqué. J’ai cet air de musique dans la tête et il me rend triste. Il me file le bourdon, plutôt. La déprime n’a jamais été trop mon truc, mais là, quand j’entends cette chanteuse… Est-ce que c’est Cat Power ? Possible aussi que ce soit cette fille bizarre de New York avec les cheveux emmêlés qu’on voit parfois sur YouTube. Il paraît qu’elle est devenue une vieille hippie avec des mèches longues et grises et qu’elle porte des vestes ’homme.
Nous dansons sous le ciel immobile
Nous nous sommes jurés de si belles choses
Oh jusqu’à ce que la mort nous sépare.
Ces paroles-là me fichent un de ces cafards. Un cafard du tonnerre de Dieu. Elles me projettent comme une poussière dans le passé. J’ai l’impression de suivre une spirale de vent tiède qui va me déposer dans un coin miteux où je ne serai plus jamais en sécurité. Onze années d’incarcération. Les questions. Les psys, les flics et les journalistes. Les juges et leurs sous-entendus. Mais surtout, les souvenirs. Les flics et les juges finissent tôt ou tard par rentrer chez eux et m’oublier. Mais les souvenirs ne m’oublient pas.
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Mourir, c’est laisser des regrets et des pleurs qui finiront par se tarir. Disparaître, hélas, c’est poser des questions auxquelles il n’y aura jamais de réponse.
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«  Malgré le fracas de la mitraille à moins de cent mètres à main droite, Jansen avait parfaitement perçu une sorte de râle humide. Cela avait duré une seconde ou deux,
Vasseur s’était rajusté et l’avait regardé dans les yeux, le défiant presque de son regard de dément .
Il fléchissait en même temps les genoux pour refermer ses boutons.

Était- ce raisonnable de faire équipe avec un type comme ça ? « 
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Ils ont prévu bien pire. Ils font de nous des traîtres en puissance. Si nous sommes revenus, s’ils nous ont relâchés, c’est que nous avons parlé. C’est que nous avons cédé. C’est que nous avons trahi. Nous avons donné des noms, des listes, des adresses. Le prix de notre liberté précaire, c’est celui de la trahison et de la dénonciation. 
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