Susan, physicienne forte d'un pouvoir singulier, Dina et Alessia, héritières de la mafia, Lina, empêtrée dans les affaires d'une famille Rom, Naomi, détective privée spécialisée dans la recherche d'enfants disparus : les visages de ce Cercle polar sont tous féminins et traités sur tous les tons, de la comédie noire au thriller angoissant.
"Le pouvoir de Susan" de Peter Høeg (Actes sud)
"Les mafieuses" de Pascale Dietrich (Liana Lévi)
"Le gamin des ordures" de Julie Ewa (Albin Michel)
"trouver l'enfant" de Rene Denfeld (Rivages/noir)
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Allez explorer la vie, profitez-en, plongez dedans et roulez-vous dedans à corps perdu, puis revenez heureux.
"Tu dis ça pour que je t'accepte dans mon lit ? lui demanda-t-elle d'une voix débordant d'émotion.
- Non. " D'un ton affectueux ." Je dis ça pour que tu m'acceptes dans ton coeur ." ( p 353)
Il est préférable pour un enfant de s’attacher à son tortionnaire que de vivre l’abysse sans fond de l’indifférence. Les enfants élevés dans des orphelinats, sans contact physique, deviennent de petits singes que le manque d’attention recroqueville sur eux-mêmes. S’ils ne disposent même pas d’un visage qu’il leur est donné de voir, ils courent le risque de devenir aveugles.
Il était plus périlleux de quémander une aide extérieure que d’agir seule. Une grande partie de ce qui l’avait marquée, dans son passé oublié, était le danger représenté par ceux qui montraient de la gentillesse. On ne peut jamais savoir qui n’est pas dangereux, lui disait sa raison, et cette conviction érigeait en elle un mur solide.
Elle voyait de tout petits oiseaux à gorge rouge dans la neige. Elle entendait le bruit sonore du battement d’ailes d’un grand-duc dans les arbres noirs. Au-dessus de sa tête, des rapaces décrivaient des cercles, se déplaçaient si lentement qu’ils semblaient faire partie du ciel. A plusieurs reprises elle avait vu des aigles à la gorge aussi blanche que la neige en contrebas.
La forêt était vivante.
Le soleil couchant changeait les arbres au faîte couvert de neige en apparitions nimbées d'or. La neige renvoyait sa luminosité vers le ciel où les nuages filaient tels des lambeaux de paradis.
Un homme n'est pas mort aussi longtemps qu'il n'est pas oublié.
J'ai lu quelque part qu'il y avait en effet en nous des choses trop petites pour être vues, des choses qui échappaient même parfois au microscope. Cela m'a donné à penser: s'il y a en nous des choses trop petites pour être vues, ne pourrait-il pas y avoir hors de nous de trop énormes pour être crues ?
De toute façon, le temps se mesure autrement qu'en comptant les jours. A l'extérieur, les gens pensent que ce sont les horloges qui donnent l'heure. Ils règlent leur réveil pour partir au travail et se lèvent quand l'affichage clignote à six heures du matin. Ils lèvent les yeux sur le mur du bureau qui leur indique que c'est l'heure de rentrer chez eux. La vérité, c'est que les horloges indiquent l'heure mais pas le temps. La mesure du temps, c'est le sens. (..) C'est le sens qui pousse les gens à se projeter dans l'avenir, c'est aussi lui qui les rattache au passé, et c'est ainsi qu'ils savent se placer dans l'univers.
Dehors, une neige printanière cinglait puis ronronnait. Les arbres levaient leurs bras pour la toucher. Le soleil était loin, très loin : une goutte de citron impuissante à bien réchauffer.