#mathématiques #chiffres #CulturePrime
Vous avez affaire à eux tous les jours, vous les manipulez depuis l'enfance, mais avouez, cette question vous turlupine : pourquoi les chiffres ont-ils la forme qu'ils ont ?
(On attend vos réponses en commentaire )
Sources principales d'information :
- Marc Moyon : "Apprendre les mathématiques au Moyen Âge : l'importance des traductions arabo-latines"
- Agathe Keller : "Comment on a écrit les nombres dans le sous-continent indien"
- Clarisse Herrenschmidt, "Les Trois Écritures, Langue, nombre, code" (Gallimard, 2007)
- Guy Beaujean : "Étude paléographique sur la « rotation » des chiffres et l'emploi des apices du Xe au XIIe siècle"
- Jérôme Peignot, "Du Chiffre" (Damase, 1982)
- Georges Ifrah, "Histoire universelle des chiffres" (Seghers, 1981)
- Denis Guedj, "L'Empire des nombres" (Découverte Gallimard, 1996), "Le Théorème du perroquet" (Seuil, 1998)
- et les ressources éclairantes de Jean-Michel Delire, Marc Smith, Océane Juvin, Matthieu Cortat, Rémi Forte, Thomas Huot-Marchand.
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Nous sommes les lettres et la vie qu'il nous faut vivre est faite, tissée de lettres. Cet échange entre les lettres et nous, entre nous et notre image dans le miroir des lettres, c'est la vie même, l'air, l'esprit sans lequel nous ne serions pas qui nous sommes... « Je pense donc je suis. » Je préférerais : j'écris ou je lis, donc je suis.
Page 195
Le moment apparaît toujours dans la vie d'un écrivain où, son génie aidant, l'envie lui prend de faire craquer sa langue. Toute littérature est une bataille sur les frontières de la langue, une lutte pour, avec des mots, tenter de les dépasser, ou, si l'on veut, faire entrer dans sa langue ce qui se refuse à y pénétrer. Le langage ne convient pas pour la pensée sauf dans certains cas exceptionnels, voire miraculeux : lorsque l'on a affaire à un véritable écrivain.
Page 11
En matière typographique, le passé peut être, doit être, une source inépuisable de renouvellement. A elle seule, la typographie grouille de formes. En elle se trouvent déjà tous les germes de ses mues.
Peu sûr de l’œil du lecteur français, encore moins de son esprit, le littérateur Alcanter de Brahm (1868-1942), conservateur du musée Carnavalet, suggéra aux typographes l'introduction d'un nouveau signe de ponctuation : le point d'ironie. Comme son nom l'indique assez, ce point eût été destiné à signaler aux lecteurs épais des passages écrits sans sérieux par leur auteur. Bien qu'il eût pu servir, par exemple aux acteurs d'une pièce de théâtre étudiant leur rôle et se trouvant en présence d'une réplique ironique du fait d'une situation, l'initiative de M. Alcanter de Brahm ne rencontra pas l'audience du public. On renonça.
Note de bas de page (114)

(à propos de Matisse, pages 356-357)
Mais Matisse est également un peintre qui écrit.
À Aragon : «Je sais maintenant ce que c'est
qu'un J et un A, C'est difficile un A... Eh
bien... Vous allez voir... » Aragon commente :
« Il passait ses nuits à faire des lettres. Il ne dort
pas. Il s'invente ce luxe terrible, à soixante-
seize ans, étudier, apprendre. Une feuille sèche,
une lettre... » Matisse, le chantre de la courbe,
aurait eu quelque difficulté à tracer une hampe
ou une jambe de caractère; sans doute répugnait-il
à se plier à l'usage. Cela n'est en effet pas contra-
dictoire : comment, lui qui se donnait pour tâche
d'inventer des signes (« L'importance d'un artiste
se mesure à la quantité de nouveaux signes qu'il
aura introduits dans le langage plastique », propos
rapporté, encore une fois, par Aragon), asservirait-
il son geste à des formes mortes, apprises, fonc-
tionnelles ? Matisse ne « sait » pas écrire, aussi
lui faut-il inventer l'écriture, calligraphier de
nombreuses pages, aligner des mots et des lettres
pour en révéler la signification visuellement.
Christian Arthaud,
dans Matisse l'art du livre,
éd. Cahiers Henri Matisse,
musée Matisse, Nice.
Je ne dissocie pas ce que j’écris de cet engagement et, finalement, comme Laure, d’une certaine façon, je trouve que la plus belle écriture qui vaille, c’est celle de la vie. Comment on met un pied devant l’autre : voilà la véritable écriture !
C'est Guillaume Apollinaire qui a forgé le mot " calligraphie" et l'a lancé en appelant ainsi son recueil de poèmes, écrit entre 1913 et 1917 et publié en 1918. Dans " l'esprit nouveau et les poètes ", une conférence prononcée au Vieux-Colombier le 26 novembre 1917, il a donné cette définition à ses calligrammes: " Les artifices typographiques poussés très loin avec une grande audace ont l'avantage de faire naître un lyrisme visuel qui presque inconnu avant notre époque. Ces artifices peuvent aller très loin encore et consommer la synthèse des arts dela musique, de la peinture et de la littérature " .
D'aucuns s'insurgeront. Point n'était besoin de faire des poèmes visuels puisque, quel qu'il soit, un texte est déjà une image. C'est vrai, il en est même une deux fois: une première, typographiquement parlant, et une seconde par l'entremise de l'image mentale qu'il suscite. Mieux : on peut très logiquement soutenir que l'image du poème visuel, dans la mesure où elle limite celle que le texte suggère, le trahit.
Les fondeurs vendent des caractères d'imprimerie sous forme de police, les écrivains dans un autre ordre.
Un jour, Jean-Jacques Brochier (...) fait un numéro spécial sur Bataille me disant : « Pourquoi ne ferais-tu pas un encart sur Laure ? » Ce à quoi j’ai répondu : « Le jour où tu feras un numéro spécial sur Laure, c’est volontiers que je ferai un encart sur Bataille ! »
C’était placer Laure dans l’ombre de Bataille. Or, Bataille dit à plusieurs reprises dans ses écrits, en particulier dans Le Coupable, que certains concepts qu’il cherchait à définir et qu’il n’était pas arrivé à formuler, il les a trouvés dans les écrits de Laure, qui, pour lui, a été une véritable égérie