(à propos de Matisse, pages 356-357)
Mais Matisse est également un peintre qui écrit.
À Aragon : «Je sais maintenant ce que c'est
qu'un J et un A, C'est difficile un A... Eh
bien... Vous allez voir... » Aragon commente :
« Il passait ses nuits à faire des lettres. Il ne dort
pas. Il s'invente ce luxe terrible, à soixante-
seize ans, étudier, apprendre. Une feuille sèche,
une lettre... » Matisse, le chantre de la courbe,
aurait eu quelque difficulté à tracer une hampe
ou une jambe de caractère; sans doute répugnait-il
à se plier à l'usage. Cela n'est en effet pas contra-
dictoire : comment, lui qui se donnait pour tâche
d'inventer des signes (« L'importance d'un artiste
se mesure à la quantité de nouveaux signes qu'il
aura introduits dans le langage plastique », propos
rapporté, encore une fois, par Aragon), asservirait-
il son geste à des formes mortes, apprises, fonc-
tionnelles ? Matisse ne « sait » pas écrire, aussi
lui faut-il inventer l'écriture, calligraphier de
nombreuses pages, aligner des mots et des lettres
pour en révéler la signification visuellement.
Christian Arthaud,
dans Matisse l'art du livre,
éd. Cahiers Henri Matisse,
musée Matisse, Nice.
D'aucuns s'insurgeront. Point n'était besoin de faire des poèmes visuels puisque, quel qu'il soit, un texte est déjà une image. C'est vrai, il en est même une deux fois: une première, typographiquement parlant, et une seconde par l'entremise de l'image mentale qu'il suscite. Mieux : on peut très logiquement soutenir que l'image du poème visuel, dans la mesure où elle limite celle que le texte suggère, le trahit.
Les fondeurs vendent des caractères d'imprimerie sous forme de police, les écrivains dans un autre ordre.
#mathématiques #chiffres #CulturePrime
Vous avez affaire à eux tous les jours, vous les manipulez depuis l'enfance, mais avouez, cette question vous turlupine : pourquoi les chiffres ont-ils la forme qu'ils ont ?
(On attend vos réponses en commentaire )
Sources principales d'information :
- Marc Moyon : "Apprendre les mathématiques au Moyen Âge : l'importance des traductions arabo-latines"
- Agathe Keller : "Comment on a écrit les nombres dans le sous-continent indien"
- Clarisse Herrenschmidt, "Les Trois Écritures, Langue, nombre, code" (Gallimard, 2007)
- Guy Beaujean : "Étude paléographique sur la « rotation » des chiffres et l'emploi des apices du Xe au XIIe siècle"
- Jérôme Peignot, "Du Chiffre" (Damase, 1982)
- Georges Ifrah, "Histoire universelle des chiffres" (Seghers, 1981)
- Denis Guedj, "L'Empire des nombres" (Découverte Gallimard, 1996), "Le Théorème du perroquet" (Seuil, 1998)
- et les ressources éclairantes de Jean-Michel Delire, Marc Smith, Océane Juvin, Matthieu Cortat, Rémi Forte, Thomas Huot-Marchand.
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