Jessica Hart

Il n'y a pas de formule magique pour créer l'homme parfait, à moins que vous ne soyez disposée à vous contenter d'un homme qui ne joue pas la comédie, qui ne se fait pas passer pour ce qu'il n'est pas, qui est heureux d'être lui-même, tout simplement.

« Parfois, on voudrait pouvoir revenir en arrière et s’y prendre autrement… On est placé face à des choix infimes dont dépendra le reste de notre vie »

Or la plus insignifiante des décisions est lourde de conséquences. On l'oublie trop souvent.

En tant qu'adulte, tout ce qu'on peut faire, c'est armer nos enfants afin qu'ils prennent leurs propres décisions.

Gardiens des tours de l'ouest , je vous invoque.
Protégez du mal votre servante, Grace. Guidez ses pas dans la nuit hostile.
Veillez sur elle. Qu'il en soit ainsi.

J'ai longtemps cru que le temps se déroulait en ligne droite, un évènement succédant à un autre, en ordre de marche. Il n'en est rien. Le temps n'obéit à aucune règle. Il arrive qu'il fasse une boucle avant de repartir, voire qu'il revienne sur ses pas ou qu'il tisse ensemble le présent et l'avenir jusqu'à former un sac de nœuds inextricable, un méli-mélo de bifurcations, de coïncidences et de conséquences.

Il faut pourtant que je sois sage, comme une fille ordinaire. Ne pas trop réfléchir, ne pas trop rêver.

Les murs étaient tapissés de livres du sol au plafond.

- Je n'ai jamais saisi l'intérêt de se pencher sur le passé. Après tout, on ne peut plus rien y changer.
- C'est vrai, mais on peut tâcher de l'expliquer. Comment comprendre le présent sans savoir ce qui l'a produit ?
- Je ne suis pas certaine de vouloir le comprendre. Ce que je veux, c'est le vivre.

Ne plus jamais pouvoir le serrer contre moi... c'est comme si une main géante me fouillait et me dilacérait, jusqu'à me tordre de douleur. Parfois le craquement continu de mon cœur en ruine me fait tressaillir, lorsque j'y porte la main.

- [...]. Quelle est la valeur d'un bout de papier qui ne prouve que votre aptitude à réciter une liste de faits?
- Eh bien, il permet de gagner plus facilement sa vie, par exemple.
- Ah, l'argent ! L'argent ne sert qu'à acheter des biens matériels. Je préfère posséder la sagesse.

J'ai promis de lui faire la lecture à mon retour. Comment pouvais-je savoir que je la voyais pour la dernière fois, [...] ?

Je ne reconnais plus ma pâle et faible sœur. Le fiel qu'elle a si longtemps contenu l'envahit tout entière, il la révèle, la grandit, l'enhardit. Elle se déploie tel un étendard claquant au vent. La haine décuple ses forces. Sa démence l'a transformée.

Quelque chose en elle paraît vicié. Je la croyais souffreteuse, le mal est en réalité plus profond. Que n'ai-je su le voir avant ?

[...] de sorte qu'en reprenant pied dans le présent, j'avais toujours cette sensation de choc. Un peu comme dans un train immobile, lorsqu'on est doublé par un rapide, si vite que l'on croit avancer soi-même, mais sitôt passé le dernier wagon, c'est l'arrêt brutal, comme si l'on venait de percuter un mur à pleine vitesse. Une impression de chute brusque, bien plus que de glissement, qui me laissait haletante et le coeur emballé.

La maternité fait de moi l'une des leurs. Je cesse d'être différente. Tout comme elles, j'ai souffert les douleurs de l'enfantement et je nourris mon bébé au sein. Comme si je venais de réussir un examen tacite qui m'autorise à changer de monde. Je laisse derrière moi ma vie d'avant.

Ces mots me font l'effet d'une gifle. Ai-je bien entendu ? Oui, hélas. Ses lèvres écarlates sourient dans sa barbe, ses mains sont chaudes et moites. J'ai envie de vomir. Et de m'enfuir. Son regard n'est pas normal, il me noue l'estomac et me hérisse la nuque.
- Comment osez-vous, dans la maison de mon mari? Dis-je avec offense. Vous êtes abject.
Mais il sourit de plus belle, jouissant de ma peur et de mon écoeurement.

Désormais, c'est la haine qui m'habite, profondément ancrée en moi, et pour longtemps. Assez pleuré et tremble. Ma colère est froide, sombre et fixe, comme la rivière Foss lorsqu'elle gèle.

C'est ce qu'il a dans le crâne qu'il faudrait changer, dit-elle en pointant son chaperon. Il y en a dont la cervelle n'est pas rangée comme la nôtre, et c'est son cas.

Dire que j'ai couru vers cet homme... À quel point nos désirs altèrent l'entendement !