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Critiques de Jim Harrison (1059)
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De Marquette à Veracruz

Marquette, Michigan. David Burkett, le fils d'une riche famille descendant d'exploitants forestiers se rebelle contre son héritage en s'opposant à son père, un alcoolique vicieux. A partir de 16 ans et jusque dans sa quarantaine, il entreprend de rédiger l'histoire de sa famille et son influence sur la déforestation de la péninsule Nord, sans toutefois être capable de vivre avec une femme en dépit de toutes celles qui traversent sa vie et dont il pense tomber amoureux.



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De Marquette à Veracruz

Un livre dont on ne sort pas indemne.
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De Marquette à Veracruz

Une famille compliquée: une mère aux multiples problèmes psychologiques, un père alcoolique spécialisé dans le viol de mineures. Un passé familial lourd à porter, des ancêtres qui ont déforesté la moitié de l’état. Mais aussi: la nature, les femmes, l'écriture, la compagnie d'un chien, une cabane dans les bois, des amis, des voyages. Et un héros auquel on s'attache.
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De Marquette à Veracruz

Noir, c’est noir dans la famille Burkett ! Bien que lu en anglais, ce livre m’a accroché jusqu’au bout une fois dépassée l’irritation que toutes les filles qu’il rencontre lui tombe dans les bras, et qu’il n’a pas besoin de travailler pour vivre.

Mais cette fuite dans le canoing pour échapper à sa famille et cette quête impossible de la rédemption me parlent et m’ont fait suivre avec empathie les errances de David dans les grands espaces américains. Le style particulier d’écritures, vif et très décousu participe au plaisir de lecture.
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De Marquette à Veracruz

Aussi grand que Dalva.
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De Marquette à Veracruz

Une fois refermé Retour en terre, j'ai immédiatement voulu relire De Marquette à Veracruz.

J'ai un petit peu moins accroché à cette lecture, qui a plus trainé en longueur.

Je n'arrive pas trop à définir pourquoi, peut-être le personnage central de Retour en terre, Donald est-il plus solaire que celui de son beau-frère....

Ou peut-être que Retour en terre, par son sujet et sa nature ce conclusion à l'histoire de cette famille, me rend davantage aux tripes.

Toujours est-il que l'écriture de Jim Harrison est toujours aussi puissante et que certains passages, phrases ou paragraphes sont extrêmement forts....
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De Marquette à Veracruz

Je découvre Harrisson de Marquette à Veracruz et j'en reste bouche bée. Pas moyen de lâcher ce roman lu quasiment d'une seule traite.

Oui, David Burkett semble se complaire dans son mal être et oui tout cela lui confère une force d'attraction terrible. Toutes ses questions sont un peu les nôtres, une quête d'identité qui nous fait avancer...parfois très lentement, parfois très brutalement mais toujours à grand prix.

Ces paysages du Nord des Etats-Unis, que je ne connais pas, si finement décrits, si amputés soient-ils au regard de la démonstration scientifique de David, doivent, comme Vernice le conseille, être vus pour ce qu'ils sont: beaux

Enfin le rôle des femmes dans ce roman affleure, au-delà du sombre héritage familial, au-delà de la relation père-fils...Force, lucidité, clairvoyance...quel rempart, quelle protection et quelles leçons elles donnent, chacune à leur niveau, chacune avec leur sensibilité. Comme des guides, elles nous aident, comme elles aident David, à avancer
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De Marquette à Veracruz

J'ai lu ce livre de Jim Harrison avec une impression constamment changeante. J'ai souvent eu le goût de le jeter au bout de mes bras, tant les tourmentes de son narrateur ne me rejoignaient pas, et tant elles me paraissaient interminables et vaines. Pourtant, chaque fois que je pensais à arrêter cette lecture, quelque chose que je n'arrive pas à identifier me poussait à continuer.

Il ne s'agit absoluement pas d'un roman d'action. Ceux qui recherchent de l'action s'ennuyeront à mourir en lisant de «Marquette à Veracruz». C'est plutôt une sorte de quête d'identité, une tentative de pardon qui n'aboutira jamais vraiment.

Je ne saurais expliquer ce qui m'a poussé à lire ce livre jusqu'au bout de ses interminables 485 pages. Peut-être est-ce l'écriture de Jim Harrison qui, je l'admets, est magnifique. Le genre d'écriture qu'on se plaît à lire tout haut. Ou peut-être est-ce les lieux. Le narrateur est très près de la nature, et ses aventures dans les forêts du Michigan m'attiraient inévitablement, puisque j'adore la nature et la forêt.

En bout de ligne, je ne sais absolument pas quoi en dire. Ai-je aimé ou pas ? J'ai adoré et j'ai détesté. Toujours est-il que je lui attribue trois étoiles sur Babelio. Ces trois étoiles expriment tout à fait les sentiments controversés que j'ai eus à l'égard de ce livre.


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De Marquette à Veracruz

De Marquette à Veracruz serait peut-être bien le pendant masculin à dalva. Mais en moins fin. Non ? En plus grossier, plus laborieux, un soucis d'efficacité qui poindrait. Je ne sais pas. Dalva figure LA femme, mais David Burkett n'est en aucun cas l'homme. Il est cet être compliqué, coincé dans une hérédité glaçée qui reproduit depuis quatre génération la même identité au premier mâle de la famille. Le roman tente de déméler l'héritage, la transmission, les maux familiaux mais qui irait pleurer sur le sort d'un homme qui n'aurait passé sa vie qu'à se torcher le cul dans de la soie ? David Burkett est une énigme.

Autant Dalva, dont la situation financière ressemblait à s'y méprendre à celle de Burkett dégageait à chaque mot une empathie propre à mouiller à tout moment nos yeux de lecteur, autant nous restons spectateur de la déconfigure de David Burkett. De Marquette à Veracruz agit comme un miroir inversé à Dalva. On l'aime elle autant qu'on pourrait le détester lui. Curieux. ou alors ai-je un regard masculin sur cette histoire et des yeux de femme m'auraient garanti une plus grande acuité.

N'en demeure que le roman dérange dans sa réussite, car on le lit sans mal, y retrouvant même des moments d'une grace infinie souvent par ses magnifiques portraits de femmes déployés : Vernice, Vera, Riva, Cynthia, moins Polly et Laurie, mais tout de même, quel talent chez Harrison à mettre en avant toute la beauté de ces femmes. Ses femmes.

De Marquette à Veracruz emporte loin dans l'étude de l'hérédité, de la transmission et l'acceptation des fautes passées, de leur pregnance au présent, parasitant l'existence comme une tique qui continuerait éternellement à vous pomper le sang, vous la voyez grossir mais jamais vous n'oseriez l'arracher à votre peau de peur de mettre à nue sa cicatrice purulente.

Jim Harrison ou le grand écrivain du stigmate. Et comme il y a forcément une cicatrice dans l'acte d'enfanter, il est surtout cet écrivain qui parle des femmes.
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De Marquette à Veracruz

Très grand roman d'apprentissage, ambitieux, qui retrace le destin du jeune David Burkett, en souffrance, sous le poids d'un "héritage familial" empoisonné.

Depuis trois générations la famille Burkett joue un rôle primordial dans l'exploitation forestière du Michigan (la déforestation...). David, dans une tentation de se déculpabiliser, se lance dans des recherches pour aboutir à l'écriture d'un livre sur ce fléau (et notamment sur les responsabilité de sa famille dans celui ci).

Une histoire de viol se rajoute à cette haine féroce de David pour son père.

Entre haine, souffrance, mal être profond et relations tumultueuses avec les femmes, David vit tant bien que mal et va finir par affronter son père et le passé familial.
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De Marquette à Veracruz

David Burckett est le riche hétitier d'une famille ayant fait fortune dans le bois. Mais chez David, le renoncement à cette famille monstrueuse s''imposera rapidement. Car le père pédophile violent et arrogant réussit à passer à travers les mailles de la justice grâce à son fric.David va se construire autour de trois femmes dont l'une violée par son géniteur.

A quoi reconnais t'on un grand auteur ? en lisant ce roman et en règle général les livres d'Harisson vous aurez une réponse assez évidente.

Formidable roman d'apprentissage, celui d'un homme qui découvre la trahison la plus terrible celle du sang, décide de rassembler les preuves de l'infamie. Un style poétique, sensible, mélancolique sans oublier un humour bienvenu,"De Marquette à Veracruz est un roman qui vous poursuivra longtemps car et ce n'est pas là la moindre de ces qualités, Harrison est un extraordinaire conteur, capable de faire naitre des émotions à tout moment. Un livre en tout point insdispensable . Je sais maintenant pourquoi Monsieur Harrison est surnommé affectueusement "Big Jim".
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De Marquette à Veracruz

Pour moi Jim Harrison est un auteur culte ! Dans DE MARQUETTE À VERACRUZ comme dans la plupart de ces livres, on retrouve ici les thèmes de prédilections de l'écrivain américain : La nature sauvage, les obsessions masculines (sexe, bière et bouffe) et de longs monologues sur le sens de la vie.



"... plutôt que d'une agonie il s'agissait d'un retrait progressif; sous le draps son corps restait immobile, mais il régnait une aura de départ qui, malgré la chaleur de la pièce, m'a soudain donné une impression de froid. Au lieu d'appuyer sur le bouton pour appeler une infirmière, j'ai écouté un aspect du vide que je n'avais pas encore entendu, comme si sa disparition avait interrompu tous les autres bruits. Je suis certain que cette sensation n'a pas duré plus que quelques instants, mais le temps venait de s'effondrer sur lui-même. Quand tout a été terminé, il ne me restait rien sur quoi tirer la moindre conclusion. Mon incompréhension était absolue. Laurie avait été présente ici, puis elle avait disparu, et j'avais beau comprendre l'évidence biologique de la mort, le tout outrepassait monstrueusement la somme muette de ses parties...."



C'est pour des passages comme celui-ci que je vénère Jim Harrison qui, deux pages plus loin peut parler d'une partie de pêche, d'une soûlerie, de la magnificence de l'automne au bord d'un lac ou du cul de sa voisine.

Jim Harrison est profondément humain dans ses questionnements aussi bien que dans la description des plaisirs de ce bas monde et ses livres procurent de grands moments de lecture.

Celui-ci ne déroge pas à la règle et je vous le conseille sans réserve. C'est un bon gros roman plein de digressions, de parenthèses et de retours en arrière mais absolument accessible. La magie de l'écriture d'Harrison donne une clarté totale à une complexité apparente.

Achetez-le !
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De Marquette à Veracruz

Nombre de critiques élogieuses parues sur Babelio au sujet de cet ouvrage m' ont amené à renouer avec cet auteur que je lisais beaucoup il y a une quinzaine d' années. Paru en 2004, sous le titre original- et plus sobre - de True North, ce roman relate une tragique saga familiale dont le héros est un jeune homme épris de nature sauvage et se définissant lui- même comme un" péquenaud ".Naïf , tourmenté, il est en quête de redemption pour les méfaits commis par sa famille.On retrouve dans ce récit les principaux thèmes récurrents de cet auteur: l' amour des grands espaces et de la nature- dont la beauté et l' équilibre sont menacés par la cupidité des hommes-, la vénération du sexe dit faible, l' humour, la haine , la trahison, la vengeance...La tonalité d' ensemble demeure sombre et on ne sort pas indemne de cette épopée, en particulier à cause de sa conclusion d' une violence impitoyable et dévoilée en partie dès les premières pages.
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De Marquette à Veracruz

Jim Harrison est un incroyable raconteur d'histoires.



Dès le début, on connaît la fin. Ça commence par une seule et terrible page où un père mutilé des deux mains est jeté à l'eau par son fils...



Puis ça continue, plus posément, 450 pages durant, dans un style bien différent, par un récit revenant 30 ans en arrière, où l'on découvre ce même fils, enfant riche de la région des Grands lacs, découvrant la saga de sa terrible famille.

Ainsi le lecteur est emmené dans un récit au long cours - entrecoupé de très nombreuses digressions comme il se doit chez Harrison- celui d'une famille puissante et riche grâce à l'exploitation de la forêt de la Péninsule Nord.



C'est l'histoire de David Burkett, bien né, mais malheureux et honteux de sa famille.



De ses ancêtres avides de terres, de son enfance, de ses premiers émois charnels, de ses amis de pêche, de l'ours ou de la citelle, vous saurez tout avant et après le drame principal, qui détermine la rupture entre le père et le fils alors adolescent. Le viol de sa copine par son père (révélé dès le début).



Puis viennent sa déprime, son errance dans la région des Grands Lacs et de ses relations tumultueuses avec les femmes, malgré son père, malgré ses ancêtres.



Je n'ai pas saisi qui étaient tous les personnages issus des digressions dont Harrison est friand mais j'ai savouré les moments charnels , et il y en a beaucoup, avec les désillusions du lendemain qui s'ensuivent.











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De Marquette à Veracruz

C'est obsédant, mais il me faut bien renoncer à retrouver le nom et la date de cette oeuvre de Joseph Beuys ! L'oeuvre en question c'est une sculpture (?) qui représente une momie, mais pas une momie sereine et rigide comme celles des égyptiens. Non, c'est un corps tordu dont on distingue les deux pieds chaussés d'une sorte de rangers. Un des bras semble être amputé au niveau du poignet. De la tête aux pieds, le corps est recouvert de bandelettes, genre bande velpo, comme lorsque l'on fait une "poupée" sur un doigt entaillé, pansement maladroit et plein de noeuds. L'être qui est là, sous nos yeux ,tordu de douleur, ou qui esaie de s'échapper, de se défaire de ces bandages est aveuglé par les bandes, sourd parce que les bandes recouvre ses oreilles, pas une parcelle de peau à l'air libre. Et, paradoxalement on le sent protégé, protégé du monde qui pourrait le blesser, protéger de lui même. Et si Jim Harrison avait vu cette oeuvre ? Et si ce livre en était la transcription romancée ?

Le roman démarre fort, par la fin, par le meurtre du père par le fils, même si dans ce parricide, il y a, peut être de la commissération.

Puis, toute la suite, c'est l'histoire de ce fils depuis son enfance à son âge mûr, rejetant écoeuré, écoeuré comme un qui voudrait arracher de son corps ce coeur, ce sang de filiation qu'il exécre. Et il s'enferme dans une recherche de faits historiques, recherche longue et stérile, qui l'empêche de vivre. Et pourtant, il est entouré d'êtres merveilleux, de rencontres chaleureuses. Mais qu'est ce que c'est que ce bigot, ce nanti qui n'exerce les travaux les plus durs que comme un dérivatif exhutoire ! Et son père l'exploite, le pille ce naïf !

Encore un grand Jim Harrison avec la splendeur de son écriture, qui touche, fait mouche. De la pêche au lancer, efficace et élégnate.Juste effleuré et juste péché le lecteur !

Ah, mais qu'est ce qu'il m'agace ce geignard de David Burkett, lui qui a reçu sur un plateau les supers paysages d'une contrée encore plus belle que dans nos rêves, qui a été initié à la pêche, aux longues randonnées dans de belles fôrets par des jardiniers si généreux, initié à l'amour (le sexuel, certes, l'amoureux certes, mais aussi le fraternel et l'amitieux) par des femmes si femmes et si passionnées ! Veinard ! Et couillon !

Un beau roman.

Mais pas certaine que celui-ci détrone dans mon panthéon de province "Légends of the fall".
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De Marquette à Veracruz

Un prologue déconcertant, glacial, atroce... et une fin qui revient sur ce prologue



Entre les deux, un roman. Une histoire divisée en trois chapitres. La saga d'une famille qui a fait fortune, une famille du Middle West, de la région des grands lacs.

3 chapitres, 3 époques différentes : les années 60, les années 70 et les années 80.

L'auteur fait parler la dernière génération, celle née dans les années 50. Un frère et une soeur, David et Cynthia. Tous deux sont des "rebelles", produits de la génération contestataire et baba-cool. Ils ont des comptes à régler avec leurs "ancêtres" et plus particulièrement avec leur père, alcoolique, pervers, autoritaire, cynique, bref abject. Un homme qui a toujours eu une bite à la place du cerveau, attiré par les jeunes adolescentes.

Un livre sur la haine et le pardon, sur les limites du pardon. Quel pardon peut-on accorder à un homme dont le comportement a toujours été méprisable? Comment cet homme peut-il croire qu'il sera pardonné par ceux qu'il a abusé?

Un livre sur la vanité des puissants, sur ceux qui s'estiment au-dessus des lois parce qu'ils peuvent acheter et corrompre n'importe qui, parce qu'ils nagent dans le pognon et dans le luxe, totalement déconnectés des réalités et des souffrances des "petits".

L'écriture est belle, poétique, philosophique, parfois très crue.

Le procédé littéraire est intéressant. A chaque période qu'il nous décrit, l'auteur part d'un instant T puis il effectue des allers-retours dans cettte même période et, petit à petit, les pièces du puzzle s'assemblent et se complètent pour donner une forme intelligible.

Le dernier chapitre a une teneur plus philosophique : beaucoup de questions, beaucoup de digressions qui prennent souvent le dessus sur l'histoire elle-même.

Jim Harrison, 80 ans au compteur, visage buriné par le temps et les excès, vit dans les grands espaces du Montana, source d'inspiration de ses romans. Le personnage est entier, chaleureux, bon vivant, aimant tous les plaisirs de la vie. un homme proche de la nature, des grands espaces, des forêtes et des lacs.
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De Marquette à Veracruz

On retrouve dans ce livre tous les thèmes chers à l'auteur : l'écologie, la défense des minorités, l'amour de la nature , de la pêche et des animaux.



Le début , repris à la fin, est assez effarant de violence contenue et de cruauté : la mort symbolique et /ou réelle du père.



Ce père honni, qui viole, vole, détruit toute unité familiale.Un père dont, pourtant, le narrateur , David Burkett ,n'arrive pas à se libérer pleinement. Même s'il a décidé d'écrire un livre dénonçant les méfaits de sa famille, prédatrice et mercantile, qui n'a pas hésité à provoquer un désastre écologique en faisant abattre à outrance des arbres et en volant aux indiens leurs territoires. Sa lâcheté, son apitoiement sur lui-même sont assez agaçants mais son désir de vérité et de justice le rendent attachant.



En fait, ce sont les personnages féminins qui sont plus intéressants dans cette histoire.Que ce soit la soeur de David , rebelle, et qui parvient, elle, à se libérer de l'emprise paternelle ou les jeunes femmes qui vont croiser le chemin du narrateur, comme Vernice, poétesse libérée, elles ont toutes une force, un éclat singuliers.



C'est essentiellement un roman d'apprentissage, on découvre David adolescent dans les années soixante et son évolution vers l'âge adulte. Un David qui se cherche et tente,retiré dans un chalet, entre tourments et espoir ,de se réapproprier son identité, d'enfin vivre loin des névroses maternelles et des souffrances provoquées par par son père. En cela, c'est un livre fort, touchant.



Et il y a cette beauté simple et consolatrice des magnifiques paysages du Michigan. Le lien tendre et fusionnel que David a noué avec sa chienne Carla m'a beaucoup plu aussi.



De Marquette à Veracruz, un parcours initiatique flamboyant et mortifère. ...



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De Marquette à Veracruz

Un beau roman d'initiation il était une fois un petit garçon rêveur a décidé de se lancer à la conquête du monde. Comment se passe le passage à l'âge adultequand on vit dans le Michigan au beau milieu de la nature ? David Burkett, fils d'une famille de notables locaux, sera confronté à une multitude d'examens de passage.

Un jour il décide de se consacrer aux recherches sur les activités industrielles de sa famille qui on laissé une empreinte indélébile en défigurant le paysage, en abattant des millions d'arbres, en faisant souffrir les gens payés une misère pour travailler jusqu'à l'épuisement. L'alcoolisme et les multiples agressions sexuelles perpétrées par le père à l'encontre de très jeunes filles complètent le tableau.

David est obsédé par ce mal fait par le passé et qu'on risque de refaire si on n'y prend pas garde. Ce mal dévore son existence, comme le lui fait remarquer Vernice, une amie. Avec Vernice et quelques autres il réfléchit à leurs destins d'Américains en s'écartant des autoroutes et en renonçant à la télé.

Fuir pour vivre en pleine nature dans un chalet de chasseur pour oublier ce sentiment de culpabilité et mieux comprendre le monde, tout en travaillant à son œuvre monumentale… Après vingt ans d'écriture et de recherche, il ne faudrait en retenir que 13 pages, selon Vernice. Ce pays étrange où l'attitude de l'homme européen face aux autochtones n'était pas sans rappeler ce que Hitler a fait aux Juifs en Allemagne, tout comme l'histoire de David n'est pas sans rappeler l'histoire d'Amérique.

Pas un seul instant d'ennui...
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De Marquette à Veracruz

Comment l'histoire familiale, surtout lorsqu'elle est peu reluisante, peut-elle empêcher ses descendants de vivre sans culpabilité?

David s'évertue à mettre sur papier tout ce dont ses ancêtres sont coupables, par cupidité, avidité, insensibilité. Né dans une famille riche du nord Michigan, il a de quoi vivre toute sa vie sans travailler; Mais cet argent vient d'Indiens chassés de leurs terres, d'animaux tués en masse et d'une nature sacrifiée à l'industrie.

Autre objet d'une honte plus grande encore: la lubricité du père pour les très jeunes filles et dont la notoriété lui a évité, jusqu'ici, tout souci juridique.

Quand son père s'en prend à sa soeur, puis à la fille dont il est amoureux et qui est aussi la fille de l'employé du père, Vera, la famille toute entière se désagrège pour toujours et David partira pour un long chemin de croix.



Bien sûr, comme c'est Jim Harrison, les paysages des Grands Lacs et du Michigan sont grandioses et donnent vraiment envie de s'isoler comme David dans un chalet en pleine nature où même les ours et les serpents ne font pas si peur. C'est dans ce milieu hostile, quand même, que David choisit de faire sa vie d'adulte, en refus au luxe qu'aime son père. Mais peut-on vivre éternellement dans ce réflexe constant d'opposition?

Face aux dégâts irréversibles provoqués par le père, chacun va devoir se débrouiller avec ce qu'il a perdu; c'est un roman captivant sur la nature humaine, les tragédies familiales, la résiliation, le tout posé dans une Amérique qui a le poids d'un passé colonisateur et destructeur à accepter et dépasser car finalement, à travers le père, ce sont tous les colons du Vieux Monde qui sont accusés.
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De Marquette à Veracruz

Big Jim s'en est allé, et avec lui un monument de la littérature, un gros morceau d'humanité, un auteur découvert durant ma jeunesse et qui m'a ouvert à la littérature américaine, particulièrement au nature writing. Alors en une sorte d'hommage (aussi concon que sincère) j'ai lu de Marquette à Veracruz, qui m'attendait depuis un moment, en repensant à Nord Michigan, Légendes d'automne, La Femme aux lucioles, Un bon jour pour mourir (aaaah, Un bon jour pour mourir…), ou encore Théorie et pratique des rivières, et à tous ces moments puissants qu'ils m'ont procuré.



Jim Harrison, c'est la littérature avec un grand L. Celle qui met à jour les obsessions personnelles de l'écrivain tout en parvenant à les rendre universelles, celle qui parle de l'auteur sans cesser de penser aux lecteur, celle qui vous brasse et vous remue, vous émerveille et vous secoue, celle qui touche l'humain au plus profond, celle qui est à la fois une écriture de quête et de découverte, et une aventure de lecture. Bref, celle qui vibre et qui vit. Ses obsessions à lui c'est la nature (le wilderness, intraduisible en français, comprenant à la fois l'idée de sauvagerie et d'immensité de la nature originelle), le rapport que l'homme entretient avec elle ; les femmes, le sexe, l'alcool, la pêche à la truite, la mémoire, l'identité. le tout baignant dans une mélancolie subtile.



"Lors de notre arrivée en Amérique, nous découvrions sans cesse des choses, par exemple les sources du Mississippi, que les Autochtones connaissaient déjà depuis belle lurette ; et puis, notre attitude envers ces Autochtones n'était pas sans ressembler à celle d'un Hitler envers les Juifs. Par ailleurs, l'histoire de ma propre famille n'était pas, elle aussi, sans ressembler à celle des Etats Unis. Nous faisions partie des premiers conquérants d'une région et, une fois accomplie notre éradication massive des principales richesses de cette région, nous avons ensuite métamorphosé cette destruction en mythe."

Le livre s'ouvre sur la mort assez spectaculaire du père du narrateur, homme dont tout le comté de Marquette parlait avec effroi, un homme d'affaires alcoolique et pervers que sa fortune a sauvé de nombreuses poursuites judiciaires pour agressions sexuelles sur mineures, et dont la fortune s'est bâtie sur la destruction de millions d'hectares de forêt du Michigan ; le mâle alpha blanc prédateur type. Dans son récit David Burkett raconte comment il a cherché à se détacher de cette histoire familiale remontant à son grand père, lignée faite de destructions et de prédations, en essayant d'en écrire l'histoire, et notamment de se défaire de cette figure paternelle quasi monstrueuse. Il passe des souvenirs de ses 16 ans, qui marquent la rupture, sa prise de conscience et sa décision de se démarquer de cette famille ignominieuse, aux étapes significatives de sa vie adulte, jalonnées des portraits incroyablement vivants des femmes de sa vie, naviguant d'une époque à l'autre en suivant l'écho tout sauf linéaire de ses souvenirs. Ce personnage en marge, retiré dans son chalet d'où il pratique intensément la pêche et l'écriture, plus que l'histoire d'un comté (que l'on ne lira pas), dresse le portrait d'un homme hanté par des questions existentielles, en quête de lui-même.



"Si tu refuses de mettre au monde ce qui est en toi, ce que tu ne mets pas au monde te détruiras."



Mêlant beauté de la nature, violence, force et ambiguïté des sentiments, servi par une écriture tantôt sèche, tantôt poétique, toujours évocatrice, et par une narration dense et précise, irrigué d'une pensée vive et forte : un roman marquant, profondément touchant, qui parle autant à l'intelligence qu'aux tripes du lecteur, un de ceux dont on relit des passages et qu'on n'oubliera pas.
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