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Critiques de Jo Rouxinol (45)
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Le carnaval des illusions

Deux histoires qui alternent - l'avant et l'après -, et qui ne forment qu'une seule personne : Éva nous raconte alternativement son coup de tête qui l'a emmenée au Brésil et la vie plus terre à terre qui l'a ramenée comme surveillante dans un collège animé. J'ai tout de suite été immergée dans les incidents de ce milieu difficile, où l'auteure semble intervenir avec aisance. J'ai parfois eu du mal à passer de l'un à l'autre, mais le saut au coeur d'une favela au Brésil permet un voyage dépaysant.

En nous plongeant peu à peu dans le drame d'Éva, l'auteure nous dévoile ainsi ceux de la pauvreté au Brésil et ceux des adolescents d'aujourd'hui. De nombreux thèmes sont abordés, et notamment les relations entre les adultes du collège face aux jeunes qu'ils doivent protéger et faire grandir aussi.



Une auteure à suivre...

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Le temps des étoiles

Depuis sa sortie, il patiente gentiment dans ma liseuse… Toujours d’autres livres… D’autres lectures… D’autres projets… Chaque livre possède son moment de lecture… Notre choix est parfois influencé par une réflexion… Un sujet qui nous touche…



L’auteur, Jo Rouxinol, aborde avec «le temps des étoiles» un sujet qui parle à tout à chacun… Un sujet que l’on ne peut ignore… Surtout en ce moment…



Elle aborde un sujet grave, avec une grande subtilité dans le choix des mots… Une délicatesse dans l’écriture qui fait écho à ce sujet délicat…



Elle aborde avec une sensibilité rare, la haine, la désinformation, l’antisémitisme… Le tout est ponctué d’une écriture d’une très belle qualité et irréprochable.



Il est difficile d’aborder la Shoah, le conflit Israélo-palestinien, l’antisémitisme dans un seul livre, pourtant l’auteur y arrive et cela de manière inattendue…



Non pas en le faisant comme un cours, qu’elle donnerait à ses élèves… Mais en faisant voyager son élève dans le temps… Un élève, qui s’interroge et à qui on montre que tout est manipulation, même la Shoah serait un prétexte… Cela serait faux … Des propose antisémites tenus par un autre élève…



En faisant ce voyage, Ilyes, plonge dans l’horreur… Plonge dans un pan de l’histoire, dont l’être humain ne peut se sentir fière et surtout sera confronté au quotidien d’une famille juive… Perdu, parce qu’il se retrouve dans les années 40 (sans portable…) et perdu parce qu’il va comprendre… Comprendre que l’horreur est vraie et qu’elle n’a rien d’un conte…



Ce qu’il apprend dans son bouquin d’histoire est vrai… Mais comment cela est possible ? Comment l’être humain peut-il faire ça ?



Aucun jugement n’est émis, aucun jugement sur ce que peuvent penser les négationnistes…. L’auteur aurait pu facilement tomber dans ce travers, pourtant elle ne fait que raconter une histoire qui touche sans jamais juger. Elle oppose deux points de vues qui sont présentés : ceux qui y croient et ceux qui pensent que c’est faux…



Le choix narratif est très judicieux et rend la lecture encore plus touchante puisqu’elle permet au lecteur de faire une immersion totale dans le récit.



Les personnages sont touchants et très bien construits. Mehdi trouve peu à peu la lumière et le chemin à suivre, pour enfin s’affranchir de cet autre élève… Cet élève qui a la haine de l’autre… Cet élève qui reflète une pensée haineuse et surtout représente une partie de la population qui se sent exclue et qui recherche sa vérité dans l’extrême… L’extrémisme religieux… Mais pas que…



L’auteur l’aborde avec subtilité mais sans jamais mettre les pieds dans le plat et pointer du doigt une pensée différente… Elle tente d’expliquer, de mener son lecteur par la main, à la manière d’un conte qui guiderait vers une pensée, une réflexion et amènerait le lecteur à se faire son idée… Pas de morale à deux balles qui auraient pu entrainer un débat stérile, mais une pensée qui s’insinue en chaque lecteur pour qu’il trouve sa propre voie…Sa propre réflexion…



Un roman jeunesse, mais pas que «le Temps des Étoiles », c’est une lecture parfait pour aborder certains sujets avec délicatesse et une pré-réflexion. Une lecture, qui ouvre vers le dialogue et la tolérance.



« Le temps des étoiles » est une fiction, certes, mais qui intègre des éléments historiques bien réels. Parmi eux, le témoignage de Charles Baron, à la fin, est totalement conforme à l’histoire de cet ancien déporté d’Auschwitz, dont voici un aperçu:



Une lecture à faire découvrir à nos ados, pour les aider à prendre part à certains sujets et qui devrait être proposée au collège.



En tout cas, je le ferais découvrir à mon fils, en temps voulu…Une lecture, un livre apporte parfois une meilleure réponse…
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Quatorze auteurs bêtes et méchants

Rédiger un retour sur un roman n'est pas toujours tâche aisée, mais alors sur un recueil, c'est déjà plus ardu (beaucoup plus ardu), si, si, je vous assure.

Ces nouvelles donc, qu'en dire... J'en ai adoré certaines, d'autres un peu moins, mais ce qui caractérise ces auteurs, c'est le talent. Force est de constater qu'ils en ont tous à revendre.

Ce recueil a précédé "Contrefaçons", sorti en 2020 et je me surprends à en relire des passages de temps en temps, pour savourer quelques prouesses stylistiques dont je ne me lasse pas.

Le meilleur étant que chaque fois, je découvre un petit quelque chose de plus.

Donc, je le sais, je me répète, mais comme à la fin de mon retour sur Contrefaçons, je dirai : vivement le prochain.
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Le rêve dévoré

Jo Rouxinol a l’art de manier les sentiments, avec sa plume addictive et travaillée, elle nous entraine dans les méandres de l’âme humaine.



L’adolescence semble une période qu’elle affectionne particulièrement, puisque son personnage principal est une ado de 14 ans. Peut-être que le fait d’être professeur n’y est pas étranger… En tout cas, on sent chez l’auteur un don d’observation… Le don de déceler les blessures… Certes, c’est une fiction, mai j’ai le sentiment de découvrir une réalité…



Un fond de vérité… Une vérité que l’on croit toucher du doigt, mais que l’auteur ne divulgue que peu à peu…



Clarisse va mal… Elle n’aime ni sa vie de collégienne, ni la vie qu’elle mène chez ses parents séparés… Une mère, que l’on devine dépassée, elle ne maitrise plus rien… Enfin, elle ne veut plus rien maitriser… Ce père, qui préfère laisser sa fille faire ce qu’elle veut, histoire d’avoir la paix, la semaine où elle vient chez lui…



Clarisse, n’est pas tendre avec eux, même lorsqu’elle nous parle d’eux, on sent une rage mal contenue… Mais, peu à peu l’auteur distille les informations et on comprend enfin pourquoi Clarisse a cette soif de vivre, cette soif d’amour, d’attention… Elle ferait n’importe quoi, pour que l’on s’intéresse à elle. A elle, en tant qu’individu, sans tenter de la faire rentrer dans un moule…



Lorsque j’ai terminé ma lecture, j’ai mis un moment à me remettre de mes émotions. L’auteur a réussi à m’émouvoir avec cette gamine qui va peu à peu s’ouvrir à la vie… Cette gamine qui crie sa rage…



L’auteur a l’art de poser les situations pour permettre au lecteur de s’approprier l’intrigue. Sans jugement, elle dépeint les sentiments qu’elle pose avec finesse. Elle aurait pu tomber dans la facilité et à travers Clarisse, juger ces parents toxiques, nombrilistes et qui ne savent pas écouter… Qui ne veulent pas écouter… Pourtant, elle ne juge pas… Elle expose… Et au lecteur de se faire son avis.



On ressort, un peu sonné, comme Clarisse, qui décide de tout plaquer tellement elle en a marre… Elle craque et décide de fuir… Fuir ce quotidien qui la tue à petit feu… Elle décide de fuir pour enfin vivre ce rêve qui la dévore… Elle va le vivre jusqu’au bout, jusqu’à ce que la réalité la rattrape et qu’elle s’éveille.



Ce rêve, lui permettra de grandir et enfin s’affranchir de son histoire… Une histoire tragique mais qui lui donnera la force de vivre…



Clarisse s’adresse au lecteur qui devient son allié, le témoin de sa fuite en avant… Surtout le témoin de sa renaissance…



Son langage est parfois cru, déstabilisant, mais j’ai trouvé qu’il y avait une certaine évolution, peu à peu il devient plus posé, à l’instar de Clarisse qui pose son fardeau. Sa rage disparaît, Clarisse s’épanouit et peut enfin comprendre d’où vient son malaise et ainsi s’expliquer son attitude et se comprendre…



Déjà avec « le temps des étoiles », l’auteur m’avait touché avec sa plume et cette lecture ne fait que confirmer son talent.



La vie n’est pas un long fleuve tranquille mais parfois la vie t’offre une porte de sortie… La fin est emprunte d’espoir.



Jo Rouxinol, oblige son lecteur à se poser et penser sa manière de voir les choses, qui ne sont jamais aussi tranchée que ce que l’on croit.



Je n’ai pas voulu rentrer dans les détails car il faut le lire pour le vivre ce bouquin! Et la trame est construite de manière telle que si tu dévoile un truc tout s’imbrique et prend son sens.
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Quatorze auteurs bêtes et méchants

Drôle et féroce



Dans les recueils thématiques, la contrainte est souvent stimulante. Mais parfois, si elle ne correspond pas au tempérament d’un auteur, elle peut se révéler appauvrissante, un carcan. C’est le risque.

De plus, on ne peut éviter la compétition: ferai-je mieux que les autres? Plus malin? Plus noir? Plus puissant? Plus subtil? La surenchère est l’autre risque.

Du point de vue du lecteur, un auteur se démarque par un ton, un regard qui sortent de l’ordinaire - denrées rares. À l’intérieur d’un recueil à auteur unique, on trouve en gros deux nouvelles excellentes, deux faibles et six moyennes, alors qu’ici, le fait de comparer les nouvelles revient à comparer les auteurs entre eux. C’est cruel… et absurde: aujourd’hui inspiré, demain non, comment juger?

Donc, je vais arpenter au gré de ma fantaisie ce jardin extravagant dont je prélèverai certains specimens en toute subjectivité. Attention! Cela ne veut pas dire que je n’ai pas apprécié le reste.

La préface est un gloubi-boulga rabelaisien qui peut dissuader le lecteur de poursuivre, ce qui serait dommage. Je salue la virtuosité lexicale, mais elle détourne de l’essentiel.

Morgano pond une histoire subtile et savante, c’est l’un des auteurs les plus littéraires de la bande.

G. C. m’a agréablement surprise avec sa fable historique.

Le Bian et Quélard se sont beaucoup documentés pour traiter leurs sujets, impressionnée je suis.

Nadaco a écrit une nouvelle plutôt noire que bête et méchante, mais qui est très bien et témoigne d’une belle sensibilité.

Lewis construit une situation inattendue et balance une chute à double détente. C’est la nouvelle qui correspond le mieux au genre et c’est pour moi une réussite totale. (Il y a dans ce recueil plusieurs biographies complètes qui sortent du cadre du genre. Mais ce n’est pas grave.)

Bouffanges a le don de créer des personnages très vivants en quelques lignes.

Soulier pratique la critique sociale et la satire avec un humour féroce, sans oublier son style imagé et ses personnages émouvants dans leur différence.

Grisard possède un humour dévastateur et un style truculent, fils illégitime de Frédéric Dard et de Céline. Une réserve: sa fin à tiroirs est de trop, de même que la conclusion dans le métro chez Soulier et la longue introduction sur le personnage chez Quélard.

L’ensemble du recueil est d’une excellente facture et j’ai pris grand plaisir à m’y balader pendant quelques jours. J’invite tous les curieux à m’y rejoindre. Vous aussi, adhérez au club Bête et méchant!
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Le carnaval des illusions

Un roman beaucoup plus noir et profond que le thème principal (le Brésil, l’évocation du carnaval…) pourrait laisser croire. Il évoque plusieurs thèmes: la violence entre adolescents, le harcèlement scolaire, la vie des enfants des favelas à Rio de Janeiro, la difficulté de se reconstruire après une rupture amoureuse (sans tomber dans le mièvre), la recherche d’identité quand le lien avec les parents ramène à une enfance douloureuse et encore pleine de cicatrices, et d’autres encore qu’il est impossible d’évoquer sans dévoiler une partie de l’intrigue. DES intrigues en réalité, car elles sont multiples, mais se rejoignent dans une fin somme toute inattendue qui fait que l’on referme le livre un peu chamboulé. Un très bon premier roman, qui sait dépayser et émouvoir. A découvrir sans hésitation.
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Quatorze auteurs bêtes et méchants

Retour ambiguë pour ces nouvelles, j'ai découvert quelques auteurs, ce qui fut intéressant, j'en connaissais déjà quelques-uns de par leurs écrits. J'ai eu envie à plusieurs reprises de tordre le coup aux personnages d’où le titre très approprié du recueil. Certains textes m'ont fait rire, d'autres m'ont touchée, un : "ha mais c'est dégueu…" et aussi réfléchir… 14 auteurs mais bien 15 noms dans le descriptifs! Et oui la préface bien sûr. j'aurais dû noter à chaque nouvelles qui je lisais car je me suis sentie un peu perdue par moment. Mais bon qu'importe, maintenant je ne saurais dire si j'ai beaucoup aimé, un peu ou pas beaucoup, je peux simplement dire que j'ai été attirée par les noms des auteurs cités et ce qu'ils avaient à dire sur ce thème. Que l'écriture de chacun est différente et intéressante, que la curiosité l'a emporté et que je me suis bien amusée à lire ces nouvelles. Voilà pour ces textes acidulés, touchants, grinçants, déjantés, acérés, colorés, humoristiques, tordus, tranchants, rythmés, explosifs, lumineux, pointus et caustiques…

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Le carnaval des illusions

Quelle belle plume que celle de cette auteur ! Fluide mais sans facilité, évocatrice mais tout en finesse, elle sait guider le lecteur, par petites touches, dans les deux univers qu'elle a choisi comme toiles de fond de son roman : le Brésil et la banlieue parisienne. Deux mondes que tout semble opposer, mais qui, surtout, peuvent aisément donner lieu à une avalanche de poncifs et de phrases toutes faites. On évite tout cela ici. Et l'on savoure alors la mélodie de cette écriture... qui sait aussi faire réfléchir.

Car ce n'est pas uniquement pour nous offrir un beau texte que Jo Rouxinol nous propose de suivre Eva, revenue d'un long séjour à Rio et qui débute comme surveillante dans un collège de banlieue. Eva, dont la vie ne semble être qu'une succession de coups durs : l'enfance sans père, le début de l'adolescence marquée par la mort de sa mère, les années grises qui se suivent, l'absence pesante de son seul repère, et les amours tristes, sans lendemain, et le manque d'envie, de projet. Au milieu de tout cela, la lumière affleure pourtant ; et elle vient du Brésil : ce pays inconnu, Eva en a entendu parler toute son enfance, dans le chant de sa mère ou dans ses pas de danse ; alors pas étonnant que dès qu'un rythme de samba ou une mélodie en portugais lui arrive aux oreilles, elle se sente attirée. Et c'est ce qui la conduira finalement à Rio, sur les traces d'un homme dont elle est tombée amoureuse. Une manière de donner corps aux rêves que sa mère n'a jamais pu réaliser.

Mais les rêves peuvent prendre fin ; et brutalement, parfois. Et c'est ainsi que l'on découvre la deuxième vie d'Eva, celle qu'elle a dû reprendre depuis son retour en France, son quotidien au milieu des collégiens, des profs et des autres pions. L'Atlantique sépare ce décor gris et les longues plages de Rio, mais Jo Rouxinol alterne très finement le présent d'Eva et ses souvenirs brésiliens, puis remonte par moment vers sa lointaine enfance et nous suggère ainsi que, à Paris ou à Rio, les hommes, les femmes et les enfants du monde entier nourrisent les mêmes rêves et souffrent des mêmes désillusions.

Evidemment, ce n'est pas le premier roman qui nous conduit à cette conclusion ; mais celui-ci parvient à le faire avec élégance. Cela tient, comme je l'ai dit, à la mélodie de l'écriture ; mais cela vient aussi de la position prise par l'auteur, position délicate mais qu'elle réussit très bien à tenir : l'absence de jugement. Comme pour ses décors, Jo Rouxinol sait dépeindre ses personnages, adultes ou enfants, français ou brésiliens, avec réalisme et finesse, excluant les clichés et sachant donner à beaucoup d'entre eux un côté attachant. Mais surtout, à aucun moment elle ne se permet de les étiqueter, de les classer dans le camp des gentils ou des méchants. Elle nous laisse nous faire notre propre opinion ; ou rester dans le doute. Car tout est dans la nuance. Rien n'est jamais tout noir ou tout blanc. Dans les lointaines favelas ou dans nos banlieues toutes proches, la violence, la manipulation, l'hypocrisie sont tout aussi présentes. Et sur chaque rive de l'océan, existent aussi la générosité, le partage, le courage, la volonté, le travail. Et en chacun d'entre nous, tout cela peut également se mélanger. Et l'on peut facilement basculer du côté clair au côté sombre ou inversement selon les étapes de nos vies. Ou pour la simple raison que l'illusion sur laquelle on avait bâtit toute sa vie finit par s'évanouir.

Le titre du roman nous le suggère, et sa lecture nous le confirme : c'est bien cela le thème central de cette histoire : ces illusions qui jalonnent ou qui fondent nos existences. Les rêves d'enfance, les projets qu'on échaffaude, les histoires d'amour qu'on s'invente, les promesses auxquelles on s'accrochent, les mensonges qu'on refuse de comprendre, les rumeurs qui courrent, les a priori, les non-dits et les suppositions, les sous-entendus et les regards qu'on ne sait pas interpréter ou encore les gestes excessifs, desespérés, qu'on n'identifie pas comme des appels au secours. Ce sont là autant de visages différents de l'illusion. Et quand la musique s'arrête, quand le carnaval prend fin et que les masques tombent, elles ne valent plus grand chose sous la lumière brutale de la réalité.
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Le rêve dévoré

Ce livre m’a frappée au cœur, il fera partie de ceux que je garde en mémoire.



La belle écriture de l’autrice est un régal, elle évolue, s’adapte au fil des pages pour accompagner au mieux l’évolution des personnages et des situations, les changements de décor, les paysages qui ont régalé mes yeux.



L’histoire est magnifique, elle m’a émue bien plus que je ne saurais le dire.

Ce petit bout de femme qui ne demande qu’à exister m’a profondément touchée.



Merci infiniment, Jo Rouxinol, pour ce superbe moment de lecture ♥

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Le rêve dévoré

Voilà un bouquin qui commence sur les chapeaux de roues. Clarisse, 13 ans, est en crise perpétuelle. Elle insulte ses profs (ce qui nous vaudra une ou deux des meilleures scènes du bouquin) et semble haïr le monde entier avec la même application autodestructrice. Elle déteste aussi ses parents : il faut dire, à sa décharge, qu'ils sont – j'ai envie de dire "comme presque toujours", et je suis bien placé pour le savoir – largement responsables de son état. Son père, parce qu'il se fiche complètement de sa fille, bien trop occupé par ses frasques amoureuses et surtout sexuelles. Sa mère, parce qu'elle est dépassée par les évènements, et finalement faible. À vrai dire, il est plus difficile de lui en vouloir à elle qu'à lui, mais les enfants ne sont pas toujours très justes, n'est-ce pas ?

Un personnage passionnant – et tellement "vrai" – que cette Clarisse, car figurez-vous que pour couronner le tout, elle est EIP (intellectuellement précoce). On a envie de dire "pour son malheur" (et celui de son entourage), car cela lui permet d'avoir une grande acuité et une terrible clairvoyance sur les manquements de sa "communauté éducative"... À la fin du livre, on comprendra que cette particularité, malgré le drame qu'elle vient de vivre, va probablement lui sauver la vie en lui permettant de se soustraire à cet entourage délétère.

Question en creux : combien d'enfants, qui n'ont pas cette acuité, sont en train de mourir intérieurement, sans pouvoir se rebeller, à cause de la nullité de leur entourage ?

Autre constat en creux : si tous les enfants avaient les capacités et le caractère de Clarisse, ils ne tarderaient pas à foutre définitivement par terre notre système sociétal déjà moribond.

Hélas, je dois dire que j'ai beaucoup moins adhéré à la suite. Toute la partie "fugue au Portugal" m'a paru bien en dessous de la première. L'auteure aime beaucoup ce pays et le connaît bien, cela se voit... peut-être un peu trop. Moi-même passionné d'histoire, de géo, aimant beaucoup le voyage – et ayant visité plusieurs des lieux évoqués – j'ai eu plus d'une fois l'impression d'être en train de lire le guide du routard du Portugal. Cette impression est exacerbée par le choix narratif (première personne du singulier, on voit à travers les yeux de Clarisse). Autant ce choix passe crème en première partie et nous permet d'entrer en empathie totale avec la jeune fille, autant en milieu de livre il m'a éjecté de l'histoire car on sait que Clarisse, qui vient au Portugal pour la première fois, ne peut pas connaître tout cela, et on devine donc l'auteure derrière ces lignes. À certains moments, on a l'impression qu'elle en prend elle-même conscience, notamment quand Clarisse dit à Tony "qu'il va devenir prof comme sa mère".

Une alternative aurait été (à mon avis) de squeezer certains passages au profit de davantage d'introspection, ou de passer les informations davantage en dialogues... Ou même, de changer le point de vue et prendre celui de Tony – qui connaît le pays – pour les chapitres centraux. D'autant que lui aussi est un personnage riche et bien construit.

J'en ai fini pour les reproches, car quand revient le drame et l'inévitable retour à la réalité pour notre jeune héroïne, on retrouve illico les sensations du début et le livre coule jusqu'à son terme dans un feu d'artifice d'émotions.

Combien on la comprend, éprouvant même une jouissance jubilatoire, quand elle balance sans ménagement un verre dans la tête de sa nouvelle belle-mère !

Combien on partage son exaspération, quand toute la stupide communauté adulte se ligue en vertu de je ne sais quels principes éculés et irréfléchis, pour se refuser à lui dire ce qu'elle a le droit de savoir. Je l'ai toujours dit : on en crèvera, de prendre les enfants pour des imbéciles. En voici une illustration cruellement réaliste.

En résumé, si la partie centrale, à mon avis moins réussie, a empêché un avis totalement dithyrambique, j'ai quand même été très secoué par tout le reste. Jo Rouxinol est une grande peintre de l'âme humaine, et une fine observatrice des mœurs de ses contemporains. Son écriture est accessible sans être trop simple.

Un très beau livre, que je serais tenté d'offrir à pas mal de parents... et de profs (pourtant, j'en suis un moi-même, mais pas corporatiste pour un sou)... Mais je pense, hélas, qu'ils le prendraient mal.
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Le carnaval des illusions

Lors de la présélection des romans pour le prix des Auteurs Inconnus, les dix premières pages m’avaient emballée. Au final, je dois dire que ce roman est une belle surprise, un roman envoutant et percutant.



Nous suivons dans cette histoire Eva, élevée dans la passion du Brésil dès son plus jeune âge par sa maman. A l’âge adulte, elle rencontre Daniel, un musicien brésilien et elle décide de le rejoindre à Rio pour aller à la rencontre de cette culture qui l’a bercée mais aussi pour vivre son histoire d’amour. En parallèle, on la retrouve comme assistante d’éducation dans un collège de région parisienne, préparant le CAPES de lettres modernes. Pour ceux qui ne connaissent pas cet univers, on est plongé en immersion dans le quotidien d’une vie scolaire et dans toutes les difficultés auxquelles font face les adultes mais aussi les adolescents.



Eva est une jeune femme forte, intègre, qui veut découvrir le Brésil afin de se rapprocher de sa maman. Décédée quand elle était jeune, sa mère l’a élevée en la baignant dans cette culture brésilienne. On la suit dans les rues de Rio, des favelas aux plages de Copacabana et surtout, on ressent son amour pour Daniel. Dans son travail, Eva essaie de le faire du mieux qu’elle peut, en essayant d’être juste. J’ai beaucoup aimé Eva et je me suis un peu retrouvée en elle à l’époque où j’étais assistante d’éducation. Heureusement pour moi, je n’ai pas eu à traverser les mêmes épreuves et les mêmes dilemmes moraux.



Ce roman est construit avec un va et vient, qui, à chaque fois, nous transporte des rues de Rio à l’enceinte du collège. Un peu déstabilisant au départ, j’ai finalement été transportée dans cette histoire criante de réalisme. La plume de l’auteur est fluide, entrainante, sincère et très visuelle, c’est à dire que j’arrivais à me représenter les lieux visités et les situations rencontrées. Il permet également d’en apprendre beaucoup sur la culture brésilienne et sur la vie dans les favelas. Ce roman aborde aussi le thème de l’amour, sous plusieurs formes et il amène à s’interroger sur ce qu’on attend de l’amour, ce qu’on est prêt à accepter…. Enfin, il met en lumière tout ce qui peut se passer dans les établissements scolaires français : le harcèlement virtuel et les dégâts engendrés par les réseaux sociaux, la violence à laquelle certains élèves ou professeurs sont confrontés. Je remercie l’auteur d’avoir mis en lumière cette réalité qui est bien souvent sous-estimé.



Pour conclure, ce roman est une agréable découverte et je le recommande à tous les amoureux de la culture brésilienne ou à tous ceux qui cherchent une belle histoire qui parle d’amour. Ce roman porte très bien son titre car de désillusions, il va en être question, mais nul doute qu’il vous emportera, le temps de quelques pages, loin des soucis du quotidien.
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Le rêve dévoré

Clarisse est une jeune fille de treize ans.



L’adolescence, période difficile s’il en est. D’autant plus quand la cellule familiale n’est pas sécurisante, que les parents ont été défaillants dans la prime enfance, voire absents, pas forcément physiquement, mais dans leur attitude. Durant cette phase de la vie, on est habité par une soif de vivre, mais étouffé par les obligations qui nous pèsent, qu’on ne comprend pas toujours et auxquelles on souhaiterait échapper à tout prix. C’est un passage où l’on rêve sa vie et où l’on aimerait vivre ses rêves.



Bien sûr, à cet âge, on est persuadé que nos parents sont nuls, que personne ne peut nous comprendre. On oscille entre agacement et frustration, on voudrait, mais on ne peut pas. On se pense plus malin qu’on ne l’est dans toute notre naïveté, après tout, qui mieux que nous peut savoir ce dont on a besoin et où se trouve notre bonheur. On se sent seul et abandonné de son entourage, prêt à croire n’importe quel inconnu qui ferait mine de nous comprendre. Pour certains, c’est encore plus vrai que pour d’autres. Cette impression d’étouffer dans sa petite vie sans surprises, ou rien de bien ne semble pouvoir survenir donne parfois l’envie de prendre l’air, suivre une voie qu’on croit meilleure sans savoir vraiment où elle va nous conduire.



Quand on se sent à l’étroit dans sa vie, quoi de mieux que de prendre le large dans l’espoir d’agrandir son horizon ?

C’est l’âge où l’on se place facilement en opposition face à ses parents et tous les adultes qui nous entourent de près ou de loin. Si l’on ajoute à cela, une certaine solitude, l’absence de véritables amis, un caractère bien trempé qui nous permet d’exprimer, tel quel, tout ce qui nous passe par la tête avec le langage parfois cru de l’adolescence, les ennuis ne sont pas loin et peuvent revêtir divers aspects.



Quand, enfin la vie nous offre un moment de réconfort, quoi de plus normal que de vouloir le faire durer à tout prix, au mépris des risques et de la souffrance qu’on pourrait infliger à ceux qui malgré tout sont censés nous aimer. Que reste-t-il quand la réalité nous rattrape ?



J’ai beaucoup tremblé pour cette jeune fille paumée, empêtrée dans une vie trop étriquée pour elle et qui le temps d’un moment va pouvoir vivre son rêve. Sa fragilité est palpable, mais son désir de vivre est encore plus grand. Pendant cette parenthèse enchantée, elle croque la vie à pleines dents. J’ai appréhendé la fin de cette histoire, Jo a beaucoup joué avec mes émotions. Mais quand on pense toucher le fond, que nous reste-t-il ? Sombrer totalement, ou alors rebondir. Je vous propose de lire se livre pour connaître le destin de cette jeune fille qui ne m’a pas laissée indifférente.
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Le rêve dévoré

Quand je rédige une chronique, j’ai l’habitude de la débuter en résumant un peu l’histoire. Pour une fois, j’ai envie de commencer par la fin de ma lecture. Ça arrive rarement, et jusqu’à présent, ou du moins lors des deux dernières années, mes larmes n’ont coulé qu’en lisant Amélie Antoine. « Le rêve dévoré » inaugure donc l’exception à la règle. J’ai éteint ma liseuse, les yeux embués et mouillés, une boule au fond de la gorge. Parce que l’écriture de l’auteure est particulière. À la fois simple et très travaillée. Et surtout, Jo Rouxinol sait exactement retranscrire les émotions entre les lignes.



Revenons un peu en arrière, pour vous situer l’auteure si vous ne la connaissez pas. Jo Rouxinol est prof d’histoire et ses trois livres débutent dans un collège. Elle a déjà autopublié deux romans, dont vous trouverez mes chroniques sur le blog : « Le Temps des étoiles » et « Le Carnaval des Illusions ». L’un pose un regard moderne et accessible aux plus jeunes sur la Shoah quand l’autre aborde des sujets de société graves, profonds, et actuels. Sans jamais porter de jugement, Jo Rouxinol expose des situations, constate. Comme si elle photographiait simplement un moment, une période de vie, sous un angle nouveau, et laissait la liberté au lecteur de se faire sa propre opinion. « Le Rêve dévoré » suit la même ligne directrice. Exposer. Ne pas juger.



Clarisse a treize ans et demi. Elle navigue entre le domicile de sa mère — ultra angoissée —, et celui de son père — ultra laxiste —. C’est une gamine de divorcés, au comportement difficile à la maison comme à l’école. Un jour, croulant sous le poids de la pression sociale qu’elle subit partout où elle va, l’adolescente déborde, et craque. Par pulsion, comme pour se libérer de tout ce qui l’emprisonne, elle éteint son téléphone portable, et part. La destination ? Un rêve, une illusion croisée sur Internet. Une chimère qui, rapidement, montre son horrible visage. Mais le destin est imperturbable. Clarisse trouve le chemin de son rêve par des voies secondaires. Et comme le titre l’indique, la jeune fille dévorera son rêve, jusqu’à la dernière miette. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la réalité qui s’invite avec hargne et cruauté dans sa nouvelle vie.



Le roman est écrit à la première personne. Le narrateur est le personnage principal, Clarisse. Le lecteur devient le témoin des pensées et des émotions de l’adolescente, et pardonne bien volontiers les écarts de langage, utilisés ici comme vecteur d’émotion et non comme palliatif à un langage trop recherché. Il est d’ailleurs très intéressant — et il s’agit là, de mon point de vue, d’une preuve flagrante de l’intelligence de la plume de l’auteure — de voir le langage et le rythme du phrasé de Clarisse évoluer avec son humeur. Haché et parfois brut, vulgaire quand la jeune fille est pleine de rage, son flot de paroles devient plus doux et mature au fur et à mesure qu’elle s’apaise. Mais surtout, le choix d’une narration interne permet de comprendre, petit à petit, d’où viennent les angoisses et les besoins de liberté du personnage.



Je vous parle souvent, dans mes chroniques, de ma préférence aux romans anti-manichéens, qui démontrent que tout n’est pas tout noir ou tout blanc dans la vie. « Le Rêve dévoré » en est un très bon exemple. La chute du livre, notamment, est remarquable en ce sens. Je tais les sujets principaux abordés dans le livre volontairement, afin de ne pas dévoiler les intrigues. Mais si je me laissais aller à discuter du contenu du roman, je crois que je pourrais y passer des heures tant l’histoire de Clarisse m’a emmenée loin à l’intérieur de moi-même.



Aussi, ce livre est une ode au Portugal. Je respire encore les odeurs qui s’échappent des mots qui décrivent les petits villages, les plages, les bateaux de pêcheurs, les falaises exposées aux vents. D’ailleurs, le nom du pays devient synonyme de liberté, d’espoir. Et à travers ses écrits on ressent tout l’attachement de l’auteure à ce territoire.



D’une problématique sociale complexe, Jo Rouxinol fait une histoire passionnante qui déborde d’émotions. Surtout, elle donne au lecteur l’occasion de remettre en question ses convictions afin d’appréhender d’un œil nouveau certains thèmes.



Je crois que c’est la principale caractéristique des grands auteurs.
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Le temps des étoiles

Le sujet dont traite ce roman jeunesse est délicat. Parce que les sensibilités des uns et des autres, les convictions, la propagande et la désinformation sont autant de vecteurs à prendre en compte. Parler de la Shoah est déjà particulièrement difficile. Mais discuter de la Shoah ET du conflit Israelo-Palestinien dans le même bouquin, c’est clairement courageux. Rassurez-vous, Jo Rouxinol ne nous fait pas un cours d’histoire. Elle raconte le voyage dans le temps d’un élève qui prête beaucoup d’attention aux propos antisémites d’un de ses camarades. Le conflit géopolitique est simplement effleuré, alors que la Shoah est vécue de l’intérieur par le personnage principal.



Il aurait été facile, surtout de la part d’une professeur d’Histoire, de faire de ce roman un donneur de leçons. Pourtant, aucun jugement n’est émis.



Un ton très juste

Au contraire, c’est comme si l’auteur nous présentait deux points de vue opposés. Sans les juger. Bien sûr, les personnages, prendront, ou non parti, mais nous ne sommes pas en présence d’une caricature. J’ai trouvé ce livre empli de douceur et de bienveillance, malgré le douloureux sujet dont il traite. De plus, il est très bien écrit : la plume de Jo est touchante, fluide. La narration à la première personne est là encore très bien choisie, puisqu’elle nous immerge totalement dans les pensées d’Ilyes, perdu dans un monde d’une autre époque. Surtout, le ton employé est tellement juste. Certaines phrases ont une force intrinsèque extraordinaire. En voici un exemple tiré du livre :



— Mais d’où sors-tu, Ilyes ? Les Séfarades sont les Juifs d’Afrique du Nord, comme toi. Moi, dont la famille vient de Pologne, je suis ashkénaze. Ce n’est pas du tout pareil.



Ah ouais, rien à voir, en effet. Ça doit être pour ça qu’on nous a collé à tous les deux la même étoile.

Le seul bémol (minuscule) : parfois, le registre de langue utilisé par Ilyes est un peu trop soutenu. À certains moments, le phrasé du garçon mériterait d’être plus familier, mais cela ne gêne absolument pas la lecture ni la crédibilité du personnage.



Comme je le disais en préambule, « Le Temps des Étoiles » est un roman destiné à la jeunesse. Je suis adulte, et pourtant, il m’a beaucoup touchée. Je pense surtout que c’est un excellent catalyseur de débat. Ce livre est un prétexte à ouvrir le dialogue, une invitation à discuter franchement, sincèrement, avec nos enfants du passé de l’Humanité, et de son pendant contemporain. Il devrait orner les bibliothèques de tous les adolescents, comme un hymne à la tolérance.
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Le temps des étoiles

Dans ce roman, le lecteur suit Ilyes Benaziz, jeune musulman vivant dans une cité. Avant il vivait dans le centre de Paris, il nous parle du regard des autres et nous explique que dans la cité, il se sent à sa place « parqué » au milieu de ses pairs. Le collège et ses cours qui ne l’intéresse pas, il est en 3ème…en histoire, il étudie la 2nde Guerre Mondiale. Enfin, il étudie, façon de parler, il écoute d’une manière distraite. Puis arrive Mehdi, il choque, mais des comme lui, il y en a partout. Ces ados qui se font embrigadés et qui tente d’entraîner les autres à leur suite. Il ne faut pas se voiler la face.

C’est à nous, adulte, de veiller à les protéger, à leur permettre de prendre des décisions en connaissance de cause. Et c’est ce que fera la prof d’histoire en permettant à Ilyes de découvrir par lui-même la vie d’une famille juive en 1942, juste avant la rafle du Vel D’Hiv.

Puis c’est le retour à l’époque actuelle, et une nouvelle perception du monde pour Ilyes.


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Le carnaval des illusions

Eva est pionne dans un collège de banlieue et prépare en parallèle le capes. Elle a quitté précipitamment le Brésil un an plus tôt ainsi que l’homme qu’elle avait suivi là-bas… Elle tente tant bien que mal de se reconstruite, d’oublier. Au collège, la vie n’est pas un long fleuve tranquille et Eva assiste aux dérives, des dérives qui la replongent au coeur des bidonvilles cariocas.



Une belle surprise ce roman que l’auteur m’a gentiment proposé à la lecture. Je l’en remercie. Une plongée au Brésil, dans les favelas de Rio où la mégalopole brésilienne s’apprête à accueillir le Mondial de foot et les JO. Une ville où se côtoient touristes, misère et violence. L’État s’apprête à passer la ville au kascher en déclarant la guerre aux narco­tra­fiquants, mais surtout, derrière tout cela, il y a la volonté d’un grand nettoyage social contre les misérables ou miséreux comme vous voulez. Ces dérivés et débordements Jo Rouxinol les évoque : meurtres, expulsions, répression, destructions…



Eva la narratrice, un personnage attachant et fragile, a une sorte d’attachement viscéral pour le Brésil, une terre où elle n’a aucune attache si ce n’est l’amour que lui portait sa mère, morte trop jeune. Elle aussi n’avait rien à voir avec le pays, seule la musique, les chansons chantées phonétiquement remplissaient son quotidien. Comme la mère, l’oreille de la fille est bonne, le rendu aussi, on dirait du local. Et puis, une rencontre avec un homme, un soir dans une boîte, va conduire Eva à tout plaquer et partir au Brésil. C’est là qu’est sa place. Mais ça c’était il y a un an…



Des flashback brésiliens, où on a droit à des portraits magnifiques d’enfants et d’adolescents des favelas, à l’ambiance des rues, la chaleur, la pluie diluvienne parfois, la musique, le chant, les paysages magnifiques ,le son, la musique toujours présente, mais aussi le côté sombre de la mégalopole, la violence, la prostitution, la drogue, des gosses livrés à eux-mêmes… Sur le quotidien d’Eva à Paris, pas grand chose du côté privé mais c’est au collège qu’il se passe des choses dramatiques. L’auteur pointe du doigt le cyberharcèlement, la violence dans les collèges, la démission de certains professeurs, l’engagement d’autres, la rumeur, la stigmatisation, le suicide.



Pour conclure, un roman que j’ai dévoré, bien écrit, rythmé, prenant, des transitions de la France au Brésil bien menées. Un livre intéressant et un bon premier roman. Hâte de lire le prochain .
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Le carnaval des illusions

Superbe, envoûtant, émouvant

C’est comme une musique sombre, bien loin de la samba, qui vous envoûte. Un concert à deux voix : celle d’un passé au loin, dans les favelas du Brésil avec l’homme de sa vie et celle du présent, dans un collège où élèves et profs sont débordés par les comportements des uns et des autres.

Un double-récit aux composantes intimement liées. Des personnages forts, tous. J’ai arpenté les couloirs du collège avec la narratrice, les rues de Rio aussi. J’ai été bouleversée plus d’une fois dans ce livre aux tonalités humaines tellement vraies.

Bien que je n’aie pas accroché dès les premières pages car je ne suis pas aficionada du Brésil, je ne peux vous dire qu’une chose : ce livre est superbe et superbement écrit et j’en ai encore des images plein la tête.
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Le temps des étoiles

Cours magistral



Voilà un roman plutôt court qu’il fait bon ouvrir pour se remettre les idées en place.

Un roman jeunesse dans le sens où il a une visée éducative, mais les adultes aussi peuvent en tirer de précieux enseignements. J’ai beau ne pas être un grand partisan du devoir de mémoire, avec un texte si intelligemment construit, on ne peut qu’être animé d’un cri du cœur unanime, exigeant : « Plus jamais ça » !

De plus ici, le français est simple, bien traité (je n’ai pas déniché la moindre faute), les phrases s’enchaînent avec fluidité et les éléments de langage sont conformes aux lieux, aux époques ainsi qu’aux cultures évoqués.



Il émerge tout d’abord du Temps des étoiles un réalisme touchant. Les personnages sont tels qu’on les rencontre dans la vie, la rue, les collèges, l’auteure sait de quoi elle parle. On se prend immédiatement d’affection pour cet ado malin et clairvoyant, peut-être plus intelligent et empathique que la moyenne, et ce n’est pas un hasard si les étoiles lui tombent sur le coin de la figure. Il s’agit bien de tuer dans l’œuf l’égarement d’un gamin prometteur – ce à quoi des milliers de profs œuvrent quotidiennement en se substituant nécessairement à des familles démissionnaires.

Jo Rouxinol ne s’emballe pas, elle prend le temps de fixer un contexte, une psychologie, une culture aussi, destinés à nous immerger à fond dans l’expérience que s’apprête à vivre notre héros. Le rythme monte crescendo, et ce sont bien les derniers chapitres qui nous font vivre l’absolue bêtise humaine, de l’intérieur ; la détresse, la faim, les interdictions diverses, l’angoisse d’être arrêté, battu, exterminé.

Toute la charge émotionnelle de ce livre se cristallise dans le dernier et ultime chapitre, qui ne provoque pas moins que ce que j’en espérais : une prise de conscience navrée, concernée, et bien évidemment bouleversée par la perception qu’en a notre adolescent. Ilyes va voir, vivre, expérimenter, s’indigner, souffrir aussi, et créer des liens puissants avec des individus qu’il retrouvera (ou pas) 73 ans plus tard.

Alors, la peine que l’on ressent se mue en un message d’espoir, pour que le rappel des faits nous interdise à jamais de reproduire l’horreur que certains ont bel et bien vécue.



Merci pour cette lecture touchante.
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Le carnaval des illusions

Aujourd'hui, mise à l'honneur de l'auto-édition avec Le carnaval des illusions de Jo Rouxinol.



Le bouquin débute un peu comme le film de Grand Corps Malade, La vie scolaire. Nous voilà en immersion dans un collège où se côtoient des élèves pas toujours faciles à manager. Eva est surveillante et c'est elle que nous allons suivre durant ces 290 pages. Eva et son quotidien, Eva et ses souvenirs aussi. Car Eva ne s'est jamais remise de son histoire avec Daniel, musicien rencontré au hasard d'une sortie entre copines.



Les chapitres du roman oscillent entre le collège de banlieue et les favelas de Rio où Eva a un jour rejoint Daniel. Il évoque des collégiens de France et des gamins du Brésil. Il parle aussi de violence, sans frontière. Il dépeint des situations où l'on marche sur un fil, où la bascule peut être fatale, il nous entraîne sur des chemins tortueux et pousse à la réflexion avec intelligence. Ce texte évoque souvent, sans vraiment le nommer clairement, le rôle des adultes dans la protection de l'enfance.



Si j'ai apprécié ma lecture, je dois avouer que j'ai plus été séduite par les chapitres se déroulant en France que par les brésiliens. Peut-être parce que je n'ai pas pu "accrocher" avec le personnage de Daniel, que j'ai été "agacée" par cet amour aveugle d'Eva pour cet homme. Cependant l'autrice décrit magnifiquement les favelas et l'ambiance de Rio. C'est vraiment moi qui ai eu du mal à plonger dans ces chapitres-souvenirs.



La plume de Jo Rouxinol mérite d'être découverte. J'avais adoré Le rêve dévoré, un autre de ses textes, je ne peux que vous encourager à vous plonger dans ses écrits qui méritent largement le détour!!

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Le temps des étoiles

Nous avons la grande chance d'être contemporains de ceux qui ont vécu cette guerre et nous pouvons encore profiter de leurs récits et de leur vécu. Il n'est certes pas gai, mais il fait partie de notre histoire. Il nous permet aussi de mettre à mal les théories stupides des révisionnistes qui s'imaginent réécrire l'histoire pour leur intérêt personnel.

J'ai été emmenée dans l'aventure de Ilyes. J'ai eu envie de le gifler aussi, pour sa stupidité, mais il est humain. Il n'a que 15 ans et cherche ses repères. Il apprend que les autres sont des êtres humains, qui ont leur propre histoire, leurs souffrances, leurs attentes. Ce n'est pas qu'une entité, un peuple, à détester parce qu'on l'a toujours fait.

Cela pose aussi la question : si j'avais été à sa place, qu'est-ce que j'aurais fait ? (Référence évidente à Né en 17 à Leidenstadt de JJ Goldman).

Cette histoire est très prenante, bouleversante, même si on n'a pas connu des gens qui ont vécu cette période. Elle instille dans nos esprits beaucoup de questions par petites touches, rien de moralisateur, juste une histoire où l'on suit ce jeune garçon en réalisant toutes les questions que nous vivons encore aujourd'hui lorsque nous voyons quelqu'un qui n'a pas la même culture que nous. Il suffit de laisser le temps et la réflection faire le reste. Il ne faut pas oublier madame Lima, j'aurais trop peur qu'elle me donne une punition !



Un livre à partager et à diffuser pour nous donner des leçons.
Lien : http://gracieuserobert.over-..
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