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Citations de Joachim Du Bellay (185)


Je pardonne à la douce fureur

Maintenant je pardonne à la douce fureur
Qui m’a fait consumer le meilleur de mon âge,
Sans tirer autre fruit de mon ingrat ouvrage
Que le vain passe-temps d’une si longue erreur.

Maintenant je pardonne à ce plaisant labeur,
Puisque seul il endort le souci qui m’outrage,
Et puisque seul il fait qu’au milieu de l’orage,
Ainsi qu’auparavant, je ne tremble de peur.

Si les vers ont été l’abus de ma jeunesse,
Les vers seront aussi l’appui de ma vieillesse,
S’ils furent ma folie, ils seront ma raison,

S’ils furent ma blessure, ils seront mon Achille,
S’ils furent mon venin, le scorpion utile
Qui sera de mon mal la seule guérison
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Joachim Du Bellay
Sur un chapelet de roses du Bembe

Tu m’as fait un chapeau de roses
Qui semblent tes deux lèvres closes,
Et de lis fraîchement cueillis
Qui semblent tes beaux doigts polis,
Les liant d’un fil d’or ensemble,
Qui à tes blonds cheveux ressemble.
Mais si, jeune, tu entendais
L’ouvrage qu’ont tissu tes doigts,
Tu ferais, peut être, plus sage
A prévoir, ton futur dommage.
Ces roses plus ne rougiront,
Et ces lis plus ne blanchiront
La fleur des ans, qui peu séjourne,
S’en fuit, et jamais ne retourne,
Et le fil te montre combien
La vie est un fragile bien.
Pourquoi donc m’es tu si rebelle ?
Mais pourquoi t’es tu si cruelle ?
Si tu n’as point pitié de moi,
Aie au moins pitié de toi.
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Joachim Du Bellay
Je n’escris point d’amour, n’estant point amoureux

Je n’escris point d’amour, n’estant point amoureux,
Je n’escris de beauté, n’ayant belle maistresse,
Je n’escris de douceur, n’esprouvant que rudesse,
Je n’escris de plaisir, me trouvant douloureux ;

Je n’escris de bonheur, me trouvant malheureux,
Je n’escris de faveur, ne voyant ma Princesse,
Je n’escris de trésors, n’ayant point de richesse,
Je n’escris de santé, me sentant langoureux :

Je n’escris de la Court, estant loing de mon Prince,
Je n’escris de la France, en estrange province,
Je n’escris de l’honneur, n’en voyant point icy ;

Je n’escris d’amitié, ne trouvant que feintise,
Je n’escris de vertu, n’en trouvant point aussi,
Je n’escris de sçavoir, entre les gens d’eglise.
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Joachim Du Bellay
Finalement sur le point que Morphée

Finalement sur le point que Morphée
Plus véritable apparaît à nos yeux,
Fâché de voir l’inconstance des cieux,
Je vois venir la soeur du grand Typhée :

Qui bravement d’un morion coiffée
En majesté semblait égale aux dieux,
Et sur le bord d’un fleuve audacieux
De tout le monde érigeait un trophée.

Cent rois vaincus gémissaient à ses pieds,
Les bras aux dos honteusement liés :
Lors effrayé de voir telle merveille;

Le ciel encor je lui vois guerroyer,
Puis tout à coup je la vois foudroyer,
Et du grand bruit en sursaut je m’éveille.
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Joachim Du Bellay
Qui est ami du coeur est ami de la bourse,
Ce dira quelque honnête et hardi demandeur,
Qui de l’argent d’autrui libéral dépendeur
Lui-même à l’hôpital s’en va toute la course.

Mais songe là-dessus qu’il n’est si vive source
Qu’on ne puisse épuiser, ni si riche prêteur
Qui ne puisse à la fin devenir emprunteur,
Ayant affaire à gens qui n’ont point de ressource.

Gordes, si tu veux vivre heureusement romain,
Sois large de faveur, mais garde que ta main
Ne soit à tous venants trop largement ouverte.

Par l’un on peut gagner même son ennemi,
Par l’autre bien souvent on perd un bon ami,
Et quand on perd l’argent, c’est une double perte.
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Joachim Du Bellay
La terre y est fertile, amples les édifices,
Les poêles bigarrés, et les chambres de bois,
La police immuable, immuables les lois,
Et le peuple ennemi de forfaits et de vices.

Ils boivent nuit et jour en Bretons et Suisses,
Ils sont gras et refaits, et mangent plus que trois
Voilà les compagnons et correcteurs des rois,
Que le bon Rabelais a surnommés saucisses.

Ils n’ont jamais changé leurs habits et façons,
Ils hurlent comme chiens leurs barbares chansons,
Ils content à leur mode et de tout se font croire :

Ils ont force beaux lacs et force sources d’eau,
Force prés, force bois. J’ai du reste, Belleau,
Perdu le souvenir, tant ils me firent boire.
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Joachim Du Bellay
Cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire :
Pour ce qu'en médisant on dit la vérité,
Et louant, la faveur, ou bien l'autorité,
Contre ce qu'on en croit, fait bien souvent écrire.

Qu'il soit vrai, pris-tu onc tel plaisir d'ouïr lire
Les louanges d'un prince ou de quelque cité,
Qu'ouïr un Marc Antoine à mordre exercité
Dire cent mille mots qui font mourir de rire ?

S'il est donc permis, sans offense d'aucun,
Des mœurs de notre temps deviser en commun,
Quiconque me lira m'estime fol ou sage :

Mais je crois qu'aujourd'hui tel pour sage est tenu,
Qui ne serait rien moins que pour tel reconnu,
Qui lui aurait ôté le masque du visage.
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Muse, qui autrefois chantas la verte Olive,
Empenne tes deux flancs d’une plume nouvelle,
Et te guidant au ciel avecques plus haute aile,
Vole où est d’Apollon la belle plante vive.

Laisse, mon cher souci, la paternelle rive,
Et portant désormais une charge plus belle,
Adore ce haut nom dont la gloire immortelle
De notre pôle arctique à l’autre pôle arrive.

Loue l’esprit divin, le courage indomptable,
La courtoise douceur, la bonté charitable,
Qui soutient la grandeur et la gloire de France.

Et dis : Cette princesse et si grande et si bonne
Porte dessus son chef de France la couronne :
Mais dis cela si haut, qu’on l’entende à Florence.
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Joachim Du Bellay
Je vis l’oiseau qui le soleil contemple
D’un faible vol au ciel s’aventurer,
Et peu à peu ses ailes assurer,
Suivant encor le maternel exemple.

Je le vis croître, et d’un voler plus ample
Des plus hauts monts la hauteur mesurer,
Percer la nue, et ses ailes tirer
Jusqu’au lieu où des dieux est le temple.

Là se perdit : puis soudain je l’ai vu
Rouant par l’air en tourbillon de feu,
Tout enflammé sur la plaine descendre.

Je vis son corps en poudre tout réduit,
Et vis l’oiseau, qui la lumière fuit,
Comme un vermet renaître de sa cendre.
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Joachim Du Bellay
Quand ton col de couleur rose
Se donne à mon embrassement
Et ton oeil languit doucement
D’une paupière à demi close,

Mon âme se fond du désir
Dont elle est ardemment pleine
Et ne peut souffrir à grand’peine
La force d’un si grand plaisir.

Puis, quand s’approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne,

Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitement folâtrent et nouent,
Eventent mes douces ardeurs,

Il me semble être assis à table
Avec les dieux, tant je suis heureux,
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable.

Si le bien qui au plus grand bien
Est plus prochain, prendre ou me laisse,
Pourquoi me permets-tu, maîtresse,
Qu’encore le plus grand soit mien?

As-tu peur que la jouissance
D’un si grand heur me fasse dieu?
Et que sans toi je vole au lieu
D’éternelle réjouissance?

Belle, n’aie peur de cela,
Partout où sera ta demeure,
Mon ciel, jusqu’à tant que je meure,
Et mon paradis sera là.
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France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau que sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois .

Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle .
Mais nul,sinon Echo, ne répond à ma voix .

Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine,
Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine
D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau .

Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture,
Ils ne craignent les loups, le vent, ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau .
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En vain le Roy sera aux armes invincible, S'il n'est juste et ne faict la justice garder.
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(LES REGRETS) sonnet 91

O beaux cheveux d’argent mignonnement retors !
O front crêpe et serein ! et vous, face dorée !
O beaux yeux de cristal ! ô grand bouche honorée,
Qui d’un large repli retrousses tes deux bords !

O belles dents d’ébène ! ô précieux trésors,
Qui faites d’un seul ris toute âme enamourée !
O gorge damasquine en cent plis figurée !
Et vous, beaux grands tétins, dignes d’un si beau corps !

O beaux ongles dorés ! ô main courte et grassette !
O cuisse délicate ! et vous, jambe grossette
Et ce que je ne puis honnêtement nommer !

O corps transparent ! ô beaux membres de glace !
O divines beautés ! pardonnez-+moi, de grâce,
Si, pour être mortel, je ne vous ose aimer.
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Joachim Du Bellay
Une louve je vis sous l'antre d'un rocher

Une louve je vis sous l'antre d'un rocher
Allaitant deux bessons : je vis à sa mamelle
Mignardement jouer cette couple jumelle,
Et d'un col allongé la louve les lécher.

Je la vis hors de là sa pâture chercher,
Et courant par les champs, d'une fureur nouvelle
Ensanglanter la dent et la patte cruelle
Sur les menus troupeaux pour sa soif étancher.

Je vis mille veneurs descendre des montagnes
Qui bornent d'un côté les lombardes campagnes,
Et vis de cent épieux lui donner dans le flanc.

Je la vis de son long sur la plaine étendue,
Poussant mille sanglots, se vautrer en son sang,
Et dessus un vieux tronc la dépouille pendue.
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Joachim Du Bellay
Las! Je ne veux plus voir rien de beau sous les cieux
Puisqu'un œuvre si beau j'ai vu devant mes yeux
D'une soudaine chute être réduit en poudre!
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Je n’écris point d’amour, n’étant point amoureux,
Je n’écris de beauté, n’ayant belle maîtresse,
Je n’écris de douceur, n’éprouvant que rudesse,
Je n’écris de plaisir, me trouvant douloureux :

Je n’écris de bonheur, me trouvant malheureux,
Je n’écris de faveur, ne voyant ma princesse,
Je n’écris de trésor, n’ayant point de richesse,
Je n’écris de santé, me trouvant langoureux :

Poème 79
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Si les larmes servaient de remède au malheur,
Et le pleurer pouvait la tristesse arrêter,
On devrait, Seigneur mien, les larmes acheter,
Et ne se trouverait rien si cher que le pleur.

Mais les pleurs en effet sont de nulle valeur :
Car soit qu’on ne se veuille en pleurant tourmenter,
Ou soit que nuit et jour on veuille lamenter,
On ne peut divertir le cours de la douleur.

Poème 52
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Je suis content qu’on appelle folie
De nos esprits la sainte déité,
Mais ce n’est pas sans quelque utilité
Que telle erreur si doucement nous lie.

Elle éblouit les yeux de la pensée
Pour quelquefois ne voir notre malheur,
Et d’un doux charme enchante la douleur
Dont nuit et jour notre âme est offensée.

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Tristes désirs, vivez doncques contents :
Car si le temps finit chose si dure,
Il finira la peine que j’endure.

Les Antiquités de Rome (poème 7)
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Nous usons du prescrit de nature, qui pour parler nous a seulement donné la langue. Nous ne vomissons pas nos paroles de l'estomac, comme les ivrognes; nous ne les étranglons pas de la gorge, comme les grenouilles; nous ne les découpons dedans le palais, comme les oiseaux; nous ne les sifflons pas des lèvres, comme les serpents. Si en telles manières de parler gît la douceur des langues, je confesse que la nôtre est rude et mal sonnante. Mais aussi avons-nous cet avantage de ne tordre point la bouche en cent mille sortes, comme les singes.
[La défense et illustration de la langue française, chapitre IX]
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