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Critiques de John Arcudi (121)
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Sledgehammer 44

Il s'agit du début d'une nouvelle série connectée au Mignolaverse (les séries Hellboy et BPRD). Ce tome peut-être lu indépendamment de ces 2 séries, tout en restant compréhensible. Il contient les 2 premières miniséries, soit 5 épisodes, initialement parus en 2013, écrits par Mike Mignola & John Arcudi, avec une mise en couleurs de Dave Stewart.



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- Sledgehammer 44 (2 épisodes, dessinés et encrés par Jason Latour) - En 1944, dans une petite ville (fictive) de France (D'Ébène Chiot), une petite unité de 5 soldats doit servir de soutien à une autre unité qu'elle attend. L'unité en question est lâchée du ciel sur la ville. Elle a pour nom de code Sledgehammer : il s'agit d'une sorte de gros robot humanoïde à 3 yeux, qui doit combattre un gros robot nazi.



Dans la postface (1 page), John Arcudi explique que ce projet a été conçu à la demande de John Severin. Ce dernier avait illustré la deuxième aventure de Sir Edward Grey (Lost and gone forever) à l'âge de 88 ans. Il souhaitait ensuite dessiner une histoire se déroulant pendant la seconde guerre mondiale ; malheureusement il est décédé après avoir réalisé seulement quelques planches (dont 2 incluses en fin d'ouvrage).



John Arcudi et Mike Mignola ont donc développé un nouveau personnage pour cette époque, s'intégrant dans le Mignolaverse, c'est-à-dire l'univers partagé d'Hellboy et du BPRD. Les lecteurs les plus attentifs identifieront la fourche d'Anum et la combinaison d'énergie Vril (voir Iron Prometheus). Les très, très, très attentifs se souviendront d'une case dans The dead (le tome 3 de la série BPRD) où l'on pouvait apercevoir l'armure de Sledgehammer.



Dans cette première histoire, il s'agit d'introduire le personnage en bonne et due forme, et de montrer ses capacités face à un gros robot nazi surarmé, et d'expliquer son lien avec le soldat américain Patrick Redding. L'histoire est rapide. Mignola et Arcudi réussissent à faire exister plusieurs personnages, à donner une identité distincte à 3 soldats, en ce nombre de pages limité. L'intrigue n'est pas très originale, mais elle remplit bien sa fonction de servir de support à l'introduction de Sledgehammer, permettant d'intégrer quelques notions sur sa source de pouvoir, son lien avec l'ange Anum, et la conscience humaine qui guide cet engin de destruction. Ils trouvent même le moyen d'inclure une dimension tragique au personnage.



Jason Latour détoure les formes avec un trait fin uniforme, un peu tremblé. Le niveau descriptif de ses dessins est satisfaisant, en particulier l'authenticité des uniformes américains. Il a choisi une approche un peu caricaturale pour la représentation des visages. L'effet comique est assez discret pour ne pas neutraliser ni la dimension tragique du récit, ni la tension narrative des affrontements.



Ces 2 premiers épisodes constituent un bon prologue, introduisant un nouveau personnage qui trouve naturellement son origine dans la riche mythologie du Mignolaverse. 4 étoiles.



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- Lightning war (3 épisodes, dessinés et encrés par Laurence Campbell) - Quelques mois plus tard, les nazis s'emparent d'un prototype d'avion, capturant aussi le pilote Danny Ellroy. Le docteur Helena Gallaragas réussit à faire sortir Sledghammer de sa léthargie et à le convaincre d'effectuer une mission de sauvetage pour délivrer Ellroy et récupérer le prototype.



À chaque nouvelle histoire, c'est un grand plaisir de constater le niveau d'aisance que John Arcudi et Mike Mignola ont atteint dans leur narration. Ici il suffit de quelques scènes pour rendre le récit personnel et impliquer émotionnellement le lecteur. Il y a donc la situation extraordinaire de Patrick Redding. Lorsqu'Helena Gallaragas (la fille du professeur Kiryakos Gallaragas, l'inventeur de la combinaison énérgie Vril) expose sa motivation à Sledgehammer, en 3 pages, ils ont fait passer sa personnalité, ils ont créé un personnage de femme forte et crédible, et ils ont acquis l'empathie du lecteur pour le reste du récit.



Ces 3 épisodes s'avèrent bien dense, faisant le lien avec une partie de la mythologie du BPRD : une incarnation de Black Flame (Raimund Diestel), la présence de Trevor Bruttenholm, la fourche d'Anum et l'évocation de Lobster Johnston. Les auteurs insèrent une référence à Épiméthée (l'un des Titans). L'intrigue recèle plusieurs surprises complexifiant la mission de sauvetage. Il est possible de regretter des combats trop basiques, Mignola & Arcudi jouant sur l'imprécision du niveau de pouvoir de Sledgehammer pour le sortir du pétrin comme bon les arrange.



D'un côté les dessins de Laurence Campbell sont plus épurés que ceux de Latour : moins de détails, beaucoup moins d'arrières plans. De l'autre côté, Campbell peaufine son encrage et ses ombres portées pour tirer ses dessins vers l'expressionisme et installer une atmosphère pétrie d'une sourde fatalité, beaucoup plus prenante que la vision plus factuelle de Latour. Campbell bénéficie de toute l'intelligence de la mise en couleurs de Dave Stewart qui palie l'absence de décors par des camaïeux assurant la continuité de l'atmosphère d'une scène d'une case à l'autre tout en renforçant les textures, et en conférant de la substance à des cieux désespérément vides sinon. Grâce à Stewart, les pages contiennent assez d'informations visuelles pour ne pas sembler trop éthérées.



Cette deuxième histoire développe la situation du personnage principal, au cours d'une aventure rapide, disposant de personnages assez étoffé, de scènes d'action spectaculaire et d'enjeux dépassant le simple affrontement générique contre les nazis. 4étoiles.
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B.P.R.D. Hell on Earth Volume 4 : The Devil..

Ce tome fait suite à Hell on Earth 3 - Russia. Il contient les 3 épisodes de la minisérie "The devil's engine", et les 3 épisodes de la minisérie 'The long death", parus en 2012. Tous les scénarios sont de Mike Mignola et John Arcudi.



The devil's engine (illustrations de Tyler Crook) - Andrew Devon (un agent ordinaire du BPRD) a retrouvé et rejoint Fenix et son chien Bruiser, quelque part dans une zone naturelle des États-Unis. Ils s'apprêtent à prendre le train pour rejoindre la base du BPRD dans le Colorado. Fenix a un mauvais pressentiment concernant ce train. Le voyage va être mouvementé. Au siège social de l'entreprise Zinco, Herr Marster montre la jolie collection de souvenirs du précédent propriétaire, à son adjointe Evelyn. Puis il effectue un point d'avancement avec le responsable technique du projet visant à ramener l'ancien propriétaire.



Mignola et Arcudi reviennent au personnage de Fenix, déjà vu dans Gods and monsters. L'agent Andrew Devon est chargé de ramener cette jeune personne vivant en marge de la société et se défiant de l'autorité établie, car elle pourrait apporter une aide significative dans la lutte contre les monstres. L'histoire suit principalement Devon et Fenix pour un voyage mouvementé pendant lequel les épreuves obligent chacun des 2 à mettre en avant leur personnalité profonde, et à apprendre à cohabiter et à coopérer. Les histoires de Mignola et Arcudi reposent sur un savant dosage entre action, éléments surnaturels et monstrueux, et interactions entre personnages. En fonction des récits le dosage est plus ou moins bien équilibré. Ici par la différence d'attitude entre Devon et Fenix, ils arrivent bien à retranscrire la différence d'âge (les bouderies de Fenix, le professionnalisme de Devon), et leur différence d'expérience face aux monstres.



Par contre, Mignola et Arcudi ont choisi de transformer leur périple en un huis clos où Fenix et Devon se retrouvent seuls tous les 2, face aux monstres. Assez vite, le cycle habituel s'installe : confrontation, fuite de justesse, confrontation, etc. Sans être fade, cette dynamique reste très classique. Ces séquences sont entrecoupées des avancées d'Herr Marster et ses sbires à Zinco pour ramener le Maître. Il s'agit pour les scénaristes de préparer une future histoire, en développant des intrigues laissées en plan depuis quelques tomes. Les expériences de Zinco sont assez savoureuses, et Herr marster présentant la collection de souvenirs nazis à Evelyn est irrésistible dans sa candeur.



Tyler Crook continue de développer son style petit à petit tout en restant dans la droite ligne visuelle définie par Guy Davis pendant toutes les années précédentes. Il utilise un encrage moins griffé que celui de Davis, plus agréable à l'oeil, tout en conservant cet aspect spontané et naturel, comme si le dessin avait été effectué rapidement, comme si la scène avait été croquée sur le vif. Il sait exprimer une vaste gamme de sentiments nuancés au travers des visages, et les séquences d'action se lisent toutes seules.



Si le fond de l'histoire manque un peu d'originalité et de piment, le mode narratif tant structurel que pictural rend cette histoire agréable à lire. 4 étoiles.



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The long death (illustrations de James Harren) - La surveillance des phénomènes surnaturels effectuée par le BPRD a mis en évidence une série de disparitions en Colombie Britannique. Ape Sapien étant toujours sur la touche, Johann Kraus se porte volontaire pour prendre la tête d'une équipe d'enquête, comprenant Carla Giarocco. Il a plusieurs raisons pour vouloir mener lui-même ces investigations, raisons qui remontent au commandement de Benjamin Daimio, à la tête du BPRD.



Cette deuxième histoire a pour objectif d'apporter une fin à plusieurs intrigues secondaires laissées en suspens (certaines depuis Killing ground) dont, enfin, l'utilisation du couteau sacrificiel récupéré il y a de cela de nombreux épisodes par Johann Kraus. C'est également la limite de cette histoire. Si le lecteur est pleinement immergé dans la continuité des histoires du BPRD, il appréciera pleinement de voir aboutir ces intrigues secondaires sur une résolution satisfaisante. Si le lecteur a papillonné parmi tous les tomes du BPRD, ou s'il s'est initié à cette série à partir du premier tome de "Hell on earth", il est à craindre que les motivations de Johann Kraus, et ses explications le plongent dans une profonde perplexité. En fait, même pour le lecteur assidu, la révélation relative à ce couteau semble arriver tardivement. Pour le reste, Arcudi et Mignola proposent une histoire avec des monstres bien monstrueux dans des bois froids et désolés, pour atmosphère bien glauque et angoissante. Malheureusement la résolution est un peu téléphonée.



C'est l'occasion de découvrir un nouveau venu sur la série : James Harren (déjà croisé pour une histoire courte d'Abe Sapien dans The Devil does not jest & others, et dans une histoire de Conan Queen of the black coast). Il a une tâche assez intimidante : faire croire à la monstruosité sauvage de 2 créatures, tout en rappelant au lecteur qu'il y a une âme humaine enfouie dans chacun d'entre eux. J'ai été très impressionné par sa capacité à relever ce défi, et à le réussir haut la main. Il sait transcrire l'inhumanité dangereuse de ces 2 créatures, décrire des bois désolés et les rendre inquiétants, montrer la fragilité des êtres humains normaux dans cet environnement peu hospitalier, face à ces forces de la nature destructrices. L'ambiance est d'une densité totalement immersive, une grande réussite visuelle qui transforme avec une deuxième moitié convenue, en un spectacle saisissant. Il est bien aidé par Dave Stewart qui semble avoir plus soigné sa mise en couleurs dans cette partie que dans la première.



Les illustrations très réussies de James Harren transforment un récit un peu convenu et un peu référentiel, en une aventure visuelle terrifiante et viscérale. 4 étoiles.
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B.P.R.D., tome 6 : The Universal Machine

Ce tome est le sixième de la série BPRD, après BPRD : The Black Flame. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie du même nom.



L'histoire commence avec un largage de bombes de grande envergure sur le repaire du monstre qui a été détruit dans le tome précédent (scène magnifique digne des meilleures séries B, il suffit d'utiliser la fonction "cliquez pour feuilleter" pour en avoir un aperçu). Après ce nettoyage énergique, les agents du BPRD (Bureau for Paranormal Research and Defense) tentent de faire leur deuil de Roger. Kate Corrigan part accompagnée d'Andrew Devon (un agent civil du BPRD) en France à la recherche d'un tome censé contenir le secret permettant de ramener un homoncule à la vie. Elle tombe sur un collectionneur assez particulier qui n'accepte de céder son ouvrage que contre une pièce de collection d'une valeur équivalente ou supérieure. La négociation s'annonce difficile et dangereuse, surtout quand des créatures ressemblant à loups garous envahissent le village.



Pendant ce temps là, au quartier général du BPRD dans le Colorado, les autres membres du BPRD se racontent des histoires de vie après la mort pour essayer de se faire une opinion sur les chances de survie de Roger. C'est ainsi que Benjamin Daimio raconte enfin aux autres ce qui lui est arrivé pour être défiguré par une telle cicatrice et dans quelles circonstances il a connu une expérience de vie après la mort. Liz Sherman revient sur les circonstances dans lesquelles elle a fait le deuil de ses parents et de son frère. Johann Kraus revient sur une de ses expériences professionnelles en tant que médium. Enfin Abe Sapien raconte l'une des enquêtes qu'il a effectuée avec Hellboy.



Les tomes du BPRD se succèdent et mon attachement pour ces personnages grandit au fur et à mesure. Même Kate Corrigan devient attachante grâce à ce volume. Cette dame qui n'était rien de plus qu'une présence sans personnalité acquière une dimension inattendue de négociatrice qui la justifie pleinement dans son rôle de satellite des agents terrain. De manière aussi logique qu'organique, les membres du BPRD passent par les différentes phases liées au deuil de Roger : déni, colère, marchandage, dépression et acceptation. Comme à leurs habitudes, John Arcudi et Mike Mignola vont piocher dans le folklore des nations pour alimenter leur récit. C'est ainsi que Abe Sapien et Hellboy sont confrontés à une manifestation de Wendigo. Kate Korrigan se retrouve en France (Guy Davis ne sait pas comment s'écrit téléphone en français) devant une manifestation surnaturelle et un tableau du papa d'Hellboy avec sa couronne. Le corps ectoplasmique de Kraus se promène dans les éthers pour une séance de spiritisme pour convoquer l'esprit d'une morte. Ils ont même été piocher dans les contes et légendes du Venezuela et de la Bolivie pour une apparition du dieu Jaguar. Comme à leur habitude, Arcudi et Mignola donnent leur vision de ces phénomènes paranormaux qui est d'autant plus savoureuses qu'elle s'enchevêtre avec la personnalité des héros et avec un léger détachement qui s'apparente à un savoureux second degré.



Encore une fois, Guy Davis est mis à forte contribution pour donner une apparence crédible à tous ces éléments surnaturels. C'est d'ailleurs ce qui fait l'une des grandes forces de cette série : l'intelligence et la logique conceptuelle des différents éléments visuels. Chaque monstre a été pensé graphiquement pour avoir une apparence spécifique et remarquable. Pour l'apparence du Wendigo, Guy Davis ne ressert pas au lecteur une pâle copie de celui de Marvel. Il a travaillé avec Mike Mignola pour inclure un élément horrifique (je vous laisse découvrir lequel) qui lui donne un aspect à la fois unique et dérangeant. Le passage dans la jungle de Bolivie évoque la jungle en pots de fleur de Predator avec sa moiteur et son huis clos. La scène d'ouverture avec son lâcher de bombes prouve à nouveau que Guy Davis ne rechigne pas à l'ouvrage : vous n'avez qu'à dénombrer toutes les bombes dessinées. Il fait preuve de la même minutie pour dessiner l'étrange bibliothèque du collectionneur. Il parvient même à donner une identité visuelle intéressante à la séance de spiritisme qui combine l'aspect éthérée des corps astraux avec une certaine forme de désuétude associée à ce type d'activité et de romantisme dépourvu de mièvrerie. Et comme d'habitude, Guy Davis sait transcrire les émotions des personnages sur leur visage, sans exagération. Plus je contemple ses illustrations, plus je suis projeté dans ce monde singulier et attaché à ces personnages. Le tome se termine sur 5 pages dessinées par Mike Mignola.



Les membres du BPRD continuent de lutter contre les forces surnaturelles dans BPRD 7 : Garden of Souls.
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B.P.R.D., tome 4 : Les Morts

Ce tome est le quatrième de la série (après B.P.R.D. : Plague Of Frogs) et il regroupe les 5 épisodes de la minisérie du même nom, ainsi que l'histoire courte "BPRD born again".



Au début du récit l'équipe de terrain du BPRD est composée de Liz Sherman, Abe Sapien, Roger l'homoncule, Johann Kraus et Kate Korrigan. Abe Sapien décide d'enquêter sur Langdon Everett Caul. Il remonte sa trace jusqu'à sa dernière demeure sur terre et il est accompagné par Kate Corrigan. Cette démarche fait suite aux révélations du tome précédent. De leur coté, les 3 autres agents sont convoqués par Thomas Manning qui a plusieurs informations à leur communiquer. La première est constituée par l'annonce de la relocalisation de leur base dans le Colorado. La deuxième est qu'ils se voient dotés d'un nouveau membre dans l'équipe qui prend les fonctions de chef : Ben Daimio.



Aussitôt dit, aussitôt fait : le BPRD emménage dans une nouvelle base gigantesque. Leur première mission est de trouver un moyen de stopper l'expansion des grenouilles démoniaques. Mais avant qu'ils ne puissent commencer à réfléchir à la question, leur nouveau QG est le lieu de manifestations paranormales plus ou moins inquiétantes. En particulier le quatrième sous-sol recèle un savant allemand transfuge de la seconde guerre mondiale, emmuré dans un laboratoire depuis plus de quarante ans et toujours vivant.



Avec ce tome, l'équipe créatrice est au complet. Mike Mignola supervise les scénarios, la cohérence de l'univers d'Hellboy et écrit quelques scènes. John Arcudi écrit tout le reste et Guy Davis est installé comme le dessinateur permanent de cette série de miniséries.



Comme toujours, le fan craint le pire quand un créateur prend de la distance avec ses créatures pour les confier pour tout ou partie à une tierce personne. Ce tome tord le cou à ces craintes. Tout est en place, tout est en parfait équilibre : cette lecture est un régal. Le lecteur retrouve avec plaisir le style si particulier de Guy Davis qui sait être précis et méticuleux pour décrire un décor, un site, mais aussi plus esquissé, plus lâche quand il s'agit de retranscrire une atmosphère ou des sensations d'étrangeté ou même de grotesque ou d'horreur. La savoir faire de Guy Davis semble ne pas connaître de limite. Il sait rendre crédible aussi bien une vieille baraque en ruine en bord de falaise que les entrailles de cette base militaire longtemps désaffectée. Chaque personnage a des traits du visage marqués qui le rendent unique, sans pour autant qu'il soit grotesque. La cicatrice qui défigure Ben Daimio est hideuse tout en étant crédible. Liz Sherman a un visage séduisant même s'il ne correspond pas aux canons usuels de la beauté. Roger n'a jamais été aussi expressif tant dans son visage que dans son langage corporel. Et les monstres sont toujours aussi réussis.



Dans la postface, Mike Mignola explique que John Arcudi était son seul et unique choix pour co-écrire avec lui. S'il avait décliné l'offre, Mignola aurait probablement mis fin à cette série. Ils ont échangé copieusement leurs idées quant au sens général à donner à la série avant de commencer à écrire. L'implication de Mignola se ressent fortement dans la cohérence et la continuité rigoureuse des événements avec ceux qui se déroulent dans les histoires d'Hellboy. Mignola précise également qu'il a écrit toutes les séquences d'Abe Sapien : elles prolongent la découverte de ses origines. Par contre, il est évident que l'approfondissement de la personnalité des autres héros est attribuable à John Arcudi. Il a pris le parti de faire de Roger un esprit simple, sans pour autant qu'il en devienne risible. Et ce choix s'avère aussi judicieux que nuancé face en particulier à l'esprit carré et rigide de Ben Daimio. Liz Sherman apparaît plus que jamais comme un personnage complexe et très humain avec ses qualités, ses défauts et ses doutes. Même Johann l'ectoplasme acquière de l'épaisseur psychologique.



Alors que je pensais plonger dans une bonne série B divertissante, je ressors de cette lecture avec la plaisir d'avoir rencontré des personnes touchantes pour lesquelles je ressens une profonde empathie grâce à une équipe de créateurs habiles et intelligents. Les péripéties du BPRD dépassent largement le simple cadre des chasseurs de monstres pour révéler un niveau de sophistication envoutant. Leurs aventures se poursuivent dans B.P.R.D.: The Black Flame, le cinquième tome.
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Witchfinder, tome 3 : Les Mystères d'Unland

Ce tome contient les 5 épisodes de la minisérie du même nom, initialement parus en 2014, coécrits par Kim Newman et Maura McHugh, dessinés et encrés par Tyler Crook, avec une mise en couleurs de Dave Stewart.



L'action se déroule en 1881, en Angleterre. Sir Edward Grey a été appelé à la morgue pour examiner le cadavre d'Arthur Neal, appointé par le Lord Chamberlain pour enquêter sur les entreprises souhaitant recevoir l'approbation de la Couronne pour leur produit. Ce monsieur enquêtait dans la ville d'Hallam, à la campagne, sur le processus de fabrication d'un élixir aux propriétés pharmaceutiques. La Reine a souhaité que Sir Edward Grey reprenne l'enquête d'Arthur Neal.



À Hallan, Sir Edward Grey découvre une ville modèle, construite par Horace Poole, un riche entrepreneur qui a fait construire une cité ouvrière pour loger sa main d'œuvre. Il se rend à l'hôtel pour prendre une chambre et visiter celle de feu Arthur Neal. Sur place, il écoute les fariboles de l'hôtelière qui lui raconte une histoire d'étrangers teutons infiltrés, à dormir debout.



Ce troisième tome des aventures de Sir Edward Grey constitue une première dans l'univers étendu d'Hellboy. C'est la première fois que Mike Mignola laisse le contrôle total d'une de ses créations à d'autres auteurs. Kim Newman est un écrivain à part entière, voir par exemple [[ASIN:2253177245 Anno Dracula]] ; et Maura McHugh fut une entraîneuse d'équipe de basketball.



Le lecteur de comics chevronné sait que la participation d'un "vrai" écrivain à un scénario ne constitue pas un gage de qualité automatiquement, car le mode d'écriture d'un comics (ou d'une BD en général) n'est le même que celui d'un roman. De fait, cette histoire commence de manière très classique, avec le pourfendeur de sorcières qui doit se rendre dans un village isolé pour enquêter sur un meurtre étrange. Le classicisme de cette ouverture est compensé par plusieurs idées, comme celle de l'élixir miracle, du mandat royal (Royal Warrants of Appointment), ou de la cité ouvrière (de type utopie patronale).



Kim Newman fait rapidement intervenir le surnaturel, le montrant au grand jour, faisant reposer le suspense sur une autre composante. Sans grande surprise, il y a un secret bien caché et coupable dans la famille fortunée qui possède la ville. Avec plus d'originalité, il y a une composante féminine qui émerge en cours de route, mais en restant dans une dichotomie simpliste.



Kim Newman et Maura McHugh écrivent un mystère très classique dans une époque clairement identifiée. D'un côté le déroulement de l'intrigue suit un schéma très classique, sans réelle surprise (au vu de la créature surnaturelle, le lecteur ne sera pas étonné de voir arriver une montée des eaux). D'un autre côté, il y a assez d'éléments pour que l'ambiance de l'époque soit bien rendue. Il y a ce charmant policier (George Lawless) qui voue une haine farouche aux schleus, Sir Edward Grey qui représente la reine, et une technologie de fin dix-neuvième siècle. L'histoire se lit donc avec plaisir, mais avec un rythme assez pausé, et une structure archétypale.



C'est au tour de Tyler Crook d'illustrer une histoire de Sir Edward Frey (dessinateur qui avait commencé sur la série BPRD, en tant que remplaçant de Guy Davis. À l'instar des scénaristes, il effectue un travail de professionnel, partagé entre visions saisissantes, et narration visuelle pépère. La page d'ouverture offre une vision splendide avec Edward Grey en train d'écrire, le beau stylo plume, les motifs du papier-peint, le pendentif, la chemise, etc. La séquence suivante permet d'observer l'organisation et les outils de la salle de dissection.



Au fil des épisodes, le lecteur apprécie plusieurs trouvailles visuelles, comme les 2 pages façon bande dessinée du début du vingtième siècle pour mettre en scène la théorie d'agents secrets allemands infiltrés, les installations de la distillerie pour fabriquer l'élixir, ou encore la vision des sorcières dans le marais. La gare d'Hallam évoque bien l'époque correspondante, et a montée des eaux donne lieu à des images sympathiques.



Mais au fur et à mesure que le lecteur s'implique dans les représentations réalisées par Tyler Crook, il remarque aussi que tous les éléments d'architecture ne sont pas aussi bien travaillés. La grande salle de réception d'Horace Poole présente un volume peu crédible, et les escaliers se raccordent bizarrement à la pièce. Les apparitions des créatures surnaturelles à base d'anguille sont représentées de manière très littérale, alors que le lecteur suit les séries de Mignola en particulier pour la qualité de la conception graphique des monstres. La conception globale de l'inondation se limite à montrer de l'eau envahissant les rues et les champs, sans que là non plus le lecteur ne puisse y croire. Visuellement Tyler Crook n'arrive pas à faire croire à la plausibilité et à la cohérence de cette montée des eaux, venue de nulle part.



Au final, ce tome se lit avec plaisir parce qu'il contient plusieurs éléments perspicaces et des scènes qui font mouche. Mais de l'autre côté, dès que le lecteur se sent s'immerger plus profondément dans le récit, qu'il s'agisse de l'intrigue ou de l'environnement, il se rend compte qu'il n'y a guère de profondeur pour s'enfoncer. 3 étoiles.



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- Beware the ape (8 pages, scénario de Mike Mignola, dessins de Ben Stenbeck, couleurs de Dave Stewart) – Sir Edward Grey intervient dans la demeure de M. Bagsby, à Londres en 1880.



Par comparaison avec l'histoire principale, le lecteur a du mal à croire que Mignola et Stenbeck arrivent à mettre autant de choses en si peu de pages, avec une caractérisation impeccable de Sir Edward Grey. En prime ce récit établit un lien organique avec "Double assassinat dans la rue Morgue" d'Edgar Allan Poe. 5 étoiles.

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B.P.R.D. - 1948

Il s'agit du troisième tome retraçant le développement du BPRD depuis la seconde guerre mondiale, après "BPRD - 1946" puis "BPRD - 1947". Il vaut mieux avoir lu "1947" avant de lire le présent tome (en particulier pour comprendre la situation de Simon Anders). Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2012/2013, écrits par Mike Mignola & John Arcudi, dessinés et encrés par Max Fiumara, mis en couleurs par Dave Stewart, avec des couvertures de Dave Johnson.



Dans la base du BPRD à Fairfield dans le Connecticut, Simon Anders a du mal à se faire à cette vie sédentaire. Hellboy lui a piqué son paquet de clopes. Varvara asticote Trevor Bruttenholm sur sa propension à se fixer des objectifs peu réalistes, à commencer par élever un démon comme un homme. Bruttenholm et son équipe (Jacob Stegner, Simon Anders, et 3 autres) se rendent dans une base militaire de l'aviation pour enquêter sur des apparitions de monstres, à la demande d'un général de l'armée. Sur place, Bruttenholm rencontre l'équipe chargée d'un projet secret "Enkelados" à base d'explosion de bombe atomique : Walt Freeman, Tomas Zdenek, Etienne Boucq et Anna Rieu. Dans le désert aux environs du site, des monstres apparaissent et agressent des patrouilles. Le comportement d'Anders devient de plus en plus téméraire, voire suicidaire. À Fairfield, Margaret Laine et le soldat Archie essaye de préparer Hellboy à la visite prochaine du président Harry Truman.



Au début, le lecteur découvre qu'il vaut mieux qu'il se souvienne de ce qu'il s'est passé dans le tome précédent "1947" car le comportement du personnage de Simon Anders est directement lié à ces événements. Petit à petit, il s'aperçoit également que l'intrigue principale en Utah et les scènes relatives à Hellboy ne convergeront pas. Ce qui se passe à Fairfield reste une intrigue secondaire, sans incidence sur ce qui se passe en Utah. Il constate que Mignola et Arcudi développent la relation entre Bruttenholm et Varvara lors de 2 courtes séquences, à la manière à nouveau d'une intrigue secondaire destinée à constituer un lien discret d'un tome à l'autre. Enfin, il apprend en cours de tome l'origine de l'enkeladite, un matériau déjà mentionné par Fenix dans The return of the Master. Ces différents éléments conduisent le lecteur à envisager cette histoire différemment. Il ne s'agit pas d'une histoire complète en elle-même, mais bel et bien d'une pièce indispensable dans la mythologie déjà très riche du BPRD. Il y a donc 2 niveaux e lecture : l'intrigue principale, et une forme d'historique de l'institution qu'est le BPRD et des individus qui la composent.



Une fois pris en compte cette approche différente de lecture, il devient évident que "1948" vaut plus par son enrichissement de la mythologie et par les épreuves vécues par les personnages, et que par son intrigue principale. Le lecteur occasionnel du BPRD aura du mal à trouver satisfaction devant cette histoire de monstres s'introduisant dans notre réalité à la faveur des déchirures de la réalité provoquées par la force d'une explosion atomique. Le combat final apporte certes une résolution basique aux manifestations surnaturelles dans cette partie de l'Utah, mais pas de résolution pour les personnages.



Par contre, si le lecteur est venu pour une immersion dans la mythologie du BPRD, il en ressortira pleinement satisfait, avec la sensation d'avoir découvert un nouveau pan de cette mythologie totalement intégré à ce qu'il savait déjà. Il retrouve tout le savoir faire de Mignola et Arcudi sur la série principale du BPRD, avec des personnages attachants se conduisant en adulte, des monstres terrifiants, et des relations complexes entre les personnages (étrange Varvara).



Max Fiumara avait déjà dessiné un épisode du BPRD dans le recueil The Pickens County horror and others. Les esquisses en fin de volume permettent de se faire une idée du travail préparatoire de conception des monstres, effectué par Fiumara. Si cet aspect peut paraître futile, il n'est en rien secondaire puisque la lutte contre les monstres est la raison d'être de la série. De ce point de vue, Fiumara se montre à la hauteur et ces monstres ne sont ni stéréotypés, ni une simple copie de ceux conçus par Mignola, puis par Guy Davis. Il se montre à la fois innovant et cohérent avec ses prédécesseurs. Fiumara dessine dans une veine assez réaliste, sans se reposer sur les conventions propres aux superhéros. Ses dessins ont une apparence moins spontanée que ceux de Guy Davis, avec des aplats de noir plus marqués, sans pour autant donner l'impression de faire du sous-Mignola. Il ne cherche pas à faire joli, mais plutôt à transcrire une réalité un peu rugueuse, avec des individus portant les marques du poids de leurs responsabilités. Il construit ses mises en scènes avec soin, rendant les combats visuellement intéressants et pleins de mouvements, faisant tour à tour ressortir dans les scènes de dialogues soit la personne qui prend l'ascendant sur les autres, soit les émotions des personnages en s'attardant sur un geste anodin ou révélateur. À ce titre, la discussion dans un bar entre Anna Rieu et le sergent Yessler permet de rendre palpable le lien affectif ténu en train de naître entre eux, ainsi que la détente progressive d'Anna, à la façon dont elle joue avec son verre de vin. La direction d'acteurs de Fiumara complète parfaitement le dialogue pour rendre visible l'évolution des émotions complexes habitant Anna Rieu et Trevor Bruttenholm à chaque nouvelle rencontre. Il n'y a que sa propension marquée à dessiner des personnages aux épaules tombantes qui finit par lasser, faute d'une véritable signification.



Sous réserve d'avoir conscience que ce tome ne constitue pas une histoire indépendante, mais une brique supplémentaire dans l'historique du BPRD, le lecteur pourra apprécier la dextérité avec laquelle Mignola, Arcudi et Fiumara enrichissent cette mythologie et font évoluer des personnages complexes et attachants. Le lecteur ressort de cette histoire avec le souhait de pouvoir retrouver Varvara, Anna Rieu et Simon Anders, ce qui est la preuve tangible de l'épaisseur de ces personnages. Le destin de Simon Anders est révélé dans BPRD - Vampire de Mike Mignola, Gabriel Bá et Fábio Moon.
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A god somewhere

Que feriez-vous si vous aviez le pouvoir d'un Dieu? A God somewhere s'attaque à la question de la façon la plus répugnante possible. Pourquoi un homme avec des pouvoirs de Dieu accepterait-il de rester parmi nous? C'est une façon très tragique de voir le mythe du superhéros déconstruit. Les dessins sont extrêmement généreux sur les massacres et l'hémoglobine, mais en même temps, le but de l'histoire est de faire comprendre chaque répercussion des gestes d'un homme qui n'a plus rien à faire de son humanité. Cette histoire d'apparence simple gagne beaucoup en profondeur durant sa durée et s'avère une intéressante réflexion sur un phénomène très populaire. Coeurs sensibles s'abstenir cependant.
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Aliens alchemy

Ce tome contient une histoire complète, initialement parue sous la forme de 3 épisodes en 1997. Le scénario est de John Arcudi, les dessins et encrages de Richard Corben, et la mise en couleurs de John Pound.



Sur une planète indéterminée, une petite communauté subsiste, elle s'est donné le nom d'Emerson. Au cours de l'histoire, les personnages commentent qu'elle est en train de s'industrialiser petit à petit. Dans les environs de cette implantation humaine, se trouve la carcasse d'un vaisseau spatial de moyenne importance, dans lequel un spectre fait parfois son apparition. Au sein de la communauté, un ordre religieux dénonce les méfaits de l'industrialisation, à commencer par la pollution du milieu naturel (air et eau). Toch Newcomen est l'un des prédicateurs appelant au retour des traditions agricoles. Cet ordre religieux est dirigé par Carson Muir qui prétend communiquer avec le Premier Père, une vague déité. La communauté dispose d'une forme de gouvernement démocratique dirigé par Kartha. Un vote doit bientôt avoir lieu pour savoir si les habitants prennent l'initiative d'explorer les restes du vaisseau pour cannibaliser sa technologie. Un meurtre atroce survient et une créature diabolique est entraperçue, avec une forme repoussante, un appendice caudal capable de trancher un individu et un fluide corporel dissolvant tout. Rachel Newcomen (responsable des forces de l'ordre, et soeur de Toch) doit enquêter.



En 1988, Dark Horse acquiert une licence d'utilisation des Aliens pour éditer des bandes dessinées utilisant ces extraterrestres teigneux. Les premières histoires restent assez proches du film Aliens, le retour de James Cameron, avant d'intégrer Ellen Ripley issue de Alien, le huitième passager. Au fur et à mesure du succès des bandes dessinées, les aliens ont servi d'argument de vente pour des histoires dans lesquelles ils pouvaient être relégués au simple statut ressort dramatique secondaire. C'est le cas pour cette histoire réalisée par 2 créateurs remarquables : John Arcudi (connu pour avoir créé "The Mask", et pour coécrire BPRD avec Mike Mignola), Richard Corben (passé dans la légende avec la création de Den, et ramené sur le devant de la scène dans les années 2000 grâce à sa participation à la série Hellboy, par exemple dans La fiancée de l'Enfer).



En 3 épisodes, John Arcudi met autant d'éléments qu'il peut, sans donner l'impression de noyer le lecteur et les pages dans une masse de texte envahissant. L'exercice est complexe, et le résultat donne parfois l'impression qu'il n'a pas pu tout développer comme il l'aurait souhaité, ou même qu'il n'a pas toujours pu (ou su) ordonner le flux des informations pour une narration fluide. La composante écologique du récit est éclatée dans plusieurs conversations qui semblent vouloir approfondir la question du changement de nature de société, du passage d'une communauté de fermiers, à une communauté industrielle. Arcudi insiste à 2 reprise sur le fait que cette évolution s'accompagne d'une dégradation environnementale (cheminée d'usine recrachant des polluants dans l'air), et que cet état de fait crée une scission dans l'opinion publique, représentée d'un coté par les tenants de la religion (conservateurs, opposés au changement), et de l'autre les membres du gouvernement (mettant en avant les apports de la technologie, à commencer par un chauffage assuré pendant toute la période hivernale). Mais au final, ces discussions s'arrêteront là, elles n'auront que servi de prétexte pour opposer Carson Muir à Kartha, un simple artifice narratif promettant un développement, et ne débouchant sur rien. De la même manière, le lien unissant Toch et Rachel Newcomen promet le développement d'une relation affective conflictuelle et déchirante, mais en fait elle ne sert que de motivation pour pousser Rachel à s'inquiéter de son frère. Malgré tout, avec le troisième épisode, Arcudi ouvre une nouvelle perspective sur cette histoire qui réussit à maintenir un niveau d'intérêt suffisant.



L'ensemble des apparitions de l'Alien se cumule sur une douzaine de pages au total. Corben (grand spécialiste de la représentation de créatures monstrueuses) se plie à la conception graphique de Hans Rudolf Giger, reproduisant le mélange techno-organique de manière assez servile, en particulier pour sa peau qui ressemble à une combinaison spatiale futuriste. Par contre, il apporte un savoir faire indéniable pour les mouvements de la créature, en particulier le balayage mortel de son appendice caudal. Il donne une consistance des plus répugnantes à l'acide excrété par l'Alien, parfait pour transcrire l'horreur de la dissolution. Il ne s'attarde pas trop sur les blessures, même si le sang gicle dans des proportions crédibles. Par contre, il s'est bien amusé à représenter le reflet d'un visage déchiqueté dans la flaque de son sang. Pour le reste, le lecteur retrouve un Corben en moyenne forme et propre sur lui. Il se montre très habile pour les visages et les morphologies des différents personnages : variés et très personnalisés. Sa mise en scène permet de rendre visuel aussi bien les séquences de dialogue que les séquences d'action. Par contre, à mon goût, il évite de trop lâcher la bride à son coté plus grand que nature, pour respecter le rythme et les thèmes du scénario. Du coup le lecteur habitué à Corben ne retrouvera pas forcément le degré de démesure habituel du maître.



Si le lecteur vient pour une bonne histoire des Aliens, il risque d'être un peu déçu par la place réduite qui leur est accordé, mais réjoui par l'interprétation visuelle viscérale de Corben. Si le lecteur vient pour Corben, il découvrira une histoire de science-fiction assez étoffée mais dont certains fils n'apportent pas grand-chose à la trame générale, avec un Corben en bonne forme, mais comme bridé par l'exercice de style.
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B.P.R.D. - L'Enfer sur Terre, tome 5 : Sur ..

Le changement total d'univers de BPRD à BPRD "enfer sur terre" prend tout son sens ici avec plusieurs histoires tout à fait raccord avec l'esprit BPRD, comme par exemple un fantôme surgi des archives, mais surtout chacune des histoires est pertinente et percutante.



Nous découvrons enfin ce que la flamme noire a fait de New-York, et les agents du BPRD ont enfin l'occasion de changer la donne dans une série d'épisodes très musclés. C'est le "règne de la Flamme Noire".

Ma préférence va à l'avant dernière histoire du recueil, au Japon, "L'équation incomplète", qui est à la fois tragique, mouvementée, mais surtout pourrait être une excellente source d'inspiration pour de nombreux scénarios, dont le dénouement pourrait varier. Les joueurs de jeux de rôle y trouveront certainement une inspiration puissante.



Ce qui faisait le point faible de la série jusqu'à présent, ses histoires un peu décousues prend ici une cohérence certaine tout en explorant des directions diamétralement opposées.
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Witchfinder, tome 3 : Les Mystères d'Unland

Le meilleur des 3 premiers witchfinder



J'ai beaucoup apprécié le tome 1, un peu moins le 2, mais ce nouvel épisode de Witchfinder est sans conteste le meilleur des trois, et si on devait en lire qu'un, ce serait celui là. Sir Edward Grey arrive dans un petit village pour enquêter sur le meurtre d'un fonctionnaire royal. Il n'est guère convaincu que cette affaire relève de ses compétences de witchfinder, mais il ne va pas tarder à se rendre compte que la ville n'est pas seulement glauque à souhait mais que le surnaturel coule à flot du côté du marais.

Je ne vais pas spoiler mais il y a des trouvailles scénaristiques très sympa et une mise en scène qui rend une ambiance absolument unique. Sir Edward est rapidement troublé au point de se faire lui même abuser par les manipulateurs à qui il a affaire. Enquête fascinante, danger omniprésent, final apocalyptique. C'est du grand art, et la série Witchfinder se démarque parfaitement bien des autres univers de Mike Magnolia tout en gardant l'esprit gothique qui l'habite.
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The Mask - Intégrale, tome 1

On se souvient du film avec Jim Carrey et de navet qui en a fait suite.



Je trouve le comic très différents du films, beaucoup plus trash et moins comique.

J'en attendais sûrement trop mais pour moi l'humour n'est pas assez présent, j'ai la sensation d'enchaîner les massacres à chaque page sans qu'il y ait de réelles conséquence pour le Mask.



Pour ça manque un peu d'une histoire plus travail, à voir ce que donnera le tome 2.

Ça reste plaisant à lire et dessin sont bons.
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The Mask - Intégrale, tome 1

« Ssssplendide ! » Le retour d'un personnage au sang chaud (de Cuba) !



Avant le film avec Jim Carrey il y avait le comics. Si celui-ci est tout aussi délirant que son adaptation, il est toutefois plus bien plus violent.

Le masque est une relique donnant à son porteur de nombreux pouvoirs mais qui le transforme surtout en un tueur clownesque et assoiffé de sang. Le masque est un véritable antihéros qui fera tout péter sur son passage…

Cette réédition prévue en 2 volumes permet de découvrir (ou redécouvrir) ce comic mythique de la fin des années 80.
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B.P.R.D. Hell on Earth Volume 15 : Cometh t..

Ce tome 15 fait suite à The exorcist (minisérie Exorcism, épisodes 140 à 142) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Par contre, il faut avoir une bonne connaissance de l'historique du BPRD pour pouvoir apprécier ce tome. Il constitue d'ailleurs une suite directe à End of days. Il contient les épisodes 143 à 147, initialement parus en 2016, coécrits par Mike Mignola & John Arcudi, dessinés et encrés par Laurence Campbell, avec une mise en couleurs réalisée par Dave Stewart, et des couvertures de Duncan Fegredo. Ce tome apporte une conclusion satisfaisante à la période Hell on Earth.



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- ATTENTION - Ce commentaire comprend des informations sur des points d'intrigue des tomes précédents.

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Ce qu'il reste de l'armée américaine a réussi à lancer 9 missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) contre Ogdru Jahad. Le résultat est sans appel : aucun effet. De son côté, Johann Kraus est toujours dans l'armure Épiméthée. Il combat aux côtés de Liz Sherman, pour détruire un maximum de monstres engendrés par Ogdru Jahad. Leur combat semble sans fin, et le résultat un peu dérisoire. Ils ont beau en détruire régulièrement, il en vient toujours autant, si ce n'est plus. Dans le même temps, l'esprit de Krauss communique avec celui de Patrick Goddard, le précédent utilisateur de l'armure Épiméthée. Goddard lui reproche de penser trop petit, et l'enjoint à rejoindre un autre plan d'existence. Kraus n'a pas fait son deuil de l'existence terrestre. Dans la base du BPRD dans les montagnes du Colorado, Kate Corrigan est en train de parler avec Panya.



Panya indique à Kate Corrigan qu'elle doit se résoudre à abandonner cette base. En rentrant à l'intérieur, Corrigan se rend compte qu'Andrew Devon n'est pas à son poste, à regarder les moniteurs géants et à répondre aux appels. Elle indique à Panya que Fenix Espejo est sur le terrain à manier des armes à feu, comme la plupart des agents du BPRD. Varvara emmène Iosif Nichayko dans une zone désolée des enfers. Le chemin est barré par 3 petits diablotins rouges avec de petites ailes, mais Varvara a tôt fait de les remettre à leur place. Un peu plus loin, elle découvre le cadavre du roi Amdusias, infesté de scorpions, de serpents, et de vers.



En se plongeant dans ce tome, le lecteur a conscience qu'il s'agit du dernier dans la phase Hell on Earth. Il attend forcément beaucoup de ce récit, à commencer par une fin en bonne et due forme des différentes intrigues, mais aussi la possibilité de quitter ces personnages dans de bonnes conditions. Il sait également qu'il s'agit de personnages de fiction récurrents, et que ce tome ne marque pas forcément la fin de leurs aventures à tout jamais. Pour pouvoir ressentir un sentiment de complétude, il vaut mieux également lire le dernier tome des épisodes de la série régulière consacrée à un autre personnage : Abe Sapien Volume 8: The Desolate Shore.



Mike Mignola et John Arcudi font bien le nécessaire pour passer en revue la plupart des personnages récurrents : la récente recrue Fenix Espejo, une rapide évocation de Ted Howards, une apparition éclair de Tom Manning, la mention de l'agent Nichols, et le sort de Bruiser (le chien de Fenix) est évoqué. Le lecteur se doute bien qu'en 5 épisodes, avec une intrigue à mener à son terme, les auteurs ne pourront pas passer en revue tous les personnages, même en se restreignant à ceux qui sont encore vivants. Il apprécie de pouvoir en apercevoir quelques-uns, même brièvement. Les auteurs se concentrent donc sur Kate Corrigan et Panya, Liz Sherman, Varvara et Iosif Nichayko, Johann Krauss et Patrick Redding. Comme à leur habitude, ils savent transcrire leur personnalité et leurs motivations, en un minimum de mots, et un minimum de cases. Le lecteur a donc enfin la surprise de découvrir l'objectif de Panya, aussi inattendu que déconcertant. Il voit Kate Corrigan essayer de s'adapter à l'idée que rien n'arrêtera Ogdru Jahad, et qu'elle doit abandonner cette base où elle a exercé son commandement pendant tant de temps.



Ce dernier tome de la phase Hell on Earth marque le retour de Laurence Campbell comme artiste, ayant déjà dessiné une partie du tome 10 et la totalité du tome 13. Ce dessinateur intègre des aplats de noirs aux formes torturées, assez nombreux, donnant du poids à chaque case, et générant une ambiance sombre. Cette dernière est renforcée par la mise en couleur de Dave Stewart qui utilise des teintes grises et sombres. Les seuls éclats de couleur correspondent à l'explosion de pouvoirs, ou à des coulées de sang d'un rouge profond et uniforme. Le lecteur se rend compte à plusieurs reprises que dessinateur et coloriste se calquent sur la forme des dessins de Mike Mignola, en particulier à l'approche de la ville infernal de Pandémonium, pour les formes dégrossies au burin, ressortant avec force sur la couleur rouge.



De séquence en séquence, le lecteur se projette avec facilité dans chaque endroit, dans chaque situation grâce aux dessins. Il passe avec facilité de l'explosion massive des 9 missiles contre Ogdru Jahad, à une séquence onirique sur la pente d'une montagne suisse. Laurence Campbell réussit à donner à voir la dimension infernale, sans qu'elle ne soit ridicule. Il dose avec un grand savoir-faire la présence et l'absence des arrière-plans. Il réussit à donner une idée de la taille de chaque monstre dans chaque séquence, qu'il s'agisse du titanesque Ogdru Jahad, ou de ses rejetons. Il réalise des scènes de destruction massive convaincantes et personnelles, transcrivant leur ampleur dans toute leur force. Il se montre aussi habile dans sa direction d'acteurs, pour les phases de dialogue ou de réflexion. Totalement absorbé par l'affrontement et les révélations, le lecteur peut ne pas se rendre compte de la qualité de la narration visuelle. Il lui suffit de feuilleter rapidement les pages à la fin de sa lecture, pour mieux prendre conscience du travail accompli par Campbell, de la qualité de sa narration visuelle, et de la force de ses dessins.



Effectivement, le lecteur est totalement absorbé par l'intrigue. Il est très impatient de connaître l'évolution de la relation entre Varvara et Iosif Nichayko. Pendant des dizaines d'épisodes, le deuxième tenait la première emprisonnée sous une cloche en verre. Maintenant qu'elle est libérée, le lecteur se demande quelles vont être ses premières actions, et quel est son objectif. Il est entièrement rassasié par les relations interpersonnelles entre ces 2 personnages, ainsi que par les actions incroyables de Varvara. Ce fil narratif débouche sur un final grandiose, faisant honneur à ces personnages. Le lecteur a également la surprise de voir aboutir l'intrigue très secondaire relative à la ménagerie de Panya. Liz Sherman a bien sûr droit à plusieurs séquences, ne serait-ce que pour combattre les monstres, mais aussi pour sa motivation sans faille. Il y a aussi le cas particulier de Johann Kraus. Il s'agit d'un personnage introduit dans le premier tome de la première série du BPRD, en 2003, qui a disposé de plusieurs histoires centrées sur lui. Depuis quelques épisodes (tome 13), le statut de ce personnage a changé, entre autres du fait sa rencontre avec Patrick Redding, personnage dont l'histoire a été racontée dans Sledgehammer 44. Il vaut mieux que le lecteur ait lu ce tome et ait suivi le parcours de Johann Kraus pour apprécier ses gestes et ses décisions dans ce tome. Si c'est le cas, ce tome est à la fois une récompense pour son investissement dans le personnage, mais aussi un moment à couper le souffle très émouvant.



Le temps est venu pour Mike Mignola de mettre un terme à cette phase du BPRD, et même du Mignolaverse. Ce tome apporte une fin satisfaisante, avec un final spectaculaire, et des personnages qui existent, qui ne sont pas réduits à de simples artifices. Le lecteur éprouve quelques regrets que tel ou tel personnage n'ait pas pu revenir ou apparaître. Il peut éventuellement tiquer devant l'apparition de personnages inattendus, mais en totale cohérence avec la mythologie du Mignolaverse. Ce tome est satisfaisant à la fois en tant que lecture d'un chapitre supplémentaire, et en tant que fin de saison. 5 étoiles. Avec près de 150 épisodes, et de nombreuses séries dérivées, cette série BPRD aura constitué une lecture exceptionnelle sur la longueur de 2002 à 2016. Le lecteur aura côtoyé des personnages très attachants et très divers, de simples êtres humains un peu dépassés à un homuncule, aura assisté à des combats dantesques, et aura vu des personnages se poser des questions existentielles complexes. En outre, Mike Mignola et les responsables éditoriaux ont su attirer des dessinateurs très bons, et même souvent exceptionnels de Guy Davis à Laurence Campbell. Sans doute possible, cette série a depuis longtemps mérité son existence, indépendamment de son origine en tant que série dérivée de la série Hellboy.
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B.P.R.D. Origines, tome 3

Ce tome regroupe deux tomes de l'édition VO.



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- Being humans : recueil d'histoires courtes parues entre 2008 et 2011.



BPRD "The Dead remembered" (2011, scénario de Mike Mignola et Scott Allie, dessins de Karl Moline et encrage de Andy Owens, 66 pages) - En 1693, un groupe de puritains abat froidement une femme accusée de sorcellerie. En 1976, un prêtre appelle Trevor Bruttenholm à la rescousse pour l'aider à pratiquer un exorcisme dans une maison qui hantée. Hellboy conseille à Bruttenholm d'emmener Liz Sherman avec lui. Elle est encore adolescente et elle a besoin de sortir un peu du QG du BPRD où elle reste enfermée de peur de ce que peuvent provoquer ses pouvoirs.



Cette minisérie est l'occasion de retrouver Liz Sherman lors de sa première intervention avec le BPRD, enfin avec Bruttenholm. Mignola propose un résidu de chasse aux sorcières, une maison hantée et une héroïne adolescente partagée entre l'envie d'être normale et se de rebeller contre l'autorité établie, mais aussi le fardeau que représentent ses pouvoirs. Bruttenholm oscille entre le père attentif et l'adulte largué par l'adolescente. Sans être palpitant le récit vaut pour les rapports complexes et ambigus entre ces 2 personnages.



L'histoire est illustré par Karl Moline qui avait déjà travaillé avec Joss Whedon pour (Fray). Les dessins sont un peu ronds, ce qui leur donne un coté enfantin, parfois en décalage avec la noirceur du monstre, mais en adéquation avec le caractère en pleine mutation de Liz. 4 étoiles.



BPRD "Casualties" (scénario de Mike Mignola et Scott Allie, dessins de Guy Davis, 8 pages) - Lors d'un contrôle de routine dans un cabanon isolé, en 1981, l'agent qui accompagne Liz Sherman et Abe Sapien est blessé sous leurs yeux par une créature surnaturelle.



Il s'agit d'une histoire courte qui permet à Mike Mignola d'illustrer la distance qui sépare Liz et Abe. Guy Davis est impressionnant dans sa capacité à passer du gros monstre horrible, aux expressions complexes des personnages. Il s'agit d'une courte scène qui réussit à faire exister Liz et Abe comme des individus que le lecteur connaît bien et dont il comprend aisément l'amitié qui les unit, mais aussi la distance existentielle qui les sépare. 5 étoiles.



Hellboy "Being human" (2011, scénario de Mike Mignola, illustrations de Richard Corben, 28 pages) - Le BPRD vient tout juste d'incorporer Roger l'homoncule dans ses rangs. La confiance ne règne pas. Hellboy l'emmène dans une mission qui semble facile pour tester ses capacités et sa loyauté.



Magnifique ! Encore une réussite impressionnante de Mike Mignola associé à Richard Corben. Cela m'a fait très plaisir de pouvoir retrouver Roger le temps d'un épisode. Là aussi Mignola sait parfaitement impliquer émotionnellement le lecteur dans la situation. Il fournit à Corben un scénario se déroulant dans un cimetière avec une vieille mama noire et des revenants squelettiques. Corben baigne dans ce qu'il sait le mieux illustrer et il propose une version monolithique de Roger, d'une texture pierreuse véridique. 5 étoiles



BPRD "The ectoplasmic man" (2008, scénario de Mike Mignola et John Arcudi, illustrations de Ben Stenbeck) - Les fidèles lecteurs de la série BPRD savent que Johann Kraus s'est retrouvé décorporé lors d'une séance de spiritisme qui a mal tourné. Mignola et Arcudi reviennent sur cet événement pour raconter en détail comment Kraus est passé de l'état de médium à celui d'esprit désincarné au service du BPRD.



Grâce à ce récit, le lecteur peut se faire une meilleure idée de qui était Johann Kraus avant son passage à l'état d'ectoplasme. En particulier, Mignola et Arcudi détaillent ce qui motive Kraus. Cette facette du récit n'intéressera pas les lecteurs de passage, par contre elle apporte un complément fascinant à ce personnage, finalement très mystérieux au sein du BPRD. Les dessins de Ben Stenbeck disposent d'un niveau de détails qui rappelle Duncan Fegredo sur la série d'Hellboy, avec une bonne maîtrise de l'ambiance associée aux vieilles demeures. 5 étoiles (à condition d'être un lecteur assidu des histoires du BPRPD).



Ce recueil d'histoires courtes du BPRD m'a enchanté, pour ce qu'il apporte aux personnages récurrents de cette série. Il s'agit d'un tome à recommander aux lecteurs réguliers de la série BPRD car il s'appuie sur la connaissance de Liz Sherman, Trevor Bruttenholm, Roger et Johann Kraus. 5 étoiles.



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- War on frogs : les 4 épisodes de la minisérie du même nom, parus en 2009, ainsi que les récits de MySpace Dark Horse Presents 8 & 9.



En fait, d'un point de vue chronologique, il ne fait pas vraiment suite à "The Black Goddess" puisqu'il raconte 5 confrontations différentes avec des manifestations de monstres grenouilles avant le tome précité.



Épisode 1 : Roger l'homoncule (dessiné par Herb Trimpe, encré par Guy Davis) - Dans le cadre de la recherche des lieux contaminés par des monstres grenouilles, Kate Corrigan indique à Abe Sapien qu'il est tant d'aller vérifier qu'il ne reste plus rien sur le site de Cavendish Hall (un vieux manoir visité pour la première fois dans le premier tome d'Hellboy, Seed of Destruction). Cette histoire se déroule à l'époque où Abe Sapien n'effectue plus de mission sur le terrain et c'est donc Roger qui s'y colle. Il se rend sur place avec une équipe de terrain du BPRD et finit par plonger seul dans le lac où sont ensevelis les restes du manoir. Le lecteur a le droit à une aventure de Roger, toujours aussi sympathique et pathétique. Il est agréable de le retrouver, mais l'affrontement qui s'en suit est particulièrement convenu et sans grande incidence. Les dessins ont été confiés à Herb Trimpe (âgé de 70 ans à l'époque où il a dessiné). J'ai beau être respectueux de mes aînés, son style est assez raide et dénué de grâce. L'encrage de Davis permet d'éviter le plus grotesque, d'assurer une continuité stylistique avec le reste de la série, et d'aboutir à des illustrations acceptables. Il reste en particulier une image mémorable : une monstre grenouille dont la langue est arrachée. 2 étoiles du fait d'un scénario sans aucune ambition.



Épisode 2 : Benjamin Daimio (illustré par Guy Davis) - En juillet 2004 dans l'Alabama, des gens se réunissent sous une tente pour venir voir une petite fille accomplir des miracles : une paralytique remarche grâce à elle. Puis les monstres grenouilles se déchaînent dans un horrible carnage. Un an plus tard le même cycle se répète dans le Tenessee, sauf que cette fois-ci une équipe du BPRD est sur place avec le capitaine Daimio à sa tête. Le carnage va prendre une autre tournure. À nouveau, il est facile de voir que Mignola et Arcudi construisent une variation autour d'un schéma classique (le guérisseur dont les dons s'accompagnent d'un prix à payer). Mais à nouveau, le format court d'un seul épisode les oblige à faire vite sans rien approfondir. Guy Davis semble en petite forme : il a accentué l'aspect grotesque au détriment de la sensibilité. Du coup, ses illustrations n'arrivent pas à créer une ambiance crédible. 3 étoiles.



Épisode 3 : une équipe de soldats du BPRD (illustré par John Severin) - Une équipe du BPRD enquête dans les coursives d'un vieux rafiot pour débusquer le ou les monstres grenouilles tapis. Arcudi et Mignola écrivent une variation sur un cache-cache avec une affreuse bébête dans un lieu clos et obscur. La partie est écrite d'avance et sans surprise. Encore une fois la brièveté du récit empêche toute installation des personnages et de la peur, au-delà des clichés. Les illustrations sont réalisées par un autre vétéran : John Severin, âgé de 88 ans lorsqu'il a dessiné cette histoire. Comme à son habitude, il utilise son style descriptif, appliqué, détaillé et prosaïque. 2 étoiles du fait d'une histoire sans intérêt.



Épisode 4 : Johann Kraus (illustré par Peter Snejbjerg) - Kraus a pris la tête d'un escadron du BPRD pour anéantir un groupe de monstres grenouilles réfugiés dans une grange. Petit souci : si leurs corps sont bien morts, leurs esprits restent bloqués sur terre et harcèlent Johann pour qu'il trouve une solution. Ouf ! un peu d'humour sous la forme d'un second degré bienvenu, assorti d'un soupçon de personnalité pour les monstres. Le style de Snejbjerg s'écarte un peu de celui de Guy Davis, il est un peu plus léger, tout aussi esquissé, très agréable à l'œil. 5 étoiles.



Épisode 5 : Liz Sherman (illustré par Karl Moline) - Cette histoire est racontée du point de vue d'une soldate des troupes du BPRD, qui a le béguin pour Liz Sherman qui est en pleine dépression suite aux événements de The Black Flame. L'histoire repose plus sur cette empathie naissante que sur le massacre des monstres grenouilles (toujours dépourvus d'individualité). Les dessins de Karl Moline sont très agréables ; ils évoquent un croisement entre Guy Davis et Ryan Sook, à la fois esquissés et ronds. 3 étoiles.



Dans les 3 première histoires, Mignola et Arcudi se contentent de récits trop classiques opposant le BPRD à des monstres grenouilles sans âme ni personnalité, pour des combats sans intérêts. La quatrième comporte des éléments nouveaux et intéressants sur un canevas moins convenu. La dernière se laisse lire sans déplaisir. Au final ce tome n'intéressera que les fans purs et durs et les complétistes qui ne peuvent souffrir de trou dans leur collection
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B.P.R.D. Hell on Earth Volume 12 : Metamorp..

Ce tome fait suite à Flesh and stone (épisodes 125 à 129). Il vaut mieux avoir commencé la série depuis le premier tome pour pouvoir replacer chaque personnage et son histoire personnelle. Le présent tome contient les épisodes 130 à 134, initialement parus en 2015, tous coécrits par Mike Mignola et John Arcudi. Les épisodes 130 à 132 sont dessinés et encrés par Peter Snejbjerg. Les épisodes 133 & 134 sont dessinés et encrés par Julián Totino Tedesco. La mise en couleurs de tous les épisodes est réalisée par Dave Stewart.



Ce tome commence alors que Johann Kraus (le spectre d'un médium qui prend possession d'une combinaison étanche pour disposer d'une forme humaine) et une équipe d'agents du BPRD reviennent d'une mission en hélicoptère. Kraus essaye d'engager la conversation, mais l'agent Nichols le rembarre sèchement. À l'arrivée, Nichols envoie balader Kraus, puis va trouver le Docteur Kate Corrigan (la responsable du BPRD) pour lui dire qu'il refusera dorénavant toute mission sous les ordres de Kraus.



De son côté, Johann Kraus va se coucher dans ses quartiers, et rêve. Une fois reposé, il va trouver Liz Sherman pour lui parler de culpabilité, et de comment la gérer pour vivre avec. Il se fait aussi rembarrer par elle, mais pour d'autres raisons. Finalement il décide d'aller récupérer une clé à pipe, de sortir de la base, et d'ouvrir son scaphandre combinaison, pour prendre le large sous forme d'ectoplasme.



En découvrant la scène d'ouverture de ce tome, le lecteur se demande s'il n'a pas oublié une péripétie. Pourquoi diantre les agents humains évitent-ils ainsi de répondre à Johann Kraus ? En fait, la raison n'est pas à chercher dans un des nombreux tomes précédents, car elle est expliquée par la suite. En la découvrant, le lecteur se rappelle immédiatement pourquoi il continue à lire cette série, après autant de tomes parus. Sur la trame concoctée par Mike Mignola, John Arcudi réalise une narration soignée et sensible. Pour commencer l'attitude de l'agent Nichols en dit long sur ses valeurs, sans qu'il soit nécessaire qu'il les explicite. Il informe juste le docteur Corrigan qu'il ne travaillera plus avec Kraus. Quand elle s'enquière d'en connaitre la raison, il lui rétorque qu'il n'est pas une balance. En 2 cases, le lecteur sait à qui il a affaire.



Lorsque vient le retour en arrière, Arcudi a concocté une scène de combat, fortement chargée d'un point de vue émotionnel, les agents du BPRD étant confrontés au comportement de Johann Kraus qui a perdu une part d'humanité. La scène est irrésistible du fait des dessins de Peter Snejbjerg. Il se montre à la hauteur du haut niveau de qualité graphique de la série. Il soigne ses décors de manière à ce qu'ils soient réalistes et régulièrement présent (il y a très, très peu de cases dépourvues d'arrière-plans). Il accentue un peu les expressions des visages pour mieux les faire passer au lecteur. Mais surtout, il intègre une légère exagération cartoon dans ses dessins (attitude, posture) qui confère un degré d'humour noir à la fois terrifiant et drôle. C'est horrible de voir un agent se prendre une balle dans l'œil gauche et rester étendue sur le sol, après s'être bêtement fait descendre. Par contre placer ce visage en premier plan (avec une orbite défoncée) mis en avant par un angle de vue en contreplongée à partir du sol rend ce cadavre à la fois atroce et ridicule.



Tout du long de ces 3 épisodes, Peter Snejbjerg va ainsi réussir un incroyable numéro d'équilibriste, entre dessins insoutenables de cruauté (sans pour autant aller jusqu'à des détails photoréalistes) et légère touche cartoon faisant ressortir la cruelle absurdité de ces morts, lors de conflits sans merci contre des monstres. Snejbjerg se montre tout aussi convaincant dans la conception du monstre de cette histoire, créant une forme étrangère à l'humanité, résolument incompatible avec les humains. Il se montre tout aussi habile à mette en scène une petite communauté terrifiée par l'intervention brutale de professionnels de la guerre (les agents du BPRD), exterminant les monstres avec efficacité et violence. Il sait glisser des petits détails qui rehausse le plaisir de lecture, comme la carte d'as de pique sur le casque de l'agent Nicols, ou la répétition de la composition de cases, relative à l'abandon de la combinaison de Kraus.



Dans cette première partie, John Arcudi donne une épaisseur peu commune au personnage de Johann Kraus, à la fois pour son détachement des émotions qui font un être humain, mais aussi pour ses actions pour essayer de compenser. Il insère des touches d'humour, à base de comiques différents. Il peut s'agir d'humour visuel quand Kraus prend la fuite en passant sous un panneau de limitation de vitesse, ou d'un second degré en jouant avec le lecteur (quand l'agent Enos demande à Kraus de l'appeler par son prénom, alors que ce prénom n'a jamais été prononcé dans la série).



Dans la deuxième partie, le lecteur voit apparaître un lien avec un tome annexe : Sledgehammer 44. Arcudi fait le nécessaire pour intégrer des rappels sur l'histoire du capitaine Ledro Fieldings, sur celles du docteur Helena Gallaragas, du soldat Patrick Redding et du caporal Dale Glesham, ainsi que sur l'armure Épiméthée. Néanmoins le nombre limité de pages fait que l'histoire est beaucoup plus intelligible pour quelqu'un qui a lu Sledgehammer, et qui se rappelle du lien avec l'énergie Vril, ou encore de cette étrange entité qui était apparue au soldat Redding.



Sous réserve d'avoir en tête ces éléments, le lecteur voit les scénaristes raccorder Sledgehammer 44 au BPRD avec une telle élégance, qu'il ne peut que supposer que c'était prévu de longue date. Pour commencer, la présence même de l'armure Épiméthée dans la base du BPRD repose sur une explication logique et naturelle. Ensuite le lien entre elle et Kraus s'impose avec un tel naturel que le lecteur veut bien faire l'effort d'accepter la présence de cette mystérieuse entité inexpliquée qui s'entretient avec Patrick Redding.



Le lecteur quitte à regret les dessins de Peter Snejbjerg pour ceux de Julián Totino Tedesco, tellement le premier apportait une dimension supplémentaire et complémentaire à la narration, renforçant la dimension horrifique, et ajoutant une couche d'humour horrible. Comme son prédécesseur, Tedesco a fort à faire pour mettre en images le scénario. Il lui faut reconstituer le bourbier du siège de Bastogne le premier janvier 1945, montrer Kraus bricoler avec l'armure Épiméthée, mettre en scène l'avancée d'un groupe de monstres sur une ville du Colorado, et faire croire à cette expérience mystique de décorporation vécue par le soldat Redding, sans parler des rappels sur Sledgehammer 44.



Tedesco s'en sort avec les honneurs. La reconstitution historique de cette bataille de la seconde guerre mondiale bénéficie d'uniformes conformes à la réalité, ainsi que de tanks du bon modèle. La base du BPRD est convaincante dans cette pièce fonctionnelle, sans décoration, même si les arrière-plans ont tendance à manquer 2 ou 3 cases durant. Les dessins savent convaincre de la présence et de l'avancée des monstres, avec un essai de couleurs un peu audacieux de la part de Dave Stewart qui mélange l'orange des flammes aux bleus et rouges des rampes de feux à éclat des voitures de police. L'expérience de décorporation reprend les visuels de la minisérie Sledgehammer, avec cette entité astrale peut-être un peu trop humaine dans sa forme, pour être totalement convaincante. Tedesco sait mettre en scène les confrontations physiques, avec force pour que le lecteur perçoive la force des impacts et la brutalité des coups.



À chaque nouveau tome de cette série, le lecteur se demande dans quelle direction partira l'intrigue. À chaque fois, il éprouve le plaisir de la surprise, et le plaisir d'un divertissement de qualité grâce à la compétence des auteurs. Ce tome ne déroge pas à la règle, avec une mise en avant de Johann Kraus, qui fait ressortir son caractère, et la situation paradoxale dans laquelle il se trouve, détaché de l'humanité, mais souhaitant désespérément mettre ses pouvoirs à son service. Peter Snejbjerg réalise des pages en phase avec le scénario, en leur apportant un petit supplément de saveur, aboutissant à 3 épisodes magiques. La deuxième partie plonge profondément dans la continuité de l'univers partagé du BPRD, assemblant plusieurs pièces du puzzle, pour un résultat sans solution de continuité. À la fin du tome, le lecteur n'éprouve qu'un seul regret (suscité par les auteurs) : mais quand découvrira-t-on enfin les motivations de Panya ?
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B.P.R.D. Hell on Earth Volume 11 : Flesh an..

Ce tome fait suite à The devil's wings (épisodes 120 à 124). Il contient les épisodes 125 à 129, initialement parus en 2014/2015, coécrits par Mike Mignola & John Arcudi, dessinés et encrés par James Harren, avec une mise en couleurs réalisée par Dave Stewart. Les couvertures ont été dessinées par Laurence Campbell.



À l'époque où il y avait encore des mammouths, Gall Dennar consulte l'ancien avant d'aller combattre ce qui menace la tribu. L'ancien se désole que les pierres amulettes qu'il avait préparées aient été récupérées par des marmots et aient servi de cailloux pour faire des ricochets. De nos jours, une équipe du BRPD revêt des combinaisons de protection contre les risques biologiques pour évacuer ce qu'il reste d'une ville isolée, avant qu'elle ne soit rasée par les avions de l'armée. L'agent Ted Howards (celui qui porte l'épée bifide) en fait partie.



À New York, Miss Evelyn a la surprise de découvrir que des employés de l'entreprise Zinco essayent de domestiquer un mutant. Dans la base du BPRD au Colorado, Liz Sherman s'essaye à faire pousser des plantes sous les conseils sarcastiques de Fenix. En Russie, Iosif Nichayko constate le peu d'effets de ses efforts, et repousse les sous-entendus sournois de Varvara. De retour dans la ville isolée, l'équipe du BPRD est confrontée à un monstre qui résiste au napalm.



Avec ce tome, les auteurs reviennent aux affaires courantes du BPRD. Le lecteur a le plaisir de voir passer les principaux personnages, certains pour une seule séquence, d'autres pour plusieurs. Autour de l'histoire principale (la lutte contre le monstre, par l'équipe du BPRD), ils font le point sur la situation de Liz Sherman & Fenix (une période calme pour elles), sur Iosif Nichayko et Varvara (le constat d'une situation de plus en plus instable), sur Black Flame et Madame Evelyn (l'état d'avancement des manigances de ce qu'il reste de la multinationale Zinco). Ce tour d'horizon a pour effet de donner une vision d'ensemble au lecteur et de conférer une unité aux fils narratifs épars d'un point de vue géographique. Le lecteur ne sait pas trop s'il s'agit d'un point d'étape avant un affrontement décisif, ou d'autre chose. Il lui permet de se faire une idée de l'état du reste du monde, toujours sous le joug des monstres (les Ogdru Hem), toujours un véritable enfer sur Terre. Il a la surprise de se rendre compte que la situation pourrait être bien pire, grâce à une explication imagée de Varvara.



Au cours de ces séquences, le lecteur est confronté à la mélancolie slave de Nichayko (une très belle scène de pêche sur un lac tranquille lorsqu'il était encore un être humain à part entière), à la volonté de s'adonner à une activité constructive de Liz Sherman, aux conseils moqueurs et pertinents de Fenix. Comme à leur habitude les coscénaristes savent mettent à profit ces moments pour mettre en valeur la personnalité de leurs protagonistes.



L'histoire principale se focalise sur l'affrontement contre le monstre résistant aux armes conventionnelles. La séquence d'ouverture permet d'établir que ce récit mettra en avant Ted Howards, l'agent qui a récupéré la lame bifide (dans le tome 5 de la série " The Pickens County horror, and others"). Le temps est venu pour les auteurs de faire passer un nouveau cap à ce personnage. Il y a donc ce retour en arrière qui donne de la profondeur au rôle du porteur de la lame bifide. Il y a également une nouvelle notion qui s'introduit dans le récit, du fait des capacités du porteur de cette lame. Les auteurs jouent sur une dimension ludique de la narration pour développer Ted Howards. En effet ce personnage ne parle pas, ne répond pas à ses collègues. Le lecteur est donc amené à regarder ses faits et gestes, et à en tirer lui-même ses interprétations, ses conclusions.



Un tel mutisme de la part d'Howards provoque un rejet de la part des membres de l'équipe, d'autant plus qu'il ne conforme pas aux ordres, et que personne ne le rabroue du fait de ses capacités hors norme de guerrier. Les auteurs montrent comment ce personnage finit par gagner le respect d'un des autres soldats, malgré sa position d'électron libre. À nouveau ils réussissent à élever le récit au-dessus du simple combat contre un monstre de plus, pour faire vivre leurs personnages, et enrichir encore la mythologie de la série.



C'est avec grand plaisir que le lecteur retrouve James Harren, comme dessinateur de cette histoire. Mike Mignola et John Arcudi ont écrit un récit avec une grande variété d'environnements et de situations, ce qui permet à l'artiste de donner la pleine mesure de son talent. La première case montre 2 mammouths progressant dans une vallée, avec un fleuve en arrière-plan et le lecteur peut y voir la richesse de la flore, la majesté de ces animaux, et le vent frais qui souffle en soulevant les feuilles, une belle démonstration de composition d'image qui montre, sans besoin de texte explicatif.



Ainsi tout au long de ces 5 épisodes, le lecteur constate que l'histoire a été écrite par des créateurs qui pensent en termes visuels, avant tout. Il retrouve bien sûr les scènes attendues d'affrontement contre des monstres. Comme souvent, ce tome contient quelques pages de croquis qui attestent du travail de conception réalisé par l'artiste pour se montrer à la hauteur de ses prédécesseurs en termes d'inventivité visuelle pour l'identité graphique de ces monstres. James Harren conçoit ses prises de vue de manière à mettre en évidence leur rage destructrice, leur acharnement et leur force. La séquence de combat en Russie culmine en un dessin double page d'une horreur inéluctable (bien que de telles compositions aient déjà été vues dans des tomes précédents). L'artiste réussit son dessin en évoquant des scènes équivalentes précédentes, tout en y insufflant assez de vie pour qu'il ne puisse pas être réduit à un cliché visuel, ou à une répétition insipide.



Non seulement Harren dispose des compétences de metteur en scène et d'effets spéciaux pour rendre les affrontements visuellement intéressants et tendus, avec une dimension horrifique, mais en plus il est tout aussi convaincant dans les autres moments. Le lecteur gardera longtemps en mémoire cette page où Iosif Nichayko est dans un esquif (avec sa femme et son fils), dans une vue du ciel, permettant de se régaler de la transparence de l'eau, et d'admirer le requin passant en dessous. Dave Stewart s'est surpassé pour le rendu du chatoiement de l'eau. Magnifque !



Dans le deuxième épisode, l'équipe du BPRD progresse à cheval dans un champ de neige. À nouveau, Stewart trouve la teinte juste pour rendre le bleuté de la neige. Harren réalise une case toute en subtilité où une agente sourit à Enos, le chef de la mission, d'un sourire chaleureux et bienveillant, irrésistible. Dans le troisième épisode, Gall Dennar (l'homme préhistorique) contemple des animaux ayant été colonisés par une sorte de fungus immonde. Les déformations induites par ce parasitage soulèvent le cœur, et Dave Stewart établit un contraste chromatique entre le gris de cette faune morte et pourrissante, et les couleurs plus chaudes de la plaine environnante.



Dans l'épisode 4, l'artiste arrive à rendre menaçante une enfant au teint de porcelaine enfermée sous une cloche en verre, pas si facile que ça sans tomber dans le ridicule. Quelques pages plus loin, Ted Howards est très impressionnant en train de contempler une peinture rupestre sur le mur d'une pièce en sous-sol. Dans le dernier épisode, James Harren fait à nouveau la preuve de sa versatilité, dans une scène en 1 page se déroulant dans le vide spatial, dévolue à l'observation de l'Ogdru Jahad. Cette séquence réchauffe le cœur des lecteurs de la première heure de la série Hellboy, les coscénaristes jouant avec son anticipation à l'idée que ces créatures mystérieuses pourraient...



Après un tome un peu plus dispersé, Mike Mignola et John Arcudi s’attellent à resserrer leurs intrigues autour d'une chasse au monstre classique. En faisant ainsi progresser plusieurs fils narratifs, ils renforcent la cohérence de leur récit, en lui donnant une unité globale, et ils peuvent ramener sur le devant de la scène, tour à tour, plusieurs personnages récurrents. Ils mettent en valeur toute la richesse de la mythologie de la série. Enfin ils mettent à profit toutes les compétences narratives pour nourrir cette chasse aux monstres avec de vrais personnages, et des situations d'une grande variété et d'une grande richesse, très bien rendues par un excellent artiste.
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Rumble, tome 2 : Un malheur qui est folie

Ce tome contient les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2015, écrits par John Arcudi, dessinés et encrés par James Harren, avec une mise en couleurs de Dave Stewart. Certains noms ont été écourtés dans le présent commentaire du fait de leur nature équivoque.



Bobby LaRosa est en train de rendre visite à sa mère à l'hôpital. Elle est dans le coma depuis plusieurs mois, et il lui raconte ce qui lui est arrivé avec Rat+, Del, Cog et Tim+. Pendant ce temps-là, Rat+ raconte à Del une histoire du temps passé quand il sauvait l'humanité et les autres peuples sur Terre, en trucidant des monstres. Il évoque la fois où dans un village, accompagné par son fidèle Slan+, il a pourfendu Epo+, un monstre qui se faisait passer pour une entité bénéfique et qui était vénéré par les villageois.



Du côté de la cour des monstres, la reine Xoth+ tient audience, conseillée par Cog. Le premier plaignant est Asura, accompagné de son familier Ler+ (dont Rat+ a tranché 2 têtes dans le tome précédent). Il vient demander réparation et exiger la condamnation de Rat+. Cog tranche et indique que le remède serait pire que le mal en risquant de provoquer le courroux de Rat+ qui n'a rien à perdre. Mais en aparté, il propose à Asura de localiser Rat+ grâce à ses rats.



Certes ce tome commence par une forme imagée de récapitulatif des faits réinterprétés par Bobby LaRosa pour être compréhensibles par sa mère qui ne l'entend pas, mais si le lecteur n'a pas lu le premier tome, il y a fort à parier qu'il n'y entendra goutte. Si le lecteur a lu le premier tome depuis quelque temps, ce résumé est le bienvenu, car il remet les faits principaux en tête, en plus du point de vue de Bobby. Il est touché par cette première scène sincère, d'un jeune homme consacrant du temps à sa mère, et un peu amusé par la manière dont il raconte ses aventures. Très vite d'ailleurs, le lecteur se souvient que la narration du premier tome était teintée d'une autodérision sous-jacente ; elle est toujours présente ici. Ça commence avec les gros balèzes qui s'élancent sur Rat+ (dans sa forme initiale) : gueule grande ouverte avec des dents mal rangées, tout entiers dans leur mouvement, avec des tâches de sang qui maculent la case. Ça continue avec l'apparence mignonne d'Epo+, espèce de gros œuf bardé de bandes de couleur orange, avec des membres rachitiques, et une belle couronne de fleurs sur la tête. Le lecteur peut apprécier l'apport discret de Dave Stewart pour participer à la composition visuelle.



Dans le deuxième épisode, James Harren réalise un dessin pleine page ambitieux, une vue de dessus avec un angle de vision sur la cour bariolée de la reine Xoth+, avec des tas de créatures à l'aspect distinct, entre gros monstres pas beaux, et trognes parodiques. L'apparence de Ler+, avec ses 4 têtes blasées, et ses 2 cous san têtes finit de convaincre le lecteur. Il règne dans ce récit une dérision discrète qui indique que les auteurs le font sciemment et que le récit n'est pas à prendre au premier degré. Cela se confirme avec U et O, 2 créatures évoquant des enfants, vraiment trop mignonnes. Avec cette intention manifeste des auteurs à l'esprit, le lecteur sourit en voyant Bobby réparer le bras à base de bâton de bois de Rat+, en les enroulant de sparadrap. Il accepte mieux le visage de singe rusé de Cog qui fait sens dans une narration sciemment amusée.



Dans un premier temps, il est un peu difficile pour le lecteur d'accepter que les auteurs ne s'en tiennent pas au premier degré parce que ça diminue l'intensité dramatique d'autant, et ça affaiblit la tension narrative. Mais il est impossible d'en faire abstraction car le scénario et les dessins sont en phase pour maintenir cette tonalité tout du long, ne serait-ce qu'avec les yeux tout ronds et tout vides de Rat+, et sa condition d'épouvantail animé qui est rappelée dans les événements. Mais il est aussi possible de prendre ce récit comme une forme de conte dédramatisé, et un peu facétieux. Viennent renforcer cette dimension l'aspect mythologique (les temps anciens où la Terre était peuplée de créatures non humaines), la cour de la reine Xoth+, l'étrange conseiller roublard et matois (Cog), les sujets qui ont des faveurs à demander, les combats qui s'apparentent à des duels.



Avec cette approche en tête, le lecteur peut plus facilement accepter les étrangetés de la narration. John Arcudi a bien exposé la mythologie associée à cette série, et dans ce deuxième tome, il se peut l'utiliser sans la compléter ou la développer plus avant. Rat+ était donc un pourfendeur de monstres, accompagné de Slan+, son féroce molosse. Le lecteur peut le voir à l'œuvre dans une de ses interventions. La reine tient sa cour dans un entrepôt désaffecté pour ses sujets, sans plus d'informations sur leur nombre ou les règles de cette communauté. La dame avec les chats qui apparaissait dans le tome précédent ne réapparaît pas dans celui-ci, alors que le lecteur avait eu l'impression qu'elle était amenée à revenir à intervalle régulier. Rat+ ne se lance pas dans une offensive pour récupérer le cœur de son corps originel, alors que le lecteur a l'impression qu'il pourrait très bien s'en emparer par la force, avec une stratégie adéquate.



En lieu et place de la suite directe de l'intrigue principale, le lecteur retrouve la mère de Bobby dans le coma (alors que dans ce cas précis il aurait parié gros qu'il s'agissait d'un élément sans importance et sans lendemain). Cog conserve son second rôle ambigu et la reine Xoth+ devient un personnage ambivalent. Le scénariste continue de brouiller les frontières entre les bons et les méchants avec les 2 personnages mignons à croquer que sont U et O. Alors que le lecteur pensait que les 2 camps étaient bien établis entre Bien / Mal, le caractère absolu de cette dichotomie perd de sa force, même si un nouveau personnage entre en scène avec pour objectif l'élimination de Rat+. Ce dernier se retrouve bien démuni une fois le précédent adversaire terrassé. Il ne lui reste plus qu'à affronter un groupe de rats, tout ce qu'il y a de plus ordinaire, bien loin des batailles contre des monstres terrifiants et puissants.



En fin de tome, Harren explique qu'il a fait en sorte d'éviter de se répéter par rapport à son travail sur la série B.P.R.D. dont il a illustré quelques récits, co-scénarisés par le même Arcudi. Le lecteur peut donc commencer par apprécier l'inventivité de cet artiste pour concevoir et dessiner des monstres d'allure différente. Il retrouve le grand épouvantail animé par l'esprit de Rat+, ainsi que son apparence initiale pendant les retours en arrière, avec son chien Slan+, massif et sympathique à la fois. Cog a toujours ce faciès simiesque ce qui lui confère à la fois une apparence ridicule et un air sournois non dénué de malice. Epo+ a bénéficié d'une conception graphique élaborée, ce qui le rend unique, que ce soit dans sa forme bénéfique ou dans sa forme maléfique. Ler+ (une sorte de serpent à 6 têtes, enfin non plus que 4, et à 4 pattes) a des têtes très expressives, l'artiste jouant dans le registre comique avec doigté. En voyant Guttv+ (le plaignant qui suit Asura & Ler+), le lecteur a la preuve que Harren ne cherche pas la plausibilité ou l'horreur, mais plutôt des formes originales et esthétiques, sans être racoleuses.



En fin de tome, l'artiste explique qu'il a dû travailler un peu pour réussir à dessiner des rats qui ressemblent à quelque chose. Il y est parvenu que ce soit quand il représente un rat isolé, ou un groupe de rats. Comme tous les dessinateurs de comics, James Harren a développé des techniques pour tenir le rythme de 22 pages mensuelles, en particulier en faisant varier la densité des décors. Le lecteur peut ainsi repérer que les arrière-plans ont tendance à se vider lors des affrontements physiques. Même si ça se voit, ce n'est pas trop gênant car l'artiste est secondé par un des meilleurs metteurs en couleurs : Dave Stewart. Celui-ci sait habiller les fonds vides avec des camaïeux transcrivant une ambiance par une teinte dominante, mais aussi souligner les mouvements en jouant sur l'orientation des nuances. Il étoffe discrètement chaque surface en jouant à nouveau sur les nuances pour souligner le volume et le relief des surfaces. Il accentue aussi en douceur le contraste entre chaque surface pour qu'elles ressortent mieux, les unes par rapport aux autres.



James Harren s'avère tout aussi investi que dans le premier tome pour mettre en scène les affrontements physiques. Il ne s'agit pas de quelques cases juxtaposées dans lesquelles les personnages prennent la pose. Il y a une vraie mise en scène, de telle sorte que le lecteur puisse retracer les déplacements et les mouvements de chaque personnage. Ainsi ces combats ne sont pas des points de passages obligés, mais ils retrouvent tout leur sens, dans le déchaînement de la force physique, dans le spectacle des coups portés. L'artiste prend plaisir à dessiner ces scènes défouloir et le lecteur ressent son plaisir. Là où il l'attendait moins, c'est dans les éléments un peu plus mignons comme U et O, 2 créatures enfants. Leur apparence est à la fois à croquer, à la fois décalée, à la fois amusante, et à la fois capables de basculer très vite dans la monstruosité.



Ce deuxième tome confirme toutes les qualités présentes dans le premier, avec une augmentation de qualité dans les conceptions graphiques des personnages et dans la mise en scène des combats. John Arcudi et James Harren mélangent une aventure premier degré, avec une forme de dérision douce. Ils tirent profit des éléments qu'ils ont développés dans les épisodes précédents, et montrent que la situation n'est pas aussi dichotomique qu'il y paraissait. Le lecteur peut ressentir un léger manque du fait d'un scénario qui baguenaude un peu, laissant de côté la quête de Rat+ pour retrouver son corps, papillonnant d'un personnage à l'autre, ce qui obère d'autant le degré d'implication du lecteur. 4 étoiles pour un lecteur qui s'attache plus à l'intrigue, 5 étoiles pour un lecteur plus sensible au divertissement.
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Abe Sapien: Dark and Terrible and the New R..

Ce tome comprend les épisodes 1 à 5 de la série mensuelle débutée en 2013.Il n'est pas besoin d'avoir lu les 2 tomes précédents (The drowning et The Devil does not jest, and other stories), pour entreprendre la lecture de celui-ci. Par contre une connaissance de la série BPRD - Hell on Earth (à commencer par New world) est souhaitable. Il est indispensable d'avoir lu Garden of souls (le tome 7 de la première série BPRD) pour comprendre qui est Langdon Everett Caul.



+++ Épisodes 1 à 3 "Dark and terrible" +++ (scénario de Mike Mignola et Scott Allie, dessins et encrage de Sebastián Fiumara) - À Palisade dans le Colorado, un individu (Gustav Strobl) se livre à un rituel satanique pour invoquer le Démon. Il échoue. Dans le quartier général du BPRD, Kate Corrigan anime une réunion avec Panya, Andrew Devon et 2 autres responsables pour faire un point d'étape sur les principaux dossiers : l'apparition d'un Ogdru Hem dans le Kansas et la disparition d'Abe Sapien. Ce dernier voyage comme passager clandestin à bord d'un train de marchandise, et finit par échouer dans la maison du pasteur d'une petite communauté proche du parc national Gunnison dans le Colorado.



Alors que les 2 premiers tomes d'Abe Sapien pouvaient être lus sans connaissance étendue de l'univers, cette première histoire noue des fils en attente de différentes intrigues secondaires laissées en jachère depuis des mois, voire des années. L'intrigue principale repose sur le nouvel ordre mondial, la présence de créatures monstrueuses sur Terre. Abe Sapien a fui le quartier général du BPRD et s'est lancé à la recherche d'informations sur sa nature, ce qui le conduit à une petite bourgade isolé où il va affronter un monstre. En soi ce combat de nature physique n'est pas très palpitant, il fait figure de ressort narratif obligatoire pour intégrer le quota d'action.



Mais pour saisir le tourment d'Abe Sapien, pour pouvoir éprouver un peu d'empathie pour lui, le lecteur a besoin de disposer de plusieurs repères dans son histoire, à commencer par son "origine" dans "Garden of souls". Ce n'est cependant pas suffisant pour prendre conscience de l'enjeu, il faut également revenir aux visions de Liz Sherman dans King of fear, et même à une prophétie cryptique de Grigori Rasputin dans Conqueror worm (initialement paru en 2001). Sous réserve de cette maîtrise de l'histoire personnelle d'Abe Sapien, le lecteur prend conscience que Sapien se retrouve dans la position d'Hellboy, avec un futur tout tracé devant lui qui se concrétise à vitesse grand V. Pire encore que pour Hellboy, l'évolution de l'environnement à l'échelle planétaire et la réaction des plusieurs communautés confirment toutes les prédictions. Abe Sapien semble prisonnier de sa condition, sans espoir d'alternative, personnage encore plus tragique dans la mesure où le lecteur n'a pas accès à ses pensées intérieures. Il ne peut qu'assister à l'aliénation inéluctable de cet individu par son environnement.



En la personne de Sebastián Fiumara, les responsables éditoriaux de la série ont à nouveau su dénicher un dessinateur qui ne soit pas influencé par les tics graphiques des superhéros, avec un important niveau d'investissement dans ses dessins pour rendre chaque personnage spécifique, chaque tenue vestimentaire crédible et détaillée et chaque endroit conçu dans les détails. C'est ainsi que les dotations de terrain des agents du BPRD ont un aspect paramilitaire crédible, que les habitants de la petite bourgade sont habillés normalement, et en sont d'autant plus crédibles. Il effectue un usage mesuré des aplats de noir, s'en servant à bon escient pour assombrir les séquences psychologiques les plus tendues, ou pour alourdir les personnages ou monstres les plus massifs.



Malgré les qualités des dessins de Sebastián Fiumara, sa façon d'appréhender les décors et arrières plans empêchent une immersion totale dans chaque séquence. Il y a la disparition régulière des arrières plans qui finit par se remarquer, surtout que les personnages restent toujours dessinés avec détails. Cela a pour effet de les faire ressortir, de les mettre en avant comme sur une scène, mais aussi lorsque cette absence dure pendant une page entière de s'en affranchir comme s'il n'avait aucune importance, comme si le lieu où se déroule les événements est sans incidence sur l'action (un parti pris visuel des plus déstabilisants).



Ainsi cette première histoire est à réserver aux connaisseurs de l'univers partagé d'Hellboy qui seront à même d'apprécier chaque référence et chaque réminiscence, et qui prendront conscience qu'il était grand temps que ce personnage essentiel revienne sur le devant de la scène. Pour les autres lecteurs, il est à craindre qu'ils trouvent le combat contre le monstre un peu facile, et surtout trop long à venir, retardé par des évocations d'événements nébuleux racontés à demi-mots par des personnages parlant par ellipses (mais pourquoi Andrew Devon s'énerve-t-il à l'idée de consacrer des moyens humains à la recherche d'Abe Sapien ?). 3 étoiles.



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+++ Épisodes 4 & 5 "The new race of man" +++ (scénario de Mike Mignola et John Arcudi, dessins et encrage de Max Fiumara) - L'agent Vaughn est récupéré par Gustav Strobl qui l'emmène dans son fiacre. Abe Sapien arrive au bord de la mer de Salton (Salton sea, un lac salé endoréique situé en Californie du Sud). Il s'installe près d'un feu de camp et fait la connaissance de 3 jeunes (Barry, Gene et Judy) venus ici avec la ferme intention de voir les œufs d'un Ogdru Hem pour contempler la nouvelle forme de vie destinée à régner sur Terre, sorte d'évolution naturelle donnant naissance à une nouvelle forme de vie dominante. Ils voient en Abe Sapien une sorte de précurseur de cette nouvelle race. L'un d'entre eux est retrouvé mort assassiné le lendemain matin.



La première histoire avait donc pour objectif ambitieux de faire la synthèse du rôle primordial d'Abe Sapien dans la mythologie complexe et étendue des séries Hellboy et BPRD. Cette deuxième histoire plus courte bénéficie pleinement de ce travail de contextualisation, et sa narration n'est pas alourdie par la nécessité d'évoquer les différents éléments de continuité (à part les 4 pages consacrées au devenir de l'agent Vaughn aux côtés de Gustav Strobl). Abe Sapien reste une personne introvertie, peu loquace, calme et posée, au milieu d'individus traversés par des émotions vives. Sa position est toujours aussi paradoxale, conflictuelle et intenable que dans la première partie puisque Barry, Gene et Judy voient en lui l'incarnation de la prochaine étape de la race humaine. Il se retrouve en position de messie d'un ordre du monde qu'il refuse de tout son être.



John Arcudi, coauteur de la série BPRD depuis le quatrième tome de la série The dead apporte une écriture plus fluide et plus émotionnelle, rendant à merveille les caractères des personnages, leurs emportements, leurs convictions, mettant en scène avec habilité les contraintes irréconciliables qui pèsent sur Abe Sapien. Cette nouvelle histoire de monstre se transforme en un suspense psychologique terrifiant qui contraint l'enquêteur (Abe Sapien) à se remettre en cause et à faire face à ses démons intérieurs pour pouvoir analyser les faits, comme dans les meilleurs romans noirs.



Très à l'aise, John Arcudi peut également se reposer sur Max Fiumara pour une demi-douzaine de pages sous-marines de toute beauté, ajoutant une dimension onirique macabre du plus bel effet. Max Fiumara réalise des dessins dans lesquels les expressions des personnages sont un peu plus exagérées que celles dessinées par son frère. Sa version d'Abe Sapien est aussi dérangeante que celle de Sebastián, et aussi réussie. Par comparaison à la première histoire, il bénéficie d'une localisation peu exigeante en termes d'arrière plan puisqu'il s'agit essentiellement d'une plage. Toutefois, Max Fiurama gère mieux son placement de "caméra" (ou de point de vue) dans chaque scène mettant mieux le lecteur au milieu des personnages, ce génère une implication plus importante de la part du lecteur. Le langage corporel est naturel sans être fade. Les éléments d'horreur sont dérangeants sans verser dans le gore (les mouettes picorant le cadavre de Barry). Il a même su limiter sa propension à dessiner des épaules tombantes qui était si présente dans BPRD 1948.



Bénéficiant de tous les rappels effectués et toutes les connexions établies dans la première histoire, Mignola, Arcudi et Max Fiumara développe un suspense psychologique d'une grande intensité, découlant à la fois des spécificités d'Abe Sapien, des conséquences du Nouvel Ordre mondial et des individus qui l'entourent. Les dessins retranscrivent à la fois la normalité des gens présents, mais aussi tour à tour l'horreur, l'onirisme, le merveilleux, le caractère observateur d'Abe Sapien. 5 étoiles.
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Sledgehammer 44, tome 1

Il s'agit du début d'une nouvelle série connectée au Mignolaverse (les séries Hellboy et BPRD). Ce tome peut-être lu indépendamment de ces 2 séries, tout en restant compréhensible. Il contient les 2 premières miniséries, soit 5 épisodes, initialement parus en 2013, écrits par Mike Mignola & John Arcudi, avec une mise en couleurs de Dave Stewart.



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- Sledgehammer 44 (2 épisodes, dessinés et encrés par Jason Latour) - En 1944, dans une petite ville (fictive) de France (D'Ébène Chiot), une petite unité de 5 soldats doit servir de soutien à une autre unité qu'elle attend. L'unité en question est lâchée du ciel sur la ville. Elle a pour nom de code Sledgehammer : il s'agit d'une sorte de gros robot humanoïde à 3 yeux, qui doit combattre un gros robot nazi.



Dans la postface (1 page), John Arcudi explique que ce projet a été conçu à la demande de John Severin. Ce dernier avait illustré la deuxième aventure de Sir Edward Grey (Lost and gone forever) à l'âge de 88 ans. Il souhaitait ensuite dessiner une histoire se déroulant pendant la seconde guerre mondiale ; malheureusement il est décédé après avoir réalisé seulement quelques planches (dont 2 incluses en fin d'ouvrage).



John Arcudi et Mike Mignola ont donc développé un nouveau personnage pour cette époque, s'intégrant dans le Mignolaverse, c'est-à-dire l'univers partagé d'Hellboy et du BPRD. Les lecteurs les plus attentifs identifieront la fourche d'Anum et la combinaison d'énergie Vril (voir Iron Prometheus). Les très, très, très attentifs se souviendront d'une case dans The dead (le tome 3 de la série BPRD) où l'on pouvait apercevoir l'armure de Sledgehammer.



Dans cette première histoire, il s'agit d'introduire le personnage en bonne et due forme, et de montrer ses capacités face à un gros robot nazi surarmé, et d'expliquer son lien avec le soldat américain Patrick Redding. L'histoire est rapide. Mignola et Arcudi réussissent à faire exister plusieurs personnages, à donner une identité distincte à 3 soldats, en ce nombre de pages limité. L'intrigue n'est pas très originale, mais elle remplit bien sa fonction de servir de support à l'introduction de Sledgehammer, permettant d'intégrer quelques notions sur sa source de pouvoir, son lien avec l'ange Anum, et la conscience humaine qui guide cet engin de destruction. Ils trouvent même le moyen d'inclure une dimension tragique au personnage.



Jason Latour détoure les formes avec un trait fin uniforme, un peu tremblé. Le niveau descriptif de ses dessins est satisfaisant, en particulier l'authenticité des uniformes américains. Il a choisi une approche un peu caricaturale pour la représentation des visages. L'effet comique est assez discret pour ne pas neutraliser ni la dimension tragique du récit, ni la tension narrative des affrontements.



Ces 2 premiers épisodes constituent un bon prologue, introduisant un nouveau personnage qui trouve naturellement son origine dans la riche mythologie du Mignolaverse. 4 étoiles.



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- Lightning war (3 épisodes, dessinés et encrés par Laurence Campbell) - Quelques mois plus tard, les nazis s'emparent d'un prototype d'avion, capturant aussi le pilote Danny Ellroy. Le docteur Helena Gallaragas réussit à faire sortir Sledghammer de sa léthargie et à le convaincre d'effectuer une mission de sauvetage pour délivrer Ellroy et récupérer le prototype.



À chaque nouvelle histoire, c'est un grand plaisir de constater le niveau d'aisance que John Arcudi et Mike Mignola ont atteint dans leur narration. Ici il suffit de quelques scènes pour rendre le récit personnel et impliquer émotionnellement le lecteur. Il y a donc la situation extraordinaire de Patrick Redding. Lorsqu'Helena Gallaragas (la fille du professeur Kiryakos Gallaragas, l'inventeur de la combinaison énérgie Vril) expose sa motivation à Sledgehammer, en 3 pages, ils ont fait passer sa personnalité, ils ont créé un personnage de femme forte et crédible, et ils ont acquis l'empathie du lecteur pour le reste du récit.



Ces 3 épisodes s'avèrent bien dense, faisant le lien avec une partie de la mythologie du BPRD : une incarnation de Black Flame (Raimund Diestel), la présence de Trevor Bruttenholm, la fourche d'Anum et l'évocation de Lobster Johnston. Les auteurs insèrent une référence à Épiméthée (l'un des Titans). L'intrigue recèle plusieurs surprises complexifiant la mission de sauvetage. Il est possible de regretter des combats trop basiques, Mignola & Arcudi jouant sur l'imprécision du niveau de pouvoir de Sledgehammer pour le sortir du pétrin comme bon les arrange.



D'un côté les dessins de Laurence Campbell sont plus épurés que ceux de Latour : moins de détails, beaucoup moins d'arrières plans. De l'autre côté, Campbell peaufine son encrage et ses ombres portées pour tirer ses dessins vers l'expressionisme et installer une atmosphère pétrie d'une sourde fatalité, beaucoup plus prenante que la vision plus factuelle de Latour. Campbell bénéficie de toute l'intelligence de la mise en couleurs de Dave Stewart qui palie l'absence de décors par des camaïeux assurant la continuité de l'atmosphère d'une scène d'une case à l'autre tout en renforçant les textures, et en conférant de la substance à des cieux désespérément vides sinon. Grâce à Stewart, les pages contiennent assez d'informations visuelles pour ne pas sembler trop éthérées.



Cette deuxième histoire développe la situation du personnage principal, au cours d'une aventure rapide, disposant de personnages assez étoffé, de scènes d'action spectaculaire et d'enjeux dépassant le simple affrontement générique contre les nazis. 4 étoiles.
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Rumble, tome 1 : La couleur des ténèbres

John Arcudi décide de faire surgir un élément fantastique dans notre réalité, le retour de Rathraq, guerrier redoutable mais possédant un corps de paille, marque une brèche dans notre monde et nous fait découvrir tout les êtres irréels qui jusqu'à présent se fondaient dans la population, ce changement de perception est amené d'une manière intelligente, plaisante et avec une dose d'humour excellemment bien dosée.
Lien : http://www.psychovision.net/..
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