En lisant l’arrière du livre (on commence où on veut, après tout), on pourrait croire que l’on va lire tout un récit érotique, plus long que ceux insérés dans les magazines placés en hauteur dans les librairies.
Je vous en prie, refermez vos bouches béantes, posez vos deux mains sur la table et ouvrez grands vos esgourdes (et vos jambes ensuite si ça vous chante, tout cela ne nous regarde pas).
Avant d’entrer dans le vif du sujet, si je puis me permettre, nous avons plus de 100 pages (sur 220) d’introduction aux mémoires de cette Fanny Hill…
Oui, ça donne les plus longs préliminaires de l’histoire du livre érotique, sans aucun doute !
J’en entends déjà certain(e)s murmurer "On n’a qu’à les sauter et aller de suite au Saint-Graal" et il est vrai qu’il serait tentant de les balancer et d’entrer de suite dans le vif du sujet.
Il n’est sans doute pas conseillé de commencer l’ascension du Mont de Vénus de suite car cette longue introduction de Guillaume Apollinaire nous éclaire, en partie, sur le fonctionnement des bordels londoniens à l’époque du 18ème siècle (années 1700 pour les ignares) en se basant sur les écrits du sieur Casanova, excusez du peu.
Avec un style empesé, lourd et fastidieux, l’introduction nous contera des tas de petites histoires de bordels (appelés sérails), mais aussi des tas de petites mésaventures arrivées à des jeunes filles qui, après avoir été grugées, finirent dans la profession de putes ensuite car une fois que la dèche fut venue, elles n’avaient pas d’autres solutions pour subvenir à leur besoin.
C’est long, je l’avoue, assez fastidieux par moment car écrit d’une manière que n’avons pas l’habitude de lire, les tournures de phrases n’étant pas celles auxquelles nous sommes habités, sans compter que nous avons aussi de longues énumérations de tarifs en tout genre, le tout sans que des mots grivois soient écrits puisque tout est suggéré.
Enfin, certaines choses apprises dans cette longue mise en bouche pourraient vous donner matière de discussions au prochain repas familial…
De plus, ces longs préliminaires vous préparent bien à l’arrivée du gros morceau que John Cleland, l’auteur, va vous proposer. On peut dire que ces préliminaires vous passent la vaseline en plus de préparer à l’arriver de la pièce principale.
Vous ne pourrez pas dire que vous n’aviez pas été prévenu des mœurs dissolues de certains, du manque d’hygiène et des orgies sexuelles qui avaient lieu dans ces maisons closes.
Last but not least, après deux longues lettres de Fanny Hill, nous arrivons dans le saint des seins ! Ou dans le sein des saints… car la petiote va nous raconter son arrivée en ville après le décès de ses parents et sa découvert du corps humain féminin et surtout masculin.
Ne cherchez pas des mots grivois dans ses récits, ni même des mots ordinaires comme "sexe, pénis, verge, vagin, fesses, testicules, éjaculer, sperme, forniquer, baiser,… " car tout est sous forme de métaphore et à vous d’imaginer ce que l’on sous-entend comme partie du corps ou comme besogne par ces jolies phrases.
En 2017, c’est sans doute trop gentillet que pour nous faire rougir ou nous émoustiller (quoique…), mais à l’époque, ce texte était jugé sulfureux et fut interdit de publication en Grande-Bretagne jusqu’en 1963.
Un comble alors qu’on parlait de ce qu’il se passait chez eux, dans leurs bordels, avec leurs péripatéticiennes, et que c’était leurs mœurs dissolues qui y étaient décrites !
Ceci expliquant peut-être cela… Il n’est jamais agréable que le monde sache les horreurs qui se commettaient à cette époque chez les très distingués anglais. Shocking !
Une lecture plaisante à partir de la page 100, instructive dans ses premières pages (50) et redondante et laborieuse entre la page 50 et la 100.
À lire afin de savoir comment vivait la société en ces temps là… ou pour mettre à jour son catalogue de métaphores sexuelles et pouvoir en parler devant les enfants sans dire que l’on a envie de faire une petite lessive. Zut, monsieur l’a faite à la main !!
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