Citations de John D. MacDonald (61)
Fer Fontaine était un homme joliment prudent, Crissy. Voilà pourquoi c’était un plaisir de faire des affaires avec lui. Et sa poignée de main valait toutes les signatures. Si vous étiez de celles qui ne savent pas tenir leur langue, je sais qu’il ne vous aurait pas gardée plus d’une semaine. Et il ne vous aurait pas laissé cette maison et tout le reste. Je puis donc sans crainte vous demander votre aide pour un petit problème personnel.
C’est peut-être la jalousie qui me fait parler, mon chéri. Mais, à la pensée qu’en sortant d’ici tu peux aller la retrouver et lui soulever les jupes, mon sang se glace. Elle est probablement très jolie. Et beaucoup plus jeune que moi.
Je ne sais pas si je t’aime, Olly. L’amour est une chose très précieuse. Il est beaucoup plus rare qu’on ne le croit. Mais quand on l’a trouvé, et pour de bon, il vaut les plus terribles sacrifices. Les gens seront vite au courant. Et ils vont raconter des méchancetés. Es-tu assez fort pour supporter cela ? Et pour résister à la pression que ta famille fera peser sur toi ? Il faut que nous soyons absolument sûrs de nous, Oliver. Après tout, j’ai vingt-huit ans et j’ai été mariée. Et je suis veuve.
L’une des choses que j’ai apprises sur Bix quand j’ai eu l’occasion de travailler pour lui, c’est qu’il déteste la publicité. Quand il y avait un ennui quelconque, il payait un type pour qu’on ne cite pas son nom dans les journaux.
Et voilà que maintenant on parle de lui partout, et en première page. La presse persiste à appeler cette vedette un yacht. Bix doit fulminer en pensant que plusieurs gars du fisc risquent de se demander si sa déclaration a été assez épluchée. D’un autre côté, l’enjeu est peut-être si important que ça lui est bien égal d’avoir la vedette des informations.
Pauvre petit poulet effarouché devant toutes les richesses de la maturité. Pauvre victime innocente, que sa mère destinait impitoyablement à l’Eglise. Pauvre enfant tremblant, affrontant pour la première fois la réalité de la chair, tellement différente de toutes les petites rêveries érotiques qui hantaient ses nuits et dont il avait si honte.
Sur le ponton, une haute et élégante silhouette féminine à la chevelure ébouriffée et décolorée par le soleil et la mer. Bikini bleu pâle ; grosses lunettes noires. A cent mètres, la silhouette est toujours celle d’une jeune fille de vingt ans. Mais, de près, à la lumière crue du soleil, le visage en paraît trente, ce qui est encore un beau succès pour une femme de trente-six ans.
On ne peut pas faire du bon travail pour un client si l’on ne connaît pas sa situation en détail et toutes les affaires dont il tire les ficelles.
Il est facile de s’attendrir sur les jeunes amours. Mais c’est pour son bien que j’ai insisté, Lyd. Ce garçon est un idéaliste, il n’a pas du tout les pieds sur terre.
Tu n’as que trente ans, Sam. Quand nous nous sommes mariés après ton doctorat en droit, qu’est-ce que tu possédais ? Une vieille voiture et à peine une centaine de dollars. C’était seulement il y a sept ans ! Maintenant, tu roules sur l’or !
Ça vous gâche une nuit calme quand il faut le faire marcher au mouillage, comme quand ils voulaient l’air conditionné. Je me souviens que, de temps en temps, j’entendais rire Bix, je veux dire M. Kayd. Il riait très fort. Donc, j’ai branché le générateur auxiliaire sur la batterie de rechange et j’ai appuyé sur le bouton en me demandant s’il allait démarrer tout de suite parce qu’il était parfois un peu capricieux.
Un homme devrait être heureux de rentrer chez lui, le soir. Il y avait longtemps que l’idée de rentrer chez moi n’avait plus rien de particulièrement agréable. Ce soir là, c’était encore pire que d’habitude. Depuis huit ans que nous sommes mariés (nous n’avons pas d’enfants), je travaille chez mon beau-père, E.J. Malton, de la Société de Construction E.J. Malton. C’est un petit bonhomme blafard ; il a un visage de truite et une voix de cor anglais ; c’est un de ces petits mecs redoutables, dont l’imbécillité arrogante va de pair avec la ferme conviction qu’ils sont infaillibles.
Nous aimons peut-être trop la bonne vie, mais nous en avons les moyens, bien que nous nous fassions souvent rouler.
Et c’est si difficile de trouver des gens bien, à notre époque !
Il y a des gens qui trouvent très joli le bronzage foncé, mais ça altère le grain de la peau, vous savez. Il devient même relativement rugueux.
Quand on a un oncle dont la fortune est de l’ordre de cinquante millions de dollars, on a toujours une petite arrière-pensée.
Avec de l’argent, on peut se cacher. Une île privée, quelque part, des gardes du corps, des sonnettes d’alarme. Vous n’êtes pas forcé de vivre au milieu de la foule.
Un terrier. Quand la brise vous apporte l’odeur du fauve en chasse, on fuit et on va creuser un trou ailleurs, pour garder la vie sauve. Ce n’est plus une question de logique, seulement la volonté tenace de rester vivant à tout prix. Ou peut-être uniquement le désir de jouer un bon tour à quelqu’un qui a juré d’avoir votre peau.
Être prêt à fuir ou prêt à mourir. Il comprit qu’un jour ou l’autre, il finirait par ne plus pouvoir supporter la façon dont il avait résolu ce dilemme. La vie dans ces conditions manquait d’attraits, mais, pour l’instant, c’était un moindre mal. Rester vigilant et rester vivant pour profiter des pauvres plaisirs du solitaire : la boisson, la nourriture, les bouquins, les balades à pied, et, de loin en loin, les rares femmes qui cherchent elles aussi à éviter toute complication sentimentale.
Un homme peut changer de nom et d’aspect physique beaucoup plus facilement que de profession et de sujets d’intérêt : inscriptions dans les clubs, abonnements aux revues, achats par correspondance.
Cinq ans de prison peuvent transformer un homme. S’il a envie de vous voir quand il sortira, la semaine prochaine, j’estime qu’il a le droit de savoir où vous êtes, de venir s’expliquer et s’excuser… le droit de savoir qu’il y a quelqu’un dans le monde qui n’éprouve pas que de la haine à son égard.