Citations de John Rawls (79)
La nature de la décision prise par le législateur idéal n’est donc pas matériellement différente de celle d’un entrepreneur décidant comment maximiser son profit en produisant telle ou telle marchandise, ou de celle d’un consommateur décidant comment maximiser sa satisfaction par l’achat de telle ou telle série de biens.
… de même qu’il est rationnel pour un homme de maximiser la satisfaction de son système de désirs, de même il est juste pour une société de maximiser le solde total de satisfactions parmi tous ses membres.
Puisque le principe, pour un individu, est d’augmenter autant que possible son propre bien-être, son propre système de désirs, le principe pour la société est d’augmenter autant que que possible le bien-être d groupe, de réaliser au plus haut de gré le système complet du désir auquel on parvient à partir des désirs de ses membres. De même qu’un individu met en balance ses pertes présentes et futures par rapport à ses gains présents et futurs, de même une société peut mettre en balance les satisfactions et les insatisfactions des différents individus qui la composent.
… une société est bien ordonnée et, par là même, juste, quand ses institutions majeures sont organisées de manière à réaliser la plus grande somme totale de satisfaction pour l’ensemble des individus qui en font partie.
Nous pouvons poser que, une conception de la justice étant choisie, il va falloir ensuite choisir une constitution et une procédure législative pour promulguer des lois, ainsi de suite, toute ceci en accord avec les principes de la justice qui ont été l’objet de l’entente initiale. Notre situations sociale est alors juste quand le système de règles générales qui la définit a été produit par une telle série d’accords hypothétiques.
Les principes de la justice sont choisis derrière un voile d’ignorance.
Mon but est de présenter une conception de la justice qui généralise et porte à un plus haut niveau d’abstraction la théorie bien connue du contrat social telle qu’on la trouve, entre autres, chez Locke, Rousseau, Kant.
Dans ces remarques préliminaires, j’ai distingué le concept de justice - défini comme l’équilibre adéquat entre des revendications concurrentes - d’une conception de la justice qui, elle, est constituée par un ensemble de principes qui ont pour but de déterminer les éléments pertinents dont il faut tenir compte pour définir cet équilibre.
…un certain degré d’accord sur les conceptions de la justice n’est pas la seule condition préalable à une société humaine viable.
Posons, pour fixer les idées, qu’une société est une association, plus ou moins autosuffisante, de personnes qui, dans leurs relations réciproques, reconnaissant certaines règles de conduite comme obligatoires, et qui, pour la plupart, agissent en conformité avec elles. Supposons, de plus, que ces règles déterminent un système de coopération visant à favoriser le bien de ses membres.
La seule chose qui nous permettrait de donner notre accord à une théorie erronée serait l’absence d’une théorie meilleure ; de même, une injustice n’est tolérable que si elle est nécessaire pour éviter une plus grande injustice.
La justice est la première vertu des institutions sociales comme la vérité est celle des systèmes de pensée.
... je présente l’idée principale de la justice comme équité, théorie de la justice qui généralise et conduit à un plus haut niveau d’abstraction la conception traditionnelle du contrat social.
La notion du voile d’ignorance soulève de nombreuses difficultés.
Le bien absolu pour tout être humain, c’est que tous les autres se joignent à lui pour réaliser sa propre conception du bien, quelle qu’elle soit ; sinon, ce serait qu’on exige que tous les autres agissent de manière juste, mais que lui-même soit autorisé à s’exempter de cette exigence, selon son bon plaisir
Nous pouvons supposer qu'à long terme, s'il y a une limite supérieur aux capacités, nous arriverons finalement à une société où règne la plus grande liberté égale pour tous et dont les membres jouissent de la plus grande égalité de talents. Mais je ne développerai pas davantage cette idée.
... on ne doit pas nécessairement distribuer les ressources éducatives en totalité ou en partie en fonction de leur résultat selon des critères de productivité, mais aussi en fonction de leur valeur d'enrichissement de la vie sociale et personnelle des citoyens...
… il faut prendre en considération, quand cela est nécessaire, ce bien fondamental qu’est le respect de soi-même.
Ce type d’ordre social obéit au principe qui ouvre les carrières aux talents et utilise l’égalité des chances comme un moyen pour libérer les énergies dans la poursuite de la prospérité économique et de la domination politique. Il y règne une disparité marqué entre les classe supérieures et inférieures, à la fois dans les moyens d’existence et dans les droits et les privilèges de l’autorité institutionnelle. La culture des couches les plus pauvres est appauvrie tandis que celle de l’élite gouvernementale et technocratique est solidement basée sur le dévouement aux objectifs nationaux de puissance et de richesse. L'égalité des chances signifie une chance égale de laisser en arrière les plus défavorisés dans la quête personnelle de l'influence et de la position sociale.