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Citations de John Stuart Mill (135)


Une cause qui s'appuie à la fois sur un usage universel et sur un sentiment populaire bien ancré bénéficie d'une présomption en sa faveur qu'aucun raisonnement ne saurait faire disparaître, sauf chez des intelligences supérieures. Je ne mentionne pas ces difficultés pour m'en plaindre, d'abord parce que ce serait inutile. Elles sont inhérentes à la lutte qu'il faut mener, en faisant appel à l'intelligence des individus, contre l'hostilité de leurs sentiments et de leurs pratiques. Et en vérité, une meilleure éducation de l'intelligence de la plupart des individus serait nécessaire pour qu'on puisse leur demander de faire suffisamment confiance à leur faculté de jugement et d'abandonner les principes qui leur ont été inculqués dans leur enfance — fondements prédominants de l'ordre existant dans le monde — dès qu'ils subissent l'attaque d'un raisonnement irréfutable par la logique.

Chapitre I.
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Après la perte irréparable que j'avais subie, l'un de mes premiers soins fut d'imprimer et de publier le traité, dont une si grande part avait été l'œuvre de celle que j'avais perdue, et de le dédier à sa mémoire. Je n'y ai fait aucun changement, ni non plus aucune addition, et je n'en ferai jamais. Quoiqu'il y manque la dernière retouche de sa main, jamais la mienne n'essayera d'y suppléer.
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La raison pour laquelle, en peinture, les anciens sont si supérieurs aux modernes, c'est que des esprits bien supérieurs s'adonnaient à cet art. Aux XIVe et XVe siècles, les peintres italiens étaient les hommes les plus accomplis de leur époque. Les plus grands d'entre eux avaient des connaissances encyclopédiques et excellaient dans tous les domaines, comme les grands hommes de la Grèce. Mais à cette époque, les beaux-arts étaient, au regard de la sensibilité et de l'intelligence des hommes, l'une des plus nobles activités où un être humain pouvait exceller. Grâce aux beaux-arts, les hommes obtenaient ce que seule une distinction politique ou militaire peut leur procurer aujourd'hui : ils devenaient les compagnons des souverains et les égaux des membres de la plus haute noblesse. À l'heure actuelle, les hommes de cette envergure trouvent quelque chose de plus important à faire que la peinture pour leur renom et les besoins du monde moderne.

Chapitre III.

P. S. : on pourrait étendre cette remarque de Mill à propos des peintres du XIXe siècle aux romanciers de la fin XXe, début XXIe. Les meilleurs parmi une génération ne choisissent plus la voie du roman et la qualité des romans s'en ressent...
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Comment douter que le gouvernement absolu d'un homme bon ne puisse faire naître bonté, bonheur et affection ? En attendant, il faut adapter les lois et les institutions non pour les hommes bons, mais pour les mauvais. Le mariage n'est pas une institution organisée pour une petite élite. On n'exige pas des hommes, comme préliminaire à la cérémonie du mariage, de prouver par témoins qu'on peut leur confier l'exercice du pouvoir absolu.

Chapitre II.
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Ceux qui sont sous le contrôle d'autrui ne peuvent guère commettre de crime, à moins que ce soit sur l'ordre de leur maître et pour servir ses desseins. Le dénigrement stupide des facultés intellectuelles des femmes et l'éloge aussi stupide de leur nature morale constituent bien l'exemple le plus éclatant de l'aveuglement avec lequel le monde, y compris le troupeau des intellectuels, méprise et néglige toutes les influences des circonstances sociales.

Chapitre III.
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La loi de la force elle-même a toujours paru, à ceux qui ne pouvaient faire appel à aucune autre loi, le plus naturel de tous les fondements pour exercer leur autorité. Les races conquérantes maintiennent que c'est le propre précepte de la Nature que les conquis obéissent aux conquérants ou, comme ils le paraphrasent avec beaucoup d'élégance, que les races les plus faibles et les moins belliqueuses se soumettent aux plus courageuses et aux plus viriles.

Chapitre I.
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S'il est une chose dont l'importance est vitale pour le bonheur des êtres humains, c'est d'aimer leur métier. Cette condition, dont dépend le bonheur dans la vie, est garantie de façon très imparfaite ou même totalement refusée à une grande partie de l'humanité et, faute de cette condition, plus d'une vie qui semblait pourtant vouée à la réussite est un échec. […] On compatit généralement si peu aux souffrances qui proviennent de causes de cette nature que rares sont les personnes qui réalisent l'immense détresse que fait naître le sentiment d'avoir gâché sa vie.

Chapitre IV.
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Y a-t-il jamais eu de domination qui n'ait paru naturelle à ceux qui l'exerçaient ? Il y eut une époque où la division de l'humanité en deux classes, une classe peu nombreuse de maîtres et une classe nombreuse d'esclaves, semblait, même aux esprits les plus cultivés, la seule condition naturelle de la race humaine. Un esprit aussi éclairé qu'Aristote, qui a tant contribué au progrès de la pensée humaine, défendait cette opinion sans le moindre doute ni la moindre hésitation. Il s'appuyait sur les mêmes prémisses que les partisans de la domination des hommes sur les femmes, à savoir qu'il y a des natures différentes dans l'humanité, des natures libres et des natures esclaves, que les Grecs étaient libres par nature et les races barbares de Thrace et d'Asie esclaves par nature. Mais pourquoi remonter à Aristote ? Les esclavagistes du sud des États-Unis ne défendaient-ils pas la même doctrine, avec tout le fanatisme que les hommes déploient en faveur des théories qui justifient leurs passions et légitiment leurs intérêts personnels ? N'ont-ils pas pris le ciel à témoin que la domination du Blanc sur le Noir est naturelle, que la race noire est par nature incapable de liberté et destinée à l'esclavage ? Certains même allaient jusqu'à dire que la liberté des travailleurs manuels est partout contraire à l'ordre des choses.

Chapitre I.
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L'adoption de ce système d'inégalité n'a jamais été le résultat d'une délibération, d'une réflexion, d'une théorie sociale ou de quelque connaissance que ce soit des moyens d'assurer le bonheur de l'humanité ou le bon ordre de la société. Ce système est né simplement du fait que, dès les tout premiers temps de la société humaine, la femme s'est trouvée l'esclave de l'homme en raison de la valeur qu'elle représentait pour lui et de son infériorité physique. Les lois et les systèmes politiques commencent toujours par reconnaître les relations existant déjà entre les individus. Ce qui était une simple donnée physique devient alors un droit légal, sanctionné par la société, soutenu et protégé grâce à l'organisation publique structurée remplaçant le conflit désordonné et anarchique de la force physique. Ceux qui avaient été jadis contraints à l'obéissance par la force y furent donc ensuite tenus par la loi.

Chapitre I.
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À tous égards, c'est une lourde tâche d'attaquer une opinion quasi universelle. Il faut beaucoup de chance et des dons exceptionnels pour arriver à plaider sa cause. On a plus de difficultés à se faire entendre des juges que tout autre plaideur à faire prononcer une sentence. Si l'on parvient à se faire écouter, on est soumis à une série d'exigences logiques totalement différentes de celles requises dans d'autres cas. Habituellement, la charge de la preuve incombe à celui qui avance une affirmation. Si une personne est accusée d'un meurtre, c'est aux accusateurs de fournir la preuve de la culpabilité de l'accusé et non à celui-ci de prouver son innocence.

Chapitre I.
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Dans les pays chrétiens, on reconnaît avant tout à une femme esclave le droit de refuser à son maître les dernières faveurs et elle est même moralement tenue de les refuser. Il n'en est pas ainsi de la femme mariée. Si brutal que soit le tyran auquel elle peut être malheureusement enchaînée, bien que le plaisir quotidien de celui-ci puisse être de la torturer et même si elle ne peut s'empêcher de le détester, il peut réclamer et obtenir d'elle par la force la dégradation la plus vile qui soit pour un être humain, celle qui consiste à servir malgré soi d'instrument à une fonction animale.

Chapitre II.
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John Stuart Mill
(...) lorsqu'une partie de la nation détient à elle seule tout le pouvoir ses intérêts retiennent aussi l'essentiel de l'attention. Cela ne prend pas nécessairement la forme de l'oppression, mais encourage plus simplement la tendance, naturelle au commun des hommes, à estimer que ce qui les touche personnellement a une importance de très loin supérieure à ce qui touche directement autrui.
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J’ai déjà observé qu’à cause du manque de prin-
cipes généraux reconnus, la liberté est souvent ac-
cordée là où elle devrait être refusée, et refusée là où
elle devrait être accordée. Et l’un des cas où, dans le
monde de l’Europe moderne, le sentiment de la li-
berté est le plus fort, est précisément à mon avis un
cas où il n’est pas du tout à sa place. Une personne
devrait être libre de faire ce qui lui plaît dans ses
propres affaires, mais elle ne devrait pas être libre de
faire ce qu’elle veut lorsqu’elle agit pour un autre
sous prétexte que les affaires de cet autre sont ses
propres affaires. Tout en respectant la liberté de cha-
cun dans ce qui le concerne spécialement, l’État a
l’obligation de continuer à contrôler avec vigilance
l’exercice par l’individu de tous les pouvoirs qu’on lui
octroie sur d’autres. Cette obligation est presque en-
tièrement négligée dans le cas des relations familiales
— un cas qui, par son influence directe sur le bon-
heur humain, est plus important que tous les autres
pris ensemble. Il n’est pas nécessaire de s’étendre ici
sur le pouvoir à peu près despotique des maris sur
les femmes, parce que, pour supprimer entièrement
ce mal, il ne faut rien de plus que de donner aux
femmes les mêmes droits et la même protection lé-
gale qu’aux autres personnes, et parce que, sur ce
sujet, les défenseurs de l’injustice régnante ne se pré-
valent pas de l’excuse de la liberté, mais se posent
ouvertement comme des champions du pouvoir.
C’est dans le cas des enfants que le mauvais usage de
l’idée de liberté empêche réellement l’État de remplir
ses devoirs. On croirait presque que les enfants d’un
homme sont supposés être littéralement une part de
lui-même, et non pas seulement métaphoriquement,
tant l’opinion est jalouse de la moindre intervention
de la loi dans le contrôle absolu et exclusif qu’il a sur
eux, plus jalouse que de presque n’importe quelle
intervention dans la liberté d’action privée : tant
l’humanité estime généralement moins la liberté que
le pouvoir.
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John Stuart Mill
Le principe de liberté ne peut exiger qu’il soit libre de ne pas être libre. Ce n’est pas être libre que d’avoir la permission d’aliéner sa liberté
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John Stuart Mill
L'homme qui laisse le monde, ou du moins son monde, choisir pour lui sa manière de vivre, n'a besoin que de la faculté d'imitation des singes.
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Dans des pays d'une civilisation plus avancée et d'un esprit plus insurrectionnel, les gens, habitués à attendre que l'État fasse tout pour eux - ou du moins à ne rien faire par eux-mêmes sans que l'État leur en ait non seulement accordé la permission, mais indiqué la marche à suivre -, ces gens tiennent naturellement l'État pour responsable de tout ce qui leur arrive de fâcheux, et lorsque les maux excèdent leur patience, ils se soulèvent contre le gouvernement et font ce qu'on appelle une révolution; après quoi, quelqu'un d'autre, avec ou sans l'autorité légitime de la nation, saute sur le trône, donne ses ordres à la bureaucratie, et tout reprend comme avant, sans que la bureaucratie ait changé et que personne soit capable de la remplacer.
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L'objet de cet essai est d'affirmer un principe simple comme autorisé à
gouverner absolument ce en quoi la société à affaire à l'individu par le moyen de la coercition et du contrôle, que le moyen utilisé soit la force physique sous la forme des peines légales, ou qu'il soit la contrainte morale de l'opinion publique. Le principe est que le seul but en vue duquel les hommes sont individuellement ou collectivement légitimés à interférer avec la liberté d'action d'un des leurs, est la protection de soi. Que le seul but pour lequel le pouvoir peut être justement exercé sur quelque membre que ce soit d'une communauté civilisée, sans le consentement de celui-ci, est d'éviter aux autres un dommage.
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John Stuart Mill
L'un des orateurs conjecturait que les jeunes femmes pourraient attacher une telle importance au droit de vote que pour ne pas le perdre elles en viendront peut-être à refuser le mariage ; je ne puis que répondre que si elles ne veulent pas se marier pour pouvoir voter, mieux vaut les autoriser à voter une fois mariées.
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Il est étrange que les hommes admettent la validité des arguments dans une discussion libre, mais qu'ils récusent le fait qu'on les pousse à l'extrême, – comme on dit – ne voyant pas qu'à moins que des raisons soient bonnes pour un cas-limite, elles ne sont bonnes en aucun cas. Il est étrange qu'ils imaginent ne pas présumer leur infaillibilité quand ils savent qu'il doit y avoir une discussion libre sur tous les sujets potentiellement douteux, en pensant toutefois qu'on doive interdire de remettre en question un certain principe particulier ou une certaine doctrine particulière au motif qu'ils en sont très certains, c'est-à-dire au motif qu'ils sont certains que ce motif ou cette doctrine sont certains. Dire d'une proposition qu'elle est certaine, tandis que n'importe qui nierait sa certitude si on le lui permettait – mais on ne le permet pas – c'est prétendre que nous sommes nous-mêmes, avec ceux qui sont de notre côté, les juges de la certitude, et des juges qui n'écoutent pas la partie adverse.
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De même que les autres tyrannies, la tyrannie de la majorité inspirait - et inspire encore généralement - de la crainte d'abord parce qu'elle transparaissait dans les actes des autorités publiques. Mais les gens réfléchis s'aperçurent que, lorsque la société devient le tyran - lorsque la masse en vient à opprimer l'individu - ses moyens de tyranniser ne se limitent pas aux actes qu'elle impose à ses fonctionnaires politiques. La société applique les décisions qu'elle prend. Si elle en prend de mauvaises, si elle veut ce faisant s'ingérer dans des affaires qui ne sont pas de son ressort, elle pratique une tyrannie sociale d'une ampleur nouvelle - différente des formes d'oppression politique qui s'imposent à coups de sanctions pénales - tyrannie qui laisse d'autant moins d'échappatoire qu'elle va jusqu'à se glisser dans les plus petits détails de la vie, asservissant ainsi l'âme elle-même. Se protéger contre la tyrannie du magistrat ne suffit donc pas. Il faut aussi se protéger contre la tyrannie de l'opinion et du sentiment dominants, contre la tendance de la société à imposer, par d'autres moyens que les sanctions pénales, ses propres idées et ses propres pratiques comme règles de conduite à ceux qui ne seraient pas de son avis
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