Citations de Joël Dicker (2911)
Les animaux sauvages sont comme les hommes. On peut les amadouer, les grimer, les déguiser. On peut les nourrir d'amour et d'espoir. Mais on ne peut pas changer leur nature.
Des grands deuils, le temps ne répare presque rien.
Sur le trottoir, Greg regarda le véhicule de police partir. Il jubilait. Il était comme un chasseur qui tenait sa proie. Mais Greg sonnait l’hallali trop tôt. La chasse ne se termine jamais avant la mise à mort. Il faut se mefier des animaux blessés. C’est dans cet état qu’ils sont le plus dangereux.
Karine observait son reflet dans une vitre : elle est classe, élégante, habillée comme toujours avec goût. Pourtant, elle ne se trouvait pas à la hauteur de la soirée. En ce moment, rien n’allait plus. Elle avait quarante-deux ans et le sentiment que sa jeunesse était derrière elle. Son miroir le lui répétait chaque matin.
- Savez-vous pourquoi l'amour est un jeu si compliqué?
- Non, Monsieur
- Parce que l'amour n'existe pas. C'est un mirage, une conception de l'esprit. Ou alors, si vous préférez, l'amour n'existe potentiellement que s'il ne se concrétise pas. Il est une émanation de l'esprit, fait d'espoir, d'attente et de projections.
Puis la porte s’ouvrit, et, aussitôt, tant Greg que Karine furent frappés par un électrochoc en découvrant devant eux, ce couple extraordinaire, venu les accueillir : Sophie et Arpad. Ils représentaient tout ce qu’ils n’étaient plus : amoureux, souriants, rieurs, bras dessus, bras dessous. Un duo. Des alliés.
Tous les jours, après avoir déposé les enfants à l’école, située à quelques minutes à pied, Karine sautait dans le bus A, qui reliait la campagne au centre-ville. En chemin, le bus traversait son ancien quartier des Eaux-Vives. Elle éprouvait alors une pointe de nostalgie. Elle descendait du bus au rond-point de Rive pour rejoindre la rue du Rhône où se trouvait la boutique qui l’employait. Se fondant dans la foule, elle se sentait apaisée.
À quelques kilomètres de là, au centre de Genève, une Peugeot grise aux plaques françaises roulait sur une avenue déserte. Dans le jour naissant, on ne distinguait pas son conducteur à travers le pare-brise. Le véhicule attira l’attention d’une patrouille de police. Des gyrophares bleus illuminèrent les façades des immeubles alentour. Les policiers procédèrent au contrôle de la Peugeot et de son conducteur. Tout était en ordre. L’un des policiers demanda au conducteur ce qu’il venait faire à Genève. « Une visite de famille », répondit-il. Les policiers, visiblement satisfaits, repartirent. Le conducteur se félicita de cette voiture d’occasion, achetée à très bon prix et surtout en toute légalité. C’était le meilleur moyen de passer inaperçu.
L’homme, caché dans les taillis, observait à présent Sophie à l’aide d’une petite paire de jumelles militaires. Il scrutait son corps élancé que dévoilait sa robe de chambre courte et s’arrêta sur le haut de sa cuisse où apparaissait le tatouage d’une panthère.
Quelques dizaines de mètres derrière lui, son chien attendait patiemment, attaché à un arbre. L’animal, couché sur un tapis de feuilles, semblait habitué à cette routine qui durait depuis maintenant plusieurs semaines. Son propriétaire venait ici tous les matins. À l’aube, il s’installait là et observait Sophie à travers les baies vitrées. Les Braun dormaient les stores ouverts, et il voyait tout : il la regardait se lever, descendre dans la cuisine se faire un café et le boire à la fenêtre. Elle était tellement désirable. Il était obnubilé par elle. Obsédé.
Sophie, son café à la main, observait la lisière de la forêt qui marquait la fin de son jardin. C’était son rituel du matin. Elle embrassait du regard son petit royaume, sans se douter qu’on l’épiait.
Je n’aime pas les regrets, ils sont une trahison de soi-même.
Je viens de le commander, j' ai hâte de le lire
C’est un peu hâtif comme conclusion, tempera le procureur. Je vous rappelle que les mains à couper n’ont pas beaucoup de valeur légale.
Aucune cage ne pourra l’empêcher d’être ce qu’elle est. Tu dois respecter sa nature. Ce sera ta plus belle façon de l’aimer.
J’ai voulu faire d’une panthère un chien de salon. Or, les animaux sauvages sont collés les hommes. On peut les amadouer, les grimer, les déguiser. On peut les nourrir d’amour et d’espoir. Mais on ne peut pas changer leur nature.
La chasse ne se termine jamais avant la mise à mort.
Il faut se méfier des animaux blessés.
C’est dans cet état qu’ils sont les plus dangereux .
Non seulement elle lui mentait, mais elle le prenait pour un imbecile. Pourquoi toutes ces manigances.
Il avait mis le doigt dans l’engrenage d’une comédie qui allait durer plusieurs mois.
- Désolé, dit-il en se levant, mais je dois absolument filer à la banque.
Fauve pointa alors sur lui un doigts menaçant :
- Assieds-toi, Arpad. Et offre-moi un café, mon ami. Tu as tout le temps. Je sais que tu n’as pas de travail. Tu as été viré de la banque il y a presque six mois.