Citations de Josélito Michaud (27)
Migration
J'avais une amie une compagne
Nous vivions heureux à la campagne
Cachés sur le flanc d'une montagne
Près du Massawipi
Où nous avions accroché notre nid
Après douze années partagées ensemble
Le Grand Oiselier est venu reprendre
Ma fidèle amie ma douce ma tendre
Celle que j'aimais tant
Comme je ne veux pas te perdre aussi mon enfant
Sois prudent
Sois prudent
Maudit soit celui qui donne
Et qui reprend plus tard
Maudit soit celui qui donne
Et qui reprend plus tard
Reste ici
Toi l'oiseau
Mon petit
Comme ta mère l'aurait dit
Reste encore à l'abri
Reste ici
Toi l'oiseau
Mon petit ne quitte pas ton nid
avant d'avoir grandi (...)
[Paroles, musique et interprétation: Jacques Michel / Les Editions Jamik ] (p. 199)
Lettre à une émigrante
Y-a-t-il au moins quelqu'un qui t'accompagne
Vers ces terres lointaines où tu vas émigrer
As-tu quelque ami ou quelque compagne
Une épaule sur laquelle reposer
Ta blonde tête quand tu es fatiguée
Quelqu'un t-a-t-il prêté un châle de laine
Pour couvrir tes épaules quand il fait froid
As-tu toujours tes terribles migraines
Qui te faisaient tellement souffrir quelquefois
As-tu les soins qu'il te faut ces jours-là
Ici l'été fut long et difficile
Mais je reprends lentement goût à la vie
Bien sûr ce n'est pas toujours facile
Mais je vais un peu mieux et je t'écris
Celui en qui tu restes et qui revit
[Paroles, musique et interprétation: Jacques Michel / Les Editions Jamik ] (p. 199)
Le bâtard que j’étais devait porter l’odieux de la chose. Je devais subir les foudres du roi maudit et en accepter la pleine responsabilité. Je m’isolais de plus en plus.
Je vivais comme si le moindre bon moment devait avoir une fin, ce qui me rendait vulnérable. Je ne croyais plus à la pérennité des choses et des rapports.
À cette époque, je voyais l’enfance comme une prison dont j’allais enfin pouvoir m’échapper en devenant adulte. J’ai d’ailleurs appris à compter en biffant sur le calendrier les jours qu’il me restait à faire avant d’arriver à ma libération. Atteindre dix-huit ans était beaucoup plus qu’un but, c’était devenu une obsession.
Il me foudroya du regard, me fixant sans relâche durant d’interminables secondes pour bien imposer sa suprématie et me faire sentir mon impuissance. J’essayai tant bien que mal de soutenir son regard malveillant. J’y parvins à force de bravoure ou d’inconscience, je ne sais trop.
Chaque pas que je faisais vers la voiture m’extirpait de leur joug; un joug imposé graduellement depuis mon arrivée. J’ai jeté un dernier regard furtif dans leur direction, sans même esquisser le moindre sourire; ma mâchoire était bien trop serrée. Ils pouvaient me dévisager avec hostilité, je ne les craignais plus. Je ne les craindrais plus jamais. L’emprise qu’ils avaient eue sur moi s’était définitivement envolée.
J’allais partir une fois de plus à la conquête d’un nouveau chez-moi, la demeure des Rivard. J’étais plein d’inquiétudes, les mêmes qui m’habitaient depuis trop longtemps et qui me hantaient nuit et jour. Ma tête était remplie de pensées confuses. Mon cœur était tout barbouillé. J’avais l’estomac noué. Pourtant, j’avais l’habitude de ces départs prématurés.
Tu n'auras pas connu ta mère
Tu n'auras pas connu ta mère
mon enfant ne la cherche pas
Elle dort près de la rivière
Petite fille écoute-moi
Elle était jeune elle était belle
Et ses yeux brillaient chaque fois
Que tu tendais les bras vers elle
Petite fille ne pleure pas
Je te raconterai l'histoire
De deux oursons qui s'aimaient fort
Si fort que pour qu'on les sépare
Il aura bien fallu la mort
J'ai su combien il était triste
celui des deux qui est resté
Quand je l'ai vu chercher la piste
De l'autre pour le retrouver
Mais dors vite le jour s'achève
Je t'en reparlerai demain
Avant que mon coeur ne se crève
Dors ne pense plus à rien
[Paroles, musique et interprétation: Jacques Michel / Les Editions Jamik ] (p. 198-199)
Le seul que je connaisse suffisamment et que j’applique au besoin est celui de la résilience: se relever après l’adversité. Ce qui exige de nous courage et ténacité.
Quand la mort arrive, elle prend toute la place. Elle refuse obstinément de la céder. Elle s’invite, puis elle s’insinue dans tous les aspects de notre vie, comme un poison. Pendant un long moment, il n’y a qu’elle qui existe.
La mort était une voleuse de lendemains.
La télévision m’offrait une échappée sur un monde différent du mien. J’étais suspendu aux lèvres des gens qui s’y racontaient. Je voulais comprendre les êtres humains comme le faisait avec compassion et respect Janette Bertrand.
Ils étaient tous là devant moi à m’observer; ils cherchaient par tous les moyens à comprendre qui j’étais. Jamais je ne leur ai laissé ce rare privilège. J’étais recroquevillé dans un coin du salon, comme un animal traqué devant une meute de loups.
J’ai enfin compris que la tâche nous revenait de faire le tri du grain pour que le meilleur soit semé en nous. L’histoire ne dit pas quand nous pourrons enfin en récolter les bienfaits; seule la vie nous le révélera.
Finalement, je n'ai pas accepté l'argent de la succession bien que j'aie hésité avant de me décider. [...] Alors que je me sentais honoré et ému par la grande marque de générosité et de confiance à mon égard, cette fortune serait venue changer ce que j'avais appris de la vie ces dernières semaines. Il n'en était pas question.
Nous avons tous une part sombre en nous, tout comme nous possédons un côté lumineux. Faire face à cette part d’ombre, c’est aussi tenter de la maîtriser.
Le désir s’est emparé violemment de ma tendre jeunesse pour me catapulter dans le monde des plus vieux.
Le temps était toujours annonciateur d’un événement quelconque.
M’identifiant aux personnages qui jouaient leur vie sur l’immense écran, je me voyais grand. J’ai vécu ma vie par leur entremise, pour un peu oublier la mienne, le temps de quelques heures.
Demain serait un autre jour. La fatalité avait sévi encore une fois et comme jamais jusqu’alors.