Ce livre m,a appris beaucoup de choses concernant les enfants placés dans des familles d,accueil. On comprend aisément les lacunes, les désespoirs, les peurs que ces enfants traîneront souvent toute leur vie. Et ils ne savent jamais dans quelle famille ils vont tombés. Ces enfants qui s'en sortent, comme l'auteur, qui font leur chemin , on ne peut que les admirer.
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Le bâtard que j’étais devait porter l’odieux de la chose. Je devais subir les foudres du roi maudit et en accepter la pleine responsabilité. Je m’isolais de plus en plus.
Je vivais comme si le moindre bon moment devait avoir une fin, ce qui me rendait vulnérable. Je ne croyais plus à la pérennité des choses et des rapports.
À cette époque, je voyais l’enfance comme une prison dont j’allais enfin pouvoir m’échapper en devenant adulte. J’ai d’ailleurs appris à compter en biffant sur le calendrier les jours qu’il me restait à faire avant d’arriver à ma libération. Atteindre dix-huit ans était beaucoup plus qu’un but, c’était devenu une obsession.
Chaque pas que je faisais vers la voiture m’extirpait de leur joug; un joug imposé graduellement depuis mon arrivée. J’ai jeté un dernier regard furtif dans leur direction, sans même esquisser le moindre sourire; ma mâchoire était bien trop serrée. Ils pouvaient me dévisager avec hostilité, je ne les craignais plus. Je ne les craindrais plus jamais. L’emprise qu’ils avaient eue sur moi s’était définitivement envolée.
Il me foudroya du regard, me fixant sans relâche durant d’interminables secondes pour bien imposer sa suprématie et me faire sentir mon impuissance. J’essayai tant bien que mal de soutenir son regard malveillant. J’y parvins à force de bravoure ou d’inconscience, je ne sais trop.
J’allais partir une fois de plus à la conquête d’un nouveau chez-moi, la demeure des Rivard. J’étais plein d’inquiétudes, les mêmes qui m’habitaient depuis trop longtemps et qui me hantaient nuit et jour. Ma tête était remplie de pensées confuses. Mon cœur était tout barbouillé. J’avais l’estomac noué. Pourtant, j’avais l’habitude de ces départs prématurés.
Vidéo de Josélito Michaud