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Citations de Juan Gómez-Jurado (130)


Dans la vie, il y a des troupeaux de crétins persuadés de tout savoir sur tout, et mieux que tout le monde. Qui se croient capables d'entraîner l'équipe nationale de football, d'opérer à cœur ouvert ou de régler le problème de l'immigration. Et qui balancent des jugements définitifs sur toutes ces questions en trois minutes chrono. Les gens véritablement intelligents doutent de tout et de tous, mais surtout d'eux-mêmes.
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Antonia Scott ne s’autorise à penser au suicide que trois minutes par jour. 
Pour la plupart des gens, trois minutes représenteraient un infime intervalle de temps. 
Mais pas pour Antonia. On pourrait dire que son esprit a beaucoup de chevaux sous le capot, mais le cerveau ­d’Antonia n’est pas une voiture de sport. On pourrait dire qu’il possède une impressionnante capacité de traitement de données, mais la tête ­d’Antonia n’est pas un ordinateur. 
L’esprit ­d’Antonia s’apparenterait plutôt à une jungle, une jungle grouillant de singes, qui bondissent à toute allure de liane en liane en transportant des choses. Énormément de singes portant énormément de choses, qui se croisent dans les airs en montrant les crocs. 
Voilà comment, en trois minutes, – les yeux fermés, assise par terre, pieds nus, jambes croisées – Antonia est capable de calculer : 
— la vitesse à laquelle son corps heurterait le sol si elle sautait par la fenêtre qui se trouve face à elle ; 
— le nombre de milligrammes de Propofol nécessaires pour sombrer dans un sommeil éternel ; 
— combien de temps elle devrait rester immergée dans un lac gelé pour que son cœur cesse de battre. 
 
Elle réfléchit au moyen d’obtenir une substance aussi contrôlée que le Propofol (en soudoyant un infirmier) et à l’emplacement du lac gelé le plus proche à cette période de l’année (Laguna Negra, Soria). Elle préfère en revanche laisser tomber l’option saut du dernier étage : sa fenêtre est étroite et la nourriture dégueulasse servie à la cafétéria de l’hôpital lui a fait prendre des hanches. 
Ces trois minutes durant lesquelles elle pense aux différents moyens de se tuer sont trois minutes rien qu’à elle. 
Elles sont sacrées. 
Elles la maintiennent saine d’esprit. 
C’est pourquoi elle est contrariée, extrêmement contrariée, quand des pas inconnus, trois étages plus bas, interrompent son rituel.
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Tu as devant toi une personne qui a passé sa vie à déployer des trésors d'ingéniosité pour rester cachée à la vue de tous.
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Le chemin qui monte jusqu’à la maison est éclairé par des lampes enchâssées dans d’immenses dalles de pierre calcaire. À mesure qu’ils approchent, Jon prend conscience de la taille considérable de la demeure, qui doit figurer parmi les propriétés à vingt millions d’euros dont parlait Antonia. Toutes les lumières sont allumées, celles qui teintent la façade blanche d’un éclat doré comme celles de l’intérieur. La piscine, partiellement visible depuis l’entrée principale, mesure au moins dix mètres. La partie extérieure, qui la sépare du lac artificiel, est faite d’un verre épais. Jon devine que de jour, vus depuis la maison, piscine et lac doivent donner l’illusion de ne faire qu’un. 
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L’esprit d’Antonia s’apparenterait plutôt à une jungle, une jungle grouillant de singes, qui bondissent à toute allure de liane en liane, en transportant des choses. Enormément de singes, portant énormément de choses, qui se croisent dans les aies en montrant les crocs.
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¿ TORTILLA ? (dar la vuelta a la tortilla, o no dar, that is the question)

" Jon retire sa veste, retrousse ses manches, se lave les mains et se lance.
Peler les pommes de terre et les trancher en fines lamelles, en les cassant légèrement. Mettre l’huile à chauffer en vérifiant qu’elle ne brûle pas et y ajouter les pommes de terre, pour vingt minutes. Pendant ce temps, couper l’oignon et le faire revenir dans une poêle à part, jusqu’à ce qu’il soit translucide. Ôter les pommes de terre du feu, les égoutter et les laisser reposer jusqu’à ce qu’elles refroidissent. Puis faire chauffer l’huile comme les flammes de l’enfer, et y balancer les pommes de terre.
La double friture, c’est le secret. Ensuite, foncer. Battre les œufs en omelette, sans s’arrêter. Sortir les pommes de terre, croustillantes et légèrement grillées. Les égoutter et les sécher doucement à l’aide de papier absorbant. Attendre qu’elles soient à température pour les mélanger aux œufs battus, en les pressant un peu pour les humidifier.
Mettre le mélange dans la poêle. Quand les bords sont cuits, la retourner dans une assiette. Moment critique. Ça se passe bien. Servir.

Antonia coupe un morceau de tortilla, qui coule légèrement comme de l’or liquide. Parfaite.
— Ça a un goût de carton, dit-elle, la bouche pleine.
— Va te faire foutre, Scott. "


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Jon Gutiérrez n’aime pas les cadavres dans le Manzanares.

Ce n’est pas une question d’esthétique. Celui-là est très déplaisant (il semble avoir passé un certain temps dans l’eau), avec sa peau bleutée couverte de taches violacées, ses mains pratiquement détachées des poignets. Mais il ne peut se permettre de faire la fine bouche.

La nuit est particulièrement sombre, et les réverbères qui éclairent le monde des vivants, six mètres au-dessus d’eux, ne font que densifier les ombres. Le vent arrache d’étranges murmures aux roseaux, et les quatre-vingts centimètres d’eau sont plutôt frais. Après tout, nous sommes dans le Manzanares, il est 23 heures, et février montre déjà sa patte grise à la porte.

Rien de tout cela ne dérange Jon outre mesure, pour la bonne raison qu’il est habitué aux eaux glaciales (il est de Bilbao), aux murmures dans le noir (il est gay) et aux corps sans vie (il est inspecteur de police).

Non, ce qui dérange Jon Gutiérrez, avec les cadavres du Manzanares, c’est d’avoir à leur prendre le pouls.

Je suis vraiment trop con, pense Jon. C’est un boulot de débutant. Mais ces trois demi-portions ne seraient pas foutues de prendre le pouls de leur mère.

Non pas que Jon soit gros. Mais à force d’être toujours le plus balèze dans la pièce, des habitudes s’installent, qu’on le veuille ou non. La sale manie de rendre service. Qui devient une nécessité, quand trois benêts à peine sortis de l’académie manquent de se noyer sous votre nez en jouant les canards dans les roseaux pour tenter de sortir un corps de l’eau.

Par conséquent, Jon enfile une combinaison en plastique blanc, des bottes en caoutchouc, et se jette à l’eau avec un bordeldeputaindevosmères qui fait monter le rouge aux joues aux nouveaux.

L’inspecteur Gutiérrez s’approche à grandes enjambées, déplaçant l’eau et la flicaille en herbe, de l’îlot de végétation où s’est échoué le cadavre. Pris dans des racines, le corps est immergé dans la rivière. Seuls surnagent une tête et un bras. Ballottée par le courant, la victime semble essayer de nager pour échapper à son inexorable destin.

Jon se signe mentalement et plonge les bras sous le cadavre. Il est mou au toucher, et la graisse bouge sous la peau comme si c’était un ballon de baudruche rempli de pâte dentifrice. L’inspecteur tire. De toutes ses forces de harrijasotzaile – de leveur de pierre. Les bons jours, il soulève pas loin de trois cents kilos. Il plante ses jambes dans le sol.

Je vais leur montrer, aux blancs-becs.

Ses énormes bras se tendent, et alors il se passe deux choses en même temps.

La deuxième : le corps ne bouge pas d’un centimètre.

La première : le fond sablonneux de la rivière avale le pied droit de l’inspecteur, qui tombe sur le cul au milieu du courant.

Jon n’est pas du genre à chouiner ou à se plaindre pour un rien. Mais les rires des blancs-becs se font entendre par-dessus le bruit de l’eau, par-dessus les murmures du vent dans les roseaux et même par-dessus ses propres jurons. Si bien que Jon, de l’eau jusqu’aux épaules et l’orgueil blessé, s’autorise un instant à céder au réflexe – très humain – de s’apitoyer sur son sort et de rejeter la responsabilité de ses malheurs sur autrui.
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Le monde est gouverné par les médiocres, les égoïstes et les crétins. Particulièrement par ces derniers. Or le capitaine Parra semble être une intéressante combinaison des trois.
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AUTRE RECETTE ORIGINALE (du gazeux cette fois, pas du baveux).

Le bidon du couloir, astucieusement dissimulé dans la commode, explose le premier. Il contient quarante litres d’un mélange d’hypochlorite de sodium, d’acide chlorhydrique et d’acétone. Javel, déboucheur de canalisations et dissolvant. Dans les proportions requises, ces trois éléments ont juste besoin d’un petit coup de pouce. Le signal, transmis par Internet via une carte SIM, active le détonateur électrique, qui fait exploser une cartouche en plastique remplie de poudre – qu’on peut trouver dans n’importe quel pétard –, mélangée à du magnésium – qu’on peut trouver dans n’importe quel feu de Bengale – pour déclencher l’explosion.
La bombe qu’a concoctée Fajardo n’a rien à voir avec la dynamite ou le plastic. Les gaz générés par l’explosion de ces substances peuvent se propager à plus de 10 000 mètres par seconde. Une bombe au chlore peut être fabriquée à partir d’ingrédients qu’on peut se procurer pour moins de trente euros dans tous les bons Leroy-Merlin, à condition de se contenter d’une vitesse de détonation modeste, de 4 500 mètres par seconde. Ce qui est néanmoins suffisant pour transformer l’air déplacé en feu, lequel suit l’onde de choc, comme la queue d’un chien.




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Deux cent mille.
C'est le nombre de conteneurs qui transitent chaque année par le port de Malaga.
Trois millions.
Ce sont les tonnes de marchandises qu'ils contiennent.
Onze.
C'est le nombre de douaniers au port.
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¿ C VRAI ÇA ?


— Peut-être que je ne suis pas faite pour être mère.
— Trésor, aucune femme n’est faite pour être mère. On vous met un truc là-dedans, et pop, il en sort un petit monstre qui vous chamboule la vie, et vous croyez que les hormones vont débarquer en chantant un hymne à la maternité pour vous transformer en supermaman. Spoiler : NON.
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Sacrifier un fou pour continuer la partie. Parce que tout ce qui compte, c’est de continuer à jouer. Une vie, aujourd’hui, peut en valoir cent demain. Comme dans la vieille histoire de l’échiquier. Un grain sur la première case, deux sur la deuxième, quatre sur la troisième. Un nombre incalculable sur la dernière.
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Pour la première fois, elle doit faire ce contre quoi elle a lutté, bec et ongles toute sa vie : accorder sa confiance à quelqu'un.
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La vie est bien plus facile pour les cons, car ils ont l’avantage de ne pas savoir qu’ils le sont.
Roi Blanc page 119
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Cuanto más sola está una persona, más solitaria se vuelve. La soledad va creciendo a su alrededor, como el moho. Un escudo que inhibe aquello que podría destruirla, y que tanto desea. La soledad es acumulativa, se extiende y se perpetúa por sí sola. Una vez que ese moho se incrusta, cuesta una vida arrancarlo.
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Cuando eres policía y te dejas la piel, el resuello y el alma en el zeta, de una llamada a la siguiente por cuatro duros, lo de mirar por encima del hombro pasa. Es la naturaleza humana, despreciar al de abajo y odiar al de arriba hasta que subes un escalón y el ciclo empieza de nuevo.
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La policía no hace las cosas de esta forma. Nosotros no somos la policía. La policía es lenta, segura, predecible. Es un elefante que agacha la cabeza, se fija una meta y arrasa todo a su paso. Nosotros somos otra cosa.
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La gente sigue hablando del tema en las redes sociales, pero a Jon le importa poco. Es cuestión de tiempo que las hienas de Twitter encuentren otro cadáver que roer hasta dejar los huesos mondos y blancos.
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COSTA DEL SOL (on lave plus blanc que blanc) ?

La rue est un enchevêtrement de voitures de luxe, de costumes bon marché et de mauvais goût. Des hommes d’âge moyen, au ventre proéminent. À l’arrière-plan, des femmes jeunes, très maquillées, les suivent en silence, le pas mal assuré sur les dalles rainurées de Marbella, ennemies des talons hauts.

Ils sont tous là. Une convention de mafieux, un congrès des pires pourritures. Le trottoir bondé, où ils fument, racontent des blagues et conspirent à voix basse, est une mappemonde.

Aslan déambule parmi eux, saluant par ordre d’importance ou de volume d’affaires.
D’abord les vori d’autres bratva, d’autres confréries. Rivales. Fières.
Ensuite les Colombiens. Ils louent des tueurs à gages, organisent des enlèvements, importent de la cocaïne. Des clients. Mielleux.
Les Algériens, à qui il prête de l’argent pour qu’ils importent du hachisch. Des subordonnés. Menteurs.
Les Suédois, qui paient le triple pour importer un kilo de coke jusque là-haut. Toujours en train de mendier un rabais. Prévisibles. Radins.
Les Kosovars et les Roumains. Voleurs, falsificateurs, importateurs d’armes. De la chair à canon. Instables.

Quand il est certain de n’avoir oublié personne, il s’arrête devant la porte de l’église, lisse sa veste et pose un pied sur la marche de l’entrée. C’est un signal tacite, que tous comprennent et auquel tous réagissent.




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C'est la deuxième erreur qu'il commet en très peu de temps. Il aurait pu tout foutre en l'air en quelques secondes. Tout. Pour une simple négligence.
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