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Citations de Juan Rodolfo Wilcock (13)


Ô que cet instant soit l'éternité immuable
toujours, toujours devant moi ton corps tellement beau,
comme des musiques lointaines qui s'élèvent exaltées
entre lumières fluides et vapeurs irisées.

Je veux incliner mon front et t’embrasser les mains
tandis que dans tes yeux passe un jardin inouï,
un lieu de volupté dans lequel la pensée
sombre dans des eaux très douces et dans un rêve.

Et m'approcher de tes lèvres et connaître la mort,
un espace d’anges, l'oubli.

(p. 23)
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La fleur

Déjà la nuit se déploie majestueusement
sur toutes les plantes.

Ô laisse-moi baiser tes mains,
tes lèvres, dans l'ombre.

Je vois une belle fleur entre les herbes folles.

(p. 43)
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LE FEU DES DIEUX

Ô vous-autres voyez comment les années tombent
toutes avec fracas et forment un nuage,
et l'oiseau sur sa branche se moque des rêves
de l'homme, tandis que tout expire comme des écailles.

Ce feu, que le propre Prométhée ne rédime pas,
douleur mise sur le front pour qu'elle soit éternelle,
ô voyez-le croître sur les ruines,
les cendres qui restent de son brasier muet.

Nous parcourons les heures sans regarder leur visage,
ces lèvres qui parfois nous appellent de si loin.
Ô si nous pouvions penser à l'autre songe
et si la flamme s'élevait enfin vers le repos
oscillant pour toujours au milieu de la Beauté !

(p. 105)
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LA PLUIE

Ce crépuscule est comme une ville lointaine
où tu aurais un jour dis mon nom ;
ici, dans la galerie, j'écouterai les ailes
sereines de la pluie qui passe entre les arbres.

Mais l'amour s'étend de l'Est à l'Ouest
et par-delà l'horizon – ô si je pouvais à ta fenêtre
rester toujours à t'attendre !

(p. 51)
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Atanassim les regarda en souriant, puis dit aux Étrusques :
« Foi de maître d’œuvre, je comprends à présent que c’est uniquement la faim qui mène les peuples, et que toutes les grâces de l’esprit réclament avant tout un estomac bien repu. Les chats aiment se livrer à mille facéties, mais seulement après avoir mangé : c’est que la satisfaction du corps vient avant, celle de l’âme après, en admettant que les chats aient eux aussi une âme. Et moi, je serais enclin à leur en attribuer une, puisque l’âme, qu’est-elle d’autre que l’ensemble de nos actes visibles ? Pourtant, il est des gens qui placent l’âme au-dessus du corps : et c’est comme d’affirmer que la face de la lune et au-dessus de la lune. »

(p. 47- 48)
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Telle une immense bête lumineuse au ventre de laine, l’été c’est fille s’était affaissé sur la ville. Les conseillers étaient déjà tous partis, qui à la montagne, qui à la mer, à l’exception des membres de la Commission d’Urbanisme, tenus de rester sur place tant que les travaux n’avaient commencé ou du moins été mis de quelque manière en route. Or les Étrusques demeuraient introuvables. L’épouse d’un de ces conseillers en expectative, Mme Ruxtix, avait été particulièrement choquée par ces mesures traîtresses : plus encore que les autres épouses, elle se démenait et protestait, car, bien sûr, elle n’allait pas partir toute seule en vacances comme un dromadaire, et d’autre part elle ne tenait pas du tout à prolonger son séjour en ville. Dans tous ses états comme elle était, elle relançait au téléphone les épouses des autres conseillers, voire les conseillers eux-mêmes, et organisait chez elle des séances de travail où elle ne manquait jamais de proposer des solutions toujours nouvelles et originales, quoique tout à fait irréalisables.

(p. 21)
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Elle soutient que jeune fille, elle était belle, mais les rares témoignages qui nous restent de sa jeunesse sont à cet égard remarquablement contradictoires. Quoi qu'il en soit, l'infortunée Méduse vit aujourd'hui déchirée entre le désir d'accentuer sa propre laideur, afin d'être encore plus différente des autres femmes, et celui de sauver ce qui peut-être sauvé, en dépensant des sommes fabuleuses chez le coiffeur et chez la costumière.
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Une grosse poule occupe l'appartement ; elle est si grosse qu'elle a déjà démoli quelques portes en essayant de passer d'une pièce à l'autre. Ce n'est pas qu'elle soit très agitée cependant : c'est une poule intellectuelle et elle passe presque tout son temps à lire. En effet elle est conseillère de la maison d'édition X... ; L'éditeur lui envoie tous les romans qui paraissent à l'étranger et la poule les lit, patiemment, de l’œil droit, car elle ne peut pas lire avec les deux yeux à la fois : celui de gauche reste fermé sous la belle paupière gris velouté.,De temps à autre la poule marmonne quelque chose, parce que les caractères d'imprimerie sont trop petits pour elle ; ou bien elle fait clo-clo et bat des ailes, mais personne ne sait si c'est de plaisir ou d'ennui.
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C’est une grande armoire de noyer, simple, verticale, à la fois lourde et élégante, presque un symbole de la stabilité respectable ; d’ailleurs elle est toujours fermée. À l’intérieur, l’armoire est divisée en rayons et en casiers, et sur chacun de ces rayons habite un écrivain ; en réalité, ce sont de vieilles poupées devenues écrivains, uniquement à cause de l’inaction, de l’obscurité et de l’ennui. Aussi ont-elles toutes de petits costumes typiques de certaines régions ou provinces, et la tête plutôt bizarre par rapport au corps : trop plate, ou trop pointue, ou simplement trop volumineuse ; à part un poète très en vue qui en a une toute petite, et cela fait beaucoup rire les autres, comme d’avoir une petite tête était plus drôle que d’en avoir une grosse.

(Les Poupées)
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Tout le monde dit que Gaio Forcelio est pire qu'avant : sur ses deux lobes frontaux ont pointé les deux tentacules classiques, dits "du romancier engagé", mais plus longs, et un peu plus effilochés que chez les autres romanciers engagés ; par ailleurs le reste du corps est devenu semblable à une grosse huître sans coquille, étalée sur le fauteuil, avec tous ces petits bras qui écrivent, écrivent chacun son roman, des histoire de classes sociales qui se jettent les unes contres les autres la gueule ouverte, comme des crocodiles, et à la fin se marient ; ou bien, selon l'humeur du jour, se retirent dans un monastère. (p. 57)
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Jusqu'alors, Martin a prouvé qu'il était quelqu'un qui rate tout, mais la vie dans les grandes villes est organisée de telle façon que l'être le plus inutile même, pour peu qu'il soit sympathique ou qu'il ait une famille, est en mesure de subsister pendant des années sans trop d'inconvénients : les conséquences de son inutilité s'accordent avec les conséquences de l'inutilité d'autrui et se neutralisent mutuellement. La société protège ses véritables fidèles, et elle a indubitablement le droit de le faire, de même qu'elle a le droit de marquer d'un faire rouge le front des solitaires, des excentriques, des défaitistes qui voudraient la mettre face à face avec la réalité. La société sait bien que la réalité est intolérable, et c'est bien pourquoi elle s'obstine à s'enfermer dans ses châteaux de verre.
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La vie est toujours une plaisanterie : mais Mör a l'avantage de pouvoir apprécier cela en bloc, d'un seul coup d'œil, sans ces hauts et bas fastidieux d'espoirs et de déceptions. Il est désormais libre et maître de soi ; comme les morts, il a sa vie entre les mains.
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Pour commencer, les anges sont immortels, et bien peu sont les mortels qui peuvent en dire autant.
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