J'ai tout aimé dans cette BD : l'histoire, inattendue qui met la danse à l'honneur, le graphisme, en adéquation avec ce qui est raconté et les personnages très bien croqués, très "humains" (le héros est plutôt grincheux et désabusé... ). Une vraie réussite !
Commenter  J’apprécie         140
En Argentine, Jorge est un détective privé d’âge mûr, aigri et plein d’expérience, à la fois misogyne et misanthrope, à qui il ne faut pas en compter. Il est chargé de surveiller Elivra Puentes, une danseuse célèbre, par le mari de cette dernière. Cette enquête va l’entraîner dans un univers qu’il le connaît pas et qui va le bouleverser. ● Le sudestada, c’est un vent accompagné de pluie qui sévit dans le Rio de la Plata. Il va avoir un rôle dans l’enquête de notre détective. ● Sous des dehors rugueux, comme son personnage principal, cet album est d’une grande sensibilité. L’histoire, bien construite, est à la fois originale et belle. Les dessins sont très réussis et en adéquation parfaite avec le récit. ● Merci à Derfuchs pour cette trouvaille !
Commenter  J’apprécie         480
Sudestada, c’est un grand vent froid qui balaie la façade est du continent sud-américain. Lorsqu’il souffle pendant plusieurs jours, il provoque des inondations côtières de l’Uruguay à l’Argentine.
Ce vent, du titre éponyme de cet album, est au centre de cette histoire qui s’ouvre sur un ballet de danse contemporaine. Dès les première « images », nous sommes captivés par la beauté de cette chorégraphie. Il va s’ensuivre une histoire de famille qui se déroule comme un thriller. Nous sommes dans les pas d’un détective (anti-héros revenu de tout) qui va découvrir le sentiment de la bienveillance. On a l’impression de la ressentir, nous aussi, avec lui... Auteur à suivre.
Commenter  J’apprécie         50
On n'apprécie pas vraiment le héros, un vieux détective privé qui n'est pas très sympathique. Pour autant, il va casser progressivement son armure pour se montrer tel qu'il est vraiment. On a déjà vu maintes fois ce procédé mais je dois dire que c'est bien amené en l'occurrence.
Pour le reste, c'est de la bd argentine comme il est assez rare de la voir. Il y a des codes qui leur sont propres. C'est assez réaliste jusque dans les dialogues. Je souligne également une certaine finesse du dessin qui nous permet de ressentir les émotions que traversent les différents protagonistes.
J'ai failli décrocher un peu au début par manque d'intérêt mais à mesure que l'enquête progresse, on s'attache au personnage principal malgré tout.
Commenter  J’apprécie         70
Jorge est un détective privé. Il est plutôt du genre aigris et en a assez de faire des filatures dans le cadre de soupçon d’adultère. Quand un homme lui demande d’enquêté sur les agissements de sa femme, Jorge se dit que c’est encore une histoire d’amant mais son client le persuade du contraire. La cible est Elvire Puente, célèbre chorégraphe. Jorge la prend en filature et arrive jusqu’à une propriété privée où la chorégraphe semble y vivre seule. Nue, dans la nature, à proximité d’un arbre, elle pratique un genre de danse rituelle. Jorge, pourtant de nature bourrue, est fortement ému par la chorégraphie d’Elvire. Mais, un jour, en la surveillant, Jorge se fait surprendre par la Sudestata, sorte de mousson de se pays d’Amérique Latine Elvire aussi et dansant nue sous la pluie, est fauchée par un arbre qui s’abat sur elle. Jorge lui sauve la vie. Bloqués par les crues, Jorge et Elvire vont devoir partager quelques jours de vie commune en attendant la décrue. Jorge devient ami de la chorégraphe sauf que cette dernière ignore que Jorge est payé par son mari pour l’espionner...
Ce roman graphique est original. L’histoire est émouvante, le scénario bien construit. Le caractère du personnage principal, Jorge, est tracé intelligemment dans les premières pages où l’on suit le personnage dans des enquêtes banales ou quand il partage ses soirées avec ses amis. Il semble être revenu de tout, vie dans une coquille et tente de s’enfermer dans l’indifférence pour se protéger du monde extérieur. La rencontre avec Elvire va le bouleverser. Lui qui ne prenait pas le risque de s’engager va prendre un tournant radical quand il va entreprendre de sauver la chorégraphe. Mais il va aussi se faire piéger dans un double jeu où il est pris entre le service qu’il doit rendre à son client pour le chèque et l(‘amitiés et la compassion qu’il ressent pour la danseuse. Les dessins sont aussi originaux, avec des couleurs délavées, un trait un peu flouté. Les paysages extérieurs sont grandioses et les personnages ne sont pas des éphèbes ou des Venus mais des personnages mûrs au corps marqués par les ans. Tout est réuni pour nous émouvoir, aucune violence, de la tendresse et une chute qui vous surprendra. Lu sur KINDLE avec un iPad Pro avec une excellent numérisation.
Commenter  J’apprécie         170
Vent sec ou pluvieux, le Sudestada sévit dans une grande partie de la région de Río de la Plata (à cheval entre l'Argentine et l'Uruguay) et donne ici son nom à la nouvelle bande dessinée de Juan Saenz Valiente (et accessoirement la deuxième de cet auteur que je lis après Cobalt en duo avec Pablo de Santis et chez le même éditeur).
Ici, c'est Jorge un détective peu scrupuleux et plutôt connard - « - Tu sais quoi ? Aujourd'hui il m'est arrivé quelque chose qui ne m'arrivait plus depuis longtemps ? - Quoi ?- Je me suis senti un vrai connard... (p. 85) » - sévit dans ses enquêtes - pour l'une d'elles, il doit vérifier qu'une future employée ne ment pas dans son CV - et avec ses amis avec lesquels il n'est pas tendre - il n'hésite pas à moquer l'un d'eux pour son poids en excès.
Pour une enquête, Jorge va être conduit à suivre régulièrement la femme d'un client - ce qui donne droit à une blague récurrente avec les chauffeurs de taxi qui lui demandent s'ils doivent suivre sa femme) - et, à cause des inondations provoquées par le Sudestada, va se retrouver coincer avec cette femme dans la propriété qu'elle loue pendant quelques jours. Au cours de cette enquête et de cette rencontre avec cette femme chorégraphe et ancienne danseuse, Jorge va lentement se transformer, subissant une espèce de transformation silencieuse à mal manière de celles que décrit François Jullien dans Les transformations silencieuses.
Alternant les séquences d'enquêtes de Jorge et les moments avec sa bande d'amis - faits de parties de football, de diverses discussions et d'entraides,... - Sudestada est non seulement un excellent roman graphique - bien dessiné et bien écrit - mais également un très bon roman noir - un secret de famille concerne son client, la femme de son client et une tierce personne.
À lire - et cela quelles que soient les conditions météorologiques.
Commenter  J’apprécie         130