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Critiques de Jules Barbey d`Aurevilly (289)
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Une vieille maîtresse

C'est une histoire d'amour plutôt simple, mais racontée par Barbey d'Aurevilly, elle devient un chef d'œuvre de style, à tel point que je ne crois pas avoir jamais lu un autre texte si bien écrit.

La belle Hermangarde, petite fille de l'exquise Marquise de Flers, aime Ryno de Marigny et ce dernier le lui rend bien. Mais il a eu avant de se marier une liaison sulfureuse avec La Vellini, une espagnole "Malagaise", laison à laquelle il met un terme, mais que le temps ne parviendra pas à effacer. La Vellini, au contraire d'Hermangarde, n'est pas belle, mais elle a des attraits pour Ryno qu'il ne parvient pas à expliquer. C'est magnifique !
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Une vieille maîtresse

Et si Circé ne voulait pas perdre Ulysse ? Et si elle allait à sa rencontre, peu importe l'amour d'Ulysse pour Pénélope ? Dans le rôle de Circé, je vous présente Vellini. Pour Ulysse, nous avons Ryno de Marigny, et enfin Pénélope est incarné par Hermangarde de Polastron.
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Une vieille maîtresse

Texte intéressant. Belle écriture. Bon livre classique.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Une vieille maîtresse

J'ai adoré ce bouquin. Portrait de femmes, personnage de Rino, fresque historique et écriture irréprochable.
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Une vieille maîtresse

Cette "Vieille Maîtresse" n'est pas, nous le savons, le premier roman de Barbey d'Aurevilly mais assurément, c'est le premier qui arbore sa marque sans complexe aucun. Sur la route éreintante de l'écriture, l'auteur a peiné, trébuché, il est tombé aussi et il a, bien entendu, remis maintes et maintes fois, sur le métier avide et jamais satisfait, le style qu'il sentait vibrer en lui depuis toujours. Et le miracle s'est accompli : ce style, il a réussi non pas à le domestiquer - ses soudains emportements à bride abattue, sa causticité larvée, ses éclats de préciosité hautaine, il les conservera jusqu'à la fin, pour le meilleur comme pour le pire - mais à l'empêcher de fuir sous sa plume, de se dérober à sa vision cynique et furieuse de l'âme humaine. C'est ce style sans pareil, si aisément reconnaissable pour tout amateur de littérature que peut l'être, dans un tout autre genre, celui d'un Céline ou d'un Simenon, qui, malgré les longues et minutieuses descriptions, malgré les états-civils plus échevelés les uns que les autres, malgré le mélodrame indécrottable dans lequel l'oeuvre plonge ses racines têtues, malgré même les idées religieuses, fortement teintées de jansénisme, de l'auteur, et malgré un parisianisme parfois outré, charme et captive le lecteur. Il nous donne foi dans les paysages dépeints, dans les passions exprimées et dans les chutes élégantes et sans espoir : veut-on s'éloigner de Barbey, qu'il nous ramène à lui - on peut en faire l'expérience avec "Ce Qui Ne Meurt Pas", roman languissant, dans la veine de "L'Amour Impossible" mais en plus mûri et fort de toute la science accumulée par l'auteur en matière d'écriture, dont on cherche frénétiquement à se détacher au plus vite mais que, toujours sous l'enchantement, on lit jusqu'au bout.



"Une Vieille Maîtresse" reprend le classique triangle amoureux déjà étudié et réétudié par Barbey sous tous les angles mais les personnages ont cette fois dépassé le stade de la silhouette ou de la marionnette creuse que l'on fait volter et virevolter avec plus ou moins de conviction dans un décor esquissé. Il y a d'abord Vellini, la "femme fatale", celle par qui le scandale arrive et demeure, Vellini, petite, olivâtre, maigrelette et sans réelle beauté, Vellini, la brune Espagnole pimentée d'Andalousie qui a uni son sang à celui de son amant, Vellini qui, selon ses propres certitudes et superstitions, a ainsi créé entre eux un lien qui ne se peut rompre. Même quand elle n'est pas physiquement présente, Vellini s'impose à chaque page. A travers elle, c'est le Destin qui s'exprime ici, mais un Destin qui ne peut lui-même échapper à sa propre et implacable loi. Vellini, tout à la fois séduisante et redoutable, faite semble-t-il d'un seul bloc mais d'un bloc aux mille nuances, souvent incompréhensible, y compris pour elle-même - Vellini qui fait subir mais qui subit aussi. D'ailleurs, longtemps, le texte porta tout simplement son nom : "Vellini."



Cette femme forte, qui ne se laisse jamais détourner de son but, a pour amant un dandy libertin, Ryno de Marigny, qui, en bon dandy abonné à la pose de l'ennui, a déjà essayé de rompre avec elle. "Plus rien de physique, surtout !" a-t-il dit et répété. Mais en vain. Comme le lecteur s'en revient à Barbey, Marigny s'en revient toujours à Vellini - et la fin du roman, impitoyable dans sa constatation cynique, nous le prouvera largement. Pourtant, quand il tombe amoureux de Hermangarde de Polastron, blonde, jeune et superbe créature qu'il a croisée dans les salons qu'il fréquente, Marigny se dit que cette fois, c'est la bonne. Il déclare à une Vellini infiniment plus sceptique que tout est réellement fini entre eux et il court se marier.



Hermangarde est, comme il se doit, l'antithèse parfaite de Vellini, en tous cas physiquement et sur le plan de l'éducation reçue. (Sur le plan de la naissance, par contre, Vellini n'a pas beaucoup à lui envier mais je vous laisse découvrir pourquoi.) Mais les deux femmes ont en commun une passion sans limites pour Marigny, une passion qui, pour l'une comme pour l'autre, ne s'éteindra jamais.



Il ne faudrait pas oublier d'évoquer les "seconds rôles", plantés de façon magnifique par un Barbey qui n'est pas loin de les laisser "casser la baraque" - pour peu que ce trio d'aristocrates bon teint, rescapés d'une XVIIIème siècle finissant, nous permette cette expression un peu triviale. La marquise de Flers tout d'abord : elle a connu les bals de Marie-Antoinette aussi bien que l'ombre luisante de sang de la guillotine, elle n'ignore rien de ce que peut dissimuler le mot "libertinage" et elle a, comme nombre de personnes de son siècle, une grande ouverture d'esprit. Marigny la prend par la franchise en lui racontant l'étrange histoire de sa relation avec Vellini et Mme de Flers, se laissant prendre elle aussi à la sincérité du dandy (quand il assure avoir rompu, Marigny ne ment pas : il y croit aussi fort qu'il croit en sa nouvelle paire de bottes), lui accorde la main d'une petite-fille qu'elle voudrait pourtant tenir à jamais éloignée du malheur. Puis Mme de Mendoze : amie intime de la marquise, elle est née au même siècle, elle a traversé les affres de son agonie et la curieuse comédie des deux Restaurations mais, en tous cas au début, elle se montre plus réservée envers M. de Marigny avant de se laisser elle aussi séduire par la sincérité apparente de son amour. Enfin, le dernier en piste mais non le moindre, l'étonnant, l'excellent vicomte de Prosny, ancien galant de Mme de Flers et qui tient, durant tout le roman, le rôle de la Gazette vivante ou du Concierge A Qui Rien N'Echappe. C'est que, lorsqu'ils s'y mettent, les hommes font, en matière de commérages et de curiosité indiscrète, bien mieux que les femmes les plus avisées.





En toile de fond, bien plus réelle que les salons parisiens fréquentés par nos héros, la côte normande, essentiellement vue de l'automne et de l'hiver, une côte spectrale, hantée par les vents, la pluie et les légendes locales, où Vellini, puis Hermangarde s'en vont errer tour à tour, luttant contre les éléments déchaînés et la nuit qui n'en finit pas, dans leur quête effrénée, incontrôlable de leur boussole commune : Marigny.



"Une Vieille Maîtresse", à bien y regarder, c'est du mélo à l'état pur. Mais Barbey est comme Balzac : il nous attire, nous accroche, nous séduit aussi sûrement que sa Vellini. Et on lit, on lit, on ne peut pas plus renoncer à tourner les pages qu'on ne renoncerait à respirer. On passe bien sur quelques maladresses et quelques exagérations - elles aussi font partie de Barbey, on ne va pas le trahir en les lui reprochant. Sous nos yeux fascinés, l'écrivain normand assemble, mêle et démêle fils et récits. Ces derniers s'emboîtent l'un dans l'autre avec une précision de boîtes gigognes, un narrateur suit l'autre sans que le lecteur en soit déstabilisé un seul instant : c'est du grand art, la libération d'un homme qui, pour la première fois, maîtrise la force qui l'habite et le pousse à écrire. ;o)
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Une vieille maîtresse

Une vieille maîtresse, c'est le trio classique de l'homme partagé entre l'ange et la sorcière, entre l'idéal et le monstre, entre l'esprit et les sens - mais de manière joliment ambiguë jusque dans la défaite finale.

Au centre, il y a Ryno de Marigny, un homme qui a, comme on dit, déjà beaucoup vécu, affligé d'une réputation de Don Juan de salon en partie justifiée, un homme ardent à l'amour et volage, sans cruauté pourtant mais fatal, et fatalement déformé par le prisme des esprits mesquins.

Face à lui, la blonde Hermangarde qu'il s'apprête à épouser, fille de noble famille, belle, pure, entière comme le sont tous les anges, profondément éprise de ce futur mari qui l'adore comme on adorerait une icône capable de renverser toutes les autres idoles.

Derrière, la brune Vellini, qu'il a aimée autrefois, à qui l'ont lié dix ans de vie commune, un sortilège de sang, un désir charnel jamais vraiment éteint. Vellini, fille adultérine d'une duchesse espagnole et d'un obscur torero, à demi courtisane, plus toute jeune, moricaude, laide, violente et sensuelle comme le sont les sorcières, détentrice d'un pouvoir que l'homme cultivé des salons parisiens ne sait comprendre mais ressent dans tout son être.

Après dix ans de passion, Ryno n'aime plus Vellini et Vellini n'aime plus Ryno. Les choses entre eux sont claires, et très sincèrement, Marigny s'estime capable de se ranger enfin comme parfait époux d'Hermangarde. Mais quel homme saurait lutter contre la fatalité - ce joli nom que l'on donne aux faiblesses de l'âme et du cœur ou aux pouvoirs de l'inconscient ?



Il a suscité bien des analyses, soulevé bien des critiques, ce roman que son auteur a pu considérer comme une condamnation de l'empire des passions quand de nombreux contemporains y voyaient un texte immoral, peignant beaucoup trop bien ce qu'il prétend condamner - tout particulièrement de la part d'un auteur affirmé catholique ! Belle réponse de Barbey, d'ailleurs, qui dans sa préface de 1866, très engagée et passionnante, revendique le droit des artistes catholiques à peindre l'âme humaine telle qu'elle est, jusqu'aux excès et les séductions des passions et à laisser le lecteur en tirer ses propres conclusions, plutôt que se cantonner aux fadeurs débilitantes des textes édifiants. Réactionnaire jusqu'au bout des ongles, Barbey l'était toutefois avec panache, bien loin de l'image de moralisme étriqué qu'on attache souvent aux milieux légitimistes de son temps.



Le résultat est un texte à la fois très symbolique et très juste, riche de ses ambiguïtés comme l'est au fond la vie, ouvert aux interprétations de chaque sensibilité et dépourvu de toute morale facile. L'ange et la sorcière, d'ailleurs, s'ils ont tous les attributs de leur rôle, sont loin d'y rester étroitement cantonnés.

Angélique, Hermangarde est loin d'être mièvre, c'est avant tout un caractère dont la grande fierté et l'extrême sensibilité peuvent être vus comme trop exigeants, incapables de s'accorder aux dualités de son époux, de comprendre les faiblesses fondamentales de cet homme si fort et si fondamentalement humain.

Quant à Vellini, malgré son indolence lascive et sa superstition qui en font, a priori, une intelligence médiocre, malgré ses caprices bizarres et son caractère volcanique potentiellement assez pénible, c'est aussi une femme honnête et franche, capable de tout entendre et de comprendre beaucoup, jamais vénale, parfois cruelle par colère mais dépourvue de toute réelle méchanceté, capable d'une véritable compassion vis à vis de ses rivales malheureuses.

La dualité morale entre elles deux doit tout autant au regard de la société et à l'attitude de Ryno qu'à leur seul caractère, à leur seule nature. Barbey lui-même le souligne dans une autre préface : "La vieille maîtresse eut été sa vertu, s'il l'avait épousée, et en ne l'épousant pas, il en a fait son vice !" Et au lecteur d'aujourd'hui qui soupirerait de ces sempiternelles oppositions entre vice et vertu, on peut répondre que l'opposition entre raison et déraison en matière amoureuse reste, elle, de toute éternité !



Le roman est un peu inégal - après une première partie assez impeccable, la seconde peine parfois à trouver son rythme et s'empêtre dans quelques longueurs. Le mélodrame y est aussi plus présent, parfois peut-être un peu facile. Mais la puissance de tout cela n'en reste pas moins forte, grâce à des symboles forts, à de très beaux personnages (et je n'ai même pas évoqué mon préféré, la délicieuse grand-mère d'Hermangarde, esprit élevé, audacieux, généreux, dont l'effacement entraîne un inéluctable déclin, comme la disparition de l'esprit d'Ancien Régime sonne, pour l'auteur, le début de toute décadence). Tout cela porté, enfin, par une langue très raffinée et très précieuse, une langue de cabinet de curiosité qui n'appartient qu'à Barbey et s'épanouit dans de superbes descriptions de la côte normande.
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Une vieille maîtresse

La marquise de Flers est aux anges : elle va marier sa petite-fille adorée, la belle Hermangarde de Polastron. Ryno de Marigny, le futur époux, âgé de trente ans, traîne la réputation sulfureuse d'un aventurier séducteur. Les salons ont fait leurs choux gras de l'état dans lequel il a laissé sa dernière victime et maîtresse en date, Mme de Mendoze, qui depuis leur séparation, dépérit, en proie à un chagrin obsessionnel qui a ravagé sa beauté, dorénavant défunte. La grand-mère, sous le charme de cet individu aimable, intelligent et charismatique, ne se préoccupe guère des rumeurs jusqu'à ce que sa très obligeante amie Mme d'Artelles l'instruise d'une soi-disant longue liaison que l'on prête à Ryno avec Vellini, fille illégitime d'une noble malagaise et d'un torero, femme laide, maigrichonne et noiraude, qui semble pourtant exercer sur les hommes un attrait aussi puissant que mystérieux.



Inquiète pour le bonheur de sa chère Hermangarde, elle interroge son futur gendre sur les fondements de cette rumeur. Ryno la rassure, il est profondément épris de sa petite-fille, et il a surtout définitivement quitté Vellini, avec laquelle il vécut, ainsi qu'il le lui rapporte en détail, dix ans d'une passion entamée dans la haine, faite d'orages et d'embrasement des corps. La marquise est convaincue de sa sincérité, et loin de s'offusquer du passé amoureux mouvementé de Marigny, elle se régale de l'honnête récit de cette liaison, en comprend les élans, avec la lucidité tolérante de qui a une longue expérience des passions et de la vie, et déplore l'hypocrite pudibonderie "anglaise" qui a investi l'air du temps...



Sincère, Ryno de Marigny l'est, véritablement. Pour preuve de sa bonne foi, et proscrire tout risque de tentation, le couple quitte Paris dès les noces célébrées pour les rivages normands. Mais les certitudes du jeune marié vacillent lorsque Vellini y fait son apparition...



"Une vieille maîtresse" est l'histoire de la lutte intérieure qui le déchire, opposant l'amour profond et légitime éprouvé pour une femme pure, de noble caractère, "belle à rendre amoureux tous les peintres", et l'attachement quasi surnaturel qui le lie à l'orgueilleuse et extravagante Vellini, qui dément, par son assurance et son extrême indépendance, tous les préjugés sur les femmes. Opposition, aussi, entre une relation gouvernée par la tendresse, la bienséance, le respect, et l'intensité d'une liaison sans tabou ni mensonge, qui permet de laisser s'exprimer tous les désirs, tous les sentiments, y compris les inavouables.



Il ne s'agit pas, entre ces deux femmes, antithèses l'une de l'autre, chacune étant dépeinte comme un symbole de ce qu'elle représente, d'une rivalité. Vellini elle-même prétend ne plus aimer Ryno, mais lui appartenir, comme il lui appartient, persuadée de la dimension ensorcelante -au sens strict du terme- de cette passion hors des convenances, défiant toute logique, mais dont Jules Barbey d'Aurevilly semble, à mots couverts, revendiquer son indulgence, exprimant à plusieurs reprises -notamment par l'intermédiaire de la malicieuse marquise de Flers- la décadence d'une société qui, rompant avec l'esprit caustique, élégant et libertin de l'Ancien Régime, a versé dans un moralisme étriqué.



Il dépeint par ailleurs le dilemme de Ryno, et l'inéluctabilité de sa chute dans les rets de sa mystérieuse et exaltée vieille maîtresse, avec minutie, laissant parfois sa plume verser dans le mélodrame, insistant sur la torture psychologique dont son héros est la proie, de la détresse fièrement tue dans laquelle sombre Hermangarde, ou sur les emballements d'une Vellini qui en acquiert une dimension presque diabolique. Et le lecteur est emporté par ce romanesque qui, s'il peut par moments paraître un peu débridé, n'en n'est pas moins convaincant, notamment lorsqu'il a pour cadre les falaises embrumées d'une côte normande que longe, à l'occasion, quelque spectre vêtu de blanc...
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Une vieille maîtresse

Le XIXème siècle représente avec Flaubert, Maupassant, Balzac ou Stendhal l’apogée du roman réaliste. Mais pas seulement ! Le 19ème siècle est aussi le siècle du romantisme puis, à son crépuscule, du symbolisme. Ces deux mouvements créatifs cherchent au contraire l’exaltation, le rêve, l’idéal, la mélancolie, les ténèbres...



Ce petit rappel historique, bien que schématique, n’est pas vain pour celui qui souhaite lire Barbey d’Aurevilly aujourd’hui. Cet auteur que l’on peut voir comme un romantique tardif et/ou un précurseur du symbolisme, proche de Baudelaire et de Huysmans, dandy mondain et catholique fervent, est ainsi un écrivain pour le moins enflammé et fasciné par une certaine forme d’occultisme. Cela transpire indiscutablement dans cet ouvrage, considéré par beaucoup comme son grand oeuvre…

Disons-le tout de suite, je n’ai pas aimé Une vieille maîtresse. Il est parfois tellement enflammé, que cette exaltation m’est souvent apparue un peu ridicule. Attention, je ne souhaite en aucune manière dévaloriser la plume superbe de l’auteur, mais si le styliste est parfait, le maniérisme et l’emphase de certains passages ont provoqué chez moi quelques ricanements, il faut bien le dire.



Une vieille maîtresse conte l’histoire de Ryno de Marigny, libertin magnétique, qui après avoir multiplié les conquêtes et brisé de nombreux coeurs se décide à se marier avec une magnifique et innocente jeune femme dont il est tombé éperdument amoureux. Mais cela est sans compter sur sa vieille maîtresse, la Vellini, une andalouse à la peau brune, sorte de sorcière-vampire-femme fatale, aussi écoeurante que fascinante, dont Ryno a été le compagnon pendant dix ans.

Le jeune premier est magnifique, la Vellini est vénéneuse à souhait, la blanche colombe est la plus blanche de toutes les colombes, la grand mère est la plus tendre et douce de toutes les grands mères…. Rien n’est tiède ou juste réaliste chez Barbey d’Aurévilly, tout est flamboyant, poussé à son extrême, vertigineux, terrible ou sublime. Je ne sais si cela vient de moi, qui ne suit pourtant pas le dernier pour les grandes tragédies, les récits emphatiques et les affres de la passion, mais j’ai vraiment trouvé ce livre, ses personnages, ses situations et ses drames ‘’too much’’.

De plus, comme c’est un livre épais, (plus de cinq cents pages), que l’intrigue est finalement assez mince, ce déluge de romantisme et de symbolisme grossier m’est apparu lourd et finalement plutôt ennuyeux.



Flaubert et Barbey d’Aurévilly se détestaient et je ne peux m’empêcher de reproduire ici un extrait d’une lettre de l’auteur de Madame Bovary à Georges Sand pour parler des oeuvres de son ennemi : “C’’est à se tordre de rire. Cela tient peut-être à la perversité de mon esprit, qui aime les choses malsaines, mais ce dernier ouvrage m'a paru extrêmement amusant ; on ne va pas plus loin dans le grotesque involontaire.”” Le jugement est un peu sévère et à la hauteur, je le suppose, de l’animosité entre les deux hommes. Mais, à mes yeux, ce n’est pas totalement faux non plus...





Tom la Patate
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Une vieille maîtresse - L'ensorcelée - Un prêtre ..

Extraordinaire! La descente aux Enfers de ce dandy tiraillé entre l'amour pur véhiculé par sa femme et la nostalgie, le vice, la sensualité, l'attirance à l'autodestruction caractérisés par la Vellini, cette maîtresse éternelle au charme énigmatique qui n'en finit pas de le hanter et donc de le détruire.

Un roman romantique qui exagère fortement sur cette relation toxique mais qui n'en reste pas moins magnifique.

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