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Critiques de Jules Barbey d`Aurevilly (287)
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Les Diaboliques

Cet ouvrage est donc composé de nouvelles qui tourne autour de figures féminines. Dans l’ensemble, j’ai trouvé cela intéressant et j’ai aimé trouver ce genre de personnages féminins. Mais la plume de Barbey d’Aurevilly n’a pas su me séduire pour cette première !



Les histoires avaient un immense potentiel avec un côté effrayant et obscur autour de ces femmes de divers âges et statuts sociaux. J’avais hâte de me plonger dans cette lecture et finalement… Déception due à la plume de l’auteur qui est bien trop lent, trop long et qui finalement fini par passer à côté de ses histoires. J’ai trouvé cette plume lourde et franchement loin de celle que j’aime comme Maupassant par exemple qui lui aussi, aborde les figures féminines notamment les prostituées.

Dommage, car ici le côté “horreur” me donnait vraiment envie, et tout est tombé à plat et j’ai vraiment dû m’accrocher pour terminer ma lecture, espérant que l’une de ces histoires me charme. Les personnages avaient du potentiel, le fond aussi !!
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Les Diaboliques

Depuis longtemps, "Le Dessous de cartes d'une partie de whist", l'une des nouvelles de ce recueil, me trottait dans la tête. J'ai eu envie de la relire, ainsi que les 5 autres textes qui composent Les Diaboliques



J'avais gardé le souvenir d'une interminable description jusqu'aux limites de l'ennui débouchant sur un coup de théâtre obligeant à reconsidérer tout ce que l'on venait de lire.



Des années après, l'effet "choc" dissipé, j'ai relu avec intérêt la longue description des deux (ou trois ?) protagonistes entre lesquels le drame se noue. Tout le talent d'analyste et de peintre de Barbey d'Aurevilly est là, dans la description des tempéraments, des moeurs... et des secrets. Le scandale de la découverte finale est toujours là, le coup de force du texte réside dans le fait que le lecteur est obligé d'imaginer ce qui s'est passé. Toutes cartes en main, seule une partie a pu se jouer.



Dans le même registre, celui de la violence des passions, "Le Bonheur dans le crime" et "La Vengeance d'une femme" sont également des chefs d'oeuvres d'intensité, tout comme "À un dîner d'athées". À chaque fois, des femmes osent dépasser non seulement les convenances, mais aussi (et surtout) la morale.



Par l'intensité de l'écriture, le recueil n'est pas vraiment une lecture de vacances, plutôt un bain électrisant dans une littérature dense, intense.

N'espérez pas trouver de répit ou de légèreté, point de "phrases d'ameublement" (comme Satie parlait de "musique d'ameublement"). Chaque phrase porte sa mesure (généralement exacerbée) de sens et d'idées. Il se pourrait que beaucoup de lectures paraissent fades après Les Diaboliques...
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Les Diaboliques

Oeuvres irréelles, empreinte de mystère, où les femmes semblent immatérielles. Femmes vicieuses, passionnées, imprévisibles. Telles sont les nouvelles constituant Les Diaboliques.



J'ai apprécié la belle plume d'Aurevilly, marqué par l'humour et le dandysme. Il écrit ses personnages toujours avec beaucoup de justesse et de précision. On s'attache et dresse un portrait très rapidement des personnages qu'il nous présente, grâce à son talent d'écriture. J'ai senti son influence et son adhésion au monarchisme dans ses écrits, mettant en valeur et en avant des milieux aristocrates, autant que son attachement pour sa terre natale Normande, propre au roman Aurevillien. Néanmoins, malgré cette qualité, j'ai trouvé que l'auteur tournait trop autour du pot, il met du temps à mettre en place son histoire. Ce qui a pour conséquence de créer des longueurs au récit, et particulièrement dès le début.



Les personnages sont les choses les plus importantes de ses œuvres et de son écriture. J'ai d'ailleurs a l’impression qu'ils sont plus importants que l’histoire, ils représentent à eux même la narration. Cela s'explique notamment par le fait que chaque histoire est racontée directement par quelqu'un à une autre, rajoutant une perspective, une opinion de l'histoire propre au narrateur. Comme dit précédemment, les personnages sont tous appréciables, du moins les narrateurs. Des dandys sympathiques, sociables et intéressants. De l'autre côté, les personnages des récits racontés sont plus lointains et mystérieux, par le fait que nous n'avons qu'une perspective des personnages : celui du narrateur lui-même. Nous rencontrons des femmes sans scrupules, décrites avec beaucoup d'émerveillement, de force et revêtant un caractère sournois. Les femmes dominent, font ce qu'elles veulent, détruisent pour leur opportunisme ou par amour. Des femmes empreintes d'un caractère presque sacré.



Ma nouvelle préféré est certainement "Le bonheur est dans le crime", mettant en scène un amour tel que même le crime ne l’entache pas. Nous retrouvons dans les nouvelles les thèmes de l'amour, l'adultère, la vengeance, le meurtre. Des thèmes sombres que les personnages incarnent parfaitement, dans une atmosphère construite avec brio. Néanmoins, le propre d'une nouvelle est de marquer, surprendre par son caractère court. J'ai eu l'impression à chaque nouvelle qu'une grande révélation sera faite, mais au final, pas de grande chute, pas d'émerveillement, de sursaut, de surprise. J'ai été un peu déçue des fins de ce fait.



En bref, je m'attendais à certaines choses dans ces nouvelles qui n'ont pas atteint mes attentes. Malgré une qualité indéniable de la plume de l'auteur et l'écriture saisissante de ses personnages, j'ai senti beaucoup de longueurs.
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Un prêtre marié

Un prêtre marié /Jules Barbey d'Aurevilly (1808-1889)

Ce roman paru en 1865 commence par une assez longue introduction qui répond à la technique habituelle de construction de l'auteur, à savoir celle du récit enchâssé où le narrateur initial cède la parole à une personnage qui devient à son tour le narrateur.

L'histoire débute dans les années troublées qui ont suivi la Révolution. Jean Gourgue dit Sombreval, d'origine paysanne normande , après des études sérieuses au séminaire de Coutances est ordonné prêtre au grand désespoir, dans un premier temps, de son père qui voyait de fait sa race abolie.

Sombreval est un travailleur acharné et n'inspire aucune sympathie. Il vit dans une petite maison avec son père. Il quitte un jour du début de l'année 1789 son village normand pour une mission secrète à Paris ordonnée par l'évêque. Il ne reviendra jamais de la capitale, « ce gouffre de corruption, ce cratère qui allait vomir la Révolution française ».

C'est là qu'il va perdre son âme, sa foi et ses buts suite à la rencontre d'un chimiste qui lui communique sa passion. Il va ainsi consacrer sa vie à la science, séduire la fille de son collègue et commettre le péché suprême en se mariant avec elle et consommer ainsi son apostasie dans le « bourbier des bras d'une femme ». Au-delà du péché de chair, c'est Dieu lui-même qu'il assassine. Son père qui avait accepté sa prêtrise mourut de cette déchéance et de la mise au ban de l'opinion du pays de ce fils apostat.

La jeune fille, belle et orpheline de mère ignorait qu'il fût prêtre. Pieuse et tendre, elle aimait Sombreval. C'est enceinte qu'elle apprend que Jean est prêtre. le choc est tel qu'elle ne se relève pas de ses couches. L'enfant née, une fille très fragile, est prénommée Calixte. Signe particulier, elle a une petite tache sur le front en forme de croix. Jean aime sa fille, il est attentionné et veille à son bonheur, mais n'a jamais évoqué avec elle l'idée de Dieu. C'est l'abbé Hugon, son parrain, qui va plonger l'adolescente, pure et poétique mais souffreteuse dans la divine ébriété. Lui qui a assisté sa mère dans ses derniers instants est son confesseur, mais plus encore, le souvenir de sa mère.

Revenu dans sa campagne natale au fin fond de la Normandie, Jean s'installe avec Calixte dans le vieux château de Quesnay qu'il a acquis récemment, une demeure abandonnée et maudite depuis des années. Jean a pour Calixte des attentions, des surveillances et des adorations sans bornes. Mais peu à peu une ambiance lourde s'installe dans le pays : malgré le charme angélique de la jeune fille, les pires médisances courent dans le village sur le prêtre marié et sa fille, considérés par les villageois comme des créatures diaboliques. Les mauvaises langues vont jusqu'à suspecter le château d'abriter le sacrilège et l'inceste. Sombreval met toute son énergie et sa science pour soigner la maladie nerveuse de Calixte « d'une beauté nitescente mais toujours d'une pâleur albâtréenne et sépulcrale, réfugiée dans sa chambre, une vraie cellule de religieuse dans sa virginale austérité. »

« On aurait dit l'Ange de la souffrance marchant sur la terre du Seigneur, mais y marchant dans sa fulgurante et virginale beauté d'ange, que les plus cruelles douleurs ressenties ne pouvaient profaner…Calixte souffrait dans son corps par la maladie et dans son esprit par son père, mais elle n'en était que plus belle. »

Dans le voisinage, seul un flave et mince jeune homme aristocrate, Néel, fils du vicomte de Néhou va braver l'opprobre général se languissant d'amour pour la belle Calixte qui depuis sa rencontre avec l'abbé Hugon s'est donnée à Dieu pour racheter la conduite de son père. La vénération de Néel pour Calixte ne trouve qu'une réponse d'amie ou de soeur : elle a choisi d'être carmélite et entend le rester. Elle ne devrait pénétrer dans le cloître qu'après la mort de Sombreval. Alors Néel va se jeter dans une passion impossible, tout risquer et même sa vie. Et Sombreval tout faire pour que sa fille n'ait pas à subir l'infamie populaire et les noires prophéties de la Malgaigne, l'omniprésente sibylle de malheur. Même l'impensable : offrir son âme à l'enfer.

Barbey d'Aurevilly dans ce grand roman fait montre d'une force et d'une puissance d'évocation remarquable. Un souffle envoûtant traverse toute l'histoire qui tient le lecteur en haleine grâce à une langue d'une grande justesse, d'une grande richesse, sombre, éloquente et imagée. Parfois précieuse. Imprégné de foi catholique et marqué par la question du mal et du péché, d'Aurevilly mélange des éléments du romantisme tardif et du fantastique surnaturaliste notamment quand il évoque les superstitions normandes. Malgré un certain nombre de clichés mélodramatiques architypés, cette oeuvre reste pleinement évocatrice d'un univers glauque qui a longtemps dérangé la critique à défaut du lecteur, l'histoire de trois amours fous, celui de Sombreval pour sa fille, de Calixte pour son père et son Dieu, et de Néel pour Calixte. Un drame où se mêlent le rêve, la folie, la prière, le repentir, la pénitence, l'impiété, l'absolution et le mensonge, et le tout dans une violence latente.



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La vengeance d'une femme

Les souvenirs sont trompeurs : j'ai soutenu crânement que cette nouvelle des Diaboliques n'était pas sanglante… avant de la relire, et qu'elle me saute au coeur, puisque de coeur il est question.

L'entrée en matière de Barbey d'Aurevilly est un constat : la littérature, enfermée dans un « bégueulisme », n'est pas du tout morale, elle est pétrie de peur et d'hypocrisie : elle ne parle pas de l'inceste, par exemple, et en cela n'exprime pas la société où il est si répandu.

Pourtant, la nouvelle « La vengeance d'une femme » ne parle pas d'inceste, mais d'une autre sorte de « crimes de l'extrême civilisation, plus atroces que ceux de l'extrême barbarie, par le fait de leur raffinement, de la corruption qu'ils supposent et de leur degré supérieur d'intellectualité. »

Barbey décrit un libertin, un viveur, un « dégustateur de femmes » revenant d'Orient, c'est tout dire, dont la vue est happée par le tortillement d'une femme en jaune. Il la suit, elle l'invite, elle se dénude et le foudroie par sa beauté.

Des pages absolument sublimes suivent : « elle était bien plus indécente, bien plus révoltamment indécente que si elle était franchement nue. ».

D'une panthère (encore)elle a la souplesse, les bonds, les égratignures et les morsures. Elle se donne, elle s'enroule, elle se perd dans le plaisir.

« Positivement, elle lui soutira son âme, à lui, dans son corps, à elle. », car « il y a dans ce qu'on appelle le plaisir, avec trop de mépris peut-être, des abîmes aussi profonds que dans l'amour. »

Sauf qu'elle regarde un portrait accroché à son bras, alors qu'ils sont au comble de l'extase, il est jaloux, froissé dans sa vanité et voilà : elle est mariée à un grand d'Espagne, elle-même fait partie de la haute aristocratie, ce fut un mariage sans sentiment et… elle le hait.

Le récit est alors repris par la duchesse d'Arcos, elle qui a été élevée dans la plus stricte étiquette qui comprime les coeurs comme dans un corset.

Son coeur, elle découvre qu'elle en a un lorsqu'elle rencontre Esteban, marquis de Vasconcelos, portugais.

Suit le récit d'un amour brûlant et chaste, presque mystique, transcendance de l'amour, sentiment de ne faire qu'un, de n'avoir qu'un seul coeur…

Aux pages décrivant le plaisir, suit donc l'hymne de l'amour, en des pages inoubliables elles aussi.

Sa vengeance ? descendre si bas dans la société, en se prostituant, et en cherchant les maladies inévitables des filles de sa condition, que son nom, celui de son mari, en sera entaché pour toujours.

Le grand d'Espagne qui a le privilège rare de ne pas se découvrir devant le Roi, devient le cocu d'une putain.

Pourquoi cette vengeance ? parce que (scène que ma mémoire un peu bégueule sans doute, avait éliminé, scène rappelée par Patsales, qu'elle en soit remerciée) le mari fait étrangler l'amant, lui fait arracher le coeur, le donne aux chiens, alors qu'elle voudrait, puisque c'est son coeur à elle, le manger.

Diabolique nouvelle, en la terminant je me suis dit qu'il n'était pas besoin de thriller, Barbey suffit amplement.



PS : Je suis obligée de « faire comme si »il s'agissait d'une BD, mais c'est bien de la nouvelle qu'il est question.

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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..



Quoi de plus indiqué, pour finir l’année dans le bonheur, que cette nouvelle, piochée dans « Les Diaboliques » parfaitement incorrecte et immorale.

Au Jardin des plantes, un médecin, dont Barbey d’Aurevilly décrit longuement l’athéisme et le cynisme contemple en compagnie du narrateur une panthère de velours noire, « magnifique échantillon des redoutables productions de son pays…forme idéale de beauté souple, de force terrible au repos, de dédain impassible et royal ».

L’autre panthère, vêtue celle-là d’une longue robe de satin noir, puissante, impérieuse, inquiétante par sa puissance animale, apparait, au bras d’un homme bien connu du docteur. « La femme, l’inconnue, était comme une panthère humaine, dressée devant la panthère animale qu’elle éclipsait. »

Et qu’elle domine, malgré les barreaux.

La bête sent ce pouvoir, baisse la tête, ferme les yeux, fascinée.

Mais notre héroïne ne se satisfait pas de ce triomphe, elle passe le bras dans la cage, fouette avec son gant le museau de l’animal » qui arrache… le gant, pas le bras, avec une soudaineté et une violence inouïe « la formidable bête outragée avait rouvert des yeux affreusement dilatés, et ses naseaux vibraient encore… »

Cette scène d’ouverture donne le ton, d’abord de l’amour fou du couple, et de leur crime impuni, longuement médité, ne leur suscitant aucun remords, dont nous allons prendre connaissance grâce au médecin.

Ils s’affrontent au fleuret, ces deux amants, et se jouent de la femme (puisque Serlon est marié) qu’ils empoisonnent : mais, et là réside tout le génie de Barbey d’Aurevilly : l’épouse abusée préfère le silence, pour « tenir son rang de noble » et ne veut pas se venger.

Je meurs, dit-elle, et eux sont dans les bras l’un de l’autre, heureux et délivrés de moi.

Car « ces deux êtres, immuablement beaux malgré le temps, immuablement heureux malgré leur crime, puissants, passionnés, absorbés en eux », continueront à partager leur bonheur.

Le vice puni, et la vertu récompensée ? foutaises, semble dire Barbey d’Aurevilly, (même s’il s’en défend, bien évidemment) en comparaison avec la passion entière, durable, miraculeuse et sans une ombre, de ces « deux animaux de la même espèce. »

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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Le Bonheur est dans le crime est l'une des sept nouvelles du recueil Les Diaboliques (1874) qui valut à son auteur d'être accusé « d'outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs ». Barbey qui est un catholique fervent affirme dans sa préface qu'il offre ses Diaboliques pour susciter l'horreur de leur comportement, et faire ainsi ,dit-il, une oeuvre chrétienne.

Cette nouvelle en particulier contient une histoire parfaitement immorale résumée dans le titre. Les deux criminels en effet n'éprouvent aucun remords et se moquent bien de l'opinion des autres. « C'est par cet air-là [de bonheur absolu] qu'ils ont toujours répondu victorieusement à tout, à l'abandon, aux mauvais propos, aux mépris de l'opinion indignée » Celui qui raconte leur histoire, c'est le Docteur Torty. Il fait part de sa stupefaction au narrateur qu'il a rencontré au Jardin des plantes. le couple d'assassins est devant eux, face à la cage de la panthère noire. « ces deux êtres, immuablement beaux, malgré le temps, immuablement heureux malgré leur crime, puissants, passionnés, absorbés en eux, passant aussi superbement dans la vie que dans ce jardin ».Torty est un dandy, athée, cynique, qui prend plaisir à raconter cette histoire diabolique au narrateur anonyme tout en s'en offusquant. C' est un personnage bien ambigu, témoin, voyeur et non dénonciateur. Quant au couple criminel, je vous laisse le plaisir diabolique de le découvrir, pervers que vous êtes...
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L'Ensorcelée

Comment décrire mon amour pour ce livre à la fois magnifique et si simple à lire.. original,.. qui regroupe mes sujets préférés (les créatures humaines immensément moches et la religion)… livre très cathartique et bien gore aussi bref un must read absolument génial
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Oeuvres romanesques complètes, tome 1

Ce volume un des œuvres de Barbey d'Aurevilly intègre des nouvelles et des romans parus entre 1830 et 1865.

Comme auteur, Barbey est une espèce à part. Admirateur de Balzac, c'est un fin chroniqueur du monde de son temps. Sa plume est généreuse, parfois un peu trop, mais elle donne un souffle inédit à son œuvre. Ennemi du réalisme et du naturalisme, Barbey est un symboliste avant l'heure. Et son itinéraire spirituel en fait l'ancêtre des Huysmans, Bloy ou Bernanos.

A propos de spiritualité, ce volume de la Pléiade montre l'évolution de l'auteur. Dandy et athée lors de l'écriture de ses premières œuvres, il est alors l'auteur d'un monde assez décadent de la haute société parisienne et de ses salons. J'avoue d'ailleurs avoir eu un peu de mal à apprécier les quatre premiers textes (Le cachet d'onyx - Léa - L'amour impossible - La bague d'Annibal). C'est en écrivant Une vieille maitresse qu'il se convertit au catholicisme. Le roman est d'ailleurs marqué, entre sa première et sa deuxième partie, par une double rupture : l'irruption des paysages sauvages du Cotentin et de la Basse Normandie qui donne un souffle incroyable aux œuvres de Barbey, et celle de la question de la foi et de l'invisible qui leur donne un profondeur et une tonalité très particulières.

Ainsi, si L'ensorcelée et Le chevalier des touches sont des romans brefs qui touchent par leur étrange beauté, Une vieille maitresse et Un prêtre marié sont des œuvres majeures de la littérature spirituelle, qui annoncent des auteurs comme Dostoïevski et Bernanos, lesquels dépasseront Barbey, il est vrai, par leur puissance littéraire et spirituelle.
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Un prêtre marié

Un homme, Sombreval, a été ordonné prêtre dans le Cotentin quelque temps avant la révolution. Envoyé à Paris, il y perd la foi, découvre la chimie et la science, se marie, perd sa femme qui lui laisse une fille Calixte.

Le roman commence lorsque Sombreval, inquiet pour la santé de sa fille revient dans le Cotentin. Nous sommes entre 1805 et 1810. La paix religieuse est revenue, mais les habitants n'ont pas oubliés l'ancien curé et le rejet local est immédiat. Dans ce recoin de la Basse-Normandie se joue en outre un double drame : Sombreval aime follement sa fille qui aime autant Dieu qu'il n'y croit pas ; dans le même temps, Néel, un gentilhomme du coin, tombe éperdument amoureux de l'inaccessible Calixte.

Un prêtre marié est un grand roman, écrit avec une très belle plume. Les mœurs de ces temps tragiques sont rendus comme aurait pu le faire Balzac, même si j'ai retrouvé les défauts qui m'agacent un peu chez Barbey : un excès de circonlocutions, et un symbolisme un peu excessif.

Sans doute faut-il aussi pour apprécier la grandeur du roman avoir le sens du sacré et celui du péché. Un prêtre marié est le roman d'un auteur catholique, qui croit au mal et à la grâce et en fait des acteurs de son récit.



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Le chevalier des Touches

Magnifique roman de ce combat perdu d'avance que fut la Chouannerie.

J'avoue avoir été un peu agacé au début par ce besoin de Barbey de ramener ses histoires à des salons mondains. Mais assez vite, le récit prend des allures d'épopée et nous plonge dans cette époque d'honneur et de cruauté qui marqua la révolution française. Même si l'on connait les sympathies monarchistes de l'auteur, le sujet n'est pas politique. Il est profondément humain, fait de vies fracassées par l'histoire, où la violence et la grandeur se cachent parfois dans les détails. Il est aussi fait de ces paysages du Cotentin, verdoyants et sauvages.

Un grand roman.



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L'Ensorcelée

Voilà un bien étrange roman, tout à fait atypique. Je ne connais pas d'équivalent à Barbey d'Aurevilly.

L'Ensorcelée, c'est un récit fait dans la nuit à un voyageur qui traverse l'hostile lande de Lessay, dans le Cotentin. Une histoire où se côtoient fantastique et réel. Quand je parle de fantastique, il ne s'agit pas d'effets spéciaux, mais plutôt de la manière dont des croyances peuvent interférer sur le réel, car après tout, il y assez peu de choses inexplicables dans le cœur du récit.

Le récit s'articule autour de la personne d'un prêtre, ancien chouan défiguré par le fanatisme des hommes et de l'influence qu'il exerce sur une femme. Nous sommes en 1802-1804 dans le Cotentin, un Cotentin superstitieux en diable, paysan et normand…

Un beau roman d'un auteur trop oublié.

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Une vieille maîtresse

Une fois de plus, Barbey explore un triangle amoureux. Ou comment les aventures d'hier peuvent entraver la liberté d'un homme, ses désirs, ses pensées. Et comment elles peuvent blesser l'être aimé.

Une vieille maîtresse a été composé sur plusieurs années, marquées par la conversion de Barbey au catholicisme. Le texte, remarquablement écrit s'en ressent. On songe au romantisme de Chateaubriand, à la comédie humaine de Balzac, dont on reconnait l'époque, et l'on voit venir Huysmans et Bernanos.

La seconde partie (la plus longue) m'a davantage séduit. Le décor du Cotentin, magnifiquement décrit donne de l'air à une œuvre qui étouffait dans les salons parisiens.

Une belle découverte!
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La Bague d'Annibal

Etrange récit, que cette bague d'Annibal, avec 150 chapitres répartis sur 70 pages. Nous sommes à mi chemin entre haikus et nouvelle.

C'est joliment écrit, mais le jeu amoureux des protagonistes m'a laissé plutôt de marbre. Méritait-il dans des portraits et de digressions? Si certains s'écoutent parler, il me semble que Barbey se plait à se lire écrire…
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Les Diaboliques

J'ai eu ce livre à lire pour les cours. Entre la taille du livre et la lecture d'un précédent livre de l'auteur que je n'avais pas aimé, j'appréhendais un peu ma lecture. Mais finalement, ce fut une plutôt bonne surprise ! J'ai relativement apprécié. Premièrement, c'est un recueil de six nouvelles donc les nouvelles, individuellement, sont plutôt courtes et se lisent vite, même s'il y a, bien sûr, des nouvelles que j'ai préféré à d'autres. Cependant, la structure est souvent la même dans chaque nouvelle et le début est souvent long à démarrer avec toute une description qui n'a que peu d'utilité. Mais une fois dans le coeur de l'histoire, il y a un vrai rythme et c'est très plaisant à lire. Moi ça me faisait rire tellement ça pouvait être décalé. Il y avait également une vraie envie de ma part de découvrir le fin mot de chaque histoire. Ici, les femmes sont les héroïnes de l'histoire et elles sont... plus ou moins machiavéliques ! 😜 Il y a également de vrais réflexions à creuser par moments ^^. Mes deux nouvelles préférées sont Le bonheur dans le crime et la vengeance d'une femme. Rien que les titres donnent le ton ! ^^
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L'Amour impossible

"Il y a seulement de la malchance à n'être pas aimé. Il y a a du malheur à ne point aimer." écrivait Camus dans l'été. Voilà sans doute le thème principal de L'Amour Impossible, premier roman de Barbey d'Aurevilly.

Hélas, l'auteur traite ce thème avec une distance glaciale et moult descriptions psychologiques, clichés de son époque, qui rendent long ce court roman. On a du mal a rentrer dans ce triangle amoureux (ou pas amoureux), et tout autant dans ce tout Paris fermé de la Restauration, qui n'était en fait pas grand chose. Dans le cours du récit, Barbey fait allusion au plus célèbre verset de l'Ecclésiaste (Vanité des vanités, tout est vanité) : avait il conscience de la vertigineuse mise en abîme qu'il faisait ?

Alors bien sûr, lecture après lecture, je vois émerger un jeune auteur, et vais poursuivre, en espérant mieux.
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Léa

Ecrite en 1832, alors que l'auteur n'avait que 23 ans, est une œuvre de jeunesse assez touchante. Sous influence romantique, on y découvre la passion d'un jeune homme pour une jeune fille malade. Amour? Pitié? La maman de la jeune fille, en 2023, parlerait peut-être d'abus de faiblesse.

Déjà les thèmes chers à Barbey affleurent : passion, fantastique...
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Le Cachet d'Onyx

Œuvre de jeunesse de Barbey d'Aurevilly, Le Cachet d'Onyx vaut d'abord par son emballage, qui laisse présager le futur auteur des Diaboliques. Beaucoup de circonvolutions nous amènent au drame final, violent, que dévoilent les trois ou quatre dernières pages.

Autres temps, autres mœurs. L'originalité de cet auteur de 23 ans, c'est qu'il est à la fois marqué par son époque (la nouvelle date de 1831) et par une liberté de ton assez rare.

Le cachet d'onyx n'est pas un chef d'œuvre, mais une jolie introduction pour aborder son auteur.
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Une vieille maîtresse

Tout est génial et donc excessif dans cette oeuvre, les caractères, les situations, les passions et le style. Tout y est flamboyant, inégal, jouissif, bref Barbey comme on l'aime, à qui l'on pardonne les "tunnels", les coups de cravache et les outrances. Catherine Breillat a été inspirée par cette vielle maîtresse et en a fait un film à la hauteur de l'oeuvre : superbe, d'une troublante gourmandise.
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Le bonheur dans le crime - La vengeance d'u..

Jules Barbey d'Aurevilly a un style magnifique, classique mais fluide.



La femme qui fait baisser les yeux à une panthère dans le texte "Le Bonheur dans le crime" , on l'imagine mal, vu comme elle est décrite, abandonner son indépendance, même par amour. Autant le comte, on peut comprendre la crainte du qu'en-dira-t-on et les pressions sociales associées à son rang, autant cette femme décrite comme étant libre et audacieuse, se plier à cette comédie, on a du mal à y croire. Même en ayant la compensation d'être auprès de l'objet de son amour et de continuer à ferrailler avec lui à la lueur du clair de lune, cette vie de domestique ne lui sied point. La suite funeste est inévitable. Il est aussi invraisemblable qu'un amour commençant sur de telles bases puisse durer dans le temps, comme dans ce texte.



C'est pour cette raison que je préfère le second texte, "La vengeance d'une femme". La cruauté dont fait preuve son mari à cause de son orgueil blessé, n'a d'égal que la terrible détermination de sa femme à se venger. Cette histoire où elle apparaît flamboyante, brûlant d'un feu intérieur attisé par la haine, est admirable. On la visualise parfaitement, se roulant dans la fange pour que cette boue éclabousse celui dont elle abhorre le nom. L'autre raison est que dans ce texte, elle raconte son histoire elle-même, alors que dans "Le bonheur dans le crime", l'histoire est contée par le médecin, témoin de bien des scènes immorales, mais néanmoins impuissant à transcrire les pensées de Hauteclaire.

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