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Critiques de Jules Barbey d`Aurevilly (287)
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Contre Goethe

La plume ultra-acide, Barbey d'Aurevilly s'attaque au souverain jupitérien des lettres allemandes, dont le front serein, entouré de nuages, n'a pas blêmi pour autant. On lit encore beaucoup Barbey d'Aurevilly, notamment Les diaboliques, mais aussi ses journaux, romans, lettres, poèmes. Assez peu sa critique, me semble-t-il. Une critique d'opinion dont l'objet souvent nous échapperait aujourd'hui. En l'occurrence, Goethe est ennuyeux, Goethe n'a aucun talent, Goethe est un plagiaire et un touche-à- tout ! C'est très drôle, quel esprit caustique ! Avec la distance, il ne reste heureusement que l'humour de ces polémiques démodées, et un témoignage vivant sur les moeurs littéraires féroces de l'époque. Mais le vitriol est excellent, on en redemande.

Au-delà du comique de circonstance, c'est un pan de l'histoire littéraire qui se dévoile. Barbey d'Aurevilly écrit en pleine guerre de 1870, durant le siège de Paris. Son anti-germanisme s'explique : il répond aux canons prussiens par sa petite salve acrimonieuse. Il épargne madame De Staël, qui reste pourtant l'auteur du délit d'avoir introduit Goethe en France : le style de la grande femme de lettres lui vaut cette grâce. La préface de Lionel Richard explique d'autres raisons de la mise en pièces : Jules Barbey d'Aurevilly avait succédé à Sainte Beuve, et aurait bien voulu briller comme son illustre prédécesseur au firmament des critiques parisiens. Las, il ne parvint pas à faire oublier l'auteur des Lundis. Mais reconnaissons le, si Goethe n'est pas l'écrivassier ennuyeux qu'il veut bien nous décrire, du moins le Contre Goethe vaut encore d'être lu, et avec quel plaisir !
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Du dandysme et de George Brummell

Georges Bryan Brummel a fait la pluie et le beau temps dans les salons les plus huppés de l'aristocratie anglaise. Son exceptionnelle beauté...on va jusqu'à le comparer à l'Appolon du Belvédère! Il faut reconnaître à ce fils de modeste commerçant un certain génie dans l'art de la composition de sa garde-robe, mais en plus il emporte l'amitié amoureuse de l'héritier de la couronne et de se faire accepter dans les clubs les plus fermés de Saint-James Street pour animer les soirées les plus élégantes de Londres! Fêté, admiré un seul mot de lui suffit à faire la fortune d'un tailleur! Dans le cas inverse un froncement de sourcils fera le malheur à qui lui déplait. Et pourtant ce dandy va sombrer progressivement dans la misère et l'oubli. En mars 1840 dans une humble cellule de l'asile de Caen seule, une religieuse veille sur une épave humaine agonisante: un vieillard chauve et décharné. Qui pourrait reconnaître le beau Brummel? le favori tout-puissant du prince de Galles, le dandy glacé auquel toutes les impertinences étaient permises?
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Du dandysme et de George Brummell

Lecture pour dandies, vaniteux. Il paraît que ce peuvent être des qualités. Je crois. Pour certains nietzschéens... Et pour certains historiens. Allez savoir.
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Du dandysme et de George Brummell

un morceau de'histoire sorti de l'oubli, une époque disparue dont il nous est difficile de percevoir les contraintes. ça m'a rappelé la citation de Talleyrand: "« Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c'est que la douceur de vivre. »
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Du dandysme et de George Brummell

Au-delà de la biographie admirative volontairement mythifiée du dandy anglais de la première moitié du 19ème siècle George Brummell, c'est bien au service de sa propre cause que s'emploie le talent de Barbey d'Aurevilly, proposant une véritable théorie du dandysme comme modèle d'indépendance d'esprit et d'existence, défiant le pouvoir et les hautes classes sociales, avec un art raffiné de l'artifice, du signe, du langage, du double-sens et un opportunisme de l'instant présent, singulièrement capable de juger le bon moment pour le bon mot et la bonne victime.

Personnage conceptuel échappant à l'Histoire, Brummell devient sous la plume de l'auteur normand si anglophile un mythique et rebelle dandy flamboyant, reprenant le "il y a un je ne sais quoi chez le dandy" décrit par Montesquieu, le spécifiant par une sorte de grâce qui le différencie des simples mortels.

Avec une écriture exquise sertie dans un génie narratif propre à Barbey d'Aurevilly, ce récit biographique s'affranchit des faits réels de la vie de Brummell, le dandy anglais devenant un personnage littéraire idéalisé incarnant entre les lignes Barbey d'Aurevilly lui-même et son dandysme normand puis parisien (Paris étant un passage obligé du dandysme et le territoire naturel de tous les bouffons des puissants), même si l'auteur restera singulièrement solitaire et souvent à l'écart des cercles de courtisans.



Volontairement chargée d'approximations, cette biographie de Brummell filtre tout ce qui gênerait le mythe du dandy parfait. Brummell, jeune hussard, proche du prince de Galles, séduit la Cour britannique et devient une institution du dandysme anglais puis s'exilera en France où il mourra en dandy. On l'aura compris : avec le grand Brummell de Barbey d'Aurevilly, c'est sa vie qui est son œuvre.

Rien sur ses revers de fortune, alors que Brummell a vécu dandy moins de temps qu'il n'a été dans la déchéance et la médiocrité, devenu dans son exil un perdant endetté, revanchard et oublié. Rien sur le petit Brummell escroc, maître-chanteur, grossier, prétentieux, voleur, menteur et manipulateur.

L'intérêt de cette œuvre réside surtout dans la capacité que l'auteur a à défendre la fatuité anglaise : la vanité des hommes, sentiment négatif mais sincère, étant incontournable, autant l'assumer et la mettre en scène pour construire une vie indépendante et moqueuse des pouvoirs. Mais c'est oublier de la part de l'auteur que le dandy est une fragile apparence, un porteur de masques qui ne vit que dans la considération d'autrui et dépendant des subventions des dominants.



Très éloigné de la théorie du dandysme surstoïcien de Baudelaire dans Le peintre de la vie moderne où le dandy est un personnage typique des périodes intermédiaires où les pouvoirs migrent des vieilles classes possédantes vers les nouvelles dominantes, le Brummell de Barbey d'Aurevilly fait silence à dessein sur certaines évidences : Brummell n'a fait personne, c'est la couronne britannique et les classes dominantes qui l'ont fait dandy puis l'ont défait. Entretenu par les riches tant qu'il était à la mode, l'éphémère Brummell et ses savants nœuds de lavallière ont été une illusion d'indépendance.

Car la rébellion du dandy tourne toujours à vide puisqu'il se rebelle pour lui-même et son miroir, éternellement incapable de dépassement de soi. Obsédé par sa posture, Brummell en oublia d'être lui-même, donc il ne fut rien et mourut comme tel, laissant derrière lui une ou deux anecdotes mondaines, un ouvrage de mode et quelques fort malveillants mots d'esprit.

Ainsi, le mythe forgé par Barbey d'Aurevilly se révèle aussi fragile, assujetti aux puissants et vain que le furent Brummell et sa collection de porcelaines de Saxe.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Journaliste : Articles et chroniques

Comme de nombreux écrivains au 19e siècle, Barbey d'Aurevilly a entretenu des relations étroites avec la presse. le métier de journaliste, qu'il a exercé pendant cinquante ans, lui a à la fois assuré un revenu et une renommée. Mais ses relations avec les différents journaux auxquels il a collaboré n'ont pas été de tout repos…Personnage contrasté, dandy, libertin, défenseur de la tradition, de l'Église et de la monarchie, il dénonce avant tout l'esprit bourgeois et matérialiste de son époque. Avec un indéniable talent et n'hésitant pas à s'attaquer à des auteurs illustres, Victor Hugo, Zola, Alexandre Dumas, le « bas bleu » George Sand, il défend sa conception du monde, de la littérature et du journalisme. Regrettant amèrement le temps où ce dernier ne se consacrait qu'à la politique et à la littérature et n'était pas devenu un bazar de l'esprit où les commérages remplacent les débats de fond, où l'on parle de tout et de n'importe quoi…



Il a fondé quelques journaux, dont « La Revue du monde catholique », et collaboré à de nombreux autres, le Pays, Le Figaro, le Constitutionnel, le Gaulois. Il se rallie en 1851 au régime impérial et soutient Napoléon III. Il aurait aimé se consacrer à la politique mais on lui confie plutôt des rubriques de critique littéraire ou d'art, ses convictions passionnées entrainant polémiques, parfois procès voir la censure…



Ce livre de Pierre Glaudes nous permet de découvrir quelques articles de cet écrivain enflammé, dont la plume est parfois féroce mais le propos toujours argumenté, et dont l'activité de journaliste, « cet écrivain d'un jour » n'est pas forcément connue. Et pas inintéressant de se plonger dans l'histoire de la critique littéraire…

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L'Amour impossible

Une forme très particulière de l'amour impossible, du moment où nous sommes en période du romantisme où la plupart des enjeux se jouent autour des personnalités qui se rebellent contre la société, on obéit parfois à la loi seul contre tous ou l'amour s'en va contre le monde, mais l'amour impossible qui nous concerne ici est celui de deux êtres, conscients de leur égo un peu trop suprême, qui reconnaissent en eux cette entrave qui ne saura les soumettre à un amour aveuglant...ils choisissent de planer sur la planète de Platon...

Pour un premier roman de Barbey, on lui pardonne sa jeunesse dans le style!
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L'Amour impossible

Avec "Ce qui ne meurt pas", roman lui aussi de sa jeunesse mais qu'il retravailla dans son âge mûr, "L'Amour Impossible" est, en tous cas à mon sens, le moins bon des textes romanesques de Barbey. L'écrivain avait sous-titré son oeuvre "Chronique Parisienne" et, en définitive, c'est bien là que gît le problème.



"L'Amour Impossible" met en scène un dandy de vingt-sept ans, l'éternel dandy dont on sait combien il est cher au coeur de l'auteur, répondant ici au joli nom de marquis de Maulévrier (je vous épargne le prénom ) et par ailleurs amant irrésistible, aux pieds duquel s'abandonnent les plus belles femmes du monde. Pour l'instant, Maulévrier est celui de la ravissante Mme d'Anglure, laquelle, à l'heure où commence notre récit, s'est retirée à la campagne pour une raison qui, je vous l'avoue, m'échappe complètement. De toutes façons, ce n'est que provisoire : les deux amants doivent se retrouver très vite et leur romance prospérer. Seulement, Maulévrier, qui s'ennuie vite semble-t-il - l'ennui, attitude et même posture on ne peut plus caractéristique du dandy - s'impose peu à peu auprès de la marquise de Gesvres, amie de Mme d'Anglure et femme, cela s'entend, d'une grande beauté, dont le mari occupe un poste dans la diplomatie. Pour l'heure, M. de Gesvres est retenu à Pétersbourg et, soyons francs, sa conjointe n'en a pas grand chose à faire. Il faut bien dire que cette femme, toujours très belle malgré l'âge qui avance - elle a cinq ans de plus que Maulévrier - est réputée n'avoir jamais connu ni la passion du coeur, ni les plaisirs des sens. Une vraie gageure, on s'en doute, pour un dandy comme Maulévrier.



Une liaison débute, très particulière et très verbeuse - et croyez-moi, question verbosité, je suis une authentique spécialiste ! Hélas ! en dépit des prétentions de Maulévrier, elle est vouée à l'échec le plus lamentable car il est bien vrai que Mme de Gesvres ne ressent rien. Tout au plus un frémissement, par-ci, par-là mais toujours au-dessus de la ceinture même si jamais dans la région du coeur. Au-dessous de la ceinture, c'est pour ainsi dire le néant absolu et le beau dandy a beau s'entêter, rien n'y fait. Maulévrier s'obstine pourtant et, sans aucun égard pour une malheureuse qui, elle, l'aime éperdument et le désire tout autant, laisse tomber Mme d'Anglure ainsi qu'il le ferait d'une paire de gants défraîchie. La pauvre finira par en mourir de chagrin sans que son ancienne amie ni son ancien amant ne parvienne l'un ou l'autre à comprendre comment l'Amour, en certaines circonstances et chez certaines natures prédisposées, ça peut mener au tombeau.



Avec une amoralité aussi infâme que délicieuse, Mme d'Anglure est-elle à peine refroidie que le lecteur incrédule voit Mme de Gesvres et M. de Maulévrier s'en aller pour ainsi dire main dans la main ... acheter des gants, je crois, ou alors des rubans. Il n'y a plus rien de physique entre eux, encore moins d'amour mais disons qu'une sorte de sympathie s'est instaurée entre ces deux créatures à sang froid : elles se sont reconnues de la même espèce et cela leur suffit pour goûter à ce qu'il faut bien appeler le bonheur, un bonheur particulier et égoïste certes mais le bonheur tout de même.



L'analyse des relations entre les héros est très fine, pour ainsi dire brodée au petit point : on songe parfois à Proust au sommet de son art. Mais l'ensemble reste horriblement "parisien" et artificiel. Malgré tous les efforts de leur créateur, aucun membre du trio ne parvient à "décoller", à révéler une personnalité réelle et surtout crédible, à se détacher en pleine lumière. Au mieux, Gesvres et Maulévrier forment un couple de narcissiques monstrueux mais totalement dénués d'intérêt parce qu'ils le sont sans aucune méchanceté tandis que la pauvre d'Anglure fait plus figure d'une incroyable nunuche que d'une victime romantique. Telles quelles, ce sont de merveilleuses marionnettes, qui débitent le discours imposé par un Barbey perdu et comme obsédé par sa "chronique parisienne" mais qui, ce faisant, ne donnent pas un seul instant l'impression de songer vraiment à la signification de ce qu'elles racontent.



Pour les amateurs de Barbey, cet étrange triangle amoureux préfigure en fait celui qui hantera très vite le reste de l'oeuvre : deux femmes tourbillonnant autour d'un homme qui les aime et les repousse tour à tour. Simplement, l'écrivain n'en est qu'au tracé des silhouettes. Sa vision, lui qui l'aura si souvent tourmentée, écorchée, somptueuse, est ici aussi plate que la morne plaine de Waterloo chantée par Hugo - auteur dont Barbey incendiera un jour, et non sans raison, les pesants, indigestes et trop angéliques "Misérables". Et pour une fois, aucun soupçon de fantastique, rien de cette atmosphère inimitable qui signe tant de textes de Barbey, du plus modeste au plus achevé.



Mais un très bel exercice de style, c'est certain. A ne réserver cependant qu'aux inconditionnels. ;o)
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L'Amour impossible

"Il y a seulement de la malchance à n'être pas aimé. Il y a a du malheur à ne point aimer." écrivait Camus dans l'été. Voilà sans doute le thème principal de L'Amour Impossible, premier roman de Barbey d'Aurevilly.

Hélas, l'auteur traite ce thème avec une distance glaciale et moult descriptions psychologiques, clichés de son époque, qui rendent long ce court roman. On a du mal a rentrer dans ce triangle amoureux (ou pas amoureux), et tout autant dans ce tout Paris fermé de la Restauration, qui n'était en fait pas grand chose. Dans le cours du récit, Barbey fait allusion au plus célèbre verset de l'Ecclésiaste (Vanité des vanités, tout est vanité) : avait il conscience de la vertigineuse mise en abîme qu'il faisait ?

Alors bien sûr, lecture après lecture, je vois émerger un jeune auteur, et vais poursuivre, en espérant mieux.
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L'Ensorcelée

Un auteur local , né à dix km de chez moi . Ce roman "fantastique" est à lire .
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L'Ensorcelée

Barbey d'Aurevilly est un formidable évocateur, qui se fait sorcier pour l'occasion et parvient à retranscrire toute l'atmosphère mystérieuse et comme sortie d'un rêve de la lande normande.

On y suit les apparitions et les intrigues qui vont lier l'abbé de la Croix-Jugan, prêtre qui s'est engagé auprès des Chouans mais a tenté de se suicider au soir de la débâcle, se relevant défiguré de son coup de feu en plein visage, et Jeanne Le Hardouey, noble, épouse d'un bourgeois, et hantée par la silhouette quasi spectrale de l'abbé.

Le roman de Barbey d'Aurevilly marque par cette présence d'un fantastique tout en finesse car on ne sait jamais si les événements relèvent effectivement du surnaturel ou sont le fait d'un imaginaire débridé par un environnement évocateur et chargé de légende.

L'histoire se mêle aux croyances et autres superstitions de la campagne normande, et bergers sorciers, amours impossibles, climat diabolique... se trouvent évoquer dans ce roman où violence et sacré se retrouvent irrémédiablement liés.
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L'Ensorcelée

Partez dans les landes normandes ! Prieurés abandonnés, ses cloches funestes, ses bergers errants et un peu sorciers. Partez sur les traces des chouans vendéens ! Rejoignez le prêtre maudit ! La fière Jeanne ensorcelée. La maudite Clothilde !



C’est d’un changement dans la vie de son auteur, que naît L’Ensorcelée. Barbey d’Aurevilly, prétendu démocrate jusqu’alors, revient à la foi catholique. Il décide de fuir le présent pour le passé, et de s’éloigner de la réalité. Il s’en retourne aux sources normandes et à ses origines. De là, germe le projet de l’écriture de chroniques normandes. La guerre des Chouans passionnant Barbey, ce dernier entreprend une peinture pittoresque de la Normandie et de son histoire.

Mon avis sur le livre :

J'ai découvert ce roman, lecture imposée par mon professeur de français, quand j'étais un 3ème. J'ai adoré le livre et j'ai enchaîné avec plusieurs autres de Barbey.

Je dois l'avouer la terrible histoire de Jeanne-Madeleine de Feuardent et de l'abbé de La Croix-Jugan, ancien chouan m'a ensorcelée et je ne peux que vous conseiller ce roman, qui est l'un de mes préférés. Amour, Histoire, fantastique... Et la beauté de l'écriture d'un des plus grands romanciers de la littérature française. Très grand poète aussi d'ailleurs...

Et ces phrases si savoureuses au détour d'une page : "Je sais qui c'est, ma chère dame, - dit Nônon Cocouan, avec cet air ineffable et particulier aux commères. Et ceci n'est point une injure, car les commères, après tout, sont les poétesses au petit pied qui aiment les récits, les secrets dévoilés, les exagérations mensongères, aliment éternel de toute poésie ; ce sont les matrones de l'invention humaine qui pétrissent, à leur manière, les réalités de l'Histoire."
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L'Ensorcelée

A l'instar de Jeanne-Madeleine de Feuardant, l'héroïne bien malgré elle de ce roman fantastique et mystique, j'ai été ensorcelée par les charmes de la lande désertique et maudite de Lessay, dans le Cotentin.



Avec le verbe haut et évocateur du conteur, Jules Barbey d'Aurevilly, l'écrivain enfant du pays, déroule la légende de l'abbaye ruinée de Blanchelande sur laquelle plane l'ombre de l'abbé de la Croix-Jugan, gentilhomme chouan à la destinée tragique, défiguré par une tentative de suicide et la torture infligée par les Bleus. Par le récit du narrateur qui se laisse lui aussi conter cette terrible histoire de malédiction et d'atavisme, on tremble de voir le diable sceller les destins d'une noblesse condamnée à déchoir après s'être avilie dans les excès de sa condition.



Entre folklore normand, chant de veillée, tradition populaire ou encore magie des bergers et des vieilles gens, c'est une atmosphère oppressante et fantastique qui emprisonne le lecteur dans ses rets. "L'Ensorcelée", d'abord publié en feuilleton comme c'était souvent le cas des romans au XIXème siècle, se veut une chronique à la fois historique et rurale, témoignage d'une guerre civile implacable qui laissa des marques profondes dans les sociétés bretonnes, normandes et vendéennes de l'époque, opposant pour des lustres familles et "pays".



Un superbe roman classique servi par une plume ensorcelante.





Challenge XIXème siècle 2021

Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2021

Challenge des 50 objets 2021
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L'Ensorcelée

J'ai adoré ! L'histoire, les personnages... Le style. Je ne suis pas une grande fan de cette époque et pourtant cette histoire a su me surprendre !
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L'Ensorcelée

L'abbé de la Croix Jugan est un ancien chef chouan qui n'a pas respecté ses voeux monastiques en prenant les armes contre les Bleus. La révolte ayant échoué et la royauté n'ayant pas été restaurée, l'abbé tente de se suicider en se tirant un coup d'espingole dans la tête. Il ne réussi qu'à se défigurer. Recueilli par une vieille paysanne de son parti, il se fait surprendre par une troupe de soudards bleus qui le torturent atrocement et le laissent pour mort. Mais quelque temps après, il réapparaît, tel un pénitent recouvert d'une capuche qui masque son visage défiguré dans l'église de Blanchelande, dans le Cotentin. Il lui est interdit par l'Eglise de dire la messe. Parmi les fidèles, se trouve Jeanne-Madelaine Le Hardouey, ex demoiselle de Feuardent, aristocrate déchue et mal mariée à un gros fermier enrichi par la récupération des biens du clergé. Le couple a voulu se passer des services de bergers à demi sorciers qui lui jettent un sort pour se venger. Jeanne tombe follement amoureuse de l'abbé qui n'en a cure. On retrouve bientôt le cadavre de Jeanne dans l'eau du lavoir du village. Les rumeurs vont bon train et les catastrophes continuent à s'enchaîner.

Ce livre aurait pu être un roman policier, mais Barbey d'Aurevilly l'a voulu autrement. Le lecteur ne saura jamais si Jeanne s'est suicidée ou si elle a été assassiné. Et pour la suite, c'est la même chose, il ne pourra soupçonner que des forces obscures, maléfiques instrumentalisant et détruisant des destins. Rien de réaliste, rien de rationnnel. Un monde de magie noire et de sorcellerie... Nous sommes donc en présence d'un livre de style fantastique au sens où on l'entendait au XIXème siècle et très proche de certains textes d'Hofmann, Poe, Conan Doyle, Shelley, Stocker et même Maupassant ("La main coupée"). Paru initialement en feuilleton, ce roman a les défauts de ses qualités. Tout repose sur une ambiance semi-gothique, inquiétante, angoissante particulièrement réussie, mais rendue par de longues et méticuleuses descriptions à la mode de l'époque. Certain(e)s les trouveront peut-être rebutantes. Dans la littérature actuelle, il est habituel d'aller à l'essentiel en laissant au lecteur le soin d'imaginer la scène, le décor et les sentiments des personnages. A l'époque, le cinéma n'existait pas. Nul doute que le cerveau du lecteur d'aujourd'hui ne fonctionne pas comme celui d'hier car il peut piocher dans une sorte de "banque de données imaginatives" d'une grande richesse et n'a peut-être plus besoin qu'on lui décrive tout par le menu. Il n'en demeure pas moins que ce livre est un classique du genre et qu'il est écrit dans une langue magnifique et illustrée d'un grand nombre d'expressions de patois normand fort savoureuses qui obligent le non-initié à aller consulter le glossaire en fin de volume.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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L'Ensorcelée

Belle histoire d'amour, de chouannerie , dramatique et fantastique à la fois, je n'aurais jamais lu ce roman si on ne m'avait pas imposé sa lecture à l'université. Cependant, je l'ai adoré, je l'ai trouvé bien mené, assez fluide, avec des personnages hauts en couleurs et un cadre dont on ne se lasse pas et qu'on s'imagine aisément grâce à de longues descriptions qui pourraient en rebuter plus d'un. Je ne vois qu'un bémol, le fait qu'on soit tant "éloigné" des personnages en tant que lecteur, c'est à dire qu'on ne pénètre par vraiment les pensées des personnages, on ne les connait véritablement que du point de vue du narrateur, alors oui je sais c'est le but, mais cela confère un côté assez froid au récit. La fin également m'a quelque peu déçue car on apprend très vite quel sera le sort de Jeanne et que celui de Jehoel arrive très, très tard, trop tard même ...
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L'Ensorcelée

Qu'il est bon de temps à autres de replonger dans un classique, car quel roman que cette "Ensorcelée" !



Une histoire d'amour qui se déroule au rythme et avec l'intrigue d'un bon polar ; un brin de mystérieux, de légende et de superstition ; un fond d'Histoire... Tout y est.



Sans parler d'une langue que l'on ne maîtrise plus ainsi, de personnages si bien décrits que le lecteur les côtoie et les connaît dans leurs moindres détails de caractère comme de physique.



Captivant de bout en bout, parcourant la campagne profonde, n'oubliant rien du côté politique entre "les bleus" et "les chouans" pointant du doigt les animosités toujours très ancrées dans les coeurs et les esprits malgré la fin officielle des évènements.
Lien : http://isabelle-passions.ove..
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L'Ensorcelée

Intéressant au début ce livre perds vite de son souffle à mon sens.

Personnages assez simplistes, style très moraliste et désuet.



Le très grand pouvoir ou cas fait de la religion et cet aspect très marqué ne jouent pas en sa faveur et lui donne un côté très vieilli.



Les personnages féminins sont assez mal construits à mon sens mi-héroines, mi passionnées.

Maladroit.
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L'Ensorcelée

Le Cotentin au XVIIIe siècle.



Intérêt plutôt local et historique : la chouannerie normande, les superstitions.



L’auteur utilise une langue riche et belle mais très vieillie. Certains personnages parlent un patois pittoresque.

A lire vite (acheté pour mes enfants, était au programme de français de leur collège).



(Critique rédigée en novembre 2020.)
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L'Ensorcelée

Beau récit sur la Chouannerie, et sur le pouvoir presque hypnotique exercé par un prêtre défiguré par le feu sur une femme. Ce livre nous plonge dans un monde où la sorcellerie, le mauvais sort, la guigne comme on dit et le lourd moyen âge ne paraissent pas si loin... Comme d'habitude, le style de Barbey est impeccable.
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