AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jules Barbey d`Aurevilly (289)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les Dames Baroques

Les Dames Baroques est une anthologie dirigée par Estelle Valls de Gomis comportant vingt nouvelles. Vingt nouvelles mettant en rôle des femmes, bonnes ou mauvaises, écrites par des écrivains, morts ou vivants. Les nouvelles ont en grande majorité un genre fantastique. Le cadre spatio-temporel est très varié entre le passé très ancien et le présent actuel.



Tout d’abord, commençons par la préface écrite par la main de Charlotte Bousquet. Elle est plutôt bien écrite et nous dessine un portrait prometteur du livre que nous tenons entre nos mains. Elle laisse entrevoir le pouvoir maléfique que les femmes exerceraient...



La première nouvelle se nomme Précieuse icône écrite par Carole Grangier. Elle met en scène une femme dont on ne sait rien, une jeune fille plus précisément, drapée avec un joyau sur le front. Et un homme, un psychopathe. Carole Grangier nous raconte l’histoire de leur rencontre un peu bizarre…

C’est une nouvelle de cinq pages, avec seulement de la narration. Je dois avouer que cette nouvelle me laisse vraiment perplexe…



Enchaînons avec Le baiser de la sorcière d’Armand Cabasson. L’histoire se déroule à Saragosse, en Espagne. Le protagoniste est une femme dont on ignore le nom, qui va être brûlée. Elle est sur le bûcher et elle repense à son passé, comment elle en est arrivée là…

Très peu de parole, beaucoup de narration et une seconde nouvelle que j’ai trouvé plus intéressante que la première.



Retrouvons Charlotte Bousquet avec sa nouvelle Derrière les ombres mettant en scène deux personnages : Julien, une sorte de curé qui tue les femmes qu’il juge en proie avec le malin. Il est victime d’une malédiction dont il souhaiterait se défaire sans savoir comment. Et Despoina, fille de Déméter (déesse grecque) qui a un but inconnu jusque la fin. Sa route va croiser celle de Julien dans une soirée où ils ont été tous deux invités.

Cette nouvelle comporte quelques poèmes, du dialogue et de la narration. Il y a un bon style d’écriture. J’ai cependant trouvé cette nouvelle un peu longue à lire mais le but est atteint.



Poursuivons avec Lapidaire de Karim Berrouka qui est un classique visité et revisité de la littérature. Néanmoins j’ai trouvé cette nouvelle profonde, agréable à lire et qui rappelle des souvenirs d’enfance. Pour vous dresser un petit tableau, l’héroïne est la fille du Roi Saber mais c’est une princesse très spéciale car elle est constituée entièrement de pierres précieuses. Le roi se mourant, il implore sa fille de trouver un époux. Celle-ci ne veut pas d’un prince, d’un duc… Elle veut quelqu’un qui aura vraiment quelque-chose à lui offrir…



Cette nouvelle est suivie par Le jour de la Belladone de Justine Niogret qui se déroule avec une jeune fille/enfant, on ne sait pas vraiment (10 ans d’après un calcul mais est-il fiable ?). Si l’on se fie à l’écriture, on dirait qu’elle est beaucoup plus âgée. Elle est considérée comme l’incarnation d’une déesse et se retrouve vouée à des rites qu’elle ne supporte plus.

C'est une nouvelle courte avec seulement de la narration. Une bonne écriture mais je lai trouvée étrange, de part cette impression d’une personne âgée quand on a affaire à une toute jeune fille. Je n’ai pas vraiment apprécié ce texte, et je pense ne pas avoir saisi sa profondeur.



Reflet dans une opale de Daniel Alhadeff a pour héroïne une dénommée Carlane qui achète chez un antiquaire une pierre : L’œil du destin. Une pierre magique qui va complètement l’ensorceler… Et ça va aller très loin mais je ne vous en dirai pas plus !

Cette nouvelle sympathique est agréable à lire avec un bon style d’écriture. Pas très originale car le coup de la pierre qui ensorcelle est très classique mais on prend vraiment plaisir à lire ce texte.



La nouvelle de Cyril Carau, Jusqu’au bout de la vérité me laisse perplexe. L’action est racontée en quatre jours différents, en 1891. Il y a trois personnages qui sont Robert, Géraldine et « je », le narrateur. Robert rencontre Géraldine lors d’une soirée et en tombe fou amoureux. Après plusieurs mois d’amour fou, il commence à se demander qui est vraiment Géraldine et c’est justement cette notion de qui est vraiment Géraldine que je n’ai pas compris. Le début est la fin puisque la première partie se déroule avec Robert qui annonce à « je » qu’elle est partie. La nouvelle se conclut par Robert qui explique qui était cette femme qu’il aimait…

C'est une nouvelle agréable. J'aime beaucoup les nouvelles "fermées" comme je les appelle : les nouvelles où on démarre de la fin pour revenir à la fin (je ne sais pas si j'ai bien imagé.) Côté écriture, rien à dire : la nouvelle est bien écrite, dans un style clair et agréable. Je me suis demandée qui était "je" mais on n'a pas de précision et il est vrai que cela n'apporterait rien à lire. Une remarque sinon : le fait qu'il s'agisse d'un narrateur interne ne nous fait pas ressentir l'amour fou que partage Robert et Géraldine mais plutôt l'éloignement qu'il crée. Un point de vue inhabituel, d'un point de vue personnel tout du moins, mais intéressant.



S’enchaîne à cette nouvelle une autre histoire d’amour qui tourne au drame. La Dame de Gwenninis, écrite par Tepthida Hay, débute immédiatement avec Goulwenna qui vient de se faire « jeter » par Paol, son grand amour. Or, ce dernier lui avait offert un médaillon, gage de son amour et unique reste de leur passion car la jeune femme ne survivra pas à son chagrin. Le médaillon se transmet de génération en génération, d’année en année… jusqu’au jour où Alexis l’achète dans le but de l’offrir à Ninon, sa petite amie…

C’est un petit peu dur de parler de cette nouvelle sans trop en révéler. Écrite dans un style plus contemporain, j’ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle qui est celle que je préfère parmi les premières.



Nous voici désormais dans un monde parallèle dirait-on, dans une ambiance rappelant beaucoup la planète des singes. Découvrons tout d’abord la vision d’une créature qui semble dotée d’une certaine intelligence, prisonnière des « humains » qui prennent ceux de son peuple pour des « idiots ». Excepté Nyala, une petite fille qui touche notre créature et qui s’en retrouve punie. Pourtant, ce contact change quelque-chose… Et je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher la suite.

Si nous assimilons ces créatures à des singes et les « humains » aux humains, L’essor de Sophie Dabat nous ramène à une ambiance similaire à la planète des singes. Une conclusion surprenante mais une bonne chute.



Dans un autre genre, Rosae Furiarum de Morgane Guingouain, Les roses de la folie. Un titre révélateur pour une nouvelle écriture dans une époque contemporaine avec deux personnages : Gabriel et sa demie-sœur Rachaela dont il est fou amoureux…

Une nouvelle étrange que je n’ai pas trop appréciée. Avec le recul, je pense pouvoir dire que l’auteur avait pour but de nous montrer l’esprit de Gabriel, qui est très étrange…



Il ne faut pas discriminer une nouvelle mais Succube de Sire Cédric est certainement la pire nouvelle du recueil. Le genre : érotisme. Érotisme poussé à l’extrême puisque pour résumer la nouvelle, je peux dire qu’il s’agit de la description de l’acte de A à Z. On se retrouve avec un homme alcoolique qui voit débarquer chez lui, un soir, une femme tout de noir vêtue.

Une chute que l’on devine immédiatement, une histoire qui se résume au sexe… Cette nouvelle ne m’a vraiment pas plu.



Les crocs de la Basilicate d’Elie Darco est la plus longue des nouvelles du recueil (30 pages). Nous suivons Fellenza en Espagne ou Italie de l’ancien temps. Elle est servante chez un savant fou qui essaye d’atteindre la vie éternelle et fait des expériences sur les vampires, les goules…

Bonne nouvelle, dommage que la chute ne soit pas à la hauteur de l’histoire.



A l’époque des chevaliers, Léonor Lara, avec Serments, Eternels serments d’amour, nous fait découvrir Phénice, veuve très triste et suivante de la reine qui décide la remarier. A son nouvel époux, Phénice fait promettre de ne jamais retourner à la guerre. Mais il rompt le serment…

C’est une nouvelle rapide. On a l’impression d’un conte.



Quittons les chevaliers et rendons-nous dans un cabinet de psychanalyse où Simone Fourgès écoute sa patiente, Madame Longuet. Mariée et heureuse, la vie de Madame Longuet a basculé le jour où elle est tombée amoureuse… d’un rêve !

Alternant la vision de Simone sur sa nouvelle patiente et celle de Madame Longuet racontant son histoire, Le bol d’argent de Lucie Chenu s’achève avec une excellente chute ! Écrite avec un bon style d’écriture, j’ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle qui est certainement ma préférée !



Suivant cette excellente nouvelle, Isabella de Sophie Goasguen est une nouvelle qui a bataillée pour la première place de nouvelle préférée du recueil. À nouveau dans une époque contemporaine, nous suivons Valérie qui s’achète une bague dans une brocante. Malheureusement, cette bague va la rendre folle et lui faire subir des amnésies à répétition…

Un début déjà vu avec la bague magique et pourtant, une chute inattendue ! Excellente nouvelle !



La princesse aux Lys rouge de Jean Lorrain est une petite nouvelle sympathique avec la princesse Audovère qui vit dans un cloître… La nouvelle se déroule très vite, la fin est un peu devinable. La nouvelle se dirige droit au but.



Une autre petite nouvelle avec La reine Margot de Joris Karl Huysmans. Le narrateur est un homme, « je », qui est à un bal et qui aperçoit une femme. Il tombe sous le charme mais quand il voit qu’elle a un amant, elle lui rappelle une ancienne femme…

Les sept derniers mots sont le « clou » de la nouvelle qui est très ironique… J’en garde un bon souvenir qui me fait sourire.



Gottfried Wolfgang de Pétrus Borel est une nouvelle qui se lit rapidement, dressée dans l’ancienne époque. Dur d’en parler car elle est courte et j’ai peur de dire un détail de trop… Je n'ai ni d'avis positif ni d'avis négatif sur cette nouvelle. Il me semble que l'auteur a essayé de faire une chute mais j'ai trouvé que la dernière partie, n'était non pas une chute mais plutôt une confirmation de ce que l'on pensait déjà. L'auteur a dressé autour du protagoniste une certaine ambiance qui fait que l'on devine la fin (la toute fin parce qu'il y a un coup de théâtre un peu avant que l'on ne devine pas par contre).



Avant-dernière nouvelle : La belle au cheveux d’or de Madame d’Aulnoy. Un conte connu, avec un roi amoureux d’une princesse et qui envoie un ambassadeur la convaincre de l’épouser. La princesse lui imposera trois volontés… Je ne veux pas en dire trop mais sympathique. La fin, on la devine certes rapidement mais cette nouvelle m'a rappelée ma petite enfance. L'ambiance est au conte magique davantage qu'à une nouvelle. Un bon texte pour rêver.



Achevons avec Le cachet d’Onyx de Jules Barbey d’Aurevilly. Une nouvelle que j’ai moyennement aimé, enfin je n’ai pas trop saisit le but… Le fait est que je suis vraiment restée hermétique. J'ai cru comprendre que c'était une personne qui racontait à quelqu'un d'autre une histoire d'amour qui fini mal. Le style d'écriture est plus ancien. Il y a un rapport à Othello, le personnage de Shakespear mais, n'ayant lu la pièce, je ne peux vraiment faire le rapport.



En définitive, un recueil que j’ai apprécié, avec de bonnes, voire très bonnes, nouvelles et d’autres que j’ai moins aimées… Un bon moment de lecture, avec différents de genres qui varient les lecture.
Lien : http://freelfe.blogspot.fr/2..
Commenter  J’apprécie          00
Les Dames Baroques

Un recueil de nouvelles excessivement bien soigné et écrit, parce qu’à l’image de ces dames, les nouvelles sont élégantes, pleine de poésie, intemporelles, vicieuses, attractives et passionnées. Il est difficile de ne pas pleinement s’y plonger une fois la lecture commencée, ces dames, ces femmes baignant et œuvrant dans ces récits imaginaires savent jouer de leurs charmes et de leurs atouts pour appâter son lecteur et le condamner à errer au cœur de ces pages.



Des plumes, il y en a, puisque pas moins de vingts auteurs, pour les uns jeunes et prometteurs et, pour d’autres expérimentés et qui ne sont plus à présenter (Sire Cédric, Charlotte Bousquet, Sophie Dabat, Karim Berrouka entre autre), ont participé à cet ouvrage qui fait honneur aux femmes, enfin aux Dames, ces femmes charismatiques, imposantes dans leur style. Voguant au travers d’univers magique et fantastique et le plus souvent gothique : sombre, froid, funeste, elles se présentent sous diverses images, à la fois vengeresse, enchanteresse, amoureuse, innocente, diabolique mais aussi fantôme, sorcière, succube, humaine, princesse. Un joli panel de Dames décrites avec des styles littéraires variés qui pourtant se retrouve dans la poésie et la fluidité des écrits des auteurs. Des personnages divins présentés sous le nez d’un lectorat bien vite affamé et gourmand et qui en demandera encore et encore. Comment résister à l’appel d’un tel ouvrage de qualité ? On sent le travail, la passion et l’aura de chacun des auteurs. Il y a des nouvelles plus réussies que d’autres mais cela dépendra de la sensibilité de chacun, car tous trouveront leur compte. Sur une base essentiellement fantastique et fantasy, on frôle parfois le conte, l’horreur, le thriller, le contemporain et l’érotisme. S’il y a des fils conducteurs qui parfois se répètent, on pense notamment au bijou ensorcelé d’où découle vengeance, esprit et possession, d’autres sont plus originaux, le texte de Sophie Dabat « l’Essor » est superbe, celui de Lucie Chenu « Le bol d’argent » déroutant, celui d’Armand Cabasson « Le baiser de la sorcière » poétique, celui de Karim Berrouka « Lapidaire » présente une jolie morale ou encore celui de Cyril Carau « Jusqu’au bout de la vérité » est un hymne à l’amour.



En bref, un ouvrage à recommander tant les nouvelles sont d’une délicate élégance et font honneur au style littéraire fantastique et fantasy. Les hommes seront conquis par ces Dames vertueuses ou non, des fantasmes divers et variés au fil des pages, les femmes se reconnaîtront peut-être dans ces Dames à la fois perverses et amoureuses, passionnées et innocentes, tout lecteur se verra alpagué au cœur des bras ténébreux de ces Dames véritables enchanteresses. Vous l’avez compris, un recueil de nouvelles plus que réussi et qui ne demande qu’à être lu.
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
Commenter  J’apprécie          30
Les Dames Baroques

« Les dames baroques », anthologie dirigée par Estelle Valls de Gomis, regroupe les textes de pas moins de vingt auteurs, certains jouissant déjà d'une certaine réputation dans le monde des littératures de l'imaginaire tels que Charlotte Bousquet ou Justine Niogret, d'autres encore peu connus, et certains plus anciens puisque datant du XIXe, voir du XVIIIe siècle. Vingt nouvelles, trois cent pages, le tout consacré au personnage de la femme fatale, figure ô combien complexe et énigmatique qui hante depuis toujours un bon nombre de récits. Les angles d'approche adoptés sont, évidemment, extrêmement variés. Certains textes prennent ainsi l'allure d'un conte où une princesse de diamants désespère de se trouver un époux (« Lapidaire »), tandis que d'autres se plaisent à mettre à l'épreuve leurs prétendants (« La Belle aux Cheveux d'Or ») ou se livrent à un morbide loisir (« La princesse aux lys rouges »). D'autres prennent place à notre époque et narrent les déboires de femmes en proie à une mystérieuse magie : bague ayant gardé l'âme de sa dernière propriétaire (« La Dame de Gwenninis »), rêve s’immisçant dans le réel (« Le Bol d'Argent »)... D'autres encore relatent les malheurs d'hommes victimes de la beauté d'une femme (« Jusqu'au bout de la vérité ») ou bien d'un amour trop dévorant (« Rosea Furiarum »).



Tour à tour innocente ou manipulatrice, maléfique ou bienfaisante, bien réelle ou au contraire fruit des fantasmes les plus fous, les femmes présentent dans cette anthologie possèdent toutes des facettes différentes que l'on se plaît à découvrir au fil des pages. Certaines nouvelles sont évidemment plus marquantes que d'autres et parmi elles quatre ont particulièrement retenu mon attention. Étrangement il s'agit de quatre textes dans lesquels sont narrés, de manière très différente, le calvaire d'une femme : sorcière injustement accusée et condamnée par l'église à brûler chez Armand Cabasson (« Le baiser de la sorcière »), favorite d'une noire déesse dont on s'approprie une fois par an le corps chez Justine Niogret (« Le jour de la Belladone »), jeune pied de bot martyrisée et apprentie d'un alchimiste en quête de la vie éternelle chez Elie Darco (« Les crocs de la Basilicate »), et enfin fille moderne perdue dont on ignore si elle est victime de folie ou de l'influence néfaste d'une défunte sorcière. D'autres nouvelles valent également le coup d’œil, même si on pourrait souvent regretter la trop grande brièveté de certaines qui s'achèvent à peine commencées et entraînent ainsi une certaine frustration.



Au final, une anthologie au thème atypique proposant un large panel de textes dans lequel chacun devrait trouver son compte. C'est là une bien belle initiative qu'a eu Estelle Valls de Gomis qui nous offre avec « Les dames baroques » un ouvrage dense et original que j'ai pris plaisir à découvrir.
Commenter  J’apprécie          260
Les Dames Baroques

Ce recueil de texte réalisé par Estelle Valls de Gomis recense plusieurs textes réunis autour d’un thème plutôt original : les « Dames Baroques » sous leurs différentes formes : fées, sorcières, princesses, succubes, vamps, revenantes… différentes facettes pour des créatures féminines toujours plus inaccessibles, fantastiques, tantôt attirantes/fascinantes, tantôt effrayantes/horrifiques… bref le pendant féminin du « Beau Ténébreux » (on pense à Lilith) bien le spectre se révèle en fait plus large.
Lien : https://www.le-fab-lab.com/l..
Commenter  J’apprécie          00
Les Dames Baroques

J'ai profité de l'évènement Un mois, une maison, un achat organisé par Vision Livre pour lire Les Dames baroques, l'une des anthologies des éditions du Riez, maison mise à l'honneur en septembre.

Il y a à peine quelques années, je n'étais vraiment pas attirée par les recueils de nouvelles, n'appréciant pas ce format trop court et dans lequel je n'arrivais pas à me plonger. Aujourd'hui, je me suis rendue compte qu'écrire un texte bref mais complet est un exercice difficile et qu'il permet de découvrir rapidement de nouvelles plumes et donc de nouveaux talents.



Autour du thème de la femme, Les Dames baroques propose 20 nouvelles de 20 auteurs différents. Et il y en a pour tous les goûts. Je mentirais en disant que je les ai toutes adorées mais aucune ne m'a véritablement déçue. J'ai noté quelques faiblesses (notamment de style) sur une ou deux d'entre elles, mais dans l'ensemble, j'ai été conquise et suis ravie d'avoir découvert quelques nouveaux auteurs que je ne manquerai pas de suivre, dès que l'occasion se présentera.



Femmes fortes ou persécutées, humaines, déesses, sorcières ou créatures mythologiques, princesses ou esclaves, femmes d'hier ou d'aujourd'hui... autant de personnalités qui prennent vie sous la plume de nos 20 auteurs. Je ne reviendrai pas sur chacun des textes car ce serait trop long - et j'avoue que je serais bien incapable de vous résumer certaines histoires - mais sur les 8 qui ont retenu mon attention, 4 sortant encore plus du lot.



Avec Lapidaire, Karim Berrouka nous offre un joli conte oriental où l'héroïne, une princesse faite de pierres précieuses, cherche l'Amour avec un grand A, celui qui se moque des apparences et de l'or. Un schéma classique mais une belle sensibilité qui fait la différence.

Classique, c'est aussi le cas du Baiser de la sorcière de Armand Cabasson qui met en scène une sorcière condamnée au bûcher. La chute n'est pas très surprenante mais l'ensemble reste efficace. J'ai aimé la narration et l'alternance des paragraphes, tantôt rédigés à la première personne, tantôt offrant un flash-back.

Plus modernes, avec une touche de suspense et de thriller à la Thilliez (notamment pour la deuxième nouvelle), Jusqu'au bout de la vérité de Cyril Carau et Isabella de Sophie Goasguen offrent des chutes particulièrement surprenantes. Du rythme et de la tension au creux de ces pages, j'ai été happée par ces histoires !

On retourne au Moyen Age et au fin' amor avec Serments, Eternels serments d'amour de Léonor Lara où les codes du genre sont respectés. Un chevalier épris d'une Belle Dame sans merci qui lui fait tourner la tête. Absence de l'être aimé, attente de son retour, soupirs et combats chevaleresques. J'ai adoré retrouver l'amour courtois et la rencontre avec une femme éthérée grâce à cette nouvelle.

On reste dans le passé avec le conte proposé par Madame d'Aulnoy. Animaux qui parlent et héros qui doit surmonter quelques épreuves sont au programme de ce conte qui m'a très agréablement rappelé les histoires de mon enfance. Un charme désuet imprègne La Belle aux cheveux d'or et je suis heureuse de l'avoir enfin découvert !

Beaucoup plus sombre, Les Crocs de la Basilicate de Elie Darco est, me semble-t-il, la plus longue nouvelle de l'anthologie et une de mes préférées. L'héroïne est ici une servante maltraitée (du fait d'un handicap physique) qui est au service d'un alchimiste un peu fou. Entre deux expériences sur des vampires et des goules, la pauvre jeune femme doit nourrir les monstres et nettoyer les tâches de sang quand le pire est arrivé. Une ambiance de cachot et d'ésotérisme se cache entre ces pages...

Enfin, j'ai envie de mettre en avant la nouvelle de Sophie Dabat, baptisée L'Essor. On y fait la rencontre de deux peuples ennemis qui s'affrontent sans cesse... jusqu'à la chute qui apporte une grosse révélation. J'ai vraiment beaucoup aimé l'émotion qui se dégage de ce conflit où la haine de l'autre fait des dégâts irréparables. J'y ai également trouvé une certaine animalité, comme un retour aux sources des plus anciennes légendes et de la mythologie. Mais par dessus tout, ce qui m'a fait m'arrêter sur ce texte en particulier, c'est l'univers créé par l'auteure. En quelques pages seulement, Sophie Dabat nous happe complètement et nous plonge dans son histoire... et ça fonctionne super bien. C'est maîtrisé et très riche malgré la brièveté de la nouvelle. Et c'est la seule nouvelle qui m'a donné l'impression qu'on pouvait aller plus loin et écrire d'autres choses (un roman !) dans cet univers. Bravo.



J'aurais pu vous parler brièvement d'autres textes mais je préfère m'arrêter là car même s'ils m'ont plu et fait passer d'assez bons moments dans l'ensemble, ils ne m'ont pas assez marquée. Quant à la nouvelle de Sire Cédric - très certainement le nom le plus connu de la liste aujourd'hui, en tout cas du côté des auteurs contemporains - baptisée Succube, si je l'ai trouvé pertinente quant à son thème (le succube, d'où son titre), je n'ai pas été particulièrement fan du sujet. Comme vous pouvez vous en douter, on suit les aventures sexuelles d'un succube (une femme) et de sa proie... sur plusieurs pages. Pas mal écrit, mais ce n'est pas le genre "d'intrigue" qui me passionne.



Vous pouvez le constater, les nouvelles de cette anthologie sont très variées, aussi bien dans le fond que dans la forme ; nul doute que vous y trouviez votre bonheur. Je félicite Estelle Valls de Gomis - l'anthologiste - qui a réussi à rassembler 20 textes de bonne qualité. Difficile de tout aimer dans un recueil, mais pour le coup, il y a peu d'histoires (peut-être deux) qui n'ont pas fait mouche... on peut donc parler de réussite !
Lien : http://bazardelalitterature...
Commenter  J’apprécie          90
Les Dames Baroques

Les Dames baroques est une anthologie dirigée par Estelle Valls de Gomis. Au fil des pages, des auteurs connus ou moins connus nous livrent des nouvelles autour de la figure de la femme fatale. En effet, chaque auteur nous donne sa vision de la femme dans toute sa beauté et dans toute sa force mais celle-ci s’avère presque à chaque fois mortelle.



Il est toujours périlleux de parler d’un recueil de nouvelles. Je trouve en tout cas l’exercice bien difficile. Certaines nouvelles m’ont plu, d’autres moins, bien évidemment. La première chose qui m’a frappée en lisant chaque nouvelle est la différence d’écriture entre chaque auteur. Je m’explique: certains auteurs comme Sire Cédric n’ont plus grand chose à prouver (bien que sa nouvelle Succube m’ait peu enthousiasmée. Je l’ai trouvé « trop facile »). Il maîtrise sa plume et son propos. Cependant, certains auteurs ne m’ont pas du tout embarquée tant j’ai remarqué leur plume peu affûtée et hésitante. C’est dommage car cela donne un recueil fort inégal.



Néanmoins, j’ai apprécié et remarqué la nouvelle de Carole Grangier qui inaugure le livre. J’ai adoré sa plume faite d’images et de sons dans Précieuse icône. Elle joue avec les mots d’une manière remarquable et cisèle sa nouvelle à l’image de sa princesse de contes de fées toute de pierres vêtue.



Avec Le Baiser de la sorcière, Armand Cabasson nous emmène loin dans son univers médiéval dans lequel une jeune femme, accusée de sorcellerie, se retrouve sur le bûcher. On sent les flammes venir lui chatouiller les pieds. L’atmosphère oppressante est bien rendue et j’ai aimé la personnalité de son héroïne.



J’ai beaucoup apprécié aussi Les Crocs de la Basilicate d’Elie Darco, la plus longue nouvelle de l’anthologie, qui nous plonge aux côtés d’une jeune boiteuse au service d’une sorte de savant fou. L’univers à la fois médiéval et loufoque fonctionne parfaitement bien. Vampires, goules et autres monstruosités sont convoqués pour des expériences sordides.



Je salue enfin les dernières nouvelles « plus anciennes » qui nous permettent de découvrir des auteurs classiques comme Mme d’Aulnoy, Huysmans ou encore Pétrus Borel. Ce clin d’œil aux inspirateurs m’a beaucoup plu. Les autres nouvelles du recueil m’ont moins marquée même si je les ai lues avec intérêt.



Les Dames baroques constitue une anthologie de textes variés, parfois inégaux qui permettent en tout cas de découvrir de nouvelles plumes.
Lien : https://carolivre.wordpress...
Commenter  J’apprécie          10
Les Diaboliques

Une référence à relire.
Commenter  J’apprécie          60
Les Diaboliques

Il faut mettre l’œuvre en contexte pour comprendre la portée de l’œuvre : la peur du Diable et de ses passions dévorantes, le traditionalisme, le dandysme, le royalisme, etc. On trouve même ses thèmes décadents. Mais il me semble que cet auteur est moins nouvelliste que romancier. Mon sentiment reste assez mitigé, donc je n’irai pas non plus jusqu’à vous dire de vous le fournir impérativement.
Lien : http://biblio.anassete.org/?..
Commenter  J’apprécie          20
Les Diaboliques

Ce recueil de nouvelles est le premier ouvrage que j’ai tiré de ma BookJar.

Et il était temps! Je pense qu’il attendait dans ma PAL depuis plus de 6 ans!



Je m’étais acheté ce livre après avoir dévoré une nouvelle de l’auteur « Le bonheur dans le crime ». J’avais adoré cette nouvelle et j’avais envie de lire les autres textes de Barbey d’Aurevilly. Cela me permettait aussi de lire un auteur classique par la même occasion.



Le recueil est composé de 6 nouvelles, soit dans l’ordre : « Le Rideau Cramoisi », « Le Plus Bel Amour de Don Juan », »Le Bonheur Dans le Crime », »Le Dessous de Cartes d’Une Partie de Whist », »A Un Dîner d’Athées » et enfin « La Vengeance d’une Femme ».



Mais je l’ai laissé végéter dans ma PAL très longtemps sans même y penser…pour le reprendre maintenant.



Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce ne fut pas une lecture heureuse.

Tout d’abord, les circonstances n’étaient pas vraiment réunies…en vacances avec ma famille, je n’ose pas imaginer le nombre de fois où je lisais une phrase pour le reposer aussitôt, pour relire quelques mots et ainsi de suite.

Bien évidemment, ma lecture en a pâti.



Après, je me dis que si j’avais apprécié ma lecture, j’aurais trouvé un moyen de lire le recueil d’une traite. Je n’ai pas retrouvé ce qui m’avait tellement plu dans la nouvelle « Le bonheur dans le crime », je me suis même plusieurs fois ennuyée.



Pour chaque nouvelle, j’ai fini par me dire » tout ça pour ça… » ce qui n’est pas vraiment un très bon signe…

J’ai trouvé que l’intrigue (si parfois on peut vraiment appeler cela une intrigue) mettait 30 pages sur 40 à s’installer (que de bavardages!!!) et que finalement, l’histoire en elle-même pouvait tenir en moins d’une dizaine de pages.

Alors que d’habitude, j’adore lire les descriptions, les explications, ici, au bout d’une nouvelle, je n’en pouvais plus et je devais me retenir de ne pas sauter des pages.



Et j’ai trouvé les histoires en question pas vraiment intéressantes. Ne valant peut-être pas absolument la peine d’être racontées (je pense surtout au « Rideau cramoisi » et « Le Plus Bel Amour de Don Juan »).



Il faut évidemment remettre cette lecture dans le contexte et je veux bien croire qu’en 1857, ces intrigues et ce recueil aient pu choquer…mais cela n’a pas suffit. Et puis, je n’aime pas trop quand les histoires sont laissées sans réponse, ce qui n’a pas amélioré mon avis!



Ce qui sauve ce livre de la déception c’est tout d’abord l’écriture, qui est magnifique à certains passages. Et toujours cette nouvelle, Le bonheur dans le crime, que j’aime toujours autant.



Mais autrement, je vais m’arrêter là dans la découverte de cet auteur et passer sans regret au suivant!



—————————————



Une lecture donc pas particulièrement agréable, je l’ai trouvé longue et pas vraiment passionnante : je n’ai pas retrouvé ce qui m’avait plu dans la nouvelle que j’avais dévoré il y a plusieurs années.

Je suis donc passée à côté de cet ouvrage. Dommage.
Lien : https://writeifyouplease.wor..
Commenter  J’apprécie          50
Les Diaboliques

Les Diaboliques/Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889)

C’est toujours un plaisir de relire un écrivain comme Barbey d’Aurevilly qui vous raconte des histoires incroyables dans un style merveilleux qui s’illustre en de belles phrases bien construites de mots bien choisis.

La première des six nouvelles intitulée « Le rideau cramoisi » met en scène le vicomte de Brassard, un dandy de la cinquantaine, capitaine à la retraite qui voyage avec le narrateur. Un homme porté sur les femmes ce vicomte :

« Je lui ai connu sept maîtresses, en pied, à la fois, à ce bon bragard du XIX é siècle. Il les intitulait poétiquement les sept cordes de sa lyre. »

Alors qu’il a dix sept ans, jeune soldat pensionnaire chez des bourgeois, apparaît à table un beau soir Alberte leur fille, dix sept ans également, telle l’infante du tableau de Velasquez, calme, réservée et impassible.

Et notre jeune militaire va connaître son premier galon d’aventure, une aventure peu ordinaire qui va mettre à l’épreuve son audace et son impudeur. La toute jeune et belle Alberte va le mener par le bout du nez à tel point que bien que sachant que les femmes nous font tous plus ou moins valeter, il n’imaginait pas une telle histoire :

« Elle me tenait éveillé cette Alberte d’enfer, qui me l’avait allumé dans les veines, puis qui s’était éloignée comme l’incendiaire qui ne se retourne pas … J’avais l’expérience des spasmes voluptueux d’Alberte, et quand ils la prenaient, ils n’interrompaient pas mes caresses… »

À noter que cette nouvelle est autobiographique et que le vicomte n’est autre que Barbey d’Aurevilly lui-même.

Dans la seconde nouvelle, « Le plus bel amour de Don Juan », une ténébreuse adolescente se rêve enceinte de l’amant de sa mère dont elle est secrètement amoureuse.

« …ces jeunesses vert tendre, ces petites demoiselles qui sentent la tartelette et qui, par la tournure, ne sont encore que des épluchettes, mais tous étés splendides et savoureux, plantureux automnes, épanouissements et plénitudes, seins éblouissants battant leur plein majestueux au bord découvert des corsages, et sous les camées de l’épaule nue, des bras de tout galbe… ». Quel style !

Le meilleur régal du Diable, c’est l’innocence !

Dans la nouvelle intitulée « Le bonheur dans le crime », Hauteclaire la bretteuse empoisonne l’épouse de son amant avant de goûter avec lui le bonheur parfait dépourvu de tout remords.

Dans « À un dîner d’athées », l’auteur nous convie en l’hôtel particulier de M. de Mesnilgrand où se déroule tous les vendredis des dîners pas très catholiques, c’est le moins que l’on puisse dire : au cours de ces repas, « on mariait fastueusement le poisson à la viande, pour que la loi d’abstinence et de la mortification prescrite par l’Église fût mieux transgressée.

Cela assaisonnait le dîner du vieux M. de Mesnilgrand et de ses satanés convives de faire gras les jours maigres, et, par-dessus leur gras, de faire un maigre délicieux. Un vrai maigre de cardinal !»

Des odalisques et des femmes telle que Rosalba, l’épouse du sieur Ydow, fréquentent et animent ces soirées, une femme dont on peut dire sans risque de se tromper « qu’il y a plus loin à son premier amant que de son premier à son dixième » !

« C’était sûrement le Diable qui dans un accès de folie avait créé Rosalba, pour se faire plaisir, du Diable, de fricasser, l’une après l’autre, la volupté dans la pudeur et la pudeur dans la volupté, et de pimenter, avec un condiment céleste, le ragoût infernal des jouissances qu’une femme puisse donner à des hommes mortels…On était toujours au début avec elle, même après le dénouement ! Elle fût sortie d’une orgie de bacchantes, comme pâmée, à demi-morte, on retrouvait la vierge confuse, avec la grâce toujours fraiche de ses troubles et le charme auroral de ses rougeurs… »

Jusqu’au jour où Ydow, son époux, ouvre les yeux et se vautre dans l’abjection et la bourbe avec Rosalba dans un scène plutôt gore.

La dernière nouvelle de ce recueil, « La vengeance d’une femme » met en scène une femme de noble ascendance italienne qui mariée par convention à un grand d’Espagne, le duc de Sierra Leone, va connaître le plus platonique des amours avec un certain don Esteban.

Mais après maintes péripéties, la duchesse finira par vengeance à l’encontre de son mari qui se débarrassera horriblement de don Esteban, dans les bas-fonds de Paris où en qualité de duchesse elle offrira inexorablement aux hommes son corps magnifique. Pour le déshonneur.

« Les Diaboliques », publiés en 1874, content six histoires de femmes pécheresses, animées de passions inavouables ou adultérines pouvant aller jusqu’au crime au cours de saturnales d’un autre temps.

Les six histoires sont basées sur des faits vrais.

L’auteur fut cependant accusé d’outrages aux bonnes mœurs. C’est Gambetta qui plaida la cause de Barbey d’Aurevilly auprès du gouvernement et l’affaire fut étouffée.

Auteur d’un style somptueux et luxuriant , Barbey d’Aurevilly ne peut résister à se fourvoyer dans de nombreuses digressions et allusions à la mythologie ou des personnages peu connus qui alourdissent le propos.







Commenter  J’apprécie          111
Les Diaboliques

Quelle lourdeur ! Lourdeur dans le sens où l'auteur met un temps infini à en venir là où il veut nous amener. Des descriptions interminables, des parenthèses à n'en plus finir. Une lecture laborieuse. Même les histoires ne sauraient rattraper un ensemble confus.
Commenter  J’apprécie          140
Les Diaboliques

Un beau livre de la litterature classique francaise qui a plutot bien vieilli :il se lit dans les années 2000 avec le meme plaisir et l'histoire peut encore sembler assez actuelle : les caracteristiques d'un chef d'oeuvre à decouvrir et lire absolument !
Commenter  J’apprécie          10
Les Diaboliques

Oeuvres irréelles, empreinte de mystère, où les femmes semblent immatérielles. Femmes vicieuses, passionnées, imprévisibles. Telles sont les nouvelles constituant Les Diaboliques.



J'ai apprécié la belle plume d'Aurevilly, marqué par l'humour et le dandysme. Il écrit ses personnages toujours avec beaucoup de justesse et de précision. On s'attache et dresse un portrait très rapidement des personnages qu'il nous présente, grâce à son talent d'écriture. J'ai senti son influence et son adhésion au monarchisme dans ses écrits, mettant en valeur et en avant des milieux aristocrates, autant que son attachement pour sa terre natale Normande, propre au roman Aurevillien. Néanmoins, malgré cette qualité, j'ai trouvé que l'auteur tournait trop autour du pot, il met du temps à mettre en place son histoire. Ce qui a pour conséquence de créer des longueurs au récit, et particulièrement dès le début.



Les personnages sont les choses les plus importantes de ses œuvres et de son écriture. J'ai d'ailleurs a l’impression qu'ils sont plus importants que l’histoire, ils représentent à eux même la narration. Cela s'explique notamment par le fait que chaque histoire est racontée directement par quelqu'un à une autre, rajoutant une perspective, une opinion de l'histoire propre au narrateur. Comme dit précédemment, les personnages sont tous appréciables, du moins les narrateurs. Des dandys sympathiques, sociables et intéressants. De l'autre côté, les personnages des récits racontés sont plus lointains et mystérieux, par le fait que nous n'avons qu'une perspective des personnages : celui du narrateur lui-même. Nous rencontrons des femmes sans scrupules, décrites avec beaucoup d'émerveillement, de force et revêtant un caractère sournois. Les femmes dominent, font ce qu'elles veulent, détruisent pour leur opportunisme ou par amour. Des femmes empreintes d'un caractère presque sacré.



Ma nouvelle préféré est certainement "Le bonheur est dans le crime", mettant en scène un amour tel que même le crime ne l’entache pas. Nous retrouvons dans les nouvelles les thèmes de l'amour, l'adultère, la vengeance, le meurtre. Des thèmes sombres que les personnages incarnent parfaitement, dans une atmosphère construite avec brio. Néanmoins, le propre d'une nouvelle est de marquer, surprendre par son caractère court. J'ai eu l'impression à chaque nouvelle qu'une grande révélation sera faite, mais au final, pas de grande chute, pas d'émerveillement, de sursaut, de surprise. J'ai été un peu déçue des fins de ce fait.



En bref, je m'attendais à certaines choses dans ces nouvelles qui n'ont pas atteint mes attentes. Malgré une qualité indéniable de la plume de l'auteur et l'écriture saisissante de ses personnages, j'ai senti beaucoup de longueurs.
Commenter  J’apprécie          30
Les Diaboliques

J'ai profité d'un long week-end à l'étranger pour lire cet ouvrage qui détonait un peu avec l'ambiance festive et agréable des vacances. Mais son titre m'intriguait et une fois que ma curiosité est titillée, rien ne peut m'arrêter. La préface annonçait le ton du livre et je suis contente de l'avoir lu car cela m'a évité une fâcheuse surprise qui aurait pu se solder par une note encore plus catastrophique.

Comme le précise le résumé, nous sommes en présence de six nouvelles. Personnellement je ne suis pas fan de ce genre littéraire car les histoires sont souvent trop courtes et la chute brutale, laissent le lecteur sur sa fin. Ce livre m'a semblé nébuleux et flou. Certaines nouvelles sont restées des énigmes pour moi.

Le thème tourne autour des femmes : elles sont décrites comme des démons tentateurs, des masques d'hypocrisie, assoiffées de sexe, pétris de désirs et de fourberies. La description de la femme ne pourrait être aussi caricaturale, limitée et obscène ! Les hommes, eux, sont des dandys, amateurs de jeux, souvent passifs par rapport aux agissements des femmes.

Les intrigues se déroulent dans l'aristocratie française du XIXème siècle, marquée par les révolutions. On sent une nostalgie de l'époque de l'Ancien Régime où la noblesse dominait la société et les moeurs. L'auteur accorde un mépris et une condescendance profonde pour les bourgeois et autres gens du peuple. Cet aspect m'a moins gênée que la description presque bestiale de la femme.

Barbey d'Aurevilly essaie de plonger le lecteur dans une atmosphère sombre, inquiétante mêlée de suspens. Mais, il y a trop de descriptions qui noient une intrigue bien mince. le style d'écriture est très recherché, soutenu mais totalement indigeste. J'ai du relire certaines phrases plusieurs fois pour bien comprendre le sens. En effet, les phrases sont très (très! très!) longues, et arrivées au bout, on oublie déjà de quoi il était question.

Cette lecture fut un ennui total et j'ai beaucoup peiné pour terminer ces six nouvelles. Je ne le recommande absolument pas !


Lien : http://leslecturesdehanta.co..
Commenter  J’apprécie          53
Les Diaboliques

Livre étudié à la fac. J'avais adoré. L'ambiance de ces histoires sombres...
Commenter  J’apprécie          40
Les Diaboliques

A travers ces six récits effroyables, Barbey d'Aurevilly raconte la passion amoureuse, dévorante, diabolique, au delà de toute morale. Du bonheur que n'assombrit pas le crime à la vengeance d'une femme amoureuse, de la jalousie d'une mère à l'amour d'une fille pour l'amant de sa mère, de l'athée endurci qui va confier au prêtre une bien douloureuse relique à la jeune fille possédée par un amour mortel… toutes ces histoires tiennent du Diable.



Si la sensualité est sans limites, si le crime est dicté par les plus noirs ou les plus célestes desseins, rien ne l'arrête quand la pureté se mêle aux plus sombres désirs, jusqu'à jeter une fière duchesse espagnole dans la déchéance de la prostitution. Et dans ces calmes petites villes de Normandie où le temps semble parfois arrêté, un pot de fleurs peut dissimuler de bien lourds secrets, un rideau cramoisi de bien lugubres souvenirs, comme si la vie avait tenté de s'y épanouir pour être étouffée sous le poids du quotidien. Car la mort guette, une mort parfois tragique parfois héroïque, celle des splendeurs passées, des époques perdues.



Barbey nous transporte sur des chemins sombres, dans ces nuits obscures de l'âme humaine où parfois le ciel se déchire sur une lueur rouge comme une trace de sang dans laquelle il va tremper sa plume de conteur...diabolique ! Et on s'en délecte.
Commenter  J’apprécie          600
Les Diaboliques

Curieux catholique que ce Barbey, qui comme artiste, a compris que seuls le Diable et ses prestiges pouvaient faire de bonne littérature. Crimes parfaits, vices cachés, bonheurs superbement étrangers à toute morale, sont les sentiments et situations que l'on rencontre dans les nouvelles de ce recueil. Pour ne pas les déflorer, disons que Barbey reprend à Balzac l'art de la longue exposition, où narrateur (surtout le narrateur) et personnages sont bien campés avant d'agir, l'un en racontant et en faisant souvent l'étalage de sa verve et de son esprit, les autres pour jouer le drame muet ou secret de la passion. Du mal, l'auteur tire des effets littéraires magnifiques, suivant les leçons de son grand modèle Baudelaire. Avec Balzac et Baudelaire, on est sûr d'évoluer dans la bonne littérature.



Commenter  J’apprécie          220
Les Diaboliques

Je me laisse tenter par des lectures qui sortent de mes sentiers habituels. Je suis alors tombé sur "Les Diaboliques " dont le nom ne m'était pas inconnu.



Quel curieux recueil de nouvelles ! Ne le lisez pas en espérant quelques frissons ou scandales car les mœurs ont bien évolué depuis que Barbey d'Aurevilly les a publié il y a 150 ans... Ces six nouvelles se situent entre la Restauration et la Monarchie de Juillet, période de transition d'une société aristocratique à une société de bourgeoisie. Cela permet à Barbey d'Aurevilly de décrire magnifiquement les derniers instants d'un monde qu'il regrette tant (un peu trop de nostalgie peut être...)



Il faut le reconnaître, Barbey d'Aurevilly a une très belle plume. Peut-être en était il trop conscient tant certains passages sont longs et exigeants, bien que non nécessaires au bon déroulement de l'intrigue.



Quasiment toutes les nouvelles souffrent d'une mise en place bien trop longue avec un amas de détails et de précisions qui ne serviront pas par la suite. Il faut aussi s'attendre à une quantité impressionnante de références historiques et littéraires qui complexifie la lecture pour qui ne sort pas d'hypokhâgne. Il m'aura fallu finir les deux premières nouvelles avant d'être habitué à cette exigence de lecture.



Mis à part ces quelques défauts, j'ai particulièrement apprécié la description psychologique de chaque personnage, les nombreuses différences entre chaque intrigue et la part de mystère qui les entoure. Je retiendrai particulièrement "Le Bonheur Dans Le Crime" et "La Vengeance d'une Femme".



Ces nouvelles sont donc inégales, assez exigeantes, mais offrent avec du recul un moment de lecture enrichissant sur une période charnière de notre histoire. À lire à tête reposée, au calme plutôt qu'à la plage !
Commenter  J’apprécie          40
Les Diaboliques

Ces six nouvelles narrent des histoires de femmes tentatrices, d'hommes manipulés, de destins mis à sac à cause du sexe et des faiblesses qu'il génère...



Même si on se laisse embarquer dans certaines histoires, même si la plume de Barbey d'Aurevilly vaut clairement le détour, d'immenses digressions entravent la lecture. Les histoires sont toutes coulées dans le même moule, ce qui fait qu'au bout de trois nouvelles on sait pertinemment ce qui se passera, ou comment cela se passera, dans les autres.

Si certains récits sont haletants de suspense et ingénieux, je n'ai toutefois pas du tout accroché à l'idée maîtresse qui consiste à accuser la femme (la "diabolique") de tous les maux masculins. Si les hommes s'embarquent dans des affaires douteuses, n'est-ce pas plutôt parce qu'ils ne savent pas résister à l'attirance naturelle ? Les femmes qui se vengent ne le font-elles pas tout simplement pour dénoncer certains abus ? Au final, les femmes ne seraient pas soi-disant "diaboliques" si les hommes ne cherchaient pas le plaisir derrière chaque chair nue. Quelle hypocrisie que d'associer le Diable à la Femme quand l'Homme est lui-même coupable du pire ! Tout cela parce que la société catholique dirige le mode de pensée et crée le "péché de chair"...

Bref, je pourrais pérorer un moment sur le sujet alors j'arrête. M'est avis que pour avoir une bonne vue d'ensemble des critiques de Barbey d'Aurevilly, la lecture des trois premières nouvelles est amplement suffisante.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
Commenter  J’apprécie          160
Les Diaboliques

Des nouvelles sombres et belles qui marquent au fer rouge. Malgré les digressions (il y a plusieurs narrateurs) qui rendent la lecture un peu ardue, nous sommes happé par cet univers de passions démesurées où le sexe sert de vengeance et d'exutoire aux héroïnes (La vengeance d'une femme). Ces diaboliques nous fascinent car elles prennent le pouvoir dans un monde très masculin et très conventionnel. Elles y apportent le désordre, le trouble, la beauté, la mort. Eros et Thanatos sont indissolublement liés pour notre plus grand plaisir. A lire et à relire pour la beauté de la langue aussi...
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jules Barbey d`Aurevilly Voir plus

Quiz Voir plus

Les titres des œuvres de Jules Barbey d'Aurevilly

Quel est le titre correct ?

Les Ensorcelés
Les Diaboliques
Les Maléfiques
Les Démoniaques

10 questions
47 lecteurs ont répondu
Thème : Jules Barbey d'AurevillyCréer un quiz sur cet auteur

{* *}