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Critiques de Julie Estève (159)
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Simple

Magnifique ! Je suis sortie un peu sonnée par cette lecture, ce livre poignant, bouleversant, dérangeant parfois devant le rejet de la différence, laisse forcément une empreinte, à découvrir absolument ! Mon gros coup de c?ur de ce début d'année !
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Simple

Roman à suspense, cruel récit de la vie d'Antoine Orsini. Personne ne l'appelait ainsi. Vous l'aurez compris, il est mort.



Antoine a perdu son prénom à la naissance. Il a tué sa mère. Enfin, c'est ce que le père répète à l'envi. C'est le cadet d'une fraterie de trois enfants. Il est différent, complexe.



Tout le monde l'appelle le "Baoul" dans son beau village de Corse. Son refuge c'est l'arbre au pied de la maison de Florence. Un soleil, Florence. Jolie comme un coeur, ses seize printemps attisent bien des convoitises chez les garçons comme chez les hommes du village. Elle est différente aussi, Florence. Bien trop jolie...



Ce "Simplet" là, a vécu une vie de solitude à tenter de préserver Florence de ses prédateurs. Accusé à tort de la mort de la jeune fille, il va jeter son dévolu sur une chaise abîmée, comme lui. Tout lui raconter de façon décousue, sans omettre de détails sur la vie des villageois, leur travers. Personne ne veut voir son innocence enfantine, absolue. Comprendre sa capacité à être le témoin crédule des vilénies des autres sans rien révéler.



Vous entendrez sa voix de candide dire avec des mots simples, crus sa réalité, le machiavélisme de ceux qui le montrent du doigt, le condamnent, le rejettent, crachent sur sa tombe. Le village lui fera expier ses propres fautes.



Antoine est attachant, touchant. L'histoire est cruelle. On sourit avec tendresse à ses facéties téléphoniques. Antoine est un brave garçon, comme on dit au village. L'auteure nous offre une histoire souvent brutale de cabossés avec poésie, tendresse, humour.



Un récit juste qui touche au coeur, émerveille, désarçonne par sa violence. Comme moi, vous aurez envie de rendre son prénom à Antoine, de croire qu'il a vraiment trouvé un ami, même si c'est en prison. Un peu de bonheur simple, lumineux comme le sourire de Florence.



Julie Estève nous offre un roman audacieux, généreux, plein d'humanité, pour raconter comment toute l'incompréhension de l'autre, lorsqu'il ne rentre pas dans la norme, peut mettre un voile sur les mauvaises actions des plus "normaux", la cruauté sociale. Un bouc-émissaire bien pratique l'Antoine Orsini !



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Simple

Antoine Orsini est le baoul de ce petit village corse, le simplet. A sa façon, dans son langage et son univers bien particulier, il nous guide dans les méandres de cette histoire singulière qui l’a mené en prison 20 ans plus tôt.

Un récit touchant empreint de sensibilité. On s’attache à Antoine, et après ce conte poétique vous ne percevrez certainement plus la différence de la même façon.

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Simple

Antoine Orsini, l'Idiot d'un village corse est le narrateur... Antoine est attardé, il est le souffre-douleur, le bouc émissaire par excellence...

Moqué, rejeté par sa famille et ses copains, il fait rire certains et il en met mal à l'aise d'autre... Seule Florence sait lui parler et ils partagent une connivence particulière...

Alors quand cette dernière est assassinée, Antoine est le coupable idéal d'autant plus qu'il ne sait pas se défendre....

De façon décousue, et avec sa logique qui n'appartient qu'à lui, Antoine raconte à une chaise cassée pour laquelle il se prend d'affection ce qu'il s'est passé, avant, après, avec telle personne ou telles autres...

J'ai vraiment trouvé ce roman original, émouvant et intelligemment construit... et la fin est à tomber par terre!
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Simple

Chère Julie,

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Contrairement à ce que le titre de ton roman peut laisser présager, on ne part pas pour la lecture d'une histoire simple...Dès les premières lignes, on découvre tes mots, ce langage particulier que tu mets en place et qui nous plante un décor, une ambiance qui annonce que le voyage sera étonnant, étrange mais certainement pas une promenade bucolique et légère à travers la Corse, bercée par un accent chantant et mélodieux.

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La mélodie, émise sous le soleil trop fort est dès le début particulièrement dissonante. La narration que tu confies à ton personnage principal, Antoine Orsini, accentue cette sensation. Il nous dévoile sa particularité telle qu'elle est perçue par son entourage. Sa manière d'être, de percevoir son monde ne lui permet pas de passer inaperçu par ceux de son village qui pourtant ne voudraient pas avoir à le regarder.

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Dès le début de son existence, son père l'a repoussé, lui a fait porter le poids d'une culpabilité qui n'est pas la sienne. Antoine vit le rejet, le refus, la discrimination, comme des éléments constitutifs de son quotidien. Il est l'exilé perpétuel au sein de sa communauté, l'étranger moqué ou détesté pour cause d'incompréhension perpétuelle.

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Et à travers son récit, on découvre la clairvoyance de celui qu'on ne regarde pas vraiment, la souffrance cachée de celui qui ne connaît pas le sentiment d'être aimé, pris en considération, accepté tel qu'il est.

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Ton roman prend aux tripes, tord le cœur et l'esprit, et amène à s'interroger sur notre propre comportement face à la différence, sur cette capacité à parfois ne voir que ce que l'on veut voir et non pas ce qui est. C'est écrit avec sensibilité et intelligence. C'est une balade tragique à travers les paysages de l'île de Beauté. Mais c'est une balade qui ne peut laisser personne indifférent.
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Simple

Une histoire décousue avec un simple d’esprit « un baoul » en Corse qui parle à une chaise et nous narre un fait divers effroyable. Où se mêle le faux du vrai ? Une lecture captivante qui donne envie d’en savoir plus, de comprendre et de dénouer la vérité.

Une histoire cruelle dans une Corse avec ses codes et rites.

Un huis clos noir dans un environnement étriqué et une atmosphère pesante et violente.

Je ne me suis pas véritablement attachée à ce personnage, répugnant et trivial à souhait...mais, j’ai eu cette soif de poursuivre la lecture dans un objectif de certitude. Bien mal m’en a pris car je me suis laissée embarquée avec maestria par Julie Estève.

Un roman étonnant, éprouvant, dérangeant. A découvrir.
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Simple

Ce livre est une double ou triple gageure. Nous conter l’histoire, l’existence et les pensées d’un “simple” dans une corse haute en couleur et en violence. On imagine qu’écrire ou décrire une situation complexe demande un travail confirmé, mais une non histoire, et la vie d’un “simple” me semble d’autant plus délicat que cet exercice requiert un travail d’une grande légèreté, d’une précision virtuelle, un peu comme un tableau impressionniste. J’ai trouvé l’écriture de Julie Estève, d’une grande qualité picturale, ultra sensible, pleine d’amour, et de tendresse. Elle a su éviter les poncifs, les préjugés, les jugements, les mots faciles ou prévisibles, elle est allée loin dans la compréhension de cette simplicité extrême aussi complexe qu’elle est impalpable. Bravo à l’auteur pour son talent, sa sensibilité, pour cet exercice d’écriture délicat. Julie Estève est un auteur généreux. Elle donne à lire, à penser, à comprendre, à partager.
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Simple

Bonjour à toutes et à tous…



“Simple” est une véritable ode à la différence !



L’histoire d'Antoine, l'idiot du village, “le baoul”, m’a vraiment beaucoup touché.

Je me suis laissé transporter dans cette histoire. Celle d’un simple d'esprit mais tellement clairvoyant, chaque mot a son importance et malgré son handicap, il porte sur le monde un regard juste et sincère, à la différence des autres habitants de son village.

Il sait qu’il est différent et la vie n’est pas simple pour lui. Rejeté par sa famille, sa mère est morte à sa naissance, rejeté par son village. Il fait peur, on l’accuse de tous les crimes, il vit en marge de tout, lui qui ne demande que de l’amour.

Alors, il décide de communiquer avec la nature, avec les arbres, les animaux et surtout avec une chaise.

Sa chaise, à qui il va raconter son histoire…



J’ai suivi et lu avec émotion l’histoire d'Antoine, de son enfance à l’âge adulte, ses amours, ses envies, ses erreurs aussi. Tout ne sera pas facile, vous devez vous en douter. Mais la force qui se dégage de lui va lui permettre d’accepter et de vivre la vie qu’il s’est choisi.



Je découvre Julie Estève avec ce superbe second roman.

Poignant sensible, une écriture à nulle autre pareil, une sorte de poésie se niche entre les lignes, entre les mots.

La magie a opéré pour moi dès les premières phrases.

L’utilisation de la première personne y est sûrement pour quelque chose puisqu’elle nous donne un coté immersif, je suis très vite devenu Antoine.

Mais il n’y a pas que cela !

Il y a un vrai style dans l’écriture de Julie.

Durant ma lecture, les répétitions narratives, correspondant à toutes les questions que se posent Antoine, ont résonné dans mon esprit comme certaines incantations venues d’un autre temps, tantôt directes, tantôt brutes, tantôt très imagées.



Il se dégage une grande force de “Simple”, que je vous conseillerai comme une lecture indispensable.





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Extrait :

“La mort c’est un trou ! On tombe dedans mais ça dure combien de temps la chute, et au bout du trou il y a quoi, on arrive où, quand on touche le fond, est-ce qu’on peut remonter, est-ce qu’on a le droit de recommencer, avoir une autre naissance, est-ce qu’on peut choisir qui on sera plus tard ou c’est le hasard et on est attribué au pif, moi par exemple, une fois de l’autre côté du trou, si j’ai envie, est-ce que je pourrais être une femme ou un sanglier ou Ayrton ou un cactus, essayer tous les métiers, tous les animaux, tous les arbres, ce serait bien d’être un figuier, un requin, un caillou, une bagnole, être quelqu’un, être un homme un vrai, et s’il n’y a pas de fin au trou, pas de fond, et si c’est un trou sans limite, est-ce qu’il fait nuit dedans ou c’est éclairé, est-ce qu’il fait froid ou brûlant, est-ce qu’on est tout seul dans notre trou ou tout le monde se retrouve dans le même, ce serait vachement encombré, mais dans l’idée qu’il y a un trou pour tous, ce serait possible alors que je revois madame Madeleine, en cherchant bien, et que je rencontre ma mère, on aurait plein de choses à se dire, ce serait l’occasion de se serrer et de m’excuser pour sa mort, mais les autres aussi il serait là alors, coincés avec moi, peut-être le trou c’est du vide, ça pèse combien le vide, pas grand chose, trois fois rien, mais sans le vide, y aurait pas le reste et alors ce serait le néant !”
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Simple

Le baoul, en Corse, c’est l’idiot du village, celui dont on se moque, celui qu’on accuse lorsqu’on retrouve le corps d’une jeune femme sans vie dans la forêt.



L’auteure a essayé de se mettre à la place du personnage en employant un langage qui pourrait être le sien. C’est parfois poétique, parfois cru, souvent cruel, parfois attendrissant, toujours empli de candeur. Ca a déjà été fait, ça n’en est pas moins intéressant, on se laisse prendre au jeu, on écoute ce personnage nous raconter son histoire, ou plutôt raconter son histoire à sa chaise. Il nous balade, Antoine, dans une direction, dans une autre, on se dit qu’il l’a fait, puis non, c’est plutôt cet autre personnage, puis non, encore un autre. Au final, on ne sait pas, puisqu’il ne le sait pas, mais on s’en fiche, ce qui nous importe c’est autre chose, ce sont ses mots, ses faux pas, ses réactions, sa vie, le regard des autres sur lui (il est pas bien beau l’être humain !).



J’ai avalé ce roman en deux gorgées, il se lit vite, trop vite, j’ai adhéré à l’histoire, elle m’a émue, par moments, elle m’a retournée un peu, mais pas suffisamment.



Une petite chose m’a agacée : trois séries d’énumérations, pas franchement indispensables, je les ai parcourues rapidement. La dernière s’explique, les autres non.



Et puis je pense que je l’oublierai assez vite, par manque de consistance.
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Simple

Il n'est pas facile, pour un adulte, de parler comme le ferait un enfant. Peut-être encore moins comme un simplet, un trisomique. Peut_on savoir ce qu'il pense, comment il arrange ses mots?

Ma lecture n'a pas été agréable, parfois ennuyeuse.

En revanche, j'ai rencontré des personnages bien typés, mesquins ou méchants, mais malheureusement ressemblants. Qui mettent mal à l'aise.

J'ai apprécié la construction du roman, mais pas adhéré à l'histoire.
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Simple

Simple, c’est l’histoire d’Antoine Orsini, dit le baoul, le simple, l’idiot du village, le benêt. Il parle à une chaise, vat et vient avec Magic, son compagnon. Le baoul n’est pas tout seul dans sa tête ; il parle avec les cosmonautes. Il a une amie, Florence.

Un jour Florence est tuée. Forcément, c’est le baoul qui prend ; quinze ans de prison…



Simple, c’est l’histoire du baoul vue par le baoul lui-même. Un récit à la hauteur d’un simple d’esprit, dit-on, un être au cœur pur qui voit tout, est différent des autres, mais n’en demeure pas moins sensible. Le baoul s’invente un langage, un mode de pensée, un monde que lui seul semble comprendre.



Récit qui ne suit pas une trame linéaire, ni une logique cartésienne. Il suit au contraire les errements d’un homme rejeté, jugé avant le crime, et jusqu’à la tombe.



J’ai aimé me plonger dans ce conte cruel écrit avec une sorte de minimaliste qui lui donne force et gravité.

Un récit singulier qui m’a happé, et touché ; qui interroge sur le regard que nous portons sur la différence, ceux un peu à la marge et la place que leur accorde notre société.


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Simple

Simple, simplet, mongol.



Autant de qualificatifs pour Antoine Orsini, l'anti-héros de ce roman.

C'est l'histoire d'un homme. Différent. Qui nous livre un récit décousu mais magnifique. Par bribes. Par morceaux.



Il vadrouille. Avec une chaise. A qui il se raconte. A qui il fait visiter les endroits de son existence. A qui il raconte un fait divers. Qui va tenir le lecteur en haleine tout au long de ce roman atypique et terrible.



Je l'ai débuté hier. Terminé aujourd'hui.



C'est tellement fort, c'est tellement bon que je n'ai pu m'arrêter de lire. C'est un récit plein de poésie, où chaque mot est pesé. Difficile exercice que de raconter une histoire du point de vue d'un « simple d'esprit ». le résultat est juste brillant. Juste terrible. Juste captivant de bout en bout.



La force du roman vient du fait que l'auteure invente un langage. Crée un monde intérieur. Tout en livrant un récit serré et trépidant impossible à lâcher !



C'est un livre marquant.



Par ses mots. Car il s'agit là d'une très belle littérature aux formules émouvantes. Fortes.



Par sa poésie. Cette façon de voir le monde à travers les yeux d'un simple d'esprit.



Un livre angoissant. L'envie de savoir ce qu'il s'est réellement passé.

Et cette fin. Tu refermes le livre. Et tu cries au génie ! Ce livre est extraordinaire. Et je pèse mes mots.



Je découvre Julie Estève.



Je suis sous le charme de Julie Estève.



Et j'ajoute son SIMPLE à mes coups de coeur 2018.



Foncez ! Vite ! Vite !!!!!


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Simple

Antoine Orsini est l'idiot du village , le "baoul" en Corse . Trisomique 21 , il est le troisième enfant de la famille , celui qui est né en provoquant la mort de sa mère , d'où la rage du père à son encontre .

Le baoul n'a que deux amis dans le village , l'Extraterrestre et Magic , et il aime d'un amour platonique Florence , la plus belle fille du village .

Antoine passe sa journée à errer à droite à gauche , il entend tout , il voit tout , il espionne sans vraiment le vouloir .

Tout n'est pas parfait dans ce village , il y a des histoires de voisinage , d'anciennes rancoeurs et de vieilles chicanes . Quand Florence est assassinée , le coupable idéal est Antoine . Il faut bien trouver un bouc émissaire .

C'est une fable poétique sur la différence , un plaidoyer pour tous ceux qui ne rentrent pas dans les cases .

Ce roman est un joli tour de force , on finit par se projeter dans la tête du simplet et entrer dans sa logique . D'un bout à l'autre du roman , le héros parle à la première personne , on finit par adopter son point de vue un peu "différend" .

Ce deuxième roman de Julie Estève est très différent du premier , "Moro-sphinx" , preuve s'il en est que l'autrice est capable de changer complètement de registre , il n'y a aucune confluence entre les deux écritures .

Merci aux Editions Stock et aux 68 premières fois pour cette magnifique lecture .
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Simple

On l'appelle le baoule ; en corse, cela veut dire l'idiot du village, le simplet, l'innocent, celui dont le cerveau a oublié de grandir. Enfant, il a été le souffre-douleur à l'école. Devenu adulte, il vit dans son petit monde, avec un père alcoolique, un frère aîné qui lui reproche d'avoir causé la mort de sa mère en naissant trop gros, sa sœur, son Magic (un dictaphone qu'il cache comme un trésor), ses souvenirs de la vieille Mme Madeleine l'institutrice du village et son amour caché pour la jolie Florence.



Un village corse en apparence bien paisible, avec des gens en apparence bien gentils avec Antoine Orsini, le baoule. Mais ce dernier signale qu'il a découvert le corps sans vie et éventré de la jolie Florence, il n'a plus d'amis. Et il fait quinze ans de prison. Comment est-ce plausible ? Comment n'a-t-il pas fait au mieux l'objet d'une enquête qui aurait prouvé son innocence, au pire qui l'aurait envoyé en HP ?



Innocent, Antoine l'est au sens latin du terme (qui ne fait pas le mal sciemment) mais aussi et surtout dans ce livre au sens judiciaire. Alors qui est le coupable ?



Un roman qui plonge dans la vie d'un milieu fermé, peu bienveillant. Qui aborde le sujet délicat de l'intégration des êtres différents et celui de la sexualité des adultes handicapés mentaux.



Malgré l'effort à faire parler Antoine comme un vieil enfant qui fait rire malgré lui et impressionne par son acuité de jugement, je ne suis pas réellement parvenue à entrer dans l'histoire ni à m'attacher au personnage.



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Simple

Simple est le second livre de Julie Estève… Je ne l'aurais certainement pas lu s'il n'avait pas fait exceptionnellement partie de la sélection des 68 premières Fois qui comporte aussi quelques seconds romans… et je suis ravie de l'avoir ainsi découvert.



J'aime bien m'interroger sur le sens des titres… Est simple ce qui est constitué de peu d'éléments organisés de manière claire ; est simple aussi ce qui est facile à comprendre, à suivre, à faire, à appliquer… ; est simple encore ce qui est réduit à l'essentiel, sans surcharges d'aucune sorte ; est simple ce qui se suffit à soi-même, qui n'a besoin de rien pour produire l'effet attendu… ; est simple tout ce qui ni complexe, ni compliqué…

Le personnage principal de ce roman est un idiot de village, un « baoul » comme on dit en Corse, un « simplet » comme on dirait chez nous, un « pas fini », un « pas futé », un innocent crédule et confiant… Il nous raconte à la première personne son histoire et celle de quelques autres et c'est tout, sauf simple… Certes, c'est naïf et ça manque un peu de finesse, c'est souvent scatologique, pas très ragoutant ; mais c'est toujours franc et direct, naturel et sans prétention, élémentaire et déterminé, primaire et sans détours…

Quand le « baoul » devient bouc-émissaire, il met en lumière l'intolérance, la différence… Quand Julie Estève lui donne la parole pour raconter la vie d'un village corse replié sur lui-même au coeur des montagnes, pour poser son regard sur des relations de couples, des ambiances familiales, des rebellions adolescentes, plus rien n'est simple si ce n'est la nature avoisinante…



Ce roman est construit comme un thriller psychologique où l'auteure distille au compte-gouttes des détails et des informations qui laissent entendre que l'enquête sur la mort de la jeune fille dont le corps a été retrouvé au milieu des pins il y a plus de quinze ans a été menée de manière un peu trop simple, justement.

L'écriture est déroutante car le narrateur parle à sa manière et que ses mots ne sont pas les nôtres… D'ailleurs, ce n'est pas à nous, lecteurs, qu'il s'adresse : il parle à une vielle chaise en plastique réduite peu à peu à un simple pied cassé… C'est une langue orale, délirante, grossière, imagée, poétique parfois, cruelle souvent…



Simple est un roman original et j'aime être surprise… J'ai souvent été bousculée dans ma lecture, écoeurée même par l'urine, la merde et les crachats, par les raccourcis bien-pensants de certains personnages aussi, émue finalement par les plus cabossés. J'ai été intriguée par un style, par les suites énumératives qui ponctuent la narration. J'y ai trouvé une certaine idée du tragique, au sens classique de ce qui provoque horreur et pitié, avec une notion de prédestination funeste aussi.

Julie Estève développe avec courage des thèmes qui ne sont pas simples, au-delà des apparences trompeuses, des idées reçues, de la notion de bouc-émissaire : la sexualité des personnes handicapées mentales n'est pas souvent abordée en littérature.

Moi, je dis « bravo ! ».

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Simple

"Simple" est un roman qui m'est parvenu grâce à la complicité bienveillante du tandem NetGalley, France et des éditions Stock.

Antoine Orsini, sur son île corse, voudrait pouvoir bénéficier de la beauté du site et de la considération de son village et de la famille. Malheureusement, lourdement chargé d'une trisomie 21, mongol, il n'est que le Baoul du coin! Existence peu enviable, objet de rejets permanents.



Alors, entre deux moqueries de la part des autres, deux volées d'insultes ou de gifles paternelles, deux poignées de pierres qu'on lui jette dessus ou tente de les lui faire avaler, le petit monde de Anton se résume à Florence, un amour platonique qu'il suit partout, et à qui il ne veut que du bien, alors même qu'on l'accusera de l'avoir tuée.

Sa seule confidente, une chaise qu'il promène partout et à qui il se confie sans cesse. Ses proches, les quelques adultes qui l'accusent de tous les maux et une bande de gamins qui aiment l'approcher pour jouer à se faire peur. Triste cercle de vie!



Tout du long, le roman restera fidèle à la descriptions de ce monde haut en vocabulaires dissonants et pauvres en relation humaine, en confiance. Antonio vit donc en circuit fermé sur lui-même.



Sous la plume de Julie Estève, le Mongol, le Baoul, le trisomique 21 est bien moins souriant, communicateur dans le rire et ouvert à l'aventure complice avec des adultes que le Damien du 8e jour de Jacko Vandormael. Il est également beaucoup moins scatologique et replié sur le petit monde du dévoué papa de Robinson qui, à la fois protège son fils handicapé et l'ouvre à la vie.

Trois livres, trois enfants trisomiques, trois portraits bien différents et, pour autant, trois portraits justes et émouvants. Il en résulte, ici dans ce livre de Julie Estève, un roman triste mais juste et touchant. Un cri lancé dans la faille qui, trop souvent, sépare nos esprits de nos coeurs. Un livre utile qui donne à réfléchir et à mesurer tout à la fois la chance que nous avons de ne pas être le Baoul de notre quartier et la nécessité à accueillir ces personnes en cherchant à leur donner une qualité de vie qu'ils méritent, basée sur le respect que chacun doit à tout autre. Un livre qui interroge notre humanité!
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Simple

Julie Estève a pris le parti-pris de faire parler Antoine c'est lui qui nous raconte ou plutôt qui monologue avec son seul confident, une chaise en plastique cassée qu'il trimbale partout. Sa parole est simple, brute, crue, ce qui n'empêche pas une certaine poésie. Il est surtout émouvant et il y a de la beauté dans l'innocence de ce simple d'esprit. Mais le misérabilisme de la famille et de tout l'entourage poussé à l’extrême m‘a dérangé.

C'est une lecture facile qui m’a tout d’abord laissé un sentiment de colère à cause de la cruauté et l'indifférence des villageois envers ce pauvre d’esprit totalement livré à lui-même. Mais où sont les services sociaux?

Je ne pense pas que je garderai de grandes traces de cette lecture car pour m’attacher à ce récit il m'aurait fallu un contexte beaucoup moins caricatural.

Sélection des 68 premières fois.

#Simple #NetGalleyFrance


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Simple

Son nom c’est Antoine Orsini. Mais les autres le surnomment le baoul, le mongol. Dans un village de Corse, Antoine a grandi sans sa mère, morte à sa naissance, et entouré d’un père alcoolique et violent.



Victime de sa différence, il vivra seul dans le maquis. Rejeté par les autres, humilié, sans cesse rabaissé par la méchanceté des habitants du village, il se liera malgré tout d’amitié avec la belle Florence dont il deviendra le confident. Mais sa relation avec la jeune fille ne sera pas vu d’un bon œil. Et lorsque l’adolescente est retrouvée morte, Antoine devient le coupable idéal.



Dans ce roman, c’est à travers le regard de cet homme simple d’esprit que nous découvrons son existence. Car lui seul connaît la vérité et, à travers un long monologue, il choisit de se confier à une vieille chaise cassée, de nous livrer sa propre vision du monde.



Malgré les moqueries et l’acharnement des autres envers lui, aucune rancœur ni animosité ne viendra troubler la bulle d’Antoine. Julie Estève s’immisce dans la tête de ce personnage attendrissant avec une incroyable justesse. Sa candeur, sa spontanéité et sa lucidité m’ont beaucoup touchée. Des sentiments divergents m’ont également envahie durant cette lecture pleine d’originalité, en passant de la tendresse, à la révolte ou encore par la tristesse.



Julie Estève se glisse avec brio dans la tête de cet idiot du village qui doit faire face à la cruauté du monde qui l’entoure. Un personnage singulier et incontestablement marquant grâce à la plume saisissante de l’auteure. Un roman fort et audacieux qui m’a totalement séduite.




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Simple

Le pari de l'auteur est d'inviter le lecteur à pénétrer le monde d'un "baoul", un "idiot", un "simple". C'est audacieux et réussi !

A travers sa langue, son âme, on regarde le monde qui l'entoure.

Et c'est moche.

Sans filtre, avec lucidité, Anthony, nous raconte son histoire de bouc émissaire. On souffre avec lui, on rit aussi.

J'ai beaucoup apprécié d'être au plus près d'un homme si singulier, sensible et intègre. Et je me demande : "Où sont les baouls de nos villes ? Sont-Ils devenus invisibles à nos yeux ? Ont-ils fui ? Ou bien comme Anthony, ont-ils été frappés d'ostracisme ?

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Simple

e me souviens lors de la rentrée littéraire avoir lu beaucoup de chroniques sur ce roman mais j'ai attendu un peu avant de la découvrir, je savais de quoi il parlait, je voulais choisir le bon moment pour le lire. Pourquoi, un pressentiment, une prémonition que sais-je mais je me doutais qu'il allait avoir de l'effet sur moi. Bonne pioche. Dès les premières lignes j'ai été embarquée, bouleversée, émue, intriguée, interpellée :



On ne dira pas ici comment il est mort. Ce qui l'a tué. On écoutera dans les odeurs de maquis, de marjolaine sauvage, la voix d'un homme qui, pour certains ou le reste du monde, n'en était pas un tout à fait. (p5)



Le décor est planté : on est en Corse avec son côté sauvage, mystérieux, rude,  nature, dans un petit village où tout le monde se connaît, ou certains ont des côtés obscurs, comme Pierre qui parfois porte une cagoule. Et puis comme parfois dans les petits villages où tout le monde se connaît, il y a un être différent, un simple, vous savez l'idiot du village, celui dont on rit, celui dont on se moque, celui sur lequel on se venge, le responsable de tous les maux. 



Là dans ce village c'est Antoine Orsini de son vrai nom, car il a un nom, un prénom même si les autres l'oublient, qui erre de rue en rue, qui furète, qui observe, qui voit mais ne comprend pas toujours tout, mais qui ne peut partager avec personne ses pensées, ses découvertes car personne ne l'écoute, personne ne le comprend, personne ne s'intéresse à lui, c'est le baoul comme ont dit là-bas :



Et alors ils vont gueuler ferme-la le mongol ! Voilà ce qu'ils vont dire à coup sûr, oh ! je sais bien comment ils m'appellent, y a tellement de mots sales dans la langue en français pour causer de moi ! (p6)



Ce que j'ai particulièrement apprécié dans ce court roman, c'est le travail d'écriture de Julie Estève : se glisser dans la peau d'Antoine, restituer ses pensées, son parler, ses émotions et sentiments, avec réalisme avec ses mots à lui pour nous parler de ce qu'il subit dans sa famille, de son père alcoolique violent, de l'abandon de la part de Pierre, son frère qui a d'autres préoccupations, de Tomasine, sa soeur, qui a fui le village dans l'espoir d'une carrière à Paris.



On a tous rencontré un Antoine enfin moi j'en ai déjà rencontré, dans un village, un quartier, celui dont tout le monde se moque, livré à lui-même, ignoré de tous mais reconnu par eux dès qu'il se passe quelque chose d'anormal dans la communauté.



Dès le début du récit, Julie Estève n'y va pas par quatre chemins, on comprend qu'Antoine est mort et même mort on crache encore sur sa tombe, mais lui il va revenir pour nous révéler, à sa manière, l'histoire de sa vie.



Je n'en dirai pas plus, 116 pages, c'est court mais là c'est intense, moi cela m'a noué le coeur et les "tripes", on sent le drame arrivé, Antoine ne cache rien, il est naïf, il dit les choses comme elles sont, il éprouve des sentiments et les exprime, pas toujours bien, pas toujours au bon moment, pas toujours à la bonne personne, ne distinguant pas ce qu'il faut dire et ce qu'il faut taire et pourtant il détient des vérités. Quand il n'y a pas personne pour l'entendre il part dans la nature, il arpente les collines, il connaît les chemins et il parle à ceux qui peuvent l'entendre : les arbres, une chaise ou Magic, son seul ami....



L'écriture est délicate mais précise et percutante, dans le choix des mots pour restituer l'univers de cet homme, le milieu où il vit, l'ambiance, le parler de chaque personnage. Un exemple, page 108, la succession des mots pour faire ressentir, et c'est très réussi, l'effondrement du monde d'Antoine......



Les dernières pages m'ont chavirée : douleur, tristesse, gâchis, injustice, mais aussi colère sur nous, notre société, sa violence, quelques derniers mots, phrases, chanson sur fond de vérité, qui ne sera jamais révélée.



Quand je découvre un tel roman, je sais pourquoi je lis, pourquoi j'aime lire : pour partir pour un voyage dans les émotions, dans la vie, retrouver des sensations éprouvées, des sentiments vécus, écrits avec justesse, avec poésie mais aussi efficacité, nous faire rêver parfois mais aussi confronter à notre société, aux humains dans toute leur beauté parfois mais aussi dans toute leur noirceur.



Merci à Julie Estève de m'avoir alpaguée, émue, d'avoir si bien raconté Antoine, le simple qui était un poète à sa manière, qui aimait Florence, qui n'aurait pas fait de mal à une mouche et pourtant la souffrance il connaît,  elle fait partie de sa vie mais il ne l'exprime pas ainsi. Il raconte, il nous raconte, sans jugement, simplement ce qu'il vit.



Il avait ce rêve qui dévorait tout. Il faisait avec des fleurs des bouquets qu'il donnait aux autres. Les autres le traitaient de fillette, comme si être une petite fille était une vieille honte. En grandissant, les insultes ont pris du poids, la cruauté des galons. (p110)
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