Citations de Julie Printzac (28)
En vérité, songea-t-elle, chaque mère juive, chaque père juif jouait la même comédie : il fallait présenter à ses enfants un visage neutre, voire optimiste, leur faire croire que tout allait bien, que leur existence était la plus normale possible.
Protéger les enfants de l'angoisse, de la peur, de l'exclusion, réussir à les nourrir, à les loger, c'était leur combat quotidien.
Mais retrouveraient-ils un jour leur vie d'avant ?
Parfois, je pense à tous ces enfants et ces petits-enfants qui n'ont pas pu naître parce qu'on a assassiné leurs aïeux.
Oui, le monde est atrocement cruel, oui, on est en guerre, mais si on ne croit en rien, si on n'a aucun espoir, à quoi bon continuer ?
- Finalement, je ne sais pas si je suis faite pour vivre avec quelqu'un. Avant, on se faisait des soirées romantiques, maintenant on se fait des soirées télé, et en plus c'est lui qui tient la télécommande.
- Et il zappe tout le temps ?
- Comment tu as deviné ?
- Tu as déjà vu un homme regarder la télé sans zapper ? Il n'y a que pendant les matches de foot qu'ils s'arrêtent d'appuyer comme des malades sur les boutons pour changer de chaîne !
"La vie était compliquée pour mes parents, mais nous, les enfants, on avait une vie libre, heureuse, une vie d'enfants de nos âges. Avec mes copines on voulait juste rêver et s'amuser, on voulait aller danser, tomber amoureuses."
"Comme le printemps pouvait être beau, même en temps de guerre, se dit-elle ravie. Au fond Hitler et son armée n'y pouvaient rien, l'amour avait cette capacité à naître partout, en toute circonstances."
Voilà ce qu'une guerre est capable de faire sur plusieurs générations, détruire l'espoir et la confiance.
Un cri déchire la nuit et la réveille en sursaut. La voix de Leah, sa mère, les appelle.
- Les enfants, debout, tout de suite ! On part. Maintenant !
Esther se redresse brusquement et jette des regards désorientés autour d’elle. Son cœur s’emballe. Elle bondit hors de son lit, affolée, incapable de se rappeler ce qu’elle doit faire. Dans ces moments de frayeur et d’angoisse, elle ne parvient plus à réfléchir ni à agir. Pourtant, tout ce qu’elle doit faire, c’est quitter sa maison, ce lieu qu’elle croyait son refuge.
LA GUERRE NOUS TRANSFORME EN MONSTRES, LES VICTIMES COMME LES BOURREAUX.
Les Allemands sont là, maintenant, et eux, ils s'en fichent que l'on soit français ou étranger.
C'est drôle, les français crevaient de faim et moi je crevais de peur. Tout le temps.
- Tu es retournée là-bas, après la guerre ?
- Une seule fois, oui. Mais c'était dur. Il y avait ceux qui étaient partis, ceux qui avaient disparu...
Je ne souhaite à aucune génération de revivre ça.
Ce sera mon acte de résistance à moi, d'être heureuse pour vous, en l'honneur de votre mémoire, mes chers disparus dont on a volé la vie.
Je ne sais pas ce qu'elle voit à travers les vitres lorsqu'il fait noir, mais elle aime passer des heures à scruter l'obscurité. Ombres mouvantes, fantômes du passé, le monde imaginaire de ma grand-mère recèle des trésors et des mystères insondables.
Elle évoquait cette époque, parfois, mais seulement pour raconter des histoires qui la faisaient rire, comme si elle avait vécu une grande aventure. Elle disait que pour elle, la guerre, c'était comme de jouer aux gendarmes et aux voleurs, ou aux cow-boys et aux Indiens. Et dire que je la croyais. C'est inimaginable, en fait. Elle devait être terrorisée.
Oui, le monde est atrocement cruel, oui, on est en guerre, mais si on ne croit en rien, si on n’a aucun espoir, à quoi bon continuer ?
ces filles ont tout compris. Alors que nous avons donné notre vie pour notre travail, sans jamais compter nos heures ni protesté contre nos salaires minables, supportant stoïquement le manque de reconnaissance de nos patrons, ces filles qui aujourd'hui débarquent dans la vie active, avec dix ans de moins que nous et aucune expérience, savent se vendre, négocient de bien meilleurs salaires et prennent le temps de vivre. Aucune ne se fait exploiter par un boss tyrannique, non, cela est notre lot. Les nouvelles générations n'ont qu'une devise : profiter de la vie et de tout ce qu'elle offre.
LEAH ÉPROUVAIT UNE PEUR ATROCE, PEUR A POSTERIORI POUR CE QUE SES PETITS AURAIENT PU SUBIR SUR CETTE ROUTE, PEUR DE CE QUI, DORÉNAVANT LES ATTENDAIT.
ET HORS DE QUESTION DE LEUR AVOUER QU'IL ÉTAIT IMPOSSIBLE DE PARTIR : TOUTES LES FRONTIÈRES SE FERMAIENT, LES PAYS NEUTRES, COMME L'ESPAGNE ET LA SUISSE, REFOULAIENT LES RÉFUGIÉS, LES ÉTATS-UNIS NE DÉLIVRAIT PLUS DE VISA D'ENTRÉE.
ET POUR METTRE UN TERME À TOUT ESPOIR, LE GOUVERNEMENT DE VICHY VENAIT D'ANNONCER QU'IL N'AUTORISAIT PLUS LES JUIFS À QUITTER LE TERRITOIRE."
Et je comprends mieux : je crois que les émotions les plus fortes, les plus violentes, se transmettent de génération en génération, comme un héritage destructeur.
Il y a des secrets de farmílle que l'on aimerait laisser enterrés tant ils sont douloureux.
Oui le monde est atrocement cruel, oui, on est en guerre, mais si on ne croit en rien, si on n'a aucun espoir, à quoi bon continuer ?