Quand bien même on parviendrait à améliorer la fixation du carbone ou la production des engrais, cela ne résoudra pas la crise climatique. Comme l’ont démontré les rapports du GIEC, le réchauffement de notre planète est déjà largement enclenché et va se poursuivre de façon dramatique, ne serait-ce qu’à cause de l’inertie des processus en jeu. Ainsi, les solutions évoquées dans ce chapitre ne suffiront absolument pas à résoudre cette crise, elles pourront peut-être juste aider à en amoindrir les effets. Pour le reste, c’est notre société tout entière qui doit, dès à présent, repenser en profondeur son mode de vie et ses priorités, ordinateur quantique ou pas.
Il y a une différence entre fixer des objectifs ambitieux et susciter des attentes exagérées.
Aujourd’hui, espérons qu’un grand nombre accepte qu’un humain n’est ni moins ni plus évolué qu’une oie, et réciproquement. Car ce n’est pas une question d’évolution mais de degré, dans le sens où notre présence sur la Terre, à un instant t, fait que nous sommes tous également évolués, mais avec des caractéristiques propres à chaque espèce.
Plus un son est court, mieux vous saurez quand il a été émis. Tapez par exemple avec une baguette sur la caisse claire d’une batterie. Le son est bref, incisif, ponctuel. Mais vous serez incapable de dire si c’est un do ou un la. Au contraire, si vous écoutez une note unique et pure pendant quelques secondes, comme la note jouée par un piano, vous n’aurez aucun problème à la mesurer et la reconnaître, un do, un fa ou un ré. Toutefois, vous serez bien en peine de lui associer un moment précis dans le temps, puisqu’elle dure…
L’aspect hype existe à un niveau qui devient délirant, ne serait-ce que les intérêts financiers ou les sommes investies… Je crois aux applications. Je pense qu’on va arriver à faire des trucs sérieux. Mais ce qui me gêne, c’est la croyance que la technologie est déjà là. On se plante sur les échelles de temps.
(Le sujet de la quantique) Il est inspirant scientifiquement. Il est prometteur technologiquement. Il est radicalement nouveau dans sa façon d'entremêler recherches fondamentales et appliquées. J'encourage tout le monde, à commencer par les étudiants en science, à découvrir ce nouveau champ, ne serait-ce qu'en simple curieux. Cependant, je ne veux pas leur vendre une vision idéale.
La quantique ne résoudra pas tout.
La quantique ne résoudra pas les problèmes d'énergie.
La quantique ne résoudra pas les problèmes de surpopulation.
La quantique ne résoudra pas les problèmes de pauvreté.
La quantique ne résoudra pas la crise de la biodiversité.
La quantique ne résoudra pas la crise climatique.
Il faut l'apprécier pour ce qu'elle est vraiment, une autre vision du monde, tout à la fois scientifique et poétique. Chacune de ses lois défie notre intuition. Elle permet de toucher du bout des doigts un univers étrange et invisible.
Très vite, pour concevoir des ordinateurs quantiques, les chercheurs voulurent intriquer d'autres particules que les photons. Pour chaque type de qubit, il fallait donc inventer une méthode d'intrication : excitation micro-ondes pour les uns, impulsion laser pour d'autres. Depuis quelques années, il est ainsi devenu possible d'intriquer sur demande des ions, des atomes neutres, des spins, et même des circuits supraconducteurs !
Certains ont vu plus gros encore. Serait-il possible, se demandèrent ces audacieux, d'augmenter à loisir la taille des objets intriqués ? Pourrait-on finalement intriquer un chat avec un autre chat ? Impossible, nous l'avons déjà souligné, un objet vivant est trop chaud et volumineux, la décohérence sera trop rapide. Mais pourrait-on au moins faire plus gros qu'un atome ? Une première étape est franchie en 2001 au Danemark, lorsqu'une équipe réussit à intriquer deux boules de gaz, chacune contenant mille milliards d'atomes de césium. C'est le spin collectif de ces amas de particules qui est cette fois intriqué.
À commencer par Otto Stern lui-même, qui proclame avec son collègue Max von Laue : « Si ce modèle absurde de Bohr doit être finalement démontré, nous abandonnerons la physique ! » Mais Stern, en bon scientifique, n'accorde aucune valeur aux croyances, pas même aux siennes. Seule l'épreuve du réel et de la mesure diront si le modèle de Bohr est vrai ou faux.