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Critiques de Juliette Oury (54)
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Dès que sa bouche fut pleine

Bienvenue dans une société où la place du sexe et de la nourriture sont inversés. Si le sexe est partout et, surtout, partagé socialement – pause masturbatoire entre collègues le midi, rapport sexuel quotidien en écoutant les informations à la radio à sept heures du matin -, la nourriture, elle, relève de l’intime et de la sphère privée. Dans les magasins, les denrées sont dissimulées derrière un rideau, qui délimite un espace strictement réservé aux adultes… Il faut avouer que l’univers mis en scène par Juliette Oury désarçonne quelque peu lorsque l’on entame la lecture de son roman.



Et puis très vite, les mots deviennent limpides, les phrases résonnent. Dans ce livre on ne mange pas, on baise. Pourquoi ? Eh bien, précisément, pour briser les tabous du sexe ! Dans cette histoire, l’inversion des rôles permet une véritable quête du désir, de l’affranchissement du regard des autres et surtout de devenir pleinement soi. C’est truculent !



Il en faut de l’audace et du talent pour mener à bien une telle dystopie. Juliette Oury réussit ici un vrai tour de force. Si l’on sait depuis longtemps les similitudes entre désir et appétit, entre nourriture et sexualité, avec un lien intrinsèque entre les deux, jamais je ne les avais vus ainsi mis en évidence. C’est brillament écrit, c’est percutant et ça permet de décaler son regard, d’observer notre rapport au sexe et à la nourriture sous un œil totalement novateur.



Une pépite à mettre entre toutes les mains et une auteure à suivre !
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Dès que sa bouche fut pleine

Dans ce roman, l’auteure soulève avec esprit et audace des questions sur nos normes sociales. Malheureusement, le personnage principal manque parfois de profondeur émotionnelle, j’ai donc eu du mal à m’attacher à Laëtitia. Malgré tout, l’audace de l’ouvrage ne laisse pas indifférent et pousse à la réflexion sur nos habitudes. Une lecture stimulante. Une très bonne lecture !

Mon avis détaillé :
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Dès que sa bouche fut pleine

Dès que sa bouche fut pleine, une dystopie où le bien-manger est quasi-obscène et le sexe aussi banal que de se brosser les dents. Une fois qu’on a dit cela, on a à peu près tout dit sur cette aimable et inoffensive fable étirée comme du chewing-gum sur 200 pages, là où une nouvelle de 50 aurait suffi.



L’inversion radicale où chacun se retrouve non pour dîner, mais pour baiser, où les clubs échangistes ont pignon sur rue comme des brasseries et où les cours de cuisine sont réprimés et traqués comme des maisons de passe, est trop systématique et démonstrative pour produire la stupeur et le malaise. La faute sans doute également à une époque (la nôtre) qui n’a jamais autant célébré la cuisine et la bouffe, par des dizaines d’émissions culinaires, de comptes Instagram consacrés au sujet, jusqu’à l’invention du hashtag Foodporn ; mais également où les comptes Instagram sexo/test de sex-toys/éducation sexuelle sont légion, et où le sexe est partout, décortiqué, commenté. Là où Juliette Oury touche quelque chose, c’est peut-être la notion de plaisir qui semble être le grand tabou dans cette omniprésence du sexe, et où la répression larvée sur la consommation de viande, de gras, de sucre est indéniable.



Elle n’en fait pourtant pas grand-chose et déroule une petite intrigue où son héroïne qui s’ennuie dans un couple où l’on se nourrit de barres nutritives sans saveur, et qui baise tous les matins avant de partir au boulot (bien évidemment un travail de bureau avec des open-space) va se réveiller un jour avec une faim terrible et partir à la recherche de l’interdit alimentaire. Pour pallier cette minceur narrative (ses personnages sont pour le moins génériques et sans personnalité), elle abuse de la description ad nauseam : un carré de chocolat est scanné pendant deux pages, une visite au supermarché (le « Pornoprix ») est détaillée à n’en plus finir… et ce procédé est largement répété au long du texte. Si on parlait de nourriture extravagante comme un poulet en vessie ou de plats inventés pour l'occasion, cela serait passionnant, mais la cuisson d’une ratatouille ou croquer dans une pomme (symbolisme !) nécessite-il ce délayage ? Quelques tentatives pour aborder le sujet du viol et de l’agression sexuelle sous l’angle culinaire tombent hélas à plat, même si la scène où Lætitia est nourrie de force au piment est bien vue. Roman plutôt dispensable néanmoins.
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Dès que sa bouche fut pleine

Imaginez-vous vivre dans un monde où le rapport au sexe et à la nourriture sont inversés ! Vous couchez avec vos collègues, ne sautez jamais un rapport, surtout celui du matin, et le supermarché du coin est un PornoPrix. Par contre, vous mitonnez en couple, ne montrez jamais vos dents en public et vous contentez de vous nourrir de barres substantives insipides. La brigade des mets arrête les plus gourmands d’entre vous et des cours de cuisine clandestins fleurissent à Belleville.



Laetitia, petite amie de Bertrand, vit dans ce monde. Son compagnon est consciencieux et s’applique à faire l’amour comme il faut. Par contre, leur vie culinaire est depuis longtemps en berne et ils partagent un quotidien routinier mais réconfortant.



Un jour, Juliette se réveille avec un gros mal de ventre, un vide en elle à combler et elle comprend qu’elle a fin et que son appétit la titille. Dans cette société où les plaisirs de la bouche sont considérés comme une perversion, comment va-t-elle vivre cette situation ? Va-t-elle aller au bout de sa faim ? Va-t-elle manger avec Bertrand, ou pire, avec quelqu’un d’autre ?



Loin d’être anecdotique, le premier roman de Juliette Oury tient ses promesses jusqu’au bout. Ecrit dans un style simple, il suit le parcours initiatique de Juliette, en nous divertissant et en nous mettant l’eau à la bouche. Un texte qui étonne et questionne sur notre rapport à la cuisine et à la sensualité. Car la faim et le désir ne sont-ils pas finalement entremêlés, en atteste le fameux hashtag #foodporn ?



Original et fluide, je conseille cette lecture. Un bon premier roman.
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Dès que sa bouche fut pleine

Imaginez un monde où les rôles du sexe et de la nourriture sont inversés : le soir on s’invite à « baiser » entre amis, le midi on fait des pauses masturbatoires entre collègues, mais les ébats culinaires eux sont réservés à la sphère intime…

Dans ce roman, nous suivons Laëtitia, une trentaine d’années en couple avec Bertrand, qui n’est pas comblée dans sa vie et qui va repousser ses limites. C’est l’histoire de l’émancipation de Laëtitia.

Juliette Oury intervertit les rôles pour dénoncer des tabous.

Une dystopie osée et surprenante.

Ce roman d’apprentissage est drôle et original qui amène le lecteur à réfléchir sur la place de l’un comme de l’autre. Juliette Oury nous livre une fable initiatique tout en finesse.

Quant à la plume, elle est d’une telle fluidité et emplie d’imagination que je me suis laissée envoûter.

Des jeux de mots et des situations cocasses sont au rendez-vous.

J’ai trouvé ce roman divertissant et audacieux d’ailleurs j’ai redécouvert l’art culinaire.



Et vous, tentés ? L’avez-vous lu ?
Lien : http://juliechronique.fr/202..
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Dès que sa bouche fut pleine

Le postulat de ce livre est hilarant (et très intéressant aussi). Et si c’était plutôt le fait de manger qui était tabou plutôt que la sexualité ?



Et dans cette société où tout le monde vit son alimentation caché – voir honteux – en ne se nourrissant que de barres anaromatiques, tout le monde baise et se touche, se retrouve pour une partie entre amis, partage une banquette entre collègues…



Mais petit à petit, Laetitia (qui s’emmerde quand même un peu dans son couple) sent monter le désir, celui de l’interdit, l’envie de goûter, de cuisiner, de manger, du gras, du goûteux, salé, épicé, sucré, des saveurs et des textures… Croquer dans cette irrésistible pomme !



Un livre sur le désir et la sensualité débordant d’érotisme culinaire
Lien : https://www.noid.ch/des-que-..
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Dès que sa bouche fut pleine

Une société dans laquelle, les valeurs accordées à la sexualité et aux plaisirs de la table seraient inversées, voilà l’idée originale développée par l’autrice, Mme « Reine Claude » y est proscrite pour ses activités subversives de gastronomie, le standard de nourriture est la barre sustentive anaromatique ayant éloigné la notion de nourriture différenciée et les pratiques sexuelles sont banalisées, plus de retenue, plus de mystère. Une trame romanesque drôlissime mettant en boite et pointant avec humour des comportements guidés par des règles tacites de vivre ensemble d’un conformisme confondant. Mais la résistance existe et s’organise et laetitia y souscrit pleinement. La redécouverte de la confection de la ratatouille sous la baguette de la cheffe Jenni est passage particulièrement réjouissant ! Excellent premier roman qui réhabilite l’art de la cuisine !
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Dès que sa bouche fut pleine

Un roman qui part son titre promettait de sortir des sentiers battus. Et en effet, quelle idée ! Juliette Oury nous propose un monde où la sexualité et la nourriture sont inversées. Ainsi faire l’amour est devenu un acte du quotidien habituel et routinier tandis que manger se révèle être plus sulfureux.



Des jeux de mots et des situations cocasses qui font sourire mais qui ne peuvent à eux seuls tenir un roman. On ressent rapidement la limite du sujet.

Les similitudes sont nombreuses entre l’acte de se sustenter et le coït si bien que l’auteure développe autour du plaisir, du consentement et de la dépendance.

J’attendais une rencontre avec la famille ou la belle-famille pour voir comment Juliette Oury s’en serait sortie…la scène n’existe pas.

C’est une lecture divertissante.



Petit conseil : N’offrez pas ce livre à vos collègues à moins que vous n’ayez un message à faire passer !
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Dès que sa bouche fut pleine

Un coup de cœur pour ce roman profondément gourmand ! La couverture nous l’annonce : la sensualité de la Vénus de Botticelli est liée à la gourmandise et à cette alléchante pomme d’amour qu’elle serre contre elle.

Dans ce roman utopique (dystopique ?) la place du sexe et celle de la nourriture sont inversées … Comment est-ce possible me direz-vous ? Et bien, imaginez-vous en train de faire l’éloge de votre dernière réunion de travail, si réussie et si fructueuse, que vous avez terminé par une grande orgie.

Ceci est tout à fait habituel dans la société de Laetitia et Bertrand … En revanche, n’allez surtout pas dire que vous avez dégusté une excellente salade hier soir car vous en choqueriez plus d’un !

Mais Laetitia n’est pas épanouie et ne se satisfait plus des barres anaromatiques. Elle trouve sa vie terne et sans relief. « Laetitia voyait bien que son amoureux mettait un point d’honneur à suivre les recommandations officielles et qu’il baisait donc équilibré, ne s’autorisant que peu d’écarts. »

Critique sans y toucher de notre société si calibrée, normée, structurée par des normes innombrables ou simple liberté créatrice de l’autrice ? Chaque lecteur pourra se faire son idée …

En ce qui me concerne, c’est une autrice que je suivrai sans doute possible !

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Dès que sa bouche fut pleine

Imaginez un monde dans lequel notre rapport à la sexualité et alimentation serait inversé. Un monde dans lequel on invite ses collègues à partager les plaisirs de la chair, mais où manger se fait dans la plus stricte intimité, à l’abri des regards… Que reste-t-il, alors, de notre rapport à nos plaisirs de la vie, à nos désirs ?



Pourtant, si le postulat de départ portait en lui, selon moi, un grand potentiel au regard des immenses problématiques dans nos sociétés face à ces deux sujets, je suis restée sur ma faim (sans jeu de mots) et me suis vite ennuyée. Car passé le postulat de départ, j’ai trouvé que l’on tournait en rond et que tout avait été dit.



C’est dommage, je l’attendais depuis le début de l’été ce roman, après en avoir entendu parler de façon si élogieuse par ici. L’idée de départ est chouette et prometteuse… mais à mon sens, malheureusement, le roman ne tient pas ses promesses et étire sur un peu plus de 200 pages ce qui est annoncé dans les 30 premières, sans vraiment l’étoffer.



(Et oui, je sais que nombreux sont les lecteurs l’ayant aimé et que je suis bien à contre-courant des retours que l’on peut lire ici …mais voila, avec moi, la mayonnaise n’est pas montée !)
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Dès que sa bouche fut pleine

Merveilleux premier roman que nous propose Juliette Oury !



Tellement plaisant de lire un livre qui secoue comme ça, on est plongé dans un univers totalement inversé avec notre monde actuel : le sexe est partout tandis que la nourriture, les repas relèvent de l’intimité, voir sont tabous.



J’ai adoré comment Juliette Oury a réussi (haut la main) ce défi. Au-delà de l’originalité du texte, tout est brillant, l’intrigue, les clichés et les critiques de notre société !



Laetitia et Bertrand sont en couple, ils couchent ensemble régulièrement sans jamais oublier le plaisir matinal (primordial d’après les bonnes mœurs de leur société), ils se nourrissent de barres anaromatiques et ne cuisinent plus…

Et Laëtitia veut retrouver la passion des débuts, les bons repas, la cuisine en amoureux… elle veut vivre et en a marre de ce monde où aucun débordement n’est toléré.



Je salue l’audace du sujet, les nombreux clins d’œils (salle à baiser, fils de cuisinière) j’ai adoré relever toutes ces subtilités sans parler de la cuisine clandestine et attention à ne pas tarifer les repas ce serait un scandale !



Complètement dystopique mais fascinant à lire, j’ai été captivée du début à la fin !
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Dès que sa bouche fut pleine

J’ai eu du mal à noter ce livre car pour moi il est à double tranchant.



Tout d’abord, j’ai trouvé l’idée vraiment originale, c’est du jamais lu. Dans un monde (dystopique, finalement) où ce n’est plus le sexe qui est tabou mais la nourriture, Laetitia cherche sa place au sein d’une société où le politiquement correct ne l’intéresse pas ou du moins, ne la comble pas assez.



L’histoire est bien menée, les jeux de mots, les références et les comparaisons sont nombreuses et on se prend à apprécier cette gymnastique du cerveau. Mais une fois le principe assimilé et la surprise redescendue, j’ai trouvé les personnages assez clichés et les situations plutôt grotesques. Surtout si on transpose.



De mon point de vue, il s’agit d’un exercice de style plus qu’un roman. Réussi cela dit !
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Dès que sa bouche fut pleine

Alors, vous baisez comment ce soir ? Oui, ça peut surprendre mais dans cette uchronie sexe et gastronomie sont échangés. Alors tout ce qui touche au sexe est normal: on couche avec ses amis, à la pause au travail, mais on ne se fait à manger qu'en couple, ou alors cachés. Cela donne lieu à des scènes savoureuses, à des descriptions très bien écrites, à des petites phrases qui nous déstabilisent savamment (le plaisir caché et honteux d'une ratatouille). On suit une jeune femme qui se voit venir des souvenirs de plaisir gustatif (des mûres, enfant) et des désirs de retrouver le plaisir de la nourriture comme au début de sa relation avec son mari. Un bien bel exercice, un peu long peut-être (même si le livre est facile et rapide à lire). Un peu déstabilisant, même si je me souviens d'un passage d'un film de Luis Bunuel un peu sur le même thème, où les convives étaient tous assis sur des toilettes autour de la grande table, pantalon, caleçon et culotte baissés, et où on allait s'enfermer pour manger. C'était dans "le fantôme de la liberté".
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Dès que sa bouche fut pleine

L'idée de Juliette Oury est vraiment très originale et résumé m'a donné envie de tenter l'expérience. Quand le sexe remplace la nourriture et que cette dernière devient tabou en société voyons voir ce que cela peut donner. Au début c'est presque une gymnastique de l'esprit. Des scènes sont assez drôles. On n'ose pas cuisiner une ratatouille devant ses collègues, mais aucun souci pour tromper son mari. Car justement ce n'est pas tromper que de coucher avec ou plusieurs autres hommes.

Ainsi, cela la questionne le rapport au sexe de notre société. Pourquoi en faire quelque chose de si tabou? Alors que c'est universel. Ne devrait-on pas au contraire le désacraliser pour mieux le vivre et éviter toutes les dérives qui en découlent ? Et qui a décidé que manger devant les autres étaient plus normal et acceptable que de les embrasser sur la bouche?

Je m'attendais à ce que Juliette Oury aille davantage dans cette démonstration. Mais l'histoire qu'elle a choisi de raconter prend une tournure différente et finalement, on retrouve le même rapport de domination d'une homme sur une femme. Dommage de ne pas avoir inversé les codes jusqu'au bout.

Par ailleurs, les personnages m'ont à la fois peu convaincue et parfois mise mal à l'aise. Mais c'est peut-être un objectif.

Je sors assez mitigée de cette lecture, bien que le concept soit très novateur le reste ne m'a pas emballée.
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Dès que sa bouche fut pleine

« Dès que sa bouche fut pleine, elle sut qu’elle n’oublierait jamais le goût, le plaisir, la puissance de cet instant, et que jamais, même si l’occasion se présentait un jour, même si quelqu’un était d’accord pour l’écouter, elle ne trouverait les mots pour en parler ».



Chaque appartement, maison a au moins une banquette avec un beau drap dessus. Dans le monde de Juliette Oury, il y a inversement des valeurs et, c’est truculent, original et plaisant à lire



Lætitia et Bertrand sont en couple, un couple bien tiède, un peu fade. Oui, chaque matin Bertrand « honore » Lætitia, presque sur injonction : « Depuis quelques années les experts considéraient le rapport matinier, en ce qu’il rompait la chasteté de la nuit, le meilleur pour le métabolisme »… Tanpis si Lætitia n’a pas très envie, Bertrand suit à la lettre les recommandations « Il baisait donc équilibré , ne s’autorisant que peu d’écarts » Pour lui, ce sont « des exercices de gainage » !!! Passons au p'tit déj : une barre sans odeur ni saveur. « Barres sustensives pour adultes. Protéines complètes et supplément vitaminique. Goût neutre. Suffisant à la survie humaine. Fabriquées en France »



Voilà, j’entre dans le vif du sujet, d’autant que la radio annonce, dans le livre, qu’une certaine Reine Claude « une souteneuse célèbre pour avoir dirigé pendant près de vingt ans un réseau de cuisine clandestine ». Les forces de l’ordre ont retrouvé « Des ustensiles, des vivres et de nombreuses photographies … ainsi qu’une collection très importante de recettes dactylographiées ou manuscrites ». Oh, mon dieu, mon dieu, quelle histoire.



Cette histoire va déclencher, chez Lætitia un souvenir d’enfance, le goût des mûres « Elle se rappelait avec violence l’acidité douce des mûres, leur goût, la piqûre du sucre sur la langue, les grains rocailleux qui crissaient sous la cent, la nouveauté absolue de ces sensations et l’envie qu’elles durent toujours ». Ce méfait là lui avait valu la colère de ses parents.



L’envie est toujours présente, confirmée lorsqu’elle achète une pomme et la mange crue et elle a aimé même si elle se sent coupable… Un petit plaisir solitaire coupable !!!



Un soir, Bertrand lui fait une surprise de roi, pense t-il, des morceaux de saumon achetés en contrebande. La surprise a fait flop « J’aurais plutôt imaginé autre chose, pour manger ensemble, peut-être en cuisinant et peut-être avec des ingrédients plus… moins… enfin avec des légumes ou des fruits par exemple ? ». Oui le plaisir des préliminaires, cuisiner à deux… Mais, bon, il ne comprend pas et va jusqu’à ouvrir de force la bouche de sa femme. « Son pouce passa sur sa bouche, puis insista sur son menton. Il voulait ouvrir la bouche de Lætitia. Elle résista . Il dit Ouvre. Elle fit non de la tête. Il répété : Ouvre. Elle ouvrit la bouche. Il poussa un râle ». Il l’a dominée.



Enfin, elle saute le pas et s’inscrit à une cours de cuisine et là…. La découverte du plaisir de cuisiner, du plaisir du défendu et puis, c’est si bon. Ce plaisir, elle le partage avec les autres cuisiniers et Laurent, son collègue de travail qui a sauté le pas depuis longtemps. Son premier plat ? Une ratatouille « Elle faucha du bout de sa fourchette un morceau d’aubergine gris sombre, mou et luisant, et un petit cube de courgette brunie. D’une main tremblante, le yeux rivés sur ses légumes d’où montait en dansant une fumée transparente, elle les porta à sa bouche »



Jeffe Jenny, la cuisinière a une théorie qui me rappelle quelque chose, et vous ? « La domination des hommes dans le dans le système patriarcal, était enracinée dans leur jalousie, dans leur terreur à l’égard de la capacité des femmes à nourrir le genre humain. »



Un des participants, Barbe Mousse, leur parle de ses applications où l’on pouvait trouver des photos suggestives telle « une main indolemment posée sur un manche de casserole, une fourchette à la bouche, une serviette au coin des lèvre ». Même trouver quelqu’un avec qui bouffer en moins de dix minutes, des fois tarifé, des fois non.



Le même Barbe Rousse l’invite à déguster quelque chose chez lui. Confiante, elle y va et… Elle se fait gaver sans son consentement. Il l’a prise par surprise, ceinturée et contrainte, un viol alimentaire « Purée, quel pied, dit-il sans relâcher Lætitia. Qu’est-ce que tu es bonne, tu sais. Je te ferais bouffer des montagnes de piment, si c’était plus facile à trouver ». Oui, elle a été imprudente, et elle s’est fait gaver. Bertrand veut qu’elle porte plainte contre ses « fils de cuisinière », mais « tu es sûre que tu ne leur avais pas montré tes dents, même sans faire exprès, en les croisant ? »



Dans ce livre, la baise quasi obligatoire est insipide et le vocabulaire en est plat alors que, lorsque l’autrice parle de cuisine, de goût, il y a de la jouissance, des couleurs, des odeurs, du plaisir.



Juliette Oury renverse les rôles. Ici, la censure est culinaire. Tu peux montrer tes fesses, mais pas tes dents. Ce faisant, elle dénonce les tabous qui sont les nôtres quant à la sexualité. Elle parle également du désir, comment s’affranchir de certains tabous et profiter, découvrir son plaisir.



Un premier livre époustouflant, truculent et curieux. Juliette Oury, ne vous mettez pas la pression, prenez le temps et du plaisir pour votre second livre, je saurai attendre.



Coup de coeur
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Dès que sa bouche fut pleine

Dès sa sortie en août 2023, ce roman m'a interpellée. de par sa couverture jaune flasy, cette Vénus de Botticelli tenant une pomme d'amour, ce titre évocateur et provocateur. Comment ne pas être apostrophé au premier coup d'oeil ? Mais au second coup d'oeil, en prenant le temps de lire la quatrième de couverture, ma curiosité est piquée au vif. Ce premier roman de Juliette Oury promet d'être un grand moment de... n'importe quoi !



Dans un monde parallèle, l'alimentation et la sexualité ont échangé leurs places au sein de la société. S'il est bien vu d'avoir des relations sexuelles avec tout le monde, ses collègues de bureau, ses amis, ses voisins et d'en parler librement, il est beaucoup plus délicat de parler de nourriture ou pire, de s'alimenter, qui est devenu le tabou ultime ! Un postulat intéressant et inédit que nous propose l'autrice qui développe son propos au travers de la protagoniste, Laetitia, dont l'appétit grandit à mesure qu'elle découvre les voluptés de la nourriture et de la cuisine.



Cette dernière est en couple avec Bertrand. Ils ont leurs petites habitudes niveau sexe. Tous les matins, la même rengaine, pour commencer la journée en forme. C'est même primordial. Ils baisent avec leurs potes régulièrement. Elle profite de la pause au bureau pour se taper son collègue. Mais voilà, Laetitia se fait royalement chier. Elle ne supporte plus cette routine, même si elle tient toujours à Bertrand. Elle a des fantasmes qu'elle n'ose lui avouer : elle voudrait cuisiner avec lui, manger autre chose que ces barres protéinées sans saveur. Alors elle va s'aventurer dans un lieu qu'elle n'aurait jamais imaginé fréquenter pour assouvir sa curiosité : un cours de cuisine avec une mystérieuse cheffe contactée sur internet.



Dès que sa bouche fut pleine, c'est un peu un pied de nez au tabou qui pèse encore sur la sexualité dans notre société, alors que la bouffe est omniprésente à travers la publicité. Quand on parle même de foodporn, tant la nourriture-plaisir est imprégnée au coeur de nos habitudes, c'en est étonnant que parler de sexe mette les gens si mal à l'aise. Alors, renverser les rôles entre nourriture et sexe, c'est un pari risqué et audacieux ! Même si je m'attendais un peu à autre chose, surtout en ce qui concerne la conclusion du roman, j'ai passé un bon moment et j'ai trouvé cela culotté de briser les tabous autour de la sexualité en proposant une inversion aussi radicale ! J'espère que Juliette Oury a encore de belles idées comme celle-ci à nous proposer dans de futurs romans :
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Dès que sa bouche fut pleine

L’inversion des représentations de la nourriture et du sexe dans notre société est au départ très déroutante mais au fur et à mesure les scènes de sexe sont vraiment ancrées comme étant banales et manger devient secret et sensuel. J’ai adoré le style d’écriture de l’auteur
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Dès que sa bouche fut pleine

Pour son premier roman, la jeune autrice Juliette Oury frappe fort avec un concept malin et audacieux : imaginer une société dans laquelle la place de la sexualité et celle de l’alimentation sont interverties. C’est-à-dire un univers où l’on passe « en banquette » avec ses proches ou ses moins proches, où les supermarchés débordent de rayons de sextoys, lubrifiants et autres accessoires érotiques, où les recommandations sanitaires préconisent de baiser trois fois par jour et de ne surtout pas manquer les ébats du matin pour bien commencer sa journée. À l’inverse, se nourrir est un acte secret, et si l’on admet sa nécessité vitale, il s’agit de grignoter des barres sustentives sans goût et d’éviter d’y prendre du plaisir.



Corollaire de cette rareté de la dégustation de mets, chaque découverte d’un aliment par Laetitia, la protagoniste du point de vue duquel tout le récit est narré, constitue l’occasion d’une description gustative pointue. Rares sont les textes qui ont autant fait la part belle au sens du goût. Car si l’on est habitué(e) à lire des descriptions évoquant les formes, les couleurs, éventuellement les textures et parfois quelques sons, il est rare qu’un texte s’intéresse d’aussi près à ce qui se passe sous notre palais, au-delà de quelques adjectifs convenus. On peut saluer le travail de précision, de choix du vocabulaire et d’un style à la fois concret et imagé qui vient nous faire ressentir au plus juste les sensations de son personnage. Une vraie expérience littéraire autant qu’une expérience de pensée, celle de s’imaginer redécouvrir chaque saveur, déguster réellement chaque aliment, interroger les impressions que ceux-ci produisent sur notre corps.



Au-delà de son aspect très sensoriel, le texte ne manque pas d’un certain humour parfois ironique dans la description de cette société à la fois si semblable à la nôtre et si différente. Certaines inversions peuvent évidemment prêter à sourire, de même que le choix d’évoquer parmi les plats cuisinés la ratatouille, qui fait forcément penser au titre du film d’animation sur le milieu culinaire. Il ne faut pas croire pour autant que le récit est simplement un amusant exercice de style qui consiste à transformer les expressions du quotidien et à imaginer les situations cocasses ou gênantes suscitées par le concept de base.



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Dès que sa bouche fut pleine

Je peux vous dire que j'ai dévoré ce roman, même si après l'avoir lu, je ne sais pas si je fais bien d'utiliser le thème "dévoré" car je pourrais passer pour une dépravé.

Imaginez une société où le rapport à la nourriture et au sexe sont inversés. Manger est tabou. Ça ne se fait qu'en privé et avec son mari! Mais pour les rapports sexuels, là, c'est complètement normal d'en avoir très souvent avec tous les gens avec mon côtoie .. vive la pause café!

Ce roman ne tombe pas dans la vulgarité. On n'y lit rien de choquant. Mais ça interpelle et nous renvoie l'image que la société n'est faite que de normes pour lesquelles il est toujours mal vu de s'affranchir.

L'autrice s'amuse à jouer avec les expressions qu'elle adapte à son univers.

Ce roman, c'est aussi, la découverte de soi par l'héroïne qui se cherche dans ce cadre de vie si rigide et jugeant.
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Dès que sa bouche fut pleine

Lorsqu'on lit la quatrième de couverture, on a immédiatement envie de lire ce livre pour ce qu'il peut convoquer, à savoir de la drôlerie, la découverte d'un monde complètement refondé et une émancipation tendre et curieuse.



Dés les premières pages, Juliette Oury dépose goutte à goutte les pierres à son édifice civilisationnel basé sur la baise au petit-déjeuner et les caresses entre collègues à la pause "café" /!\. Cette représentation radicale, qui fait écho à certaines de nos réalités actuelles, offre de prime abord un contraste provocateur. Toutefois, l'exécution manque parfois de subtilité. D'emblée cela perturbe, cela étonne et on a plus envie de connaitre l'environnement qui entoure les personnages que les aventures du personnage principal, Laetitia.



La trame narrative se concentre sur elle, lassée de sa routine fade, qui se lance dans une quête de la jouissance interdite. Malheureusement, l'histoire s’essouffle rapidement, en partie à cause des descriptions redondantes. Celle-ci s'ennuie, elle ne fait que baiser avec son mari, Bertrand, narcissique et insupportable au plus haut point et qui a une ascendance incroyable sur elle, et cherche à cacher ses pulsions culinaires qui ne font que s'intensifier. L'idée est en soi intéressante : un monde où manger est un acte honteux, et le sexe, banalisé à outrance. Toutefois, la mise en scène semble trop appuyée, presque caricaturale, ce qui limite la profondeur du choc espéré. Ce que cherche à mon sens à dénoncer Oury dans cette transposition, c'est bien sûr le tabou de notre société à discuter et affirmer la place du sex et du désir dans nos rapports inter-personnels, mais à mon sens elle touche son sujet comme un orteil dans de l'eau tiède.



Là où le roman aurait pu brillamment se distinguer, c'est dans l'exploration de la notion de plaisir. Entre l'érosion du désir dans un monde hypersexualisé et le tabou autour des plaisirs gustatifs, il y avait matière à une riche introspection. Mais cette opportunité est, en grande partie, manquée.

Les personnages trop peu caractérisés semblent être autant spectateurs que le lecteur dans cette dystopie qui manque cruellement d'épices. En revanche, la scène du piment sur la fin du récit réussit un peu à sauver l'ensemble.



En bref, une promesse décevante et qui débande rapidement.
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Où se situe le château du baron au début de l'histoire ?

En Normandie
En Angleterre
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Thème : Candide de VoltaireCréer un quiz sur cet auteur

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