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Citations de Justine Augier (135)


Au centre de L’Espèce humaine, la volonté de parler et d’être entendu, la volonté d’explorer et de connaître, débouche sur cette confiance illimitée dans le langage et dans l’écriture qui fonde toute littérature.
(Robert Antelme)
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J’accordais alors beaucoup d’importance aux livres comme objets, les traitais avec respect quand ma mère les cornait et n’en prenait aucun soin. J’ai ce souvenir : nous sommes dans un avion, je dois avoir une douzaine d’années, ma mère a emporté avec elle l’un de ces gros romans policiers de Patricia Cornwell dont j’ai commencé à lire quelques pages alors qu’elle l’avait posé un instant. Quand elle le récupère, sans rien dire, sourire en coin, bien consciente de mon air ébahi mais n’en montrant rien, elle arrache le premier chapitre pour que je puisse continuer de lire et nous poursuivons ainsi, lisant côte à côte le même livre qu’elle déchire peu à peu.
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Quand l'orientaliste allemande lui demande s'il ira le lendemain à la conférence sur les traités dans l'islam qui doit se traiter au Wiko, il se met bien à l'aise sur sa chaise pour expliquer qu'il est rarement impressionné par ces occidentaux qui font de la recherche sur l'islam......Il essaie de m'expliquer, de s'expliquer qu'il ne supporte pas cette façon de figer le monde arabe dans l'époque du Prophète, qu'il y voit une façon de nier aux Arabes un droit à l'histoire, qu'il ne supporte pas l'idée que parce qu'il vient du Moyen-Orient il devrait s'intéresser à tout ce qui touche à l'Islam.
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Il a voulu écrire sur la Syrie parce qu'il y avait un manque de connaissances terrible, humiliant même. Il s'agissait d'en finir avec une approche purement géopolitique ( les présidents, les capitales), avec les concepts forgés par les Occidentaux ( le monde arabe, le tiers-monde, le Moyen-Orient), d'en finir avec le prisme culturaliste (le sunnisme, le chiisme, la mentalité arabe, l'islam) , d'en finir avec une Syrie dépeuplée et de parvenir à représenter le pays comme objet de réflexion dans sa singularité, de l'appréhender comme on appréhende toutes les autres sociétés de la planète.
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Au début d’un article sur Yahya, Razan met son lecteur en garde, admet que cette histoire de révolutionnaires qui offrent des roses aux soldats peut sembler d’un idéalisme forcené et candide. Mais le geste est partout repris et imité, partout commenté, sans ironie ni commisération. Le régime ne supporte pas ce geste, ne supporte pas ces jeunes hommes qui avancent vers les forces de l’ordre, désarmés, torse exposé, tentant de capter le regard des soldats d’Al-Assad qu’ils considèrent comme des victimes –ils expriment leur empathie à l’égard de ces jeunes des classes populaires qui n’ont pas vingt ans, font leur service, gagnent une misère, vivent sous le regard inquisiteur des officiers et loin de leurs familles depuis des mois parce qu’il vaut mieux déraciner les soldats quand on veut qu’ils puissent tirer sur la foule, qu’ils n’aient pas besoin de s’en prendre au fils du voisin.
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L’État islamique est né de la violence déployée en Syrie, en Irak, et avant cela en Afghanistan, mais aussi du langage que l’on a épuisé et qui finit par tourner à vide. Face aux mots qui n’accrochent plus, on pourrait faire le choix de s’en remettre à un autre langage, plus incarné, et pourquoi pas même à une parole révélée.
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Yassin me fait remarquer que les deux parlent maintenant arabe "comme des libanais", ne peuvent s'empêcher de ponctuer leurs phrases de mots anglais.
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......on raconte que Sarkozy aurait dit du jeune président : On peut lui faire confiance, vous avez vu sa montre et sa femme ?
( le jeune président est Bashar al-Assad )
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C’est dans cette place laissée en soi à l’autre que naît la possibilité d’une conversation intérieure, ressort même de la pensée selon Arendt qui évoque la banalité du mal dans ses textes sur le procès d’Eichmann, comme une inaptitude à penser qui relève d’un manque d’imagination, une inaptitude à entretenir un dialogue entre soi et soi, une façon de faire tourner sa conscience dans un espace clos, sans jamais plus la confronter à l’autre.
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Lorsqu’en Orient naît la lune,
Les blanches terrasses s’assoupissent
Dans des amas de fleurs,
Les gens abandonnent leurs échoppes
Et vont ensemble
À la rencontre de la lune,

Nizar Qabbani
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Il a fallu encore cinquante ans après cette double adoption [celle de la Convention ONU pour la prévention et la répression du crime de génocide et celle de la Déclaration universelle des droits de l'homme] pour que soit créée la Cour pénale internationale. La même année, en 1998, Pinochet a été arrêté à Londres suite à un mandat d'arrêt émis par un juge espagnol pour génocide, terrorisme et torture. Un autre recours se mettait en place comme si, déjà, on commençait à douter du système qu'on avait mis des décennies à construire. Ce recours permettrait de contourner les inerties de l'institution internationale en se tournant vers les juridictions nationales, en faisant appel au principe de compétence universelle.
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La répression à Deraa trouve son incarnation en avril, quand Hamza al-Khatib est arrêté pendant une manifestation. Hamza a treize ans et il est accusé par les forces de l'ordre d'être un terroriste (on lui aurait reproché d'avoir essayé de violer les femmes de plusieurs soldats). Deux photos de Hamza ont été vues partout en Syrie. La première est une photo scolaire.

Sur la seconde on découvre le corps de Hamza tel qu'il a été rendu à ses parents. Ce que l'on voit et ce que l'on sait se mêle : visage noir d'ecchymoses, brûlures aux pieds, coudes, genoux et visage - probablement causés par coups de fouet et décharges électriques - poitrine percée de deux impacts de balles, cou brisé, ongles bleus, sexe tranché. De cette image, Riyad al-Turck avoue qu'elle l'a fait pleurer et il ajoute : c'est la pire chose que j'aie jamais vue.

(Riyad al-Turck, figure mythique de l'opposition, a connu la torture et l'isolement pendant 18 ans ).
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Les textes que ma mère m'a fait découvrir émergent à présent les uns à côté des autres, dessinent une carte que j'ai longtemps été incapable de déchiffrer, et d'ici je vois enfin combien ils ont été décisifs, et comme ils sont beaux ensemble. Ceux qu'elle m'a fait découvrir,ceux que j'ai lus pour m'éloigner, ceux dans lesquels je l'ai retrouvée, ceux que j'ai lus pour tenir en son absence : ils composent la carte d'un lieu où la relation persiste et se réinvente.

( p.124)
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Elle se sentait assez isolée, n’arrivait pas à s’adapter. Je crois qu’elle était très affectée par ce qui arrivait aux prisonniers politiques, par la brutalité du régime et l’injustice. À tel point qu’elle ne parvenait pas à mener une vie normale. Elle sortait très peu. Je crois qu’il lui était impossible de vivre sa vie comme si tout cela n’avait pas lieu.
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L'écrivain, "garant du sens" comme l'écrit Canetti, se doit de réarmer la langue, de travailler les charnières, entre les mots ,entre les phrases et le réel, en se délestant des clichés et des mots gelés, en s'interrogeant sur le sens et les enjeux de " chaque " mot prononcé, en tendant du moins vers cet idéal, pour renouer avec une langue agile et opérante. (...)

C'est en cet endroit que Claude Simon envisage le pouvoir de la littérature, ténu et immense: "Concevoir un engagement de l'écriture, qui, chaque fois qu'elle change un tant soit peu le rapport que par son langage l'homme entretient avec le monde, contribue dans sa modeste mesure à changer
celui-ci"

( p.107"
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Il y a Gary mais aussi Beauvoir, Vian, Malraux et Camus, figures d'une génération qui font le lien avec une époque qui commence à se dessiner, floue encore, une époque vouée à imprégner mon enfance. Je les lis, les idolâtre, m'intéresse à leurs vies, aime découvrir les glissements d'un livre à l'autre, voir l'œuvre se métamorphoser. J'éprouve une joie bruyante et adolescente quand paraît " Le Premier Homme" plus de trente ans après la mort de Camus,m'enthousiasme pour cette histoire de manuscrit surgi d'outre-tombe.

( p.39)
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Moi je sais qu'il n'y a d'amour vrai que pour celui qui est Étranger. Quand vous aurez coupé les cordons ombilicaux qui vous relient entre vous, vous deviendrez enfin des hommes et la vie parmi vous aura un sens.

Ethel Adnan

( p.55)
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C'est aussi à Vienne que j'ai pris la décision d'écrire mon premier livre et ce désir a puisé dans cette attention aux disparus, à leur absence essentielle et à la façon dont cette absence habitait la pensée et la langue.
Après avoir quitté Vienne j'ai passé huit ans au Moyen-Orient, à Jérusalem d'abord, puis à Beyrouth. Ce déplacement forme une autre face de mon appréhension du monde. (p. 64)
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Ces mots d’Edward Saïd reviennent : L’exilé consacre la majeure partie de sa vie à compenser une perte qui l’a désorienté en se créant un nouvel univers à maîtriser. Il n’est guère étonnant que l’on compte, parmi les exilés, de si nombreux romanciers , joueurs d’échecs, militants politiques et intellectuels.
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La chaise allemande, le pneu, le tapis volant, le fantôme : on dirait des noms de jeux d’enfants mais ce sont quelques-unes des techniques favorites des mukhabarat syriens. Après la Seconde Guerre mondiale, Alois Brunner, officier SS ayant travaillé avec Eichmann, a trouvé refuge à Damas où il a fait carrière auprès des services secrets. Il y a enseigné des méthodes de torture pratiquées par la Gestapo aux jeunes membres des renseignements, avides de découvertes.
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