En partenariat avec l'association Pour l'amour des livres et le salon des auteurs indépendants et nouvelles plumes, découvrez le recueil exclusif de 12 auteurs (indépendants et édités). Édition limitée.
Ethel ! Sois le bienvenu !
Toute petite et rondouillarde, les joues rosies par la bonne humeur,
Rosalie Rosenberg se hisse sur la pointe de ses pieds pour lui claquer la bise
en le prenant dans ses bras. On est à mille lieues de sa première rencontre
avec Karl, qui avait grommelé un salut à peine audible sans même lui serrer
la main. Elle, elle sent la bouffe, la bonne bouffe, celle qui mijote pendant
des heures et vous colle la nostalgie des petits plats de votre mère.
Le brasier du feu de camp lui lèche le visage. Il perçoit derrière ses paupières closes des ondulations. Ses oreilles captent le craquement des branches dans le feu, le frôlement des pas sur l’herbe humide, les rires étouffés de jeunes filles. Il renonce un instant à ouvrir les yeux.
Ça recommence. C’est un rêve, il le sait rien qu’à l’odeur caractéristique qui effleure ses narines, un mélange suave et terreux, qu’il a attribué à Tara dès leur première rencontre onirique. Mais que va-t-il advenir s’il ouvre les yeux ? La dernière fois qu’il a fantasmé sur elle, sa montre s’est retrouvée à côté de son cadavre. On retrouvera quoi, demain, s’il cède à ses avances chimériques ? Il ne doit pas ouvrir les yeux, même si la demoiselle est terriblement excitante, et que son odeur commence à s’insinuer dans son esprit pour le torturer. Elle n’est qu’un cadavre ! Un cadavre en attente de réponse.
Le brasier du feu de camp lui lèche le visage. Il perçoit derrière ses paupières closes des ondulations. Ses oreilles captent le craquement des branches dans le feu, le frôlement des pas sur l’herbe humide, les rires étouffés de jeunes filles. Il renonce un instant à ouvrir les yeux.
Ça recommence. C’est un rêve (...)
Des siècles durant, la culture dominante a persécuté tous ceux qui ont osé être différents : guérisseurs, sages-femmes, femmes indépendantes ou simplement érudites. Les femmes avec un fort caractère ou une sexualité considéré comme libérée ont été prises pour des sorcières, jugées, condamnées et tuées comme telles.
On retrouvera quoi, demain, s’il cède à ses avances chimériques ? Il ne doit pas ouvrir les yeux, même si la demoiselle est terriblement excitante, et que son odeur commence à s’insinuer dans son esprit pour le torturer. Elle n’est qu’un cadavre ! Un cadavre en attente de réponse.
– Quel rapport avec les sorcières ?
Christabella a un petit gloussement sarcastique.
– Tu ne vois pas ? Vraiment ?
– C’est une image. La sorcière représente la femme qui dénonce les persécutions, qui se bat contre la vision d’une femme soumise.
On est seuls au milieu de vingt mille hectares de forêt avec une seule bagnole de patrouille. Il fait moins vingt l’hiver, trente l’été, à part ça, tout va bien. L’aide, on l’a demandée plus d’une fois. Ma dernière tentative, c’est quand la mine a fermé. Deux semaines d’émeutes, cinq morts et des dizaines de blessés. Et qu’est-ce qu’on a eu ? Un adjoint du procureur qui a fait un rapport et est reparti dans la journée.
Chaque fois qu’elle se baisse pour ranger un dossier, Charlie a l’impression que ses seins vont se faire la malle hors de son tee-shirt. Ça pourrait être une vision agréable, sauf qu’elle en profiterait pour lui foutre un procès au cul juste pour avoir osé mater ce qu’elle expose aussi outrageusement à ses yeux innocents.
« La sorcière représente la femme qui dénonce les persécutions, qui se bat contre la vision d’une femme soumise. »
J'avais peur désormais. Peur de ce qui allait se passer la prochaine fois que j'ouvrirai la porte de sa chambre. Me reconnaitrait-elle ?
L'oreille collée au bois, le cœur battant et débordant d'appréhension, j'écoutais sa respiration rauque et sifflante, entrecoupée de petits râles plaintifs et de gémissements aigus qui n'avaient plus rien d'humain.
Avant que la maladie ne dégénère et que je ne sois obligé de l'attacher au lit, je la trouvais souvent rampant dans la chambre à la manière de cette monstrueuse araignée sculptée par Louise Bourgeois. Ses bras et ses jambes faméliques déformés par les tremblement, s'agitant de manière désordonnée pour parvenir jusqu'à moi.
[Katia Campagne - Kuru - prologue]