Hitler a tué les lecteurs et Staline les écrivains, ainsi mon père résumait-il la disparition du yiddish.
Etre un vrai Soviétique signifie se défaire de ses facultés sensitives.
Une plaisanterie importe davantage qu'une vraie réponse, la parole a plus de valeur que le résultat. Mieux vaut être un clown que d'accepter les règles que l'on ne respecte pas. La plaisanterie, arme de impuissants.
(…) le passé vit comme il veut, seulement il n'arrive pas à mourir.
[…] la loi de la guerre était plus forte que n'importe quelle croyance.
[…] il n'y avait plus d'avant, et le souvenir restait la seule preuve du passé.
"Lorsque Lida, la soeur aînée de ma mère, est morte, j'ai compris ce que signifiait le mot Histoire. Mon désir de savoir était mûr, j'étais prête à faire face aux moulins à vent du souvenir, et puis elle est morte. Je suis restée le souffle coupé, prête à questionner ; si ç'avait été une bande dessinée, ma bulle aurait été vide. L'Histoire, c'est quand il n'y a soudain plus personne à questionner, seulement des sources. Je n'avais plus personne à interroger qui pouvait encore se rappeler cette époque. Il me restait des bribes de souvenirs, des notes douteuses et des documents dans de lointaines archives. Au lieu de poser les questions à temps, j'avais avalé le mot Histoire de travers. Etais-je devenue adulte parce que Lida était morte ? Je me sentais livrée à l'Histoire".