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Citations de Katja Petrowskaja (27)


On écrit comme on respire, j'ai toujours voulu réconcilier la désolation et la consolation, dans l'espoir que cette réconciliation m'offre une gorgée de brise marine.
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Il est 11h51 lorsque je téléphone à Mauthausen, autrefois un camp de concentration, aujourd'hui un site commémoratif. Pendant longtemps, personne ne décroche. Ça sonne sans fin dans le lointain. J'ai l'impression d'appeler dans le passé et qu'il n'y a personne.
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Hitler a tué les lecteurs et Staline les écrivains, ainsi mon père résumait -t-il la disparition du yiddish.
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Je ne m'étais jamais rendu compte que ma tante avait en soi quelque chose de juif, elle n'en n'avait aucun trait si ce n'est qu'elle cuisinait ces plats dont la signification m'est apparue qu'après sa mort, et j'ai compris que c'était précisément elle, qui ne voulait rien avoir à faire avec toute cette douleur - penser à des tombes dès qu'on dit le mot juif - et qui ne pouvait pas être juive parce qu'elle était encore en vie, que c'était précisément elle qui avait appris et hérité de ses grands -parents encore juifs toutes ces choses juteuses et savoureuses que sa propre mère ne connaissait plus. Le poisson farci, le strudel et le vorschmack faisaient partie de la cuisine ukrainienne de Lida.
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Je revendiquais mon appartenance à l'empire soviétique, avec la conscience de ses conquêtes, tout en marchant au pas avec la souffrance que nous avions infligée à d'autres.
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Les histoires des Krzewin ne formaient pas une ligne droite, elles tournaient en rond, se rompaient comme les dentelles de Kalisz, je ne voyais pas d'ornement, juste des petits lambeaux, des enfants illégitimes, des noms inouïs, des fils perdu, des détails superflus. […]
Pendant la guerre, alors qu'il n'y avait plus de Juifs à Kalisz, on avait retiré du cimetière les matzevahs, ces pierres tombales juives, on les avait sciées en carrés et posées dans la rue, le dos tourné vers le haut, de sorte qu'on ne voie pas les lettres hébraïques quand on marchait dessus. C'était un système d'extermination à sécurité multiple.
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Lorsque l'Ukraine est devenue indépendante, il y a vingt ans, chaque groupe de victimes a peu à peu obtenu son mémorial (…). Dix monuments, mais pas de mémoire commune, la sélection se poursuit jusque dans la commémoration.
Ce qui me manque, c'est le terme "être humain". A qui appartiennent ces victimes ? Sont-elles les orphelins de notre mémoire ratée ? Ou sont-elles toutes les nôtres ?
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Nous étions heureux, et tout en moi s'opposait à la phrase que nous avait transmise Léon Tolstoï, selon laquelle toutes les familles heureuses se ressemblent tandis que chaque famille malheureuse l'est à sa façon, une phrase qui nous attirait dans un guet-apens en réveillant notre penchant pour le malheur, comme si seul le malheur méritait qu'on en parle et que le bonheur fût vide.
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Il est interdit d'être fait prisonnier, et si ça arrive il est interdit de survivre. C'était l'une des apories soviétiques inexprimées. Celui qui survit est un traître, et la mort vaut mieux que la trahison.
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On dit juif, mais on ne sait pas de quoi est rempli ce mot.
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[…] la fenêtre scellée de sa petite enfance ne se serait jamais ouverte à nous et je n'aurais jamais pu comprendre que ma babouchka venait d'un Varsovie qui n'existe plus, que nous sommes de là-bas, que je le veuille ou non, de ce monde perdu […].
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Kiev, la plus ancienne ville russe, où les Juifs aussi vivaient depuis mille ans, fut débarrassée de tous ses Juifs. Oui, on a l'habitude de nommer ces victimes des Juifs, mais pour beaucoup ce sont juste les autres. C'est trompeur, car ceux qui ont dû mourir à Babi Yar n'étaient pas les autres, mais les camarades de classe, les enfants de l'arrière-cour, les voisins, les grands-mères et les oncles, les vieillards bibliques et leurs petits-enfants soviétiques, qu'en ce jour du 29 septembre on a vu longer la Bolchaïa Jitomirskaïa de Kiev dans le cortège infini de leur propre enterrement.
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L'Histoire, c'est quand il n'y a soudain plus personne à questionner, seulement des sources.
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Dix jours après l'invasion de Kiev par les Allemands, fin septembre 1941, la totalité de la population juive restante a été tuée ici, à Babi Yar , au vu et au su des autres habitants et avec l'aide de la police ukrainienne .Kiev, la plus ancienne ville russe, où les Juifs aussi vivaient depuis mille ans, fut débarrassée de tous ses Juifs.
Oui, on a l'habitude de nommer ces victimes des Juifs, mais pour beaucoup ce sont juste les autres.
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[…] si tant est que l'on puisse qualifier de but le besoin de chercher ce qui a disparu, […].
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Qui n'est pas pour nous est contre nous, quoique l'Etat ne nous ait pas expliqué que c'était de sa faute si les soldats n'avaient pas été approvisionnés en munitions, s'ils combattaient avec des techniques archaïques et si c'étaient nos grands stratèges qui avaient autorisé l'encerclement de leur armée millionnaire.
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Un endroit reste-t-il le même quand on y assassine, puis qu'on y enterre, dynamite, creuse, brûle, broie, éparpille, qu'on s'y tait, qu'on y plante, ment, dépose les ordures, inonde, bétonne, qu'on s'y tait à nouveau, qu'on interdit l'accès, arrête les endeuillés, érige plus tard dix monuments, commémore ses propres victimes une fois par an, ou pense qu'on n'a rien à voir avec ça ?
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J'avais parfois le sentiment de me déplacer parmi les déchets de l'Histoire. Non seulement ma quête mais aussi ma vie devenaient peu à peu absurdes. Je voulais rappeler beaucoup trop de morts à la vie, sans avoir élaboré de stratégie. Je lisais des livres fortuits, je voyageais dans des villes fortuites en faisant des mouvements inutiles, et même faux.
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"Cette nuit là je n'ai pas pu dormir, j'ai rêvé du sauna, du ghetto, de corps nus, tordus dans la mort ou dans la jouissance, j'ai rêvé d'être autre, hommes et femmes mélangés, j'avais de la fièvre, j'ai raconté à katarzyna que je m'appelais comme aussi katerina, je tremblais, je pourrais aussi être polonaise, lui ai-je dit, la double vie, comme il fait froid ici, je ne suis pas obligée de jouer, je pourrais être chacune, mais il ne vaut mieux pas, je ne le ferais jamais, non, plutôt ne rien faire, je me suis aussi cachée parmi les autres, ou non, plutôt exhibée, regarde, quel show, je n'ai pas dit shoah, tu as dit shoah, toi ou moi, l'une ou l'autre, je ne sais pas si j'ai jamais été parmi les miens ni qui ils sont, les miens, toutes ces ruines autour de nous et en tous, et les changements de langue que j'effectue pour habiter les deux parties, pour éprouver à la fois moi et pas moi, quelle ambition, je suis différente, mais je ne me cache pas, chaude, et sinon je suis farouche, chaude, quel show, shoah, froide, à nouveau toute froide, mais je peux faire semblant, et moi et moi et moi, quel mot étrange ce moi, comme toi, comme toit, comme si moi j'appartenais à quelqu'un, à une famille, à une langue, mon sexe collé, en allemand la langue est féminine et en russe elle est masculine, qu'est-ce que j'ai fait de ce changement ? je peux me coller ce truc, comme toi, katarzyna, je peux monter sur la table et le montrer, regardez tous, je l'ai, en bas, ô mon allemand ! je transpire avec ma langue allemande collée sur la lange."
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À partir de quel chiffre disparaît l'être humain ?
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