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Citations de Kawai Strong Washburn (46)


Si un dieu est une chose qui exerce sur nous un pouvoir absolu, alors il en existe une multitude en ce monde. Il y a les dieux que nous choisissons et ceux qui s'imposent à nous ; il y a les dieux que nous vénérons et les dieux venimeux ; il y a des rêves qui deviennent des dieux, des passés qui deviennent des dieux et des cauchemars également. Plus je vieillis, plus j'apprends qu'il existe trop de dieux pour pouvoir jamais les connaître tous, et pourtant il me faut tous les garder à l’œil, sous peine qu'ils se servent de moi ou que je les perde sans même m'en rendre compte.
(p. 204)
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A la fac, j'ai eu un cours de philo où le prof nous a parlé de la force. Il nous a dit que les gens croient que la force c'est pareil que la puissance, mais en réalité la force c'est ce qu'on utilise quand on manque de puissance. Je pense à Noa et à moi et je me dis, Toute ma vie j'ai utilisé la force. Quelle leçon est-ce que je peux en tirer ?
(p. 237)
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Mais de toute façon, à ce moment-là, Noa était déjà loin, en tout cas il avait l'air loin quand il parlait. Dans l'océan avec les requins, en train de danser tout seul sur l'eau. Je le voyais au milieu des vagues, avec les marées et les dieux qui le tiraient d'un côté et de l'autre. Mais j'avais envie de lui dire, Moi aussi je suis dans l'eau. Et y a plein de gens qui te regardent. Tandis que personne ne s'occupe de vérifier que moi je ne coule pas. (p. 163-164)
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Ton père a soufflé un grand coup et dit, "Putain de bordel de nom de Dieu de merde."
Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas parlé de Dieu.
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Combien de temps ai-je été assez stupide pour croire que nous étions indestructibles ? Mais c'est bien ce qui est ennuyeux avec le présent, il n'est jamais la chose qu'on tient dans la main, seulement celle qu'on observe, plus tard, depuis une distance si grande que le souvenir pourrait bien être une flaque d'étoiles aperçue derrière une vitre au crépuscule.
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La mort ressemblait exactement à l'image que je m'en étais faite, silence, vide et obscurité, et depuis cet endroit j'avais attiré l'éclair de la vie.
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Malgré toutes les nuits d’insomnie où vous nous assommiez avec vos braillements affamés, malgré tous les trajets en voiture où vous n’arrêtiez pas de hurler, malgré les écorchures, les coupures et les après-midi de larmes au centre commercial, les nuits de fièvre pendant lesquelles je vous serrais contre ma poitrine et sentais les ailes de papillon de vos poumons qui luttaient contre la maladie, les taches de merde sur les draps à Noël et le poignet cassé le soir où nous avions réservé au restaurant pour notre anniversaire de mariage… malgré tout ça, il y avait toujours sous la surface une forme de perfection inouïe.
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Si on court assez fort et assez longtemps tout ce qu'il y a en nous est réduit au silence par le torrent de sang et d'oxygène qui bouillonne dans notre organisme, et ça s'éclaire dans notre tête.
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Les coups de fils se changent en jeux et personne ne sait comment on gagne mais tout le monde sait comment on perd.
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A ce moment-là, Noa était déjà loin, en tout cas il avait l’air loin quand il parlait. Dans l’océan avec les requins, en train de danser tout seul sur l’eau. Je le voyais au milieu des vagues, avec les marées et les dieux qui le tiraient d’un côté et de l’autre. Mais j’avais envie de lui dire, moi aussi je suis dans l’eau. Et il y a plein de gens qui te regardent. Tandis que personne ne s’occupe de vérifier que moi je ne coule pas.
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On ne ressemblait plus à Dean et Noa du temps de Big Island, avant les requins : je me souvenais de Hapuna Beach, quand on courait à l’eau sans faire attention aux panneaux baignade interdite, et les vagues se brisaient contre nos genoux, puis notre poitrine, et on plongeait sous les bouillons d’écume. On sentait le courant qui nous faisait dériver le long de la plage, on jouait à celui qui irait le plus profond sous les vagues, leur aspiration nous attirait, les grains de sable mitraillaient notre colonne vertébrale, on sentait l’eau commencer à se plier et à se dresser, à tirer sur nos shorts, et quand la vague projetait toute sa puissance droit sur nous, on plongeait les yeux ouverts et on se moquait de la mâchoire pleine d’océan et de sable doré qui n’arrivait pas à nous attraper. Sous l’eau, mes yeux étaient sûrement plissés de joie comme ceux de Dean, et l’air jaillissait de notre nez et de notre bouche en chaînes d’argent pendant qu’on nageait vers la surface, où on tapait dans les mains pour fêter notre courage, tout ce qu’on était capables de vaincre. Mais dans le présent, on était à bord de la Jeep, on rentrait à la maison, Kaui entre nous, deux garçons aux mains pleines de sang, on roulait à la rencontre de ce qui allait suivre pendant qu’une partie de moi ne pouvait s’empêcher de regarder dans le rétroviseur ce qu’on laissait derrière nous.
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Vu du ciel, l'océan bleu comme une flamme de gaz fracasse vague après vague sur les dalles de lave noires de la côte de Kona, ses plages comme des cuillerées de sucre blanc et ses cocotiers. Partout le soleil doré et brûlant, même à l'intérieur de l'avion. On descend et on descend vers le sol. Dans l'océan en dessous il y a une explosion et puis une baleine à bosse se libère de l'eau, se tord à la verticale, deux nageoires pectorales bleu-gris et un museau souriant. Des balanes et des nœuds de peau galeuse. Elle tourne et elle s'étire comme si elle pouvait continuer à s'élever dans le ciel sans jamais s'arrêter. Mais sous son corps l'eau se change en bruine et son évasion s'achève au moment où elle frappe l'eau en projetant un immense drap d'écume.
Un picotement tout le long de mes bras et de mes jambes et la chair de poule qui monte : ça y est. Je suis à Hawaii.
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La partie de moi que mon corps a insufflée en toi, cette partie a fait de nous deux personnes inséparables qui partagent une seule âme. Je pense la même chose de tous mes enfants. Un père ne peut comprendre à quel point vous existez profond en nous, si profond que, où que vous alliez, un peu de moi demeurera toujours un peu de vous. Malgré toutes les nuits d'insomnies avec vos braillements affamés, malgré tous les trajets en voiture où vous n'arrêtiez pas de hurler, malgré les écorchures, les coupures et les après-midi de larmes au centre commercial, les nuits de fièvre pendant lesquelles je vous serrais contre ma poitrine et sentais les ailes de papillon de vos poumons qui luttaient contre la maladie, les taches de merde sur les draps à Noël et le poignet cassé le soir où nous avions réservé au restaurant pour notre anniversaire de mariage... malgré tout ça, il y avait toujours sous la surface une forme de perfection inouïe. Vos réveils dans le creux de mes bras, le blanc de vos yeux qui brillait de curiosité en absorbant la moindre nouveauté, et votre peau d'une douceur infinie qui pétrissait ma joue. Les rebords de fenêtres où je m'asseyais pour vous bercer. Le duvet de vos premiers cheveux sous mon nez quand je vous blottissais endormis contre moi. Votre visage qui s'éclairait devant la première chenille que nous trouvions dans la terre, vos couinements de rire lorsque nous vous soufflions sur le ventre, ou encore les jours où toute la famille s'agglutinait sous la couette à cinq heures du matin pour se rendormir, chacun buvant aux rêves des autres. Le monde entier était là, dans vos yeux, il irradiait de votre peau brune et parfaite. Tout redevenait neuf, sans arrêt. Ce qui me secouait était si sacré et si entier que je n'avais pas besoin de prier pour savoir que les dieux étaient avec nous, en nous.
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Des kilomètres de pente, je descends dans la vallée, déserte à part quelques touristes assez cons pour faire de la rando ici en hiver. Des buissons de hala, du sable gris et des rochers noirs en forme d'œufs grands comme des frigos. Tous ces haoles qui traînent au bord de l'océan, près du lac dégueu ou de la cascade glacée. Chaque fois ça me fait halluciner. Bienvenue à Hawaii, bande de débiles, posez vos culs sur des cailloux mouillés et mangez de la merde pour campeurs dans une vallée sans personne.
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Après les requins, pendant des nuits entières, ton père et moi nous nous sommes demandé ce qui allait arriver, ce que tu allais être. Je crois que ce jour-là, au cimetière, pour la première fois nous avons réellement pris la mesure de ce que tu étais. Si effectivement tu étais plus apparenté aux dieux qu'à nous - si tu étais quelque chose de nouveau, voué à refonder les îles, tous les anciens rois réunis dans le petit corps d'un garçon-, alors bien sûr ce n'était pas moi qui allais pouvoir t'aider à réaliser ton potentiel. Mon temps de mère ressemblait aux derniers hoquets de la chouette et bientôt tu allais devoir te défaire doucement de mon amour, le replier, l'enfouir dans le sol de ton enfance et avancer.
Je me souviens de m'être assise dans l'herbe, appuyée contre la poitrine de ton père. Les ombres s'étaient déposées sur l'eau du canal, et bien plus loin les lumières de Honolulu scintillaient. L'or de l'ultime vol de la chouette demeurait en moi même si la vision s'était depuis longtemps fondue dans l'obscurité.
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Si on me demandait ce que c'est l'argent pour moi, voilà ce que je dirais : c'est savoir que le monde va rester sous nos pieds, quoi qu'on fasse.
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Un père ne peut comprendre à quel point vous existez profond en nous, si profond que, où que vous alliez, un peu de moi demeurera toujours un peu de vous.
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Regarde. Je lui ai montré les grosses flaques qui s’étaient formées dans la terre mouillée à cause d’une mauvaise évacuation des eaux de pluie, et un groupe de fourmis qui avait pris la forme d’une boule rudimentaire, chacune liée à une autre par l’odorat, le toucher et l’impératif de survie, et j’ai dit qu’elles formaient un tissu assez épais et solide pour repousser l’eau et flotter aussi longtemps qu’elle les porterait, et que certaines d’entre elles allaient en mourir (…) Je me suis demandé comment serait le monde si nous avions ne serait-ce qu’une fraction de leur force, si nous pouvions construire avec notre corps un radeau pour nous et les autres.
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ça faisait déjà plusieurs années que j’essayais de comprendre ce qu’il y avait à l’intérieur de moi, et que le reste du monde essayait de m’enlever.
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Quand je ferme les yeux nous sommes encore tous vivants et alors ce que les dieux attendent de nous me paraît clair.
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