L'amitié aussi doit être plantée avant de pousser.
-Que veux-tu Myeko ? Où as-tu trouvé ce nouveau cerf-volant ?
Les autres garçons s'approchent à leur tour.
-C'est pour toi, Orville ; pour remplacer celui que tu as perdu par ma faute.
-C'est vraiment chic de ta part, Myeko !
Orville prend le nouveau cerf-volant bleu, puis il regarde le poisson.
-Je te l'échange.
Myeko, surprise, regarde son poisson. Comment ? Il veut troquer le cerf-volant qu'elle s'est donné tant de mal à lui faire contre la carpe qu'elle a crayonnée avec Petit Prune ?
Comme la chaise semble haute! Trop haute pour Myeko. Quelquefois elle a les pieds en coton, car ils ne touchent pas le plancher quand elle est assise pour prendre son petit déjeuner avec maman-san, papa-san et le petit Prune. (...)
"Maman-san, comme j'aimerais être assise par terre comme au Japon!"
Myeko boutonne la nouvelle robe imprimée bleu et blanc que maman-san lui a faite dans une vieille tunique, ou yukata, de papa-san. Sur la coiffeuse, devant la glace, sa poupée O-Ningyo-san semble l'observer en silence sous son chapeau vert.
"Est-ce qu'elle te plaît, O-Ningyo-san? On dirait presque une des robes de Carole."
Myeko parle vite, car elle est nerveuse à l'idée que Carole va passer la journée avec elle.
Depuis le jour où elle est allée à l'école avec son kimono, Myeko est devenue très amie avec Carole (...)
Comme la chaise semble haute! Trop haute pour Myeko. Quelque fois elle a les pieds en coton, car ils ne touchent pas le plancher quand elle est assise pour prendre son petit déjeuner avec maman-san, papa-san et le petit Prune. En ce moment, le petit Prune est assis sur les genoux de maman-san et il plonge un doigt dodu dans son bol de riz.
Myeko tire encore sur la jupe de son uniforme bleu marine et s'agite sur sa chaise. Tout est différent aux Etats-Unis! Les petites filles sont si jolies dans leurs robes de couleurs vives! Mais maman-san lui fait toujours porter l'uniforme sévère de l'école où elle allait au Japon. Myeko ne voudrait pas aller à l'école américaine, mais elle n'ose pas le dire. Elle penche la tête de côté et ses cheveux bruns coupés court viennent toucher son col blanc.
"Maman-san, comme j'aimerais être assise par terre comme au Japon!"
[…] pourquoi vouloir renier ce qui est japonais parce que nous ne sommes plus au Japon ? Peu importe l'endroit : ce qui est beau et bon est apprécié partout. […] Nous ne pouvons pas repartir. Il faut que ce pays devienne ton pays d'adoption.
Tu sais, O-Ningyo-san, l'amitié vaut toutes les fortunes du monde !